Lundi 29 août.

Il y a dix ans, jour pour jour, mon premier long-métrage « la Vierge, les Coptes et moi » sortait au cinéma.

Quelques années plus tôt, j’avais créé un blog intitulé « L’aventure d’un film », dans un moment de grande détresse. Mon scénario était terminé (après 3 ans de travail), et j’attendais désespérément les réponses des financeurs, pour savoir si mon film allait se faire.
J’ignorais alors qu’il me faudrait encore attendre 3 ans.

Pour occuper mon temps, j’avais alors eu l’idée de raconter avec humour, le quotidien d’un cinéaste qui prépare son premier film, l’attente interminable des retours des investisseurs, ses questionnements artistiques, son obsession pour la perte de poids, et des situations absurdes et comiques de son quotidien.

Mon blog a continué à m’accompagner jusqu’à ce 29 aout 2012, jour de la sortie de mon film en salles.

Étrange coïncidence, je suis en plein dans la fabrication de mon deuxième film. Et je réalise que c’est à nouveau une phase de souffrance, qui a initié l’écriture de ce nouveau blog.
Cette fois, aux affres de la création, des financements qui tardent, s’ajoutent des bouleversements dans ma vie privée, et familiale.

Je ne sais pas encore de quoi parlera vraiment ce blog. Est ce qu’il sera axé sur la création, ou sur un thème spécifique, ou  sur différents sujets. Sans doute que son identité se précisera avec le temps.
A moins que son identité soit justement de se chercher continuellement.
J’en saurai un peu plus sans doute quand je te connaitrai davantage aussi sur toi, qui me lit sur la durée. Quand je saurai ce qui t’attires dans ce que je raconte, et ce tu viens chercher en me lisant.
Chercher, tâtonner, fait aussi partie de mon processus créatif.

Un blog, comme un être humain, est vivant, et se nourrit de l’interaction. Il est en constante évolution.

Pourquoi a-t-il fallu que j’attende que cela aille mal dans ma vie, pour  me lancer à nouveau dans l’aventure d’un blog ?

La souffrance est-elle donc le seul terreau de ma création, le fumier sur lequel mon art pousse ?

Certes, face à un avenir incertain, aux bourrasques de la vie, l’art est un sémaphore, qui transmute la souffrance en lumière, et permet au public d’y voir son propre reflet.

Mais l’écriture permet aussi de saisir la beauté du monde. La jubilation n’est-elle pas une merveilleuse source d’écriture ?

Un jour, je l’espère, j’écrirai le blog d’un homme heureux .

Pour peu que cet homme heureux ressente encore l’envie d’écrire.

Il y a 10 ans dans mon blog, je faisais tout pour masquer ma souffrance, derrière mon humour, et une apparente désinvolture.

Je la masquais à mes lecteurs.

Et surtout à moi-même.

Aujourd’hui, exposer ma souffrance, mes peurs, mes fragilités me donne de la force.

Même s’il y a certains sujets que je n’ose pas encore traiter.

Par pudeur, par peur, par honte, par risque de déplaire.

Mais j’en suis conscient. Au point même d’être capable de l’écrire. Et d’en faire la matière de mon prochain film.

Un film sur le deuil, et le déni de la souffrance. Un film que j’espère drôle et tendre.

Et que je serai fier de te montrer. Même si je dois pour cela, attendre encore 3 ans.

Au fait, tu te souviens de ce que tu faisais le 29 aout 2012 ?
Moi, je faisais un truc un peu bizarre (c’est dans la vidéo ci dessous).

 

Je serai curieux de savoir ce que ce texte t’inspire. 

Si cet article te parle, et que t’as envie de suivre mon blog, inscris-toi ici. Et n’hésite pas à laisser ton commentaire, ça m’aide beaucoup d’avoir tes retours.

 

 

 

 

 

 



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14 réponses
  1. Pascale
    Pascale dit :

    Le 29 août 2012, nous passions quelques jours à Lisbonne avec mon compagnon de l’époque pour son anniversaire. Je me rappelle avoir mangé des pastei de nata tièdes avec leur poudre de cannelle qui sortaient tout juste du four… alors que nous sortions du musée d’art contemporain où j’avais du Miro plein les mirettes.

