Version audio

 

Version texte

 

Le mot « enfant » est assez contusionnant.

D’un côté, il signifie « l’être qui est encore dans l’enfance », une étape relativement courte de la vie d’humain.

C’est aussi le terme qu’on utilise pour qualifier le « fils, ou la fille de ses parents », et ceci est un état plutôt permanent. Parce que nous resterons toujours les fils et les filles de nos parents.

Non ?

A 17 ans, j’ai perdu la foi en Dieu, suite à un évènement étrange dont je parle dans cet article.

A 41 ans, j’ai perdu ma mère.

Désormais, je me retrouve sans Dieu, ni maman. Avec mon papa qui s’impatiente d’embarquer dans le prochain vol pour l’au-delà.

Dans les années qui ont suivi la perte de ma mère, j’ai vécu une période de chaos. Je ne comprenais pas ce qui se passait.

Comment était-ce possible ? Mes parents ne sont donc pas immortels ?

Non, je veux pas ! .
Je ne veux pas accepter cette réalité la !
Je refuse ce
monde où ce ne sont pas mes besoins et mes désirs qui contrôlent la marche de l’univers.

J’agissais en enfant.

Un enfant qui avait un désir profond, de prouver qu’il était un bon fils, et de se montrer digne de l’amour que ses parents lui avaient donné, et des sacrifices qu’ils avaient faits pour l’élever.

Comme si j’avais une dette envers eux .

Même quand j’ai suivi la voie de la rébellion, à l’adolescence, en m’opposant à eux, (et j’étais un sacré rebelle) j’étais encore dans cette démarche inconsciente d’obtenir leur approbation. J’espérais leur prouver que j’avais raison de m’opposer à eux, et qu’un jour, ils le reconnaitraient, et m’exprimeraient alors leur admiration.
Mes parents voulaient que je change. Je voulais qu’ils changent. Comme ce jour où j’ai piqué cette énorme colère contre mon père (lien vers l’article)

 

 

Aujourd’hui, je me demande : ce que mes parents m’ont transmis, est-ce vraiment de l’amour ?

Quand mon père me privait d’argent de poche, parce que je n’étais pas le premier de ma classe, et qu’il affirmait que c’était pour mon bien, suscitant ma rage et ma colère, m’aimait il vraiment ?

Ou cherchait il à me conformer à l’image du fils qu’il aurait aimé avoir.

Faisant de moi le fils d’un père que j’ai du bien décevoir.

Peut-être n’est ce pas de l’amour.

Et j’écris cela sans jugement.

Il est stipulé nulle part que nos parents devraient nous aimer.

Nos parents ne nous doivent pas l’amour.

Quant à ma façon de les aimer, qui s’est traduite par un désir de fusion avec les espoirs qu’ils avaient investi en moi, faisant de moi le fruit de leur projections, était-ce de l’amour ?

Cette con-fusion dure peut-être encore, pour certains d’entre vous. Et elle pourra durer au-dela du décès de vos parents.

Parce que nous continuons à rester leurs enfants. Et leurs fantômes continuent à nous hypnotiser.

Et cela, non plus ce n’est peut-être pas de l’amour.

Et si nous ne devions rien à nos parents ?

Ni l’amour. Ni la reconnaissance.

Nous n’avons pas à les remercier de nous avoir donné naissance. C’était leur décision.

Chacun sa responsabilité.

Et notre responsabilité d’enfants, c’est d’intégrer que nos parents ne sont pas notre propriété.

Même si c’est très difficile de nous défaire de ces liens.

Car cela demande de redéfinir : qui sommes nous lorsque nous ne sommes plus les enfants de nos parents ? Qu’est  ce qui peut encore guider nos actions le matin, quand on n’a plus le besoin de prouver à nos parents qu’ils avaient raison, ou tort ?

Devenir adulte, c’est, je crois, accepter de devenir orphelin. Prendre le chemin de la responsabilité de sa propre vie, et arrêter d’accuser ou de reprocher à nos parents, ce qu’ils nous ont donné, pas donné, ou fait subir, estimant que cela était trop, ou pas assez.

