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On me reproche souvent,  de parler beaucoup de moi, d’exposer ma vie privée, que ce soit dans mes films, ou à travers ce blog,

C’est vrai que j’ai du mal parfois à faire la distinction entre l’espace intime et personnel, et la sphère publique.

Et même si je joue aussi parfois de cette confusion entre réel et fiction, j’entends bien que ça puisse être dérangeant, cette forme d’impudeur, qui a souvent choqué mon père.

On lave son linge sale en famille.

Mais, c’est toi ma famille.

Et si tu veux pas en faire partie, tant pis.

Je continuerai à laver (Maria, pff….)

Et si tu me trouves un peu trop autocentré, égocentrique ou narcissique, t’as raison. C’est juste que j’ai beaucoup de retard à rattraper dans mon chemin vers la maturité. J’ai encore peur du silence, alors je fais du bruit.

Ça me rassure que tu entendes mes cris.

 

 

Mais j’écris pas pour que tu aies pitié de moi, ou que tu me plaignes, hein !

Si c’est le cas, alors je suis passé à côté de l’écriture. Et je t’invite à passer ton chemin.

J’ai pas envie de créer un cercle d’enfants maltraités, pour qu’on y partage nos lamentations.

Il y a déjà un mur entier dédié à cela.

J’écris pour venir atteindre ton inavouable impudeur.

 

Un jour, Louis Jouvet, immense acteur, est allé sonner à la porte du décadent poète Jean Cocteau. Un majordome en tenue du XVème siècle lui avait ouvert la porte, un chandelier à la main, très solennel

MAJORDOME
Vous venez pour le maître ?

JOUVET ( avec son inimitable accent parigot)
 Nan, juste pour le voir.

Cocteau a su faire de ses défauts des qualités, en les transformant en revendications.

Ce que ton public te reproche, cultive-le, c’est toi.

 

Parler de moi, c’est juste mon biais pour te parler de toi.

Pour te provoquer, y compris dans mes maladresses.

Des fois, c’est poétique, et ça passe. Et d’autres, çà l’est moins. Comme quand je parle de cul, de sexe, de bite, et que je te provoque gentiment. Et encore, je me retiens.

 

L’autre jour dans le cercle d’écriture, j’ai proposé un texte entier de lâchage de gros mots. Juste pour le plaisir d’entendre des gens rougir, et jubiler en prononçant des phrases obscènes. L’une des participantes a du dire plus de gros mots en 5 minutes que pendant sa vie entière. Ça a bien détendu l’atmosphère.

 

J’ai pas le courage de Bukowski, et de sa poésie triviale.

Mais j’y trempe parfois un peu le bout de mes doigts.

Tu sais pourquoi ?

Parce qu’au fond, ça me plait.

Pendant des années, j’ai parlé de pleins de sujets passionnants avec mes amis, et collègues. De l’humain, des relations, de l’art, de la création, de nourriture, de sport de travail, de religion, et que sais je encore.

Pourtant, le cul, silence radio.

Et je sais pourquoi. Ça me foutait la trouille de devoir m’exposer, parler de ma vulnérable sexualité. Alors, j’esquivais le sujet.

Alors qu’en proportions, le cul, que ce soit par sa présence ou son absence, il occupe tout de même une sacrée place dans nos vies, non ?

En tout cas dans la mienne.

Mais peut-être que je suis un alien.

 

Alors, oui, je sais, je pourrais prendre des pincettes pour parler de sujets aussi essentiels que l’intimité, la sexualité, et tout ça.

Mais des fois ca fait du bien aussi d’appeler, comme dit Piccoli, un chat un chat, et une chatte une chatte.

Et si ma crudité coince un peu chez toi quand je mâche plus trop mes mots, t’es pas obligé d’avaler mes salades.

Recrache. Mais t’étouffes pas.

 

J’aimerais qu’on ose parler de tout ensemble. Et exposer ta trivialité aussi a quelque chose de respectable, même si elle est enfouie dans les soubassements de ton surmoi. On est tout de même au pays de Rabelais, de Brassens, et de Pierre Louÿs.

En thérapie, Farelly l’a bien compris, le parler cru, et les sujets qui font rougir, ca libère vachement.

Au fond, le cul, c’est peut-être juste l’arbre qui cache la forêt. Un miroir amplifié de la vie. Que tu le pratiques en solo, en duo, en troupe ou pas du tout, il s’y exprime les mêmes enjeux émotionnels et relationnels que dans le reste de ta vie. On y rejoue avec moins de filtres, notre rapport au contrôle, à l’abandon, à la perfection, à la frustration, à la dépendance, au chaos, au pouvoir, à l’impuissance et à l’amour. On s’y révèle vulnérable, mou, fragile, insatiable, animal, enfantin.

Quand des clients viennent en séance pour parler de leurs complexes de petite bite, d’éjaculation précoce, de vaginisme, ou de leurs paraphilies, souvent çà se résoud du coté du sens de la vie, des loyautés familiales, du rapport à papa, maman, à la honte, et des liens d’attachements.

Et c’est beau, cette passerelle entre le trivial et le divin. C’est ça l’humain.

On n’est pas que des êtres purs et spirituels.

On est aussi de mangeurs de merde.

Je pourrais demander à mes clients « dis moi comment tu baises, ou sur quoi tu te branles, et je te dirai qui tu es ». Bon, je risquerai de perdre du monde. Restons plutôt sur nos colères face à nos enfants, ou notre addiction aux bonbons. Parce que les bonbons, c’est tellement bon, bien que les fleurs  soient  plus présentables.

Au fond, notre rapport au sexe exprime notre désir de vivre et d’aimer, et notre angoisse fondamentale face à notre disparition, et au sens de la vie.

Rien de bien grave en fait.

Alors, je veux bien remettre ma casquette du gentil nounours, et de reprendre des propos civilisés, et des textes plus poétiques, mais sache juste que si j’écris autant, c’est parce que je travaille sur ma honte, et sur mes peurs, et que je cherche juste à apaiser, ou épuiser le torrent de manque qui m’habite pour trouver un jour le chemin du silence, de la sagesse, et des haikus.

Et en faisant cela, crois-moi, je ne pense pas qu’à moi.

J’écris pour te dire que c’est possible. Et pour pour pouvoir t’accueillir pleinement, le jour ou toi aussi, tu seras prêt à venir t’exposer.

Et ce jour, je te le promets, j’apprendrai à me taire, et être complètement disponible pour toi, pour t’écouter, et pour apprendre de toi.

 

 

 





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1 réponse
  1. Orianne
    Orianne dit :

    Personnellement j’aime beaucoup la tournure qu’a pris le blog et cette écriture sans masque qui sonne comme autant de permissions de s’exprimer vrai. Merci Namir.

    Répondre

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