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  2. Valérie
    Valérie dit :

    Salut Namir,
    Ce que ton texte m’inspire, c’est d’abord que 2012 était pour moi l’époque d’une autre vie. Je suis bien incapable de savoir où j’étais le 29 août 2012, ou ce que je faisais, sans doute quelque chose d’ordinaire, comme préparer la rentrée scolaire de ma fille. J’ignorais alors l’importance de ces jours ordinaires.
    Je n’ai jamais su écrire que dans ces moments où la conscience de ma solitude et de mon isolement se fait aigüe. J’ai entendu dans tes mots, je ne sais plus où, qu’écrire pour toi était lié au désir de connexion. Je retrouve ça chez moi : parce que je me sens isolée, le désir de me relier se réveille. C’est un réflexe de survie psychique.
    J’écris aussi dans un désir de revanche. Prouver au monde que j’existe, et qu’on a eu bien tort de m’oublier ou de m’ignorer. Que vous regrettiez votre indifférence : écrire porte pour moi, outre le besoin plus présentable de toucher et d’être reliée au autres, le désir égotique d’être vue et reconnue, qu’on m’aime et qu’on me félicite.
    Ironiquement, ce désir de me sentir exister à travers le regard de l’autre prend à chaque fois une bonne claque quand j’interviens dans tes posts. Comme si je venais ici me confronter à ce sentiment de non existence qui aurait mieux à faire que de chercher son remède dans la demande.
    On récolte ce qu’on vibre ; on verra si c’est à ça que je me confronte de nouveau aujourd’hui.

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  3. Anne
    Anne dit :

    Ton article d’aujourd’hui, comme les précédents d’ailleurs, m’a beaucoup touché.
    Il m’a fait sourire autant qu’il m’a ému.
    Émue par ton authenticité encore une fois. Amusée par le ton. Touchée par ta sensibilité en fait. Ce dépouillement… cette humilité… cette intimité que tu partages, qui permet sûrement au lecteur comme tu dis, d’y voir son propre reflet…
    Ce qui m’attire dans ce que tu racontes, puisque tu poses la question, c’est cette intimité là, ce lien, cette proximité que tu crées avec ton lecteur. avec nous. avec moi. Je me sens reliée. Importante aussi. Peut-être que tes articles m’attirent parce que ce tu racontes me parles particulièrement étant tout le temps en lien quotidiennement avec ce processus créatif. Chez moi aussi , beaucoup de recherches, de tatônnements, d’hésitations, de peurs… mais pas que, il y a des fulgurances aussi, souvent ! Et c’est trop bon.
    Je ne sais pas si la souffrance est une condition pour accéder à toute notre ingéniosité, notre créativité, notre poésie et notre magie… Elle est un des terreaux de la création, sûrement… mais est-elle nécessaire… ? je dirais qu’elle est un des états qui permet sa libération, son jaillissement.
    J’ai remarqué que chez moi, ce qui stimule ma créativité c’est d’avoir un cadre, souvent. Une contrainte. Je dois être inventive pour exprimer quelque chose dans un cadre donné, ça me rend créative. Comme un concours de nouvelles, un défi lancé, une commande de tableau… ou une situation inextricable… Est-ce que la souffrance ne serait pas une sorte de cadre qui permet à la créativité de s’exprimer? Et la créativité ou la création, une manière de s’extraire de la souffrance, de la voir d’un autre angle, un processus de libération, de retour à la vie…
    N’entretiendrions-nous pas des fois inconsciemment une certaine souffrance pour maintenir ce lien avec notre créativité, avec ce qui est vivant en nous…
    J’ai vécu de magnifiques moments de flow créatif et même de grâce dans des moments de joie, des instants suspendus comme dit Nouria…
    Ce que je viens chercher en te lisant? j’en sais trop rien…
    Un moment agréable. un lien. Une inspiration, une autorisation à faire comme toi, me livrer, me montrer davantage… oser. Je viens chercher une émulsion peut-être… J’aime l’idée que l’on s’inspire tous les uns les autres. L’interaction dont tu parles. j’aime les rencontres, c’est mon terreau d’inspiration à moi. J’aime le grand bain de la créativité.
    Peut-être que je viens te lire pour te rencontrer.

