Prends une liste de 8 a 10 mots/concepts. Mets ton chrono sur 10 minutes. Et invente une histoire.
Voici ma liste de mots du jour, si t’as envie de tester, avant de lire mon histoire.
Un désir : un bateau en mer / Une couleur : rouge
Un souvenir : le jeu sexuel du petit train / Un lieu : Tiffauges
Un personnage : un chauve souriant /
Un secret : il collectionne des têtes d’enfant.
Une scène de film : La peau de Liliana Cavani : des gens à table mangent une sirène.
Une image percutante : un homme suspendu à une falaise
Un mot que je ne comprends pas : labile
Une phrase de poème : Quelquefois seulement le rideau des pupilles se lève. Sans bruit, une image y pénètre.
Version audio
Version texte
Ouh la la… par où commencer : mon naufrage en mer de Chine… les meurtres innombrables que j’ai commis… ?
J’ai endossé ce rôle, cela fait des vies et des vies, que je suis meurtrier, pédophile, sanguinaire, lieutenant khmer, maréchal à Tiffauges, et poète tourmenté parfois. Chaque fois que j’ouvre les yeux, c’est une nouvelle vie. Comme dit le poète :
Parfois, se lève le rideau des pupilles.
Sans bruit, une image y pénètre.
Tiens, c’est de moi aussi, ça. J’avais oublié que j’avais eu aussi cette vie là.
La encore je meurs. Je suis accroché à une épave. Et je vais crever d’épuisement dans cet océan. Je lutte. J’ai peur, et je me débat comme un mongol, contre la vague géante de la vie, qui m’engloutit.
Et voila qu’une autre encore arrive. c’est comme ça, je vais vider toute l’énergie de mon corps, avant de lâcher.
J’ai pas encore essayé tiens de sombrer, avant d’avoir épuisé mes forces, et me laisser emporter par la vague.
Qu’est ce qu’est c’est con, un humain. Ça tient à la vie. Encore une fois, je vais mourir. La je suis en haut, et je vois encore tout ça.
On me prépare déjà pour le prochain rôle. C’est un film que je verrai défiler sous mes yeux, et que j’oublierai aussitôt. Labile, il s’effritera. L’amnésie. Le noir. L’oubli, et le réveil, dans un nouveau corps, une nouvelle vie.
Certaines théories disent qu’il faut tout avoir vécu, pour devenir une âme accomplie. Foutaises. On ne vit qu’une seule chose. Une seule, jusqu’à l’écoeurement et la saturation. Je serai encore barbare, sauvage, violent. Je collectionnerai des têtes d’enfant dans un coffre en bois. Je ferai cuire des sirènes géantes dans des banquets. Et si je n’en trouve pas, j’en inventerai.
Une jeune femme que je ferai dévorer par un poisson géant. Et quand il lui aura arraché les jambes, on les mettra au four, tous les deux. Pour faire une pièce montée. Un bel assemblage, pour une belle assemblée.
Barbare, j’ai poussé mon père du haut d’une falaise à 11 ans. Le pauvre était resté suspendu en demandant de l’aide. Je suis parti chercher ma mère, en prenant tout le temps nécessaire pour qu’il s’épuise, j’avoue. J’ai aussi lancé quelques pierres sur sa tete, pour qu’il lache prise.
Allez, papa. Lâche.
J’ai découvert le jeu du petit train. Ados, on s’enfilait à la queue leu leu en écoutant une chanson pour enfants. Voilà la vie. Voilà les vies que j’ai eu. Les images s’évanouissent…
J’étais le capitaine du bateau, chauve, et plein de médailles. Les secours arrivent. Trop tard. La vague m’a pris. En route pour une nouvelle vie.
Ne croyez pas que j’aime ça, le crime, le meurtre, l’ignominie, je suis juste un explorateur. C’est ma mission, pousser l’humain dans ses retranchements les plus lointains, faire du supplice un art de vivre. Tout cela est au service d’un plus grand dessein. Qu’il vous échappe, soit.
Votre rôle est de me condamner, et de m’exclure, en prétendant que je ne vous appartiens pas. Que je ne fais pas partie de votre espèce.
Mais si, justement. Je suis le poil a gratter qui remet en cause toutes les croyances.
C’est a ce prix que l’humanité survit.