C’est arrêter aussi d’espérer qu’ils soient autre chose que ce qu’ils sont.

C’est choisir de les aimer, ou de pas les aimer.

Et cela en soi, n’est ni bon ni mauvais.

Ce chemin est aussi douloureux et libérateur qu’une nouvelle naissance.

C’est réapprendre à vivre en adulte.

Foutons donc enfin la paix à nos parents. Sans rancune, ni dette, ni ressentiment.

Et veillons à ne pas devenir les fantômes de nos enfants.

 

 

 

 

 



Prénom

Learn more about Mailchimp’s privacy practices here.


N’hésite pas à me faire part de tes réactions : tes commentaires m’aident à faire vivre ce blog. Parfois même, de nos échanges pourra naître un article.

Et soutiens moi en partageant l’article que tu as préféré dans tes réseaux.

3 réponses
  1. Valérie
    Valérie dit :

    Mes parents à moi sont toujours vivants, vieux mais vivants, et avec toute leur tête. Je n’ai pu entrer en lien avec eux que depuis quelques années, alors que j’avais intégré que je ne leur devais rien, et qu’ils ne me devaient rien non plus après m’avoir nourrie et logée jusqu’à l’âge adulte.
    Je revendique l’ingratitude.
    Je crois aujourd’hui que l’ingratitude est une condition nécessaire à l’amour inconditionnel.
    On m’aime, je n’ai rien à donner en échange, même pas merci. Surtout pas merci.
    J’aime, et je n’attends rien en retour.
    Soyons ingrats, et aimons au présent. Voilà.

    Répondre
  2. Nouria
    Nouria dit :

    J’ai perdu ma mère il y a un peu moins d’un an.
    Aussi terrible que cela puisse paraître, il a fallu qu’elle soit morte pour que je mesure que , même si c’était très maladroitement, elle nous a aimé du mieux qu’elle a pu mes frères et moi et que cet amour était immense , à sa manière, avec ce qu’elle était…
    Le lendemain du jour où elle nous a quitté, j’ai écris quelques mots.
    J’a envie de te les partager, juste pour le partage..parce que tu offres tes mots avec beaucoup de générosité et que je trouve que c’est la moindre des choses que d’être un minimum dans la réciprocité, même si c’est sur un blog, même si nous n’échangeons pas par ailleurs.
    J’ai un peu la trouille au moment où je fais le copié/collé.
    De cœur d’enfant à cœur d’enfant.

    C’est étrange de se dire que le cœur d’une maman peut s’éteindre.
    Il est entraîné à aimer si fort et depuis si longtemps que l’on pense que rien ne l’arrêtera, jamais…
    On peut voir le corps de celle qui nous a donné la vie vieillir,se fatiguer.
    On peut s’imaginer que peut-être un jour ses jambes ne la porteront plus.
    On peut se dire que peut être ses mains ne saisiront plus aussi bien, que ses bras n’enlaceront plus aussi fort.
    On peut se faire à l’idée que sa raison petit à petit lui fera défaut, que sa mémoire lui jouera des tours.
    On peut aller jusqu’à se dire que ses poumons auront peut-être un peu plus de mal à trouver l’air.
    Mais jamais on ne se dit que son cœur pourrait faillir.
    C’est immortel le cœur d’une maman.
    Ça n’a pas d’âge.
    C’est impensable que le cœur de notre mère puisse s’éteindre en un instant un beau matin.
    Ça n’existe pas.
    Il y a forcément un endroit quelque part où battent les cœurs des mères qui sont parties.
    Et de là où ils sont, ils battent le rythme sur lesquels nos pas peuvent continuer à marcher pour guider nos enfants.

    Répondre
    • Namir
      Namir dit :

      Nouria, il me touche fort ton texte.
      Que nos parents nous aient aimés ou pas, et je n’ai pas les moyens de répondre à cette question. Mais notre besoin et notre désir d’être aimé, de chercher l’amour et parfois même de réussir à le trouver, ça, je sais que ça existe.

      Répondre

Répondre

Se joindre à la discussion ?
Vous êtes libre de contribuer !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *