Prends une liste de 10 mots.
Donne toi une limite de temps de 10 minutes.
Et invente une histoire. 

Voici la liste de mots du jour, si t’as envie de tester, avant de lire mon histoire.

Blame it on the rain – le bruit du vent dans les feuilles
L’andalousie – Un géant, 1M87, 112 kilos, 42 ans
Un gardien de musée – Des orgasmes qui ne s’arrêtent jamais,
Rouge –  banane écrasée – canari mort dans sa cage

 

FOUTU CANARI

 

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Il y a des histoires qui vous hantent jusqu’à l’obsession. Alors qu’elles ne sont pas vraies. Mon canari n’est pas mort dans sa cage.
Ce n’est pas vrai.

Nous étions partis en vacances. En Andalousie. Un beau séjour en famille :  les montagnes, l’Alhambra, et puis un souvenir merveilleux de l’hôtel du soleil, et son restaurant. J’ai adoré ce restaurant. Et puis, quand on est rentrés, j’ai vu la cage de mon canari, vide.

On l’avait oublié. Il était mort dans l’anonymat le plus complet.

Mais comment était-ce possible ?

Il n’y avait pas de corps, pas de cadavre, pas de plumes dans la cage.
Cette histoire ne peut pas avoir eu lieu.

Il y manque quelque chose. Mais quoi ?
Ma mémoire ment elle ? Papa a-t-il caché le corps avant que je rentre?

Et si ce canari n’avait jamais existé ?

Ce retour m’a gâché me vacances, et m’a fait oublier toutes nos bons souvenirs.

Comme si nous n’avions pas le droit d’être heureux, dans notre famille.

Qu’il fallait un drame pour clore toute expérience de joie.

J’ai rencontré une fille, des années plus tard, qui avait des orgasmes à répétitions.

On mangeait un dessert ensemble, sur une terrasse. Elle s’amusait a écraser sa banane dans l’assiette et n’arrêtait pas de se trémousser. Elle s’est levée, est allée au toilettes ; elle a fini par me dire qu’elle a eu un orgasme.
Et que ça lui arrivait spontanément dans la rue, de jouir toute seule.

Ça crée des malentendus, tout ça.
Comme le jour de la visite au musée.

On regardait des tableaux, des natures mortes. Et le gardien du musée nous a chassé. Il a cru qu’on faisait des trucs inavouables dans son musée. Ça l’avait mis en colère. Sacrilège. Jouir devant un tableau.

Ma copine avait tapé un scandale.

Si on n’a même plus le droit de jouir dans un musée.

Et nous étions partis en riant. Il pleuvait ce jour la. C’était beau.

Et elle m’a quitté.

C’était aussi simple que cela. La vie quoi

J’ai été heureux ; alors, fallait bien que ça s’arrête.

Comme le jour du canari. J’ai marché tout seul.

Les montagnes de l’Andalousie.

La terre rouge.

Le cimetière où mes parents reposent en paix

Et la vie qui continue.

Et si toute cette histoire n’était pas vraie ?

Et s’il n’y avait jamais eu de canari ? J’aurais tout inventé ?

Personne n’est plus la pour me dire si cela a eu lieu ou pas.

Et pourquoi m’accrocher a un souvenir qui gâche tout ?

Je suis en Andalousie avec mes parents, et c’est génial. Point.

Le restaurant du soleil. Les  frites. Le coca au pied de la montagne. Les photos, et la course avec mon père.

Le rire de ma mère. On est heureux. Tout est beau.

Foutu canari. Je te hais.

Cette cage, je l’ai vue dans un musée, un jour de pluie.  Une femme avait volé le tableau, et y avait substitué cette cage, devant l’œil impassible du gardien du musée qui se tapait un orgasme.
Voilà, la véritable histoire !

Quand nous sommes rentrés chez nous, d’Andalousie, il y avait un magnifique tableau a la maison. une nature. Morte. Un cadeau de la pluie.  On l’a toujours d’ailleurs.

 



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5 réponses
  1. Mélanie
    Mélanie dit :

    Au loin on pouvait confondre la rumeur avec le bruit du vent dans les feuilles. Il faut dire que le vent soufflait fort, c’était pas l’Andalousie ! Le typhon commençait à balayer dangereusement l’avenue plantée de palmiers. Les arbres se pliaient comme montés sur ressort en un va-et-vient saccadé.
    Dans le hall, scrutant le ciel d’un œil torve et défiant la tempête de toute sa hauteur : une espèce d’Hercule. Les fesses moulées dans sa tenue de gardien de musée – toujours trop serrée mais c’est tout ce qu’on a, désolé – un trousseau de clefs bien garni tintait sur son aine. Il avait fermé les portes et éteint les lumières et bravait désormais la pluie battante qui s’échinait furieusement contre les vitrages. Pour ce soir, le musée était pour lui, pour lui seul.
    Il commença à faire le tour des hautes statues grecques blanches et lisses choisissant avec soin une partenaire de jeu. Des sensations lubriques commencèrent à monter en lui tandis que l’ouragan frappait en cadence.
    Je n’ai que dix minutes et les mots qu’il prononça ne sont pas digne d’une visite guidée même s’ils furent hurlés en grec ancien avec un fort accent languedocien – allez comprendre !
    Toujours est-il qu’au matin , on retrouva Jean-Pierre – tel un canari mort dans sa cage – le pantalon gisant en accordéon sur ses chevilles, la paume de la main rouge et arrachée comme une peau brûlée, le sexe cramoisi et évoquant selon les mots de l’inspecteur : une banane écrasée.
    On conclut à une mort accidentelle, la statue aurait vacillé de son socle durant la tempête, « blame it on the rain ». Cependant, le légiste qui, à ses heures, jouait du biniou en solitaire, savait, lui, que c’était encore une victime des orgasmes qui ne s’arrêtent jamais.

