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Om Doma, Egypte. 05 Novembre 1974. Ma mère a 30 ans, et un bébé de 29 jours dans les bras. C’est moi. Elle est sur le point de prendre une décision qui va changer le cours de sa vie, et la mienne.

Paris. Quelques mois plus tot. Janvier 1974.  Ma mère est enceinte. Je ne suis pas un enfant désiré. L’avortement étant interdit en France, il faut  passer par l’Angleterre. Mon père y est favorable. Ma mère refuse, craignant qu’en interrompant cette première grossesse, elle ne puisse plus avoir d’enfants par la suite.

07 Octobre 1974. Ça y est, je suis né. Une question se pose désormais : qui va s’occuper de moi ?

Mon père prépare sa thèse, tout en faisant des traductions à l’Unesco. Ma mère, pour l’aider, a continué à travailler jusqu’au dernier jour de sa grossesse.

Très rapidement après ma naissance, le quotidien se révèle intenable. Pas de crèche, ni de nounou. Le studio de la rue Miolis est minuscule. Les moyens financiers insuffisants. Et je crie et pleure beaucoup.

La solution envisagée est l’Egypte. Ma mère y retournera avec moi pour laisser mon père avancer sur sa thèse.

– Ne fais surtout pas ça ! Si jamais tu laisses ton mari tout seul en France, tu le perdras. Je sais de quoi je parle :  quand je suis venu travailler en France, j’ai laissé ma femme en Algérie pour quelques mois. Et ça n’a pas manqué : Une française m’a mis le grappin dessus, et j’ai du quitter ma femme. La France est un pays dangereux pour les hommes. Tu n’imagines pas de quoi les françaises sont capables. Ne prends pas ce risque, Siham. Laisse ton bébé en Égypte, et reviens en France. Ta place est auprès de ton mari.

Je ne connais pas le prénom, de ce monsieur avisé, ami de mon père. Avec son super conseil donné à ma mère, il tracera mon avenir.  Ma mère me confiera à sa sœur Enayat, et rentrera seule, en France.

Je ne juge pas ma mère.

Je ne suis pas à sa place.

Enfin, si. Elle est partie. Elle m’a abandonné.

Et je lui en veux toujours.

Deux ans, sans voir tes parents, sans comprendre pourquoi du jour au lendemain, ils disparaissent de ta vie, sans donner de nouvelles, ça laisse des traces.

Mais, tu sais, il y a quelque chose de pire encore que d’être séparé de tes parents

Les retrouver.

Décembre 1976. Ma mère vient me récupérer. J’ai deux ans. Je ne la reconnais pas. et je veux rester avec ma tante Enayat. Ma mère essaye de m’amadouer avec des bonbons et des sucreries. Enayat, qui m’avait élevée comme son fils, me regarde partir, effondrée.

Et voilà, comment à l’âge de deux ans, j’ai vécu un deuxième abandon.

 Quand t’es bébé, et que tu retrouves devant des inconnus qui te disent : on est tes parents, alors que toi, t’as juste appris a les oublier, et transférer tes figures d’attachement sur d’autres personnes, c’est violent, chaotique, perturbant.

Je crois que j’en ai tiré une croyance bizarre : si ma mère a disparu de ma vie, et qu’elle est revenue deux ans après, alors ça veut surement  dire que les mamans reviennent toujours, qu’elles ne disparaissent jamais vraiment.

Février 2015. Mais non, Namir, cette fois, ta maman est partie pour un pays dont on ne revient pas.

Mars 1977.  J’ai 3 ans. Avec mes parents, les débuts sont difficiles. Il  faut s’apprivoiser. Dans ce nouveau pays terrifiant qui s’appelle la France, mes parents posent des limites. Me grondent. Je leur réponds en sanglots :

« Ouvrez moi la porte, je rentre chez moi »

J’ai continué à retrouver ma tante Enayat tous les étés au village. Elle m’accueillait avec des larmes de joie, me couvrant de câlins et de baisers.

Et moi, ses baisers et ses câlins, je les détestai. 

Derrière ce dégout, se cachait la colère inavouée de m’être senti  abandonné.

J’en ai développé un ressentiment contre elle. Contre ma mère. Et contre toutes les femmes.

Mars 2022. Ma tante Enayat a son tour est partie pour le pays dont on ne revient pas. Elle a retrouvé sa soeur.

Et beaucoup de larmes ont coulé.

Dans certaines philosophies, on croit à la réincarnation. On suppose que notre âme vit au-delà de notre existence matérielle, corporelle, terrestre, et qu’elle sait exactement de quoi elle a besoin pour devenir plus sage, grandir, se développer :

ELLE A BESOIN D’UNE SITUATION D’APPRENTISSAGE OPTIMALE

Et c’est ce qu’elle fait en choisissant de s’incarner sur terre.

