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Dans cette nouvelle rubrique de mon blog, je donne la parole à des collègues, amis, hommes et femmes courageu(x)ses qui se racontent dans leur rapport à l’intime, au désir, à la sexualité, au regard de l’autre, à la honte, la culpabilité. Ou ils et elles en sont aujourd’hui, et comment elles ont évolué, ce qu’elles ont réussi à dépasser, ou avec quoi elles bataillent encore sur ce sujet qui nous appartient tous.

Voici donc le premier témoignage, celui de Raphaël, hypnothérapeute. 

A l’époque, j’étais le gars qui faisait tout pour rendre sa partenaire heureuse, et être perçu comme le gentil gars infaillible sur qui on peut compter.

Le problème venait de ce que j’avais mis sur le mot « gentil ».

Par exemple, je m’interdisais de traiter ma partenaire comme un objets lors de mes rapports sexuels, ou d’avoir des fantasmes considérés comme « pervers ». Il ne devait rien y avoir  de dégueulasse en moi, ni de pensées sexuelles bizarres.

Bref, je faisais tout pour que ma partenaire de l’époque ne me quitte pas, ce qui fait que ma sexualité à longtemps été collée à sa vision sexuelle.

J’avais alors intégré qu’il y avait 2 camps :

1- Les gentils qui font du « bon sexe » et sont donc respectueux.

2- Les méchants connards qui adorent les plans culs quand ils sont célibataires, matent du porno même en couple, et ont des envies particulières (trash talk, domination forte, etc)

A l’époque je me masturbais en privé sur des pornos, et je fantasmais sur la domination et des trucs que ma partenaire qualifiait de « déviant, pervers, connard ». Ma sexualité de couple à ce moment là était en totale contradiction avec ce qui m’excitait, et je ne pouvais pas dire « voilà ce que j’aime ! » car je savais que si je le faisais, je me retrouverais dans la catégorie des baiseurs, pervers, et je perdais la relation.

 

 

J’étais dans un dilemme interne entre mes envies, ma propre sexualité quand je suis seul, et le masque de l’homme sympa qui répondait à la vision du monde et de la sexualité de ma partenaire, pour recevoir son amour.

Cette première relation était quasi asexuée, je ne prenais presque pas de plaisir à faire l’amour, enfermé dans mon image du bon gars.

Avec mes amis également, c’était un peu tabou de parler sexualité. Faut dire qu’on était tous au début de la vingtaine.

Après 6 ans de couple, je me suis retrouvé célibataire. Et les choses ont commencé à évoluer.

Il a fallu que je réapprenne à me connaître.

J’avais tellement internalisé la façon de penser de mon ex, que même 5 mois après la rupture, je ne me donnais pas le droit d’avoir un coup d’un soir avec quelqu’un.
Pour mon ex, les gars qui faisaient ça étaient des connards, pas fiables. Il n’y avait pas d’autre perspective.

Le premier déclic a eu lieu chez une amie thérapeute. Je lui avais parlé de mon envie d’avoir des relations sexuelles d’un soir, et de ma peur d’être un connard qui générait un blocage.

Elle m’a demandé à qui appartenait cette idée que ça faisait de moi un connard d’avoir envie d’un plan cul ?

Les choses ont commencé à évoluer.

Au bout de quelques mois. J’ai pu m’autoriser à avoir des plans cul, et accepter que ça ne faisait pas de moi un mauvais gars. J’étais juste un gars qui avait envie de partager des moments sexuels avec des femmes qui recherchaient la même chose.

Et franchement je crois que je ne pouvais pas tomber mieux.

Pour quelqu’un comme moi, qui n’avait connu qu’une seule relation (et dépendante par dessus), et qui se retrouvait en plein célibat, perdu, et bloqué dans ses croyances, et bien les plans cul, c’est formateur.