    En tous cas, la bande-annonce m’a donné très envie de voir ton film.
    Et marrante la vidéo tournée le 29 août. Tiens, d’ailleurs le 29 août 2012, c’est dingue, je m’en souviens très bien, car c’est le jour où j’ai quitté le père de mes enfants avec qui j’étais depuis 15 ans, deux jours après la date de notre anniversaire de mariage le 27. J’étais en mode « libérée délivrée » et en même temps super flippée car je suis partie avec rien, ni taf, ni thune, ni affaires (rien sauf mes deux filles)

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  4. Nouria
    Nouria dit :

    Je ne me souviens pas de ce que je faisais le 29 exactement, mais je me souviens très bien de cette dernière semaine d’août 2012.
    Depuis le mois de mai ma vie était en train de se faire secouer dans tous les sens par un tsunami de force 12000 sur l’échelle des tsunamis .
    Durant ces quelques derniers jours d’août, j’ai du faire un saut énorme vers l’inconnu et affronter une de mes très grandes peurs du moment.
    Et je l’ai fait. Et j’ai beaucoup écrit pendant toutes les semaines qui ont suivi .
    Et j’ai aussi cette sensation que quand les temps sont hostiles et que je suis en souffrance ou en désarroi, l’accès au flow de l’écriture est beaucoup plus présent, beaucoup plus simple et j’irai même jusqu’à dire que ce qui en sort est, tristement, beaucoup plus inspiré, plus poétique, plus beau si on devait y porter un jugement.
    Pour en avoir parlé avec plusieurs artistes, le constat est souvent le même.
    L’accès à la créativité est exacerbé pendant les moments de souffrances…au point même qu’un ami m’a même confié qu’il n’était pas sûr d’avoir envie d’aller mieux, d’aller bien car il ne savait pas si il aurait encore accès à une qualité de créativité aussi belle et forte sans son fardeau…
    Je me rends compte que je suis souvent très touchée par les artistes écorchés vifs, à fleur de peau.
    Malgré tout , j’ai pu quelques rares fois expérimenter cet état de flow créatif juste après avoir traversé un vrai moment de grâce.Tu sais, ce genre de moment où tout semble suspendu,ou tout est évidence ,ces moments où nous sommes complètement imprégné par la beauté du monde et de la Vie et que plus rien n’est séparé…
    Trouver ce chemin dans le bonheur, ou juste dans la banalité d’un.quotidien sans vagues…j’aimerai aussi.

    Merci pour ton partage. J’ai plaisir à te lire et ça me permet de faire des liens avec mon expérience personnelle.

    Je te souhaite de la douceur dans ce moment de vie particulier .

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  5. Elo
    Elo dit :

    Ici, Le 29 aout 2012, ma fille avait 3 mois et 9 jours, je démarrais un congé parental après 2 enfants rapprochés. J’étais fatiguée, je bossais en pédo-psy en tant qu’infirmière. J’avais décidé de tout mettre en pause pour m’occuper exclusivement d’eux pendant 1 an. Je venais aussi d’apprendre mon admission en école de puéricultrice. De ce que je me souvienne, j’ai toujours écrit. pour moi d’abord, dans des carnets ou sur des petits bouts de papiers. Et puis est venu l’idée d’écrire aussi un blog … et de partager mes mots entrecoupés par dans mon incroyable vie de maman. Ca me parait si loin et si près à la fois !

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  6. Florence
    Florence dit :

    je n’ai pas la notion du temps et surtout des dates, donc 2012 n’évoque rien pour moi. Merci pour ces partages sincères et authentiques, c’est certainement cela que j’aime et que je viens chercher quand je te lis. Que vit, que traverse et que ressent un être humain comme moi, propulsé sur cette Terre.

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  7. Emmanuel
    Emmanuel dit :

    Le 29 août 2012, à cette heure là, je me préparais à rejoindre mon collègue Kevin pour accompagner des personnes âgées désorientées au sein d’un accueil de jour. Notre seul but était de faire sorte qu’elles se sentent en lien, qu’elles passent une journée sans leur maladie. Elles m’ont tellement apporté.
    Dix ans plus tard, j’ai mon cabinet d’hypnose à temps plein depuis peu et sans faire de marketing, seulement par bouche à oreille, il se remplit progressivement depuis des années.
    Il y a dix ans, si on m’avait dit ça, pas sûr que je l’aurais cru.

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