Je ne te demande pas de croire à cette idée. Je te partage juste, pour la suite de cet article, une expérience que je propose dans ma formation d’écriture créative. Teste la, et vois comment elle peut te donner un nouvel éclairage sur ta vie.

T’es prêt ?

C’est parti.

Imagine une âme. Elle doit choisir la prochaine vie où elle va s’incarner, une vie dans laquelle elle va se donner une incroyable opportunité. Et parmi les 7 milliards d’humains sur terre, elle choisit alors de naitre, et de s’incarner EN TOI.

Oui.

Cette âme va choisir de devenir toi en sachant exactement TOUT ce que tu vas traverser : ta naissance, les bobos, les souffrances, la solitude, les peines, les trahisons, les humiliations, les séparations et les injustices.

Elle va choisir cette vie justement pour ces raisons-là.

Cette âme va dire :

« Je choisis de vivre la vie de Namir (tu peux mettre ton prénom) sachant exactement ce qu’il va traverser de chouette, et de terrible, parce que c’est de cette expérience là dont j’ai le PLUS besoin pour apprendre ce que j’ai besoin d’apprendre. »

Et la question que j’ai envie de te poser est la suivante :

Toi, âme, qu’est ce que tu es venu apprendre en choisissant CETTE vie ?

Je ne te demande pas de croire à la réincarnation, hein !  Juste d’imaginer que tout ce que tu as vécu ou traversé dans ta vie, n’a eu lieu que dans le but de te permettre de faire un apprentissage essentiel.

Peut-être que cette question te fait grincer, et que tu sens une résistance qui s’active en toi,  en disant :

 » Mais non, c’est n’importe quoi ! Je ne suis pas responsable de ce que j’ai subi ! Je n’ai tout de même pas choisi de me faire frapper, agresser, que mes enfants coupent les ponts avec moi, ou de subir cet accident. C’est n’importe quoi ! »

Bien sur, tu n’es pas  responsable de ce que tu as subi, hein. Mais tu es responsable du sens que tu donnes à tes expériences de vie.

Si je reprends l’exemple de ma vie, elle a été marquée par plusieurs abandons, le manque et la séparation. J’en souffre encore aujourd’hui.

Même s’il me reste encore une pointe de regret et de ressentiment, en me disant :  » j’aurais aimé que ma mère ne m’abandonne pas, et que je ne sois pas traumatisé.  J’ai pas eu de chance d’avoir eu un père maltraitant. Quel gâchis tout de même ce temps perdu, à cause de l’incapacité de mes parents à communiquer avec moi, etc……  »  c’est aussi grâce à ces expériences, que j’ai pu devenir qui je suis, développer des capacités d’imagination incroyables pour fuir les souffrances et le rejet.

C’est grâce à cela,  que tu te retrouves à me lire aujourd’hui.

Je peux rendre grâce aujourd’hui à ce monsieur dont j’ignore le prénom et son conseil avisé, à ces dangereuses françaises qui te mettent le grappin dessus, et à ce pays d’où on ne revient jamais.

Et ça, c’est chouette.

Si cela te paraître bizarre de considérer que tes expériences douloureuses sont en fait des situations idéales d’apprentissages, prend le temps de te demander quel est l’avantage et le bénéfice ultime que tu as eu à vivre cela. Et trouve quelles leçons de vie se cachent derrière.

Je sais que c’est parfois douloureux, de replonger dans des moments pénibles de ton existence, pour en chercher la moelle, celle qui te fera dire : « ah, c’était donc pour ça ! »

Mais quand tu trouves, c’est le même effet que quand tu retrouves enfin ton « chez toi ».

Cette question m’accompagne encore de temps en temps.

Je me le suis reposée hier, dans un moment de crise. Je marchais dans la rue. La réponse que j’ai trouvée  était totalement inattendue, et m’a permis de trouver concrètement une solution a un problème que je vivais. Et ça m’a fait un bien fou. Je t’en parlerai demain.

Et toi, quelles sont tes leçons de vie  ?

 

 

 

 

 

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3 réponses
  1. nathalie magrez
    nathalie magrez dit :

    Hello Namir,
    Ce travail là, oui, c’est une super magnifique expérience. C’est pas mal de temps et de l’émotion à fond, mais… il faut y aller, y plonger carrément, sans peur ou avec la trouille au ventre, peu importe, de toute façon, elle passe vite finalement.
    Merci encore. Et merci aussi pour tes textes. Belle journée à toi.

    Répondre

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  1. […] cet article t’a plu, celui-là devrait t’intéresser […]

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