Mon premier plan cul, à clairement été une thérapie sexuelle. J’ai pu réaliser la plupart de mes fantasmes avec une femme qui avait quasi 10 ans de plus que moi, et elle adorait être soumise. Domination, trashtalk, sodomie, le faire 6 fois dans une journée, dans toutes les pièces de l’appartement. Je crois que j’ai essayé toutes les positions de la planète. Je me découvrais dans ma sexualité, et elle me confortait que : tranquille j’ai le droit d’avoir ces envies là, et que c’est juste le feu quand ça match avec la personne en face.

Donc tout de suite ça m’a détendu, je n’étais pas là pour créer un couple, ou être aimé.

J’ai aussi eu la chance de tomber sur des partenaires qui s’en foutaient de la performance. Parfois j’avais des pannes car j’étais stressé de bien faire. Pas grave, on prenait une pause on discutait et on reprenait plus tard !

Et c’était vachement cool.

Le plus important en fin de compte, c’est pas d’avoir rencontré quelqu’un avec qui ça matchait niveau sexualité, c’est d’avoir croisé plusieurs personnes complètement différentes, juste pour du sexe, qui m’ont fait comprendre que chacun a ses propres désirs, envies, fantasmes, habitudes, et que quand c’est complètement assumé c’est génial.

 

Au fur et à mesure j’ai commencé à comprendre que ce qu’on aime dans la sexualité n’est qu’une histoire de communication et de compatibilité avec la personne rencontrée.

Ça n’a rien à voir avec le fait d’être un gentil bon gars, ou un connard pervers.

Tu peux être un connard pervers juste en faisant des blagues de cul avec ta partenaire, et être un gentil en faisant les mêmes blagues avec une autre.

Il y a des personnes pour qui, dire en plein milieu d’un tête-à-tête au restau « j’ai envie te prendre fortement dans un coin maintenant » est perçu comme être obsédé et pervers, et d’autres pour qui c’est trop cool et excitant.

C’est qu’une histoire de vision des choses et de compatibilité.

 

Avec le recul, j’ai compris ce qui bloquait avec ma précédente relation, en plus de ma dépendance, c’est qu’on était totalement incompatibles sur notre vision de la sexualité (et les jugements rajoutés par dessus) et ça nous rendait malheureux.

Au bout d’un an, j’ai commencé à assumer auprès de mes amis d’être un célibataire qui aime beaucoup le sexe. Ça a créé une ouverture sur ce sujet entre nous.
Du jour au lendemain, lors d’une soirée, on s’est mis à raconter nos expériences en solo, ou avec nos différents partenaires, dans les détails :

– Elle était trop bonne ! Ouais j’ai dis « bonne » et alors ?  Qu’est ce que tu penses de moi ? Que je suis irrespectueux de la femme ?
Non car j’ai appris aussi que les jeux sexuels et nos pensées n’ont rien à voir avec le respect qu’on a pour une personne.

 

L’irrespect intervient quand il n’y a plus de consentement dans une relation.

Et il y a une différence entre consentement et vision sexuelle.

J’ai eu des partenaires qui me demandaient de leur dire qu’elles étaient bonnes, qu’elles suçaient trop bien, ou qu’elles étaient des salopes, et j’adorais ça également. On était consentants.

Même si le thérapeute en moi avait conscience que derrière chaque mot, chaque demande, il y avait une raison, une histoire qui en disait sur les fonctionnements de la personne, bah en fait j’étais pareil. J’étais pas là pour être parfait et pour qu’on ait tous la même sexualité complètement lissée.

 

On a discuté de tout cela avec mes amis , et amies également !

 

Vous n’avez aucune idée à quel point, entendre des femmes parler de cul ouvertement entre elles, et dire « j’ai adoré baiser avec lui » « j’ai trop envie de faire une gorge profonde », et qui sont okay avec le fait de nous entendre dire « elle est trop bonne », c’est dédramatisant.

Ça a crée une ambiance

– Relax tranquille. Au fond on parle pareil, on a tous notre propre sexualité.

