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J’aime les femmes. Mais je me sens plus proche des hommes.
Mon thérapeute est un homme. J’ai mis plusieurs séances avant de lui exprimer une gêne que je ressentais en sa présence.
– W…, est ce que vous êtes homosexuel ?
– Oui. Pourquoi voulez-vous le savoir ?
– L’idée qu’il puisse y avoir du désir entre nous….. Je n’aime pas. L’ambiguïté, ça m’insécurise.
– C’est beau pourtant le désir. En quoi ce serait un problème qu’il y ait du désir entre vous et moi ?
C’était pas son désir qui me faisait peur.
– Mon rôle de thérapeute, c’est de vous apporter mon soutien, devant cette détresse que vous exprimez. Et je ne sais pas si vous êtes prêt à accepter d’être aidé, ou réconforté.
– Je suis là, non ?
– Ça vous arrive, Namir de laisser quelqu’un vous consoler ?
– Euh… Les seuls bras dans lesquels j’ai pu pleurer, c’étaient ceux de ma mère, et ma femme.
– Et vos amis ?
(signe négatif de la tête)
– Pourriez vous pleurer dans mes bras, là ?
– Impossible ! Vous me faites trop penser à mon père.
Et pourtant. Qu’est ce que j’aurais aimé pleurer dans les bras de mon père. Qu’est ce qu’en j’en aurais eu besoin, d’avoir une figure masculine, rassurante. Je ne crois pas qu’il y ait quelque chose de plus réconfortant au monde qu’un homme qui puisse se blottir dans les bras d’un autre homme. Quand les carapaces, les convenances, et les rivalités laissent place à la sécurité de deux cœurs masculins qui s’ouvrent enfin.
Peut-être que mon père me prenait dans ses bras, quand j’étais enfant.
Je ne m’en souviens pas
Je me souviens pas non plus de ses bisous, de ses câlins, ni d’un seul « je t’aime ».
Juste des conseils
– Namir, la vie est difficile. Alors travaille bien à l’école, fais des efforts. Apprends à ne compter que sur toi. Dans l’adversité, personne ne sera là pour t’aider.
Il y a eu un fort amour entre mon père et moi. Enfin, un fort désir d’amour. Un désir sans contact.
Certains trouvent cela beau, et appellent cela de la pudeur.
Être un homme, père, est-ce nécessairement souffrir en secret ? Ne pas pleurer devant les autres ?
Rassurer son épouse en prenant le volant, et montrer qu’on sait guider ?
J’ai envie d’écrire cette page pour tous les hommes qui ne me liront pas. Ceux qui ne viennent pas en thérapie, parce qu’ils ne savent pas demander de l’aide, ou n’ont peut-être même pas conscience qu’ils en ont besoin. Qui refusent de demander leur chemin dans la rue quand ils sont perdus. Qui gardent leurs larmes dans un coffre secret. Et ont besoin de montrer qu’ils ont raison.
Ce fardeau là, est bien plus lourd à porter qu’une paire de couilles.
Et à tous les hommes qui ont peur d’être des mâles, qui par peur de passer pour des machos nient leurs besoins, n’assument pas leur force et leur animalité, n’osent plus baiser sauvagement avec leurs femmes, faire des blagues de cul vulgaires. C’est un sacré fardeau, que de la porter, cette paire.
A tous ces mâles alpha et oméga, j‘aimerais tant que nous nous soutenions.
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Je suis une femme mais ton texte me parle beaucoup, j’ai deux garçons qui sont des hommes maintenant et j’ai envie de leur faire lire.
Je voudrais qu’ils n’aient pas peur de montrer leurs faiblesses ni à leurs femmes. ni à leurs filles, qui ne soient obligés de porter aucun fardeau, qu’ils soient libre de vivre leur vie, leurs peines, leurs joies. Qu’ils soient eux-mêmes sans honte .
Merci Virginie.
oh, comme je te rejoins. Les femmes ont aussi une grande part de responsabilité dans la manière dont elles configurent les hommes de leur entourage. Je serai curieux de savoir ce que tes hommes-garçons en auront pensé !
Je viens de lire ton article du jour, il m’a profondément touché.
Comme la balle sorti du fusil qu’on aperçois dans l’illustration de l’article. Un peu comme ça oui je crois, et j’ai pas d’autres mots pour l’heure. Mais fallait que je le dépose là. Merci pour ce partage Namir !
Merci à toi, Elodie
Ah ! Que faire de la paire du père ?
Le mien était homo, c’était pas bien vu à l’époque.
Il est mort le 14 avril 1999 dans un accident de voiture.
Heureusement que j’ai eu le courage quelques années avant de passer outre sa pudeur, et la mienne et de lui dire :
Je t’aime