    Répondre
  2. Elo
    Elo dit :

    Ola Maria !

    Ça y est ! On s’est enfin décidé et on a commandé nos billets d’avion direction l’Andalousie. Après toutes ces années si loin de toi. Crois moi, danser un Flamenco avec toi enflammé sur la piste de danse de Granada me manque terriblement depuis toutes ces années. Et entre nous, ce n’est pas en France que j’ai connu des orgasmes qui ne s’arrêtent jamais comme ce que l’on a pu connaître durant nos études à Salamanca … j’ai hâte de revivre ça ! Un jour, peut être …

    Sache que je ne voyagerai pas seule. Tu vas pouvoir faire la connaissance avec Diego, mon fils. il a dix ans maintenant. Il est un peu différent de tous les enfants de son âge, Mais tu verras, même si son regard est le plus souvent fuyant, il est très attachant mon Diego. Il adore les bananes écrasées, et il aime en manger à chaque repas. Pourras tu prévoir quelques réserves à notre arrivée ? Je t’expliquerai. Diego a vraiment besoin de ces bananes, sinon il ne va pas bien. Il risque d’être déboussolé.

    Depuis que Diego est là, j’ai appris à apprécier les petits moments de répit que m’offre la nature. C’est pas toujours facile même si je l’aime à en crever. Les jours et les nuits se suivent et se ressemblent ici, les moments où je suis seule sont tellement rares… J’ai apprivoisé cette nouvelle vie maintenant, je suis heureuse et à chacune de mes sorties j’apprécie chaque petite chose que la vie nous offre et que l’on ne prends vraiment pas assez souvent le temps d’observer : Comme Le bruit du vent dans les feuilles, et le spectacle que la nature nous offre dans ce tourbillon de couleurs automnales, marron, rouge, jaune … et la fraîcheur du brouillard sur mes joues. Vivante. Je suis vivante et je le ressens dans ces moments là ! et qu’elle chance …

    Le petit canari mort dans sa cage à la maison n’en a pas eu autant. Il faut que je te raconte, car Diego a été très triste pendant plusieurs semaines. Je lui ai offert un canari au printemps. Il est très vite devenu son meilleur ami. Diego adore tellement les animaux, je n’ai pas résisté à l’idée de lui offrir pour son 10eme anniversaire. Au départ, j’avais l’impression qu’ils se comprenaient sans avoir besoin de mots tous les deux. Il y avait une espèce d’alchimie entre eux. Et puis un matin, il s’est levé, il était énervé, il a ouvert la cage de son ami le canari et l’a tenu très fort entre son poing. Le pauvre animal n’en est pas ressorti vivant. Diego l’a relâché et n’a pas remarqué sa mort au début. Je me suis empressée de faire disparaître sa cage, et l’animal mort. Mais Diego a commencé à le chercher partout, il pleurait beaucoup, j’ai préféré lui dire qu’il avait repris sa liberté, mais je pense qu’au fond de lui il savait… ses crises se sont amplifiées depuis cet épisode…

    Pour lui changer les idées, j’ai voulu l’emmener au musée. Une grande première pour Diego. Mais à peine entré dans ce lieu inconnu, un gardien de musée est venu nous voir pour nous prévenir que Diego ne pouvait pas resté car il criait trop fort, et bougeait trop. Dans un musée, tu sais, la norme c’est de rester silencieux et immobile. Comme les œuvres d’art. J’ai refusé de partir, promettant qu’il allait se calmer. Diego a enfilé son casque anti-bruit, et ça a été mieux pendant quelques minutes … arrivée dans la salle principale. Les mouvements incessants de Diego ont attiré l œil d’un géant, 1m87, 112kg, 42 ans. Il s’est approché. J’ai eu peur de lui à ce moment là, peur qu’il nous juge. Et au contraire, il est venu poser sa main sur mon épaule, et m’a regardé en me disant qu’il était admiratif de ma patience avec Diego, et de mon courage face aux autres. Je crois que c’est la première fois que quelqu’un avait un regard et des mots aussi généreux et sincères pour nous. Je l’ai remercié, les yeux embués. Et à cet instant je me suis dit que j’étais prête, prête à voyager et à venir te voir avec lui. A prendre l’avion, à affronter les regards des autres.

    Alors pour lui, et pour moi, enfin nous arrivons.
    Notre avion atterrira à Malaga mercredi. Et il me tarde vraiment de te revoir et de te présenter mon plus joli cadeau de la vie.
    Mon Diego

    Hasta Luego Maria !

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