L’ANGLE MORT

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Ce qu’est fou avec les potes, c’est que des fois, t’as l’impression qu’ils te connaissent mieux que toi-même. Ils voient ton angle mort en deux secondes, alors que toi, tu le cherches  en scrutant désespérément l’autoroute devant toi.

Et quand t’as des amis qui ont du talent, ils font un truc de bâtard : ils te disent rien, et te laissent chercher, jusqu’à ce que tu trouves par toi-même.

C’est ce qui m’est encore arrivé avec Laurent, le genre de pote qu’adore te poser des questions simples dont tu peux pas t’échapper.

 

– Hey, ils sont sympas tes articles, Namir.
Même si pour moi, il me manque du sens.

– Comment ça ?

– Je vois pas de lien entre ton blog, et tes stages d’écriture créative.

– C’est normal. Y en a pas.

– Pourtant, ton blog, tu l’as mis sur ton site “active-change”, ou tu vends tes formations. Tu pourrais t’en servir pour donner envie de suivre tes formations, et être cohérent avec ce que tu proposes. Et je ne vois pas cela.

– Ouais, mais j’ai pas envie de parler d’écriture créative, ou de donner des tips dans mon blog. J’écris surtout pour m’exposer sous un autre jour, et sortir de la posture du prof qui donne des conseils.
J’ai l’impression de m’être enfermé tout seul dans ce rôle, et que ça m’empêche d’être vrai et authentique. Et je veux revenir à une position plus humble, plus humaine, et plus fragile en fait. Juste dire : j’suis quelqu’un qui se pose des questions sur la vie, le monde, et sa place sur terre, et qui les partage, sans avoir forcement les réponses. Quitte à sembler naïf.

– Alors autant créer un site, plus personnel que t’appelleras “Je raconte ma life”, et voila. Là, tu as mis ce blog sur ton site professionnel, ou tu proposes du coaching, et des stages d’écriture. Moi, je pense qu’il y a forcément un sens qui relie ce blog avec ce que tu proposes. Et j’ai l’impression que tu l’identifie pas.

– Mais non, Laurent. J’ai juste envie d’écrire en fait. Je me pose pas cette question.

– Ça vaudrait le coup de te la poser. C’est quoi le message que tu veux faire passer dans ton blog ?

– Euh…. Quand j’aurais écrit 30 ou 40 articles, je te dirai… Pour l’instant, j’en sais rien.

– C’est là où on diffère, toi et moi. Moi j’ai besoin de partir d’un message, d’une vision, pour écrire mes articles.

– Alors que pour moi, c’est l’expérience même du blog qui m’aidera à savoir ce que je veux raconter. J’ai besoin d’écrire plein articles pour que mon message émerge.
Et puis, j’ai aussi tous les commentaires des lecteurs, qui m’aident à savoir à qui je m’adresse, et pour quoi.

– Sauf que ce sont pas forcement tes clients.

– Comment ça ?

– Si t’écris :” Oh je souffre, je suis malheureux, j’ai besoin de tendresse” , tu trouveras toujours quelqu’un, qui te répondra “Oh, on pense à toi, on t’aime”. Typiquement, une personne en base 2 de l’ennéagramme (le profil “infirmière”), ou un profil “abandonnique” réagira. Mais ton article ne la fera pas avancer, ni se remettre en question. Ça va juste la conforter dans le fait qu’elle a raison de faire ce qu’elle fait.

– Dit comme ça, ça me plait pas du tout ! C’est tout le contraire de ce que je recherché en fait !

T’as aussi le droit droit d’écrire, parce que t’as besoin de tendresse.

Bah non…. Enfin oui, un peu aussi… mais justement, j’essaye plutôt d’apprendre à me défaire de mon besoin de reconnaissance, là.

– D’où ma question : C’est quoi le sens que tu donnes à ton blog ?

– D’y assumer mes différentes facettes, pour arrêter d’avoir honte de qui je suis. Et me rendre compte, que je suis pas en danger de mort si je me montre. Qu’il ne se passera rien de grave. Et je crois que c’est un étape fondamentale de ma reconstruction.

T’es ton propre stagiaire, en fait

– Hein ?

– Bah, oui. T’es en train de mettre en application tout ce que tu transmets dans tes formations d’écriture créative. Tu n’es plus le professeur là. Tu deviens l’élève qui se révèle.

Euh… oui, J’avais pas vu ça comme ça : je me raconte, pour apprendre à me connaitre, et m’accepter. En espérant que d’autres se reconnaitront. Et se disent :  » Je suis pas le seul sur terre à me sentir pas normal, différent, ou pas compris”

Et là, pour moi, là, tu commences à toucher le sens de ton blog. Ça vaudrait le coup de creuser un peu. C’est quoi ton but, en voulant créer cette connexion ?

