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Les cercles d’écriture au coin du feu, sont des lieux d’impudeur.

On s’y déshabille, exposant notre intimité à des anonymes. Parfois aussi à des connaissances. Et je ne sais pas ce qui est le plus difficile à vrai dire.

Mais ce que chacun déshabille avant tout, dans ces cercles, c’est la honte. Elle se dévoile progressivement. Parce que la honte est une cape bien large dans laquelle on drape parfois notre existence entière.

Pour certains, venir dans le cercle, et y apporter leur propre présence est déjà un affranchissement. Notre voix, notre inexpérience, notre illégitimité, nos désirs, la crainte de ne pas agir comme il faut, sont la toile dans laquelle elle tisse son merveilleux manteau.

 

Quand mon thérapeute me regardait dans les yeux, silencieusement, au début de mon accompagnement, c’était la panique. Mes yeux s’échappaient dans toutes les directions.

 

– Je me rends bien compte qu’il m’est impossible de soutenir votre regard, là.

– Qu’est ce qu’il pourrait se passer pour vous si vous me regardiez ?

– Je ne sais pas. Je me sens tout petit. J’ai juste envie de disparaître.

(silence du thérapeute)

– Et vous ressentez quoi ?

– J’ai honte.

– Honte de quoi ?

– De ce que vous pourriez penser de moi.

– Qu’est ce que vous imaginez que je pourrais penser de vous, et qui vous fait honte, Namir ?

 

Au fur et à mesure des séances, des mots ont pu être posés, et la panique s’atténuer progressivement.

Le regard de mon père, la culpabilité par rapport à mes désirs sexuels, le sentiment d’être anormal, la peur du jugement, et tant d’autres choses.

La thérapie n’est pas un espace ou l’on vient pour se faire du bien, mais pour y rencontrer son propre courage. Et c’est  soulageant.

S’exposer au danger, dans la sécurité d’un cabinet, d’une relation, d’un livre, d’un cercle de parole ou d’écriture, ou d’une salle de cinéma, c’est pour moi, le chemin de la guérison.

 

Dans les cercles d’écriture, à chaque tour, chacun ressent comme la permission d’y dévêtir son âme un peu plus, avançant prudemment vers son insécurité, n’allant pas plus loin qu’il est juste et rassurant pour lui d’aller, découvrant progressivement le plaisir de l’enfant dans la piscine quand il constate que ses pieds ne touchent plus le sol depuis un moment, et qu’il continue à flotter. Si bien qu’à un moment  la gêne commence à se loger davantage chez celui ou celle qui garde ses vêtements.

Et ça finit presque par devenir plus confortable de se laisser voir, et de rejoindre les autres dans le grand bain de l’écriture, où nos plumes se touchent, et se mélangent tendrement.

 

 

Hier, un des participants a proposé que nous écrivions un texte en utilisant les prénoms des uns et des autres.

Quelle jubilation d’entendre mon propre prénom prononcé par des voix inconnues, et  devenir un des personnages de leur univers créatifs.

Des étrangers me disaient « Bienvenue dans notre monde».

Et je les accueillais dans le mien, avec une exquise impudeur.

Nous nous étions rencontrés en vrai, et voilà que nous nous rencontrions aussi dans nos propres histoires.

 

Bizarrement, quand tout le monde se fout à poil, c’est la honte elle même qui ne sait plus où se mettre. Alors elle ne trouve rien de mieux à faire, que d’avoir envie d’enlever ses vêtements, pour nous rejoindre.

Et même à la honte, notre cercle répond :

Bienvenue,
Prends ton temps, avance progressivement,
et ne va pas plus loin qu’il est bon pour toi d’aller en ce moment.

 

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Et si tu veux tester les cercles d’écriture à ton tour, tu peux directement m’envoyer un message. Ils sont gratuits, et ouverts à tous, dans la limite de 8 places par cercle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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6 réponses
    • isa
      isa dit :

      Très chouette de te lire. Mon expérience du cercle a été magique. Ce partage avec des personnes que tu ne connais et que tu ne connaîtras sans doute jamais me plait. Je ne sais pas si je m y met à poils. Ces cercles me rappellent l impro au théâtre, tu laisses juste l imaginaire galoper librement. Et put.. ça fait du bien! C est comme un orgasme cérébral, tout l énergie contenue se libère d’ un coup. Ecouter les mots, l intonation, l intention, les silences des autres est comme un bon bain chaud plein de mousse où tu te glisses avec délectation. J invite chacun à goûter à ces douceurs du dimanche soir.

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