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Tu sais pourquoi le minitel a disparu ?

Ah, tu ne sais pas ce que c’est, le minitel.

Ben justement, c’est pour ça qu’il a disparu. Parce que, vu sa lenteur de connexion, avec ses « 3615 ULLA » et compagnie, bah, il ne servait plus à grand chose face à l’arrivée d’internet.

Maintenant on a TINDER

C’est un peu comme la queue du chien. Enfin, notre queue du chien, à nous…

A l’époque où on en avait une, il y a 20 millions d’années.

Et puis notre organisme n’en a plus eu besoin. Alors elle s’est résorbée. Il n’en reste qu’un os.

C’est le principe de l’évolution.

Le chaos, dans son organisation du monde est assez pragmatique. Il teste plein de combinaisons, et n’a pas d’états d’âmes à abandonner ce qui n’est plus utile à l’évolution des espèces.

Alors, en plus du minitel, nos ancêtres ont peut être inventé des cuillères à trous, des flutes silencieuses, des verres imremplissables, des stylos qui n’écrivaient pas, des plats indigestes (y en a d’ailleurs encore).

Ce qui n’est plus utile finit par disparaître.

Inversement, on peut imaginer, que tout ce qui a survécu, est donc encore utile.

Comme la honte, par exemple.

 

 

C’est pas agréable de ressentir la honte. Mais c’est utile.

D’un point de vue social, elle nous empêche de devenir des psychopathes et des tueurs en série. Elle nous signale que nous avons franchi, par nos actes, des barrières qui transgressent des valeurs morales.

Donc on devrait se réjouir de ressentir de la honte. Et pas en avoir honte, justement. Parce qu’elle nous permet de continuer à faire partie de la tribu.

Mais il reste un truc que je comprends pas.

Pourquoi est-ce qu’on a honte de nos désirs ?

Même si nos désirs sont dégoutants, déviants, ou pervers. Même si on est attiré par les jeunes enfants. Ce désir là, n’est pas de notre faute. Nous ne l’avons pas choisi. Et nous n’avons rien fait de mal à être ce que nous sommes, ou à ressentir ce que nous ressentons.

Personne ne devrait avoir honte d’exprimer ce qu’il ressent

Si nous sommes responsables de nos actes, nos désirs ne sont pas des choix dont nous devrions porter la responsabilité.

Est-ce que justement, le fait d’avoir honte de nos pensées, ne nous conduit pas, en les refoulant et en nous interdisant de les exprimer, à transformer notre honte, en instrument de torture et de dépréciation de nous-mêmes ?
Ce qui, au lieu de nous aider à trouver notre place dans la tribu, aurait plutôt tendance à nous en isoler davantage.

L’excès de honte ne génère-t-il pas une forme de violence ?

A 11 ans, au cinéma, j’ai vu une comédie débile dans lequel un type avait le pouvoir de lire dans les pensées des gens.

J’en étais ressorti flippé.

A l’époque, je découvrais mes premiers émois sexuels, que j’assumais déjà assez mal, vu que j’étais dans ma période fan de Jésus. Vous savez, le type qui disait des phrases du genre :

 Moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son coeur. Si ton oeil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi

Tu vois le genre ?

Alors, moi, à la sortie du cinéma, j’étais tellement flippé que quelqu’un puisse rentrer dans ma tête, lire dans mes pensées, et découvre mes fantasmes, que j’ai tout fait pour essayer de les contrôler.

– Namir, surtout ne pense pas au nichons d’Alexandra, n’imagine surtout pas Alexandra à poil.

Et c’est comme ça que je suis devenu obsédé.

Désirer ce que je désire, ne devrait pas faire de moi quelqu’un de mauvais, même si cela n’est pas conforme à l’image que je veux donner de moi, ou que cela génère de la honte.

Enfin, ça, c’est ce que j’aimerai en théorie.

Parce que dans ma réalité, juste exprimer à une fille qu’elle m’attire physiquement, ça me fout déjà la honte. J’ai même réussi plusieurs fois à me forcer à croire que j’étais amoureux, juste parce que j’assumais tout simplement pas cette loi de l’attraction.

C’est, je crois, une des raison pour lesquelles aujourd’hui, j’écris.

Pour désensibiliser cette honte là, En m’y exposant un petit peu chaque jour, et qu’elle finisse comme la queue du chien, à se résorber.

L’écriture soigne, guérit et fait grandir.

Elle a en plus cet avantage alchimique de transformer les motifs de notre honte, en histoires inspirantes pour les autres.

En espérant qu’elle puisse t’inspirer à ton tour, et que toi aussi, tu trouves le courage de raconter toutes ces pensées qui te font honte.

Et que tu puisses n’en garder que ce qui est utile.

Parce que je te le rappelle, ce n’est pas de ta faute d’être ce que tu es.

Tiens, a propos d’utilité d’ailleurs, si je vais au bout de mon raisonnement, et en considérant que tous les comportements qui n’ont pas disparu de notre civilisation, sont utiles à l’évolution de l’espèce humaine, j’ai encore une question qui me trotte dans la tête.

Hmm… non, je crois que je préfère la garder pour plus tard.

C’est pas que j’en ai honte.

C’est juste que je pense que ça sera le sujet d’un prochain article.

 

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