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Après la pluie le beau temps. Tu connais cette expression. Mais t’as remarqué, que le beau temps, il reste jamais longtemps. Et général, après le beau temps, la pluie revient. Si bien que le beau temps, finalement, c’est juste une parenthèse entre deux pluies.

L’hiver, c’est juste déprimant quand tu te lèves le matin, et que dehors il fait encore nuit et froid, que le soleil va rester caché toute la journée, et qu’au moment de sortir du boulot, ou d’aller récupérer tes enfants, tu te rends qu’il fait déjà nuit. Et froid.

En thérapie, c’est un peu pareil. Tes périodes de bien-être sont souvent une parenthèse, plus ou moins courte, entre deux parenthèses, plus ou moins longues, de mal-être. Tu travailles sur toi, t’as l’impression que ca va mieux, et puis tu te lèves un matin, et à nouveau, c’est reparti pour le mauvais temps.

Mais imagine un instant que le beau dure tout le temps. Est ce que ça te tenterait ? Est ce que tu voterais pour un tel programme ?

Et bien, figure que toi, que ça tombe très bien, parce que ce sont justement les propositions de notre futur président du bien-être. Écoutons-donc, son programme.

 

– Moi président du bien-être, j’instaurerai le beau temps permanent. Il n’y aura plus jamais de mauvais temps. Avec mon parti, Joie Permanente, nous interdirons la pluie, les orages, et les ouragans, pour créer un monde meilleur où le soleil brille toujours.

– Qu’allez vous faire des nuits, monsieur le Président, vous les maintiendrez ?

– Mmmh… beaucoup trop de crimes et de délits se passent la nuit. Voilà, pourquoi, avec notre coalition du bien-être, nous ferons en sortent que les nuits ne nous nuisent plus. Et puis, surtout, moi président, je vous promets de mettre fin définitivement à la délinquance et la criminalité.

– C’est une promesse intenable, monsieur le président. Tous vos prédécesseurs ont échoué

– Ce sont mes prédécesseurs. Ils ne s’y sont pas pris de la bonne manière. Moi président, je m’attaquerai a la source même de la délinquance

– Vous parlez de la pauvreté ?

– La principale source de criminalité sur terre, c’est la frustration. Et le meilleur moyen de supprimer la frustration, c’est de supprimer le désir.

– Pardon ?

– Vous m’avez bien entendu.

– Mais monsieur le président, vous êtes sérieux ? Vous allez faire comment, castrer tous les hommes de la planète ?

– Castrer les hommes ne servirait a rien. Ça me fait penser à ces communistes, qui pour créer l’égalité entre les hommes, ont crée une société de pauvres. Tous étaient égaux dans la pauvreté. Non, moi président, je ferai une société où nous serons tous riches. Riches intérieurement. Les hommes feront du yoga, et de la méditation, et de la thérapie. Les femmes pourront sortir en toute securité à n’importe quelle heure du jour et de….  du jour !

– Mais comment comptez-vous faire cela ?

– Les neurosciences, mon ami. Nous avons désormais les moyens d’endormir tout désir à jamais. Masculin ET féminin, car je suis un président paritaire. La frustration est la plus grande plaie de l’univers. L’homme et la femme de demain n’en auront pas besoin. Et voilà. Plus de désir, plus de frustration. Plus de frustration, plus de violeurs, plus de tueurs en série, plus de crimes passionnels, plus d’adultères, plus de jalousie. Un monde de paix, de bien-être, de yoga, et de développement personnel, et de spiritualité.

– Mais ne craignez-vous pas que ce monde que vous nous proposiez soit complètement déprimant ?

– Déprimant ?

– Euh… s’il n’y a plus de désir, monsieur le président, comment se passera notre… sexualité ?

– Le sexe ! vous n’avez que ce mot à la bouche ! Le sexe sera toujours là, comme moyen de procréation, mais l’acte sexuel deviendra aussi excitant que de remplir sa déclaration d’impôts. Nous éviterons ainsi, les enfants nés par accident, ou erreur. Bien sur, je comprends que ce programme vous fasse peur, comme tout ce qui est nouveau. Mais sincèrement, refuser mon programme voudrait dire cautionner une société de violence, d’abus sexuels, de féminicides. Est ce vraiment cela que vous voulez ? !