– J’ai envie de dire à mon lecteur : Ose écrire, te montrer, t’affirmer. Traverser la honte, et réaliser que ce que tu vis comme inavouable, d’autres sur terre le vivent aussi. En t’exposant, tu vas réussir à sortir de ton nombril. Tu n’es alors plus quelqu’un de spécial, de différent, ou d’anormal, de beau ou de moche. Tu n’es ni bon, ni mauvais.
Tu es l’humain.

– Oui, c’est là ou tu peux donner du sens.

– Ma plus grande satisfaction, c’est quand des lecteurs me disent que mes écrits les inspirent, et leur donnent envie de s’exprimer.  Parfois simplement en osant poster un commentaire, alors que c’est un truc qu’ils avaient jamais fait jusque là.
T’exposer, c’est apprendre à t’aimer tel que tu es, à prendre ta place, à mettre des mots sur ce que tu vis, et à trouver une paix intérieure dans la compréhension et l’acceptation de qui tu es.

– En t’écoutant, je me demande si “écriture créative”, c’est vraiment un bon titre pour les formations que tu transmets.

– Ptêt bien, que tout ce que je transmets, c’est pour donner envie aux gens d’assumer leurs talents, et d’emprunter le chemin de l’inspiration.

Ça va, les chevilles, elles gonflent pas trop ?

– Bah, tu m’as lancé la-dessus, maintenant, assume !

Ça vaudrait le coup que t’en fasses un article, nan?

C’est quand mème fou de constater qu’on voit pas toujours le sens de ce qu’on fait, alors qu’il est juste devant nos yeux, non ?

Et toi, est ce que t’arrives à identifier le sens que tu donnes à tout ce que tu fais ?

Que ce soit dans ton écriture, ton travail, ou dans ta vie, de manière plus générale ?

Je serai vraiment curieux de te lire.

Et si tu te poses encore des questions, alors peut-être que cet article sur « le sens de la vie » pourrait t’intéresser.



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11 réponses
  1. Florent pairoto
    Florent pairoto dit :

    Encore un article qui me fait écho.
    Ca faisait un petit bout de temps que l’écriture me titillait, une amie me disait à chaque fois qu’on se voyait « Je suis persuadé que d’écrire, va te permettre d’assumer ta couleur. »
    D’avoir découvert tes articles, ton cercle d’écriture ça a été pour moi comme un petit coup de pieds au cul pour me permettre d’oser, m’exprimer, prendre de la place.
    Chacun de tes articles arrivent à point nommés et viennent me toucher parfois avec beaucoup de douceur, parfois comme une bouffée d’air voire même comme une claque.
    Merci Namir.
    Pour ma part, Je ne sais pas si il est bon de chercher le sens dans tout ce qu’on fait, j’ai la croyance que parfois se « laisser guider » presque intuitivement sans trop analyser le sens est parfois plein de surprise et que le sens fini par émerger. Je dis sûrement ça pour rassurer ma parti mentale qui cherche constamment le sens des choses avant de me lancer, et fini par ne plus oser y aller. En tout cas, tout ça a beaucoup de sens pour moi aujourd’hui à tous les niveaux, le courage que tu as de te mouiller ainsi m’est libérateur vraiment !

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  2. Marianne
    Marianne dit :

    Bonsoir Namir!
    Personnellement, le fait de te lire, découvrir tes articles, et voir comment tu t’exposes librement, ça m’a donné de l’élan. Justement, j’ai suivi tes formations, et c’est vrai qu’on aborde en profondeur ce thème de se lancer dans la création, dépasser ses peurs, se libérer du jugement des autres et de leur reconnaissance, et de notre propre jugement intérieur, peut-être le plus dur. J’ai beaucoup appris en cheminant à travers ta formation, en interagissant avec toi et les autres élèves (et non, je ne t’ai jamais vu comme seulement le prof, t’es trop marrant et cool et accessible pour ça) ! Mais ensuite, voir ton blog, lire tes articles, crus, 100 pour 100 toi (n’est-ce pas?) bah je trouve que c’est hyper inspirant, pour de vrai de vrai 🙂
    J’y vois un lien, entre ta formation et ton blog.
    Un peu comme :
    Regardez les gars, je vous apprend à voler, mais moi aussi je vole !
    Je suis tombée sur une phrase en début de semaine, et elle m’habite littéralement depuis.
    Alors, je te la partage ici : « On s’en fout que ce soit parfait. On veut que ce soit intense. »
    Elle est de Loïc Prigent. Ces mots et leur sens je les ai pressenti, vécu à pas de loup, pensé, et maintenant, je veux les vivre à fond, et les dire aussi. Revendiquer ça. Voilà!
    PS : Tes potes aussi ont l’air cool. Les conversations remuent, mais c’est vivant 😉
    PPS : t’as noté, la référence au loup, ça m’habite littéralement, hein? (rire)

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    • Namir
      Namir dit :

      La preuve par l’exemple quoi ! Le but c’est que ça t’inspire, et que ca te donne de l’élan. A toi, et à toutes celles et ceux qui ont envie, et qui osent pas, ou qui se retiennent, alors que c’est justement quand on se retient pas (au moins sur le papier !) que ca devient captivant.

