Namir, en arabe signifie à la fois le petit tigre, et l’eau pure.
Je te partage ici un texte  écrit dans un contexte particulier, puisqu’il a vu le jour pendant le précédent cercle d’écriture au coin du feu. J’en profite pour te rappeler que ces cercles sont gratuits et ouverts à toutes et à tous. Tu y es le/la bienvenu(e).

Version audio

 

Version texte

Petit tigre,

Je voudrais te parler de la langue des humains,
tu sais, celle que tu ne comprends pas
Tous ces bruits qui n’ont aucun sens pour toi
Toi, tu ressens juste les vibrations
des ondes qui te réchauffent le cœur,
et d’autres qui font trembler ton petit ventre

A force de les entendre,
tu y apprendras ton prénom
Et tu adopteras le langage des humains,
qui distinguent terrien, et t’es rien

Mais n’oublie pas petit Tigre,
ces fréquences qui ont fait vibrer ton Coeur
et te donnaient des frissons

N’oublie pas ta langue d’origine, petit Tigre
Celle qui a commencé par un cri.
Souviens toi aussi,
que tu as commencé
par ne rien comprendre
et c’était effrayant.

Les mots deviendront ta maison, petit Tigre
Une barque de fortune dans l’océan permanent
et les barques restent à la surface

Ta vraie maison n’est pas celles des mots.

Tu sais, petit Tigre,
une fois, j’ai fait un voyage,
là où les mots n’existent pas
C’était beau.
Et ça faisait peur.

Quoi donc, me diras-tu  ?

Je ne sais pas
je sais juste que j’ai pleuré.

J’ai voulu comprendre,
et puis j’ai lâché.
Je me suis abandonné
Et j’ai pleuré encore plus.

Tout ce que j’arrivais à répéter,
Dans mon besoin de parler,
C’était trois mots :
c’était beau.

Tu sais, dans l’océan, des gens se sont noyés.
ils se sont battus, épuisés, contre les vagues.
C’était plus fort qu’eux,
ils savaient qu’ils ne survivraient pas
Mais n’ont pas dit:

“ Tant pis, je laisse tomber. Je coule »
ou
 » Allez, je laisse les requins me manger »

Jusqu’à leur dernier souffle de vie, ils se sont battus
Tu sais pourquoi, petit Tigre ?
Moi pas.

Je fais ce rêve parfois d’un grand Tigre
qui me poursuit,
et je cours pour retarder
le moment où il va me dévorer.

Inévitablement, il va me rattraper
mais je cours quand même
sans me retourner
sans le regarder

Chez nous, petit Tigre,
même si le combat est perdu d’avance,
on tient

Et quand le noyé, à bout de forces, abandonne,
il y a un dernier souffle,
Mais avant,
il y a la souffrance physique,
cette terrifiante asphyxie,
l’air qui te manque,
t
on corps qui devient violet,
tes yeux exorbités,
tes veines qui se gonflent
et cette sensation désagréable
d
e tes poumons pleins d’eau

C ‘est comme un glissement
Et pfouuuu,
Tu passes de l’autre coté
du mur de la peur
Tu redeviens, petit Tigre

Ton corps sait ce qu’il a à faire,
pour t’emmener vers le pays sans mots.
Et c’est très beau.

Tu le sais déjà, pas vrai ?
Mais la peur de la souffrance
Te l’a fait oublier

Moi aussi, j’ai oublié
le kaléidoscope de couleurs, de sensations
ces algorithmes partout
et ce mouvement permanent
ou rien ne fait sens, et tout fait sens.
T
out change de forme sans arrêt.
Et c’est beau

Une fois, en sortant du ventre de ma mère,
je suis mort
on m’a enterré.
J’ai oublié les kaléidoscopes,
pour découvrir le froid, l’unité et la séparation

Chez les chrétiens,
on parle de la parousie.
La fin des temps.
Le retour du Christ.
L’apocalypse.

Elle a été annoncée maintes fois,
L’an mil, on y a cru
A l’an deux mille, encore.

On attend toujours

Un jour, j’ai dit à un prêtre

“Il a menti Jésus.
Il a dit qu’il reviendrait après la fin des temps
et nous a lâché”

« Le Christ est déjà revenu,
il y a 2000 ans.
La fin des temps,
nous y sommes en ce moment. »
C’est ce que m’a répondu le prêtre

J’ai pas tout compris

Sommes nous vivants, ou morts ?

Petit Tigre,
Ta langue n’est pas celle des mots
Bientôt tu grandiras,
et tu oublieras quelque chose d’essentiel

Quelque chose qui ne se dit pas,
Et pourtant qui est la,
tout le temps
Dans le silence,
dans la clarté,
d
ans l’invisible.

Et c’est putain de beau
Quand tu acceptes enfin
d’être un terrien qui ne sait rien.

 

N’hésite pas à me faire part de tes réactions : tes commentaires m’aident à faire vivre ce blog. Parfois même, de nos échanges pourra naître un article.

Et soutiens moi en partageant l’article que tu as préféré dans tes réseaux.

Et si tu veux explorer à ton tour l’écriture, jette un oeil à  Inspirateur – mon programme en ligne.

J160 - Le droit à la détresse

« Quoi ? vous vous séparez, mais comment est ce possible ? Je n’arrive pas à y croire… On vous a toujours vus comme un couple modèle. »   C’est fou cette tendance que l’on a à idéaliser la vie des autres. A…

J159 - Te montrer vraiment

J’ai peur de déplaire. C’est une des propositions sur lesquelles nous avons écrit lors du précédent cercle. Commencer ton texte par cette phrase, et partir ensuite pour 10 minutes de flow ininterrompu, ça te fait partir…

J158 - T'es con, ou tu le fais exprès ?

- Mais enfin, t’es idiot ou tu le fais exprès ? J’ai 12 ans. Et Mme Burchill, ma prof de biologie nous emmène en forêt observer la nature, nous donnant comme devoir de la décrire. J'aperçois une araignée dont…

0 réponses

Répondre

Se joindre à la discussion ?
Vous êtes libre de contribuer !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *