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« Namir, depuis que je lis ton blog, je me suis remise à l’écriture que j’avais arrêtée depuis longtemps.  J’ai même songé un instant à participer à tes cercles d’écriture, mais je ne me sens pas du tout prête à lire mes écrits à haute voix, et affronter le regard des autres »

Quand ma collègue Clara m’a dit cela, j’ai ressenti un élan d’empathie et de compréhension, et j’ai eu envie de lui dire :

« Je te comprends. Je sais à quel point c’est difficile de s’exposer. Je le vis moi aussi. Sois à l’écoute de toi,  avances à ton rythme. Déjà tu as repris l’écriture. Tu es sur un chemin. Fais confiance à ton processus d’évolution, et si tu sens, qu’à un moment, tu es prête à venir aux cercles, alors tu y seras toujours bienvenue »

Mais j’ai aussi ressenti une autre impulsion, plus agressive, un peu « pushy », comme une envie de lui dire :

« Si t’attends le moment d’être prête, tu ne te lanceras jamais. Dans la vie, des fois, y a juste besoin de se jeter à l’eau sans réfléchir. Suivre son élan. Tester. Vas-y, viens. C’est en faisant les cercles, et en te confrontant au regard des autres, que tu apprendras justement à ne pas le redouter autant. »

Ça t’arrive, toi aussi, de te retrouver dans ces situations où t’arrives pas à savoir quoi dire ou répondre à quelqu’un parce que t’as des réponses contradictoires qui arrivent, et ça te met dans une forme de confusion ?

Moi personnellement, la confusion je déteste cela.

Lors d’une séance avec mon thérapeute, je lui racontai un conflit intérieur que je vivais par rapport à mes sentiments paradoxaux vis à vis à ma femme, et qui créaient une sacrée confusion.

– En quoi c’est important pour vous de savoir ce que vous ressentez, Namir ?

– Comment ça ? Si je sais pas, je peux pas rendre de décision.

– En même temps, vous savez.

– Bah, non.

– Vous venez dire que vous ressentez de la confusion, et que vous aviez des sentiments contradictoires. Il est là, votre ressenti.

– Sauf que ça me va pas du tout. J’ai besoin que les choses soient claires.

– Pourquoi faire ?

– Pour décider de ce que je veux. 

– Qu’est ce qui fait que vous n’acceptez pas le fait d’être confus, et de ne pas savoir ?

Bim. Confusion. Et je me suis retrouvé plongé dans ma petite enfance, mon rapport à ma maman. Comment le traumatisme de l’abandon, et de la perte de mes liens d’attachement, puis du retour inattendu de ces liens, avait généré une grosse situation de confusion, extrêmement insécurisante.

Alors, pour éviter la confusion, perçue comme traumatique, j’ai recherché la clarté. Par mon besoin de comprendre, d’analyser, d’interpréter, par la quête systématique de sens et le désir de maîtriser. Par tout ce qui me permettait finalement d’échapper à ce sentiment d’insécurité.

 

C’est d’ailleurs une des raisons qui m’ont poussé à lancer mon blog, et les cercles d’écriture en fait :  m’exprimer, nommer mes ressentis, et mettre du sens et de la clarté dans une période de confusion dans ma vie.

Mais la recherche de clarté a sans doutes aussi ses limites, comme toutes les stratégies compensatoires. Parce qu’il y a des endroits ou cela fonctionne difficilement, comme par exemple avec les sentiments, avec le trouble. Et à d’autres endroit, la recherche de clarté peut entrainer des interprétations fausses qui finissent par créer… de la confusion.

Quand j ‘ai exprimé mon besoin de clarté à mon thérapeute, si sécurisant pour moi,  il m’a souri. Elle faisait chez lui l’effet inverse. Histoire de vie différente, apprentissages différents, l’excès de clarté était associé pour lui à une forme de rigidité, liée à des règles familiales où dans son enfance tout était dit, exprimé clairement, et ou il n’y avait pas de place pour la confusion, l’ambivalence, et les sentiments contradictoires.

Nous nous sommes amusés de nos différences. Et j’ai commencé à apprendre avec lui une autre approche, à laquelle je n’avais encore jamais pensé.

Apprendre à me sentir en sécurité avec la confusion, avec le fait de ne pas savoir. Et que le fait de ne pas toujours être capable de décider clairement, ne génère pas forcément un sentiment de menace de d’insécurité paralysante.

Parfois la confusion au contraire se dissipe par le fait d’agir et de décider d’aller dans une direction,  tout en s’autorisant à faire marche arrière, ou à changer d’avis. On a le droit de se tromper, en fait. C’est pas grave. On cherche.

 

Quand ma collègue Clara m’a fait part de sa réticence à rejoindre le cercle, et qu’il y a eu ces mouvements contradictoire en moi, j’ai pu observer ma confusion, rester avec elle, sans devoir forcément choisir entre un point de vue et un autre.Je suis Namir, qui vit en ce moment deux ressentis contradictoires, et aussi celui qui est capable d’observer ces différents ressentis.

Alors, plutôt que d’éviter le sentiment de confusion, il peut-etre bénéfique de l’identifier, et de la nommer. Cela peut faire beaucoup de bien d’être un peu plus au clair avec la confusion.

Alors, bienvenue à la confusion.

C’est d’ailleurs en écoutant ces deux points de vues complémentaires en moi qu’une nouvelle réponse m’est apparue : un complément que j’aurais pu rajouter à ma présentation des cercles d’écriture.  Quelque chose comme :

– Je sais à quel point c’est dur d’oser s’exposer, d’oser dire des choses intimes devant les autres. Mais depuis que je participe aux cercles d’écriture, et que je publie quotidiennement sur mon blog, je me sens chaque jour un peu plus confiant. Je réalise que j’arrive de plus en plus à prendre ma place, que ce soit en famille ou en groupe, à aborder des sujets que je n’osais pas aborder autrefois, à apprendre progressivement à dire non, et m’écouter davantage, à changer d’avis, reconnaitre mes erreurs plus facilement, et aussi à être plus serein, plus posé dans mes échanges avec autrui. Et cela a eu un impact important sur ma vie. J’ai gagné en sécurité intérieure, ce qui me permet de m’assumer davantage et d’oser. Et je crois que c’est ce qui arrive à toutes les personnes qui participent aux cercles d’écriture de manière régulière. C’est le chemin.

Les cercles ne sont pas des endroits de violence vis à vis de toi même, où tu dois t’exposer à tout pris, montrer tes failles au regard des autres. Ils sont avant tout un espace d’autorisations, où il est possible de parler, dire les choses, et surtout y construire la sécurité dont tu as besoin pour exprimer des choses qui jusque la te semblaient difficiles à dire, et goûter à une joie nouvelle.

Tu peux tester un cercle : tu es libre d’écrire ce que tu veux, et tu es aussi libre de ne pas écrire.  Certains participants ecrivent parfois un texte d’une ou deux phrases. D’autres font parfois des détours pour ne pas répondre à la question jugée trop intime, parce qu’ils ne sont pas encore prêts à le faire, et c‘est très bien aussi.  Chacun son rythme.

C’est la force de ces cercles : contribuer à rendre les participants autonomes et responsables, et les aider à devenir leur propres thérapeutes. Et je crois que c’est très important de savoir être à l’écoute de soi, de ne pas forcer les choses, et d’accepter ce qui est.

Voilà, ce que j’aurai pu dire à Clara, en écoutant simplement le message de ma confusion.

Les cercles d’écriture sont ouverts. Tu peux trouver les prochaines dates sur ce lien.

 

 

 

 

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