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Hier, j’ai fait un truc de dingue, mec !
J’ai dansé
Oui, moi Namir, j’ai dansé pendant une soirée entière
Et je ne me suis même pas demandé une seule fois :
– Comment faire, pour ne pas danser, sans passer pour un looser ?
Généralement, en soirée, quand mes potes se dirigent vers la piste de danse, je trouve toujours le moyen de m’esquiver, et rejoindre le groupe de ceux qui ne dansent pas : les déprimés, les intellos, et les pipelettes. Et je fais semblant de m’intéresser à leurs échanges sur leurs collègues de travail, l’astrologie, ou pire encore, la politique. En n’ayant qu’une seule angoisse : qu’ils m’abandonnent, pour aller danser.
En général, quand mes amis reviennent de la piste de danse, je vais les retrouver. Et je fais comme si j’avais déjà dansé, et ni vu ni connu que je t’embrouille
Hélas, il y a toujours le moment où arrive LE morceau qui donne à tout le monde envie d’aller sur la piste, et auquel même le dernier récalcitrant, celui qui refaisait le monde, ne peut pas résister.
Tous iront sur la piste.
Sauf une personne.
Ce gars qui sait pas quoi faire de son corps, qui a honte de pas danser, et qui reste avec son verre d’alcool à la main, juste pour se donner une contenance, en vivant un grand moment de solitude, c’est moi.
Et bien, hier, j’ai dansé.
J’ai brisé un enchantement vieux de 30 ans.
Quand j’avais 17 ans, nous étions partis au Portugal, avec une bande de potes. On y avait rencontré des jolies filles, et on était entré ensemble dans une immense discothèque.
Pendant que mes potes discutaient avec les filles, je suis allé sur la piste. Il y avait des rayons de toutes les couleurs, bleus, jaunes, rouges, fluos, violets, et j’y avais dansé comme un fou.
Puis, j’avais rejoins mes potes de vacances, assis avec les filles, et là, Loïc, celui dont j’étais le plus proche, c’est tourné vers moi :
– C’est cool, comment tu danses Namir.
Vraiment. c’est franchement original .
– Ah ouais ?
– On te regardait tous là, et franchement, c’est courageux.
Parce que même si t’as aucun sens du rythme, et que tu sais pas danser, au moins, tu te lâches.
C’est rare les gens qui ont aussi peu peur du ridicule.
J’ai encaissé sans rien dire.
Depuis, je n’ai plus jamais remis les pieds sur une piste de danse.
Et je suis devenu le gars du fond de soirée. Celui qui dit rien, qui ose pas aller vers les autres, et qui fait semblant d’être occupé, en espérant que les autres viendront vers lui, et lui feront sentir qu’ils l’aiment bien, pour qu’il ose s’ouvrir, s’exprimer, et aller vers eux.
Jusqu’à ce jour, ou ce type au cheveux longs, avec son drôle d’accent étranger, est venu vers moi.
– Salut,moi c’est Gabriel.
– Namir
– Je te vois tout seul dans ton coin, ça va ?
– Oui
– T’aurais besoin de quoi, là ?
– (haussant les épaules)
Moi, rien de spécial
Il a respiré calmement, et il est resté silencieux à côté de moi. Il n’y avait aucun jugement dans son regard. J’ai senti beaucoup d’amour et de sécurité dans sa présence silencieuse.
– Bah, je crois que j’aurais besoin de tendresse.
– Et comment je pourrais faire, pour te donner cette tendresse dont tu as besoin, Namir ?
A nouveau, il s’est mis à respirer en silence.
– Euh…. En me serrant dans tes bras. Et en me promettant que tu me jugeras pas.
Gabriel m’a regardé, il s’est approché de moi, et il m’a ouvert ses bras. Je l’ai serré contre moi, et j’ai senti ses ailes se déployer dans son dos.
Voilà, il était beau ce rêve.
Ce rêve ou j’étais capable de m’exprimer.
Ça viendra.
Patience.
Un jour, peut-être, je cesserai d’être la gars du fond, j’oserai aller vers les autres, et qui sait, peut-être même que je pourrai aller sur la piste de danse.
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bonjour Namir
Depuis hier matin, après avoir lu ce texte, j’ai ça qui chante en boucle dans ma tête :
https://youtu.be/wEhw9AMYOoA
Cadeau ! Comme ça, je ne serai pas toute seule à chanter la tendresse dans mon coin.
Et comme ton post ce matin parle de confinements, de chanson, de trucs à écrire et à partager, j’ai aussi trouvé cette version collective :
https://youtu.be/rEjvRktXeis
Recadeau ! Après tout, c’est dimanche – alors, on chante, on danse, on écrit et on se raconte des histoires ?
Merci
jaime bien la version collective.
J ‘attendais ce rendez-vous quotidien avec gourmandise. On a envie de le prendre par la main le gars du fond et de l’emmener danser. Bises
C’est fou comme nous nous n’entendons que ce que nous voulous.
La lâcher prise, l’originalité et le courage n’étaient sans doute pas ce qui était recherché à ce moment là.
Et la surprise cloue sur place pour longtemps.
Seul le ridicule résonne.
Ce que je prends pour un jugement est parfois un feed back neutre, et qui se veut positif même s’il est parfois maladroit de la part de l’autre.
Puissions-nous tous trouver en nous un ange Gabriel pour nous sentir en sécurité, être fiers de notre originalité, de notre courage et tellement cools !
Merci de nous le rappeler.