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vous faites la paire pour me faire rire (ça doit être vos poils à gratter car en me relisant j’ai découvert qu’on pouvait piquer un « phare » en filant des métaphores maritimes sans même se farder… ça doit être l’air du delta.. je m’égare.. meilleurs voeux au blog! 🙂
Rimbaldien
Carrément ?
J’espère que je finirai pas trafiquant d’armes…
😅
Un conte de Noël (d’un peu plus de dix minutes de temps pour l’écrire)
— Oh Oh Oh Alors que toute la famille s’apprête une fois de plus à se réunir autour de la traditionnelle sirène de Noël. Je tiens à me souvenir de chacune et de chacun qui furent parmi nous les années passées : tonton Otto, pas un poil sur la tête mais toujours le sourire jusqu’aux dents, passait invariablement la main sur nos abondantes chevelures d’enfants. Tante Huguette qui ne pouvait retenir ses larmes lorsqu’on déposait la dinde de mer sur la table, nous faisait alors inévitablement le récit radotant de son rêve avorté : devenir amiral et pirate, courir entre les tropiques à la barre d’un vigoureux voilier, pêcher elle-même la sirène de l’année.
« Mais pour ça, ajoutais Otto, souriant encore à pleines dents, il ne faut point de navire, il faut seulement un bon bougre d’idiot, un fou suffisamment marteau pour se laisser suspendre à une falaise un jour de grand vent, à la période de la migration des sirènes… Et là, lorsqu’elles s’approchent, curieuses et le rouge aux écailles, prêtes à lui gober le tronc, TAC ! Leur balancer ni vu ni connu ces vers :
Quelquefois seulement le rideau des pupilles se lève.
Sans bruit, une image y pénètre.
Quelquefois seulement le radeau des papilles se lèche.
Une langue claque bruyamment.
Et sans plus leur laisser le temps de comprendre ni quoi ni qu’est-ce, dans la confusion du moment, embrocher une ou deux belles bien dodues qu’on courra vendre à la criée pour un bon paquet de merlans ! ( …silence… ) Mais pour ça il faut être labile !
— Habile pas labile tonton ! ne manquais-je jamais d’ajouter.
Bien sûr il feignait de ne rien entendre, préparant en tournant et humectant sa langue sa meilleure chute :
« Mais moi, lorsque j’avais l’âge d’aller aux sirènes on ne m’aurait pas fait m’accrocher à un caillou ! Il a fallu qu’elle m’en fasse la Huguette pour que je me suspende à son cou… Tu te souviens maman ! Hein ! Le jeu du petit train ! »
Généralement, tatie piquait un phare, elle prenait alors le coup de sang et d’un grand moulinet, sa lame scalpait l’ondine !
« Et pan ! Prends ça vieux tordu ! »
Et elle balançait la chevelure emmêlée d’algues à son poète dégarni.
« Ça te changera des loupiots ! »
Maman criait alors :
« Huguette ! Pas devant les enfants ! »
Mais ce soir, nous réveillonnons sans eux et je veux me souvenir. Il y a trois mois quand tonton a cassé sa pipe, suivant ainsi de bien peu tatie, quand il fallut faire l’inventaire et le tri de deux vies enchevêtrées dans leur bicoque de Tiffauges, j’avoue, je ne m’attendais pas à trouver un tel trésor.
Tonton, grâce lui soit rendue ce soir, tonton nous a laissé une collection inestimable de têtes de morpions, d’aucuns aime les timbres, mais pour tonton cela manquait sans doute de style et son âme de marin, d’explorateur, d’aventurier, il l’avait mise dans cette collecte longue et fastidieuse. On sait la difficulté pour obtenir seulement un de ces fétiches sous le manteau… alors, une collection complète ! Bref, cette année je lève mon verre de vin de goémon à Otto piètre empaleur de sirène mais formidable tonton, que son héritage lui survive !
Rôôôh, Mélanie et Namir, qu’est-ce que j’ai ri à la lecture de vos textes ! Merci, merci !
waouh…. tu m’as fait bugger lili. Pendant un moment, j’ai pas compris de quoi tu parlais, vu que Mélanie, c’est aussi le prénom de la mère de mes enfants dont je me sépare. Et je me suis dit : « merde, quand est-ce que j’ai écrit un article sur mon couple ? »
pff….
« Je suis le poil a gratter qui remet en cause toutes les croyances. » C’est toi même qui le dis dans ton article… Mais j’aurais dû écrire mélanie car elle ne s’est pas mis de majuscule… 🙂