Bref on a discuté de nos expériences, de ce qui nous excitait le plus, les pratiques qu’on préférait, ce qu’on aimait regarder comme porno, les actrices qu’on aimait bien, au point même de partager le genre de porno qu’on matait, porno lesbien, à plusieurs, exhibition, différence d’âge etc.

Ces discussions intimes avec mes meilleurs amis, que je connais depuis mon enfance, m’ont énormément fait évoluer sur l’acceptation de mes désirs et préférences sexuelles.

Et ça ne fait pas de moi un gars mauvais.

Juste un gars qui aime le sexe et qui a ses propres préférences.

Cette évolution ne s’est pas faite en un jour, elle s’est produite sur une période de 2 ans environ. Le fait de baigner de plus en plus dans l’accompagnement m’a beaucoup aidé également.

Par la suite je me suis remis en couple pendant un an, je crois que j’ai eu les meilleures relations sexuelles de ma vie, tellement on était compatibles sur ce qu’on aimait.

Je suis tellement allé loin avec ma partenaire. Elle me disait de faire entièrement ce que je voulais, domination totale, et aussi des idées un peu plus fantaisistes.

Je suis aussi tombé sur des femmes qui m’ont exprimé leur envie d’être étranglées, recevoir des gifles et se faire fouetter avec une ceinture.

 

Je me suis demandé si j’étais quelqu’un de déviant sexuellement. Mais déviant par rapport à qui, à quoi ?

On est probablement tous le déviant de quelqu’un.

 

Comme j’ai eu la chance de rencontrer différentes partenaires, et d’avoir tellement discuté avec mes amis, j’ai arrêté de penser la sexualité des gens en termes de bon/mauvais, déviant/normal.

Il y a juste des pratiques/préférences qui MOI me font plaisir et fantasmer, et d’autres que j’aime moins, voire me dégoûtent, et tranquille tout va bien.

Tout le monde y trouve son compte.

 

 

 



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3 réponses
  1. Namir
    Namir dit :

    Reponse de Raphael (suite à differents commentaires sur facebook) :

    « Alors évidemment j’en parle rapidement a un moment dans le texte que le thérapeute en moi sait qu’il y a des choses qui se jouent en chacun, quant à ce qui nous attire etc, (par exemple des leviers de puissance/impuissance me concernant), de plus dans les relations (sexuelles ou non) on est tous des réceptacles en permanence de l’autre et je ne pense pas qu’on puisse y échapper et qu’on peut seulement en prendre conscience.
    Sur le sexe j’en suis seulement resté à : toujours du consentement et du plaisir. Je sais aussi faire la différence entre certains fantasmes que je sais possible de réaliser et d’autres non (le fantasme c’est aussi juste en garder l’idée et être excité de l’idée).
    Oui aujourd’hui je suis en couple et ma sexualité est celle qui y est décrite 🙂

    Avec certaines demandes/pratiques je me suis posé la question. Ceci dit, ces pratiques sont entourés de règles quand on met un peu le pied dedans, avec des mots clés etc. Perso y’a plein de choses dans la domination qui ne m’attirent pas (genre le bdsm) et je dis clairement à la personne que ce n’est pas mon truc du tout.
    Et je pense que dans les relations sexuelles les postures de soumis/dominateur ne sont que des replays de trucs du passé, des choses qu’on cherche peut être à réparer ou pas forcément, on ne sait pas.
    Perso j’ai pris la décision de ne pas en faire un problème. Mais de faire du sexe un domaine de découverte et de connaissance de soi.
    Pour régler des trucs y’a des cabinet pour 🙂 »

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  2. Nouria
    Nouria dit :

    Merci à Raphaël qui ouvre cette rubrique avec un bel exemple de liberté de parole
    Ça fait du bien de voir qu’on peut tout dire. Et c’est intéressant de pouvoir voir le cheminement.
    Ça donne à réfléchir, à se questionner sur nos représentations de ce que « devrait être  » le sexe, sur la notion de déviance, sur ce qui peut-être considéré comme pathologique ou pas…
    Merci à toi Namir pour l’espace offert.

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