– Euh,non, bien sûr…. une dernière question monsieur le président,  enfin le futur président, si vous êtes élu, bien sûr : vous parlez uniquement du désir sexuel, n’est ce pas ?  Qu’en est il des fringales alimentaires ?

– Il n’y en n’aura plus non plus. De toute façon, sans pluie, le cacao et le café de pousseront plus. C’est un des avantages du beau temps.

– Vous comptez faire de nous des respiriens ?

– Soyons sérieux, monsieur, vous n’allez tout de même pas me dire que vous préférez une société de diabète, de maladie cardiovasculaires, et de cholesterolisés ? Le bien être a un coût. Nous découvrirons les vertus du jeûne.

Bah, tout compte fait, c’est pas si mal que ça le mauvais temps. Je crois que je vais arrêter de chercher le soleil au réveil. Et continuer à me plaindre de ma frustration.

Ces derniers temps, avec mes enfants, on a crée un rituel. A table, on cite chacun à notre tour, notre moment préféré de la journée, ainsi que notre pire moment.  Et ce jeu n’aurait sans doute plus la même saveur, s’il était privé des pires moments de la journée. A tel point, qu’il arrive souvent que l’un de nous dise :

– Et bien, moi, mon meilleur moment de la journée, c’est celui-là. Celui ou nous sommes ensemble a nous raconter nos joies et nos peines.

Ce moment, ou nous réussissons à accueillir nos peines, peut donc aussi devenir un moment de joie.

C’est peut-être à ça qu’elle sert finalement, la pluie, faire pousser les graines qui donneront de beaux fruits.
Comme les éruptions volcaniques qui recouvrent une terre vieillissante, pour la re fertiliser et nous permettre de veiller au beau temps.

Mais cette violence que nous n’aimons pas, ces violeurs, ces tueurs en série et tout ces trucs dont on aimerait se débarrasser, auraient-ils une quelconque utlité ?

Ça pourrait être le sujet d’un prochain article.

En tout cas, n’oublie pas, tout ce que tu vis est une matière féconde, pour être racontée.

Souvent les gens ont recours a l’écriture lorsque ça ne va pas bien. Oui, c’est un beau moyen de transformer la pluie, c’est sur. Mais tu peux écrire aussi quand ça va très bien. C’est peut être ce qu’il y a de plus difficile en fait : prendre l’habitude d’avoir un rendez-vous avec toi-même, tout le temps, qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il fasse grand soleil.

Alors, écris. Raconte-toi. Montre-toi. Dans ton ombre et dans ta lumière. Pour laisser pousser tes plus beaux fruits.

 

 

 

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1 réponse
  1. Daniel Mary
    Daniel Mary dit :

    Président du bien être
    Y aura-t-il un jour un président du bien-être ? Et si on parle de bien être de quel bien-être s’agit-il ?
    C’est en effet un mot valise dans lequel on met tout et n’importe quoi. Le bien-être de Monsieur Durand n’est pas le même que pour Madame Dupont.
    Cela me rappelle cette histoire de paillasson. Une femme était venu consulter un praticien en PNL parce qu’elle voulait que sa maison reste impeccable et qu’elle était perturbé dès que ses petits-enfants venaient la voir. Et à un moment donné le praticien lui a posé cette question : Pouvez-vous regardé un peu de poussière sur votre paillasson et en même temps apprécié le bonheur de voir vos petits-enfants ?
    Le bonheur serait-il une parenthèse entre deux averses ? Il serait judicieux de regardé quels sont nos grains de poussières et de quelles bulles nous parlons. Si j’avais à raconter ma journée en parlant des différentes couleurs que j’ai rencontrées, qu’elles seraient-elles ?
    Aucun présidents du bien-être ne pourra faire cela sans s’emmêler les bulles…

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