Prends une liste de 8 a 10 mots. Mets ton chrono sur 10 minutes. Et invente une histoire. 

Voici la liste de mots du jour, si t’as envie de tester, avant de lire mon histoire.

Enfant –tableau – abricot
glabre – romarin – cerceau –
Jeanne – Mouche Ternelle – Vassiliev – onguent

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Le peuplier est entouré d’un cerceau de fer. C’est sa prison . Et nous on court autour, on rit, et on crie.

Mouche est tombée la première. Mouche Ternelle, je l’aime.

Elle a des collants en laine épais, un manteau violet, comme celui du chaperon rouge, mais en violet. Et en guise de boutons, des espèces de cornichons en bois.
Ses yeux bleus brillent toujours, meme quand elle pleure. Il n’y a qu’elle. Quand elle est la, je n’ai plus peur, plus froid. Je veux être toujours avec elle, jouer. Elle m’aime. Mais ça ne se dit pas. On en a pas besoin, ni elle ni moi. C’est comme ça, c’est naturel.

 

On se manque même pas quand on se quitte. Et quand on se retrouve le matin, c’est normal. Ça peut pas être autrement en fait.

Jamais j’ai pensé a l’appeler, ou aller chez elle. Je ne sais même pas si elle a une sœur. On parle jamais de ça. Quand on est ensemble; il n’y a que nous. On pourrait se moquer de Jeanne, Léo ou Vassiliev, mais on ne le fait pas. On parle de nos crayons, de notre couleur préférée, des abricots, de la manière dont les grands-mères du moyen age utilisaient la sarriette, l’argile, et le romarin pour fabriquer des onguents qui rendaient super -puissants.

Et puis, Mouche est tombée, dans la cour.

J’ai continué à courir. Elle m’a fait penser a ma sœur, et j’ai ressenti de la tristesse à ce moment la. Je ne sais pas d’où c’est venu. Quand je l’ai vue par terre, je me suis souvenu que j’avais une famille.
Le jeu a continué autour de l’arbre de la cour de rue des Sept Arpents, à l’école de la liberté, classe de Mme Panoufle, CM1 A, Mars 1987.
Mais je sais pas.

Elle a une belle voix, Mouche. La voix de quelqu’un qui vient juste de se réveiller. J’ai toujours le sentiment qu’avec elle, on va aller prendre le petit-déjeuner. Tartines de confiture, croissants, chocolat chaud, comme quand on était en colo, enfin… en classe verte…

Mouche un jour m’a dit qu’elle allait changer d’école. On a rigolé ensemble. Je me souviens du dessin qu’elle a fait sur mon cahier ce jour là :  elle l’avait intitulé l’enfant au tableau. C’était un tableau d’école sur lequel était dessiné un enfant. Je lui ai dit que c’était pas ça un enfant au tableau. L’enfant il devait être devant le tableau, et écrire au tableau. Pas être dessiné dessus.  Elle a haussé les épaules, et m’a répondu : “ Qu’est ce que t’en sais ? ”.

La maitresse nous a demandé de nous taire, et on a repris la dictée de mots : marécages – glabre – souliers crottés – arrière train – le paysan allait en ville – un bouquet en main de marjolaines – prunelle de ses yeux – dévalant la colline.

C’était un mardi. Puis le jeudi, la chaise d’à coté, était vide. Mouche avait changé d’école. Je ne lui ai même pas demandé ou elle allait en fait.

Dans la cour, on a joué, avec Julien, Jonas, Jeanne et Leo. J’ai couru, et cette fois, c’est moi qui suis tombé. Les autres ont continué à courir. Je me suis relevé. J’avais abîmé mon pantalon. J’ai pensé à ma mère. Je l’ai vue me gronder. Et j’ai été triste un instant, avant de reprendre ma course autour de l’arbre.

Le peuplier.

Celui qui est entouré d’un cerceau de fer. Et qui a changé depuis hier.

 

Si toi aussi, tu as envie de jouer, voici une liste de mots pour inventer l’histoire de demain. Je te partagerai la mienne . A toi de jouer, mets ton chrono sur 10 minutes, et amuse-toi.

Un mot bizarre : Térébenthine 
Un nom propre : Esculape 
Un odeur : celle des marrons chauds
Une couleur : Turquoise
Un son : musique arabe
Un souvenir : Un enfant que je m’amusai à effrayer
Un personnage : Albert l’intellectuel, prof d’université 
Un secret :  il aime les enfants
Une chanson :  rien de rien…

 

 

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2 réponses
  1. Mélanie
    Mélanie dit :

    Un mot bizarre : Térébenthine
    Un nom propre : Esculape
    Un odeur : celle des marrons chauds
    Une couleur : Turquoise
    Un son : musique arabe
    Un souvenir : Un enfant que je m’amusai à effrayer
    Un personnage : Albert l’intellectuel, prof d’université
    Un secret : il aime les enfants
    Une chanson : rien de rien…

    J’observais sur les trottoirs gorgés de poussière l’été qui avait pris fin sur Téhéran ; l’odeur des marrons noircis par les braises, la harangue des vendeurs de pistaches, tout concourait à inviter l’automne, n’était cette sécheresse entêtante. La chaleur recuisait les dômes de céramique des mosquées sous un ciel uniformément turquoise, et, depuis le taxi qui m’emmenait de l’hôtel jusqu’à l’université, j’avais aperçu un enfant, ses yeux noirs, sa joue cuivrée, j’avais soudain devant moi José, un garçon que je m’amusais à effrayer à l’école. Je devais être en CP et José ne parlait pas encore bien français, et la plupart du temps il nous regardait fixement avec ses grands yeux noirs… Tout le monde semblait aux petits soins avec lui, tout le monde sauf moi. Il me mettait en rogne, alors tous les matins, juste avant d’entrer en classe, je le poussais, juste assez fort pour qu’il bouscule toute la rangée, et tous les matins, la maîtresse l’avait dans le collimateur, parfois il était puni. Ces fois-là j’étais très content. J’y pensais toujours en gravissant les marches aux-côtés de mon hôte qui, rempli d’enthousiasme de recevoir un spécialiste des médecines antiques, se sentait obligé de me parler d’Esculape, de Galien, m’interpelant sur notre méconnaissance des médecines mésopotamiennes, je ne lui prêtais aucune attention.
    Aujourd’hui, quand j’y repense je me dis que José est peut-être le premier enfant que j’ai aimé vraiment – à ma manière s’entend – sa vulnérabilité devait avoir quelque chose d’attirant, son impuissance aussi, avec cette langue à nous qu’il ne parlait pas encore. Depuis j’ai fait du chemin. Dans ma chambre d’hôtel fraîchement repeinte ça sent l’essence de térébenthine et cette odeur, accompagnée au casque par les vocalises d’Oum Kalsoum, m’évoque d’autres souvenirs et d’autres lieux : le Maroc et ses souks peuplés d’enfants… « on n’oublie rien de rien » comme dirait Brel mais s’habitue-t-on vraiment ?

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  2. Elo Die
    Elo Die dit :

    Incroyable cette histoire imaginée ! J’y ai mis des images de cet arbre entourée de son cerceau de fer … un peu comme une photo qui fait parti de ma mémoire… Je vais tenter l’exercice avec les mots proposés !
    Merci Namir, Belle journée

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