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  3. Valérie
    Valérie dit :

    J’aime bien lire tes articles au lever en buvant mon café. Et puis tu vois, je continue de commenter, parce que j’en ai envie, et malgré le fait qu’une part de moi me souffle à chaque fois « Namir il en a rien à foutre de tes comms, peut-être même que ça le saoule ».
    Je commente, donc.
    Moi, je crois que connaître, ou croire connaître, ou vouloir connaître le sens de ce que je fais avant de le faire/pour trouver l’énergie de le faire, a quelque chose de réducteur. Mon mental, qui fait ce qu’il peut avec ses moyens, n’a pas accès à la dimension du sens.
    Alors je m’efforce, dans mes actions, de l’aider à se mettre au repos. Je ne veux pas qu’il veuille tout comprendre et tout maîtriser. C’est trop pour lui, il ne peut pas, il se fatigue et ensuite il se sent impuissant et malheureux.
    Donc mes actes ont quelque chose d’apparemment décousu, de chaotique. Je ne sais pas ce qui les relie, comme toi pour ton blog sur ton site pro.
    Peut-être que le fait de ne pas pouvoir expliquer pourquoi tu écris ici t’ouvrira l’accès à quelque chose d’inattendu, et de plus grand que tout ce à quoi tu aurais pu penser avant.

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    • Namir
      Namir dit :

      Bah non, j’m’en fous pas de ton commentaire. C’est le sens de ce blog justement d’avoir des reactions, de l’interaction, et d’initier un dialogue, et des questionnements.

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  4. Elo
    Elo dit :

    en face d’un client, d’une famille, d’un enfant, C’est cool je kiffe grave d’avoir ce rôle là et en plus je ne me sens pas vulnérable. Je suis solide. Alors pourquoi quand l’inverse se produit, ce switch, quand je dois parler de moi, je ressens Ce grand danger de mort dont tu parles ? L’impression que je vais me retrouver toute nue et Qu’on va me démasquer. Qu’on arrive à voir à travers mes mots qui je suis vraiment ? Je suis pourtant très très forte à ce jeu là ! Je le bluffe moi même. J’y fait le lien avec ces choses que Je poste sur Instagram. Une photo, avec quelques mots posés derrière comme ils viennent. Qui s’opposent à ça (ces mots là me viennent) Bien souvent dans le creux de la vague. Dans ces moment de tsunami. Le sens que j’y met avec le reste je ne le vois pas non plus, ce lien là, Ça n’a rien à voir avec Le reste. C’est juste la. Et peut être que d’autres y mettront un sens que moi aussi je ne vois pas ? Je sais pas. j’accepte juste d’avoir envie de faire ça. De poser ça entre Entre tout le reste. Voilà ce qui me vient spontanément décousu !
    Merci pour ce partage qui percute mes neurones ce matin, et qui les affole un peu aussi !

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    • Namir
      Namir dit :

      chouette question en effet.
      Pour moi, et c’est ce que je suis en train de faire dans ce blog, j’adopte la stratégie des vases communiquants.
      si je me sens solide avec des clients, et vulnérable face à moi meme : alors j’introduis ( du moins, j’essaye) de la vulnérablité face à mes clients, (c’est aussi ce que je fais avec ce blog) parce que peut-être que le probleme, c’est de croire que je suis solide devant mes clients, ou que je dois l’etre tout le temps. Et, bizarrement, d’introduire de la fragilité dans les endroits ou je me crois solide a une consequence etonnante : il me permet aussi de trouver un peu de solidité dans ma fragilité. Il y a quelque chose qui se détend. Qui devient plus fluide. Je sais pas si ça fait sens, ce que j’écris. Car au fond on est une seule et même personne. Donc ce que tu appelles fragilité est forcément la tout le temps. Et la solidité aussi. enfin, je crois.

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      • Elo
        Elo dit :

        Oui ça fait sens …
        C’est le mot symbiose qui me vient aussi.
        Et l’image que cette solidité et cette fragilité sont 2 choses que j’ai crues bien longtemps non miscibles, et qui pourtant peuvent se rapprocher d’une certaine homogenicité à force de se côtoyer de près, très près !

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