Quand j’étais petit, je demandais souvent à mes parents
– On va où quand on dort ?
La réponse que j’obtenais était souvent la même.
– Chut…. C’est plus l’heure de poser des questions, Namir. Dors.
Alors tous les soirs, en me couchant, je m’installais dans mon lit, bien décidé à observer le sommeil, les yeux grands ouverts.
J’avais beau me préparer à l’attendre, jamais je ne le voyais arriver.
Et je rouvrais les yeux au petit matin.
– Merde, il a été plus fort que moi. Il m’a encore eu !
Les soirs suivants, je redoublais de vigilance, et m’allongeait à nouveau dans mon lit, encore plus déterminé à rencontrer cet adversaire qui, la veille, avait eu raison de moi.
Je voulais le rencontrer, espérant enfin avoir la réponse à mon obsédante question.
– Ou vais-JE pendant le sommeil ?
Je voulais ME voir m’endormir, c’est-à-dire être conscient du moment où ma conscience s’évanouissait.
Rassurer cette peur en moi à laquelle aucun adulte ne savait répondre.
Un miroir peut refléter le monde entier, sans se voir lui-même.
Et s’il se place devant un autre miroir, espérant découvrir à quoi il ressemble, il verra juste le reflet que l’autre miroir lui renvoie.
Si le miroir d’en face est déformant, il se verra déformé.
Si le miroir d’en face est loin, il se verra petit.
Si le miroir d’en face est filtrant, il se verra teinté.
Il commencera alors à se demander si l’image qu’il renvoie aux autres n’est pas, elle aussi déformée par sa propre réalité.
Et s’il n’est lui-même finalement rien d’autre que le reflet du monde qui le regarde.
Le petit garçon que j’étais n’a jamais vu le sommeil arriver.
Entre temps, j’ai vécu des milliers de réveils, de rêves et d’histoires incroyables.
Je continue encore parfois à me poser cette question :
– Ou vais-je pendant mon sommeil ?
Et la réponse est ici.
Simple comme ce mot de trois lettres.
Car comment savoir que tu ne dors pas en ce moment et que tu n’es pas en train de vivre un rêve puissant qui s’appelle réalité ?
Le dormeur ne sait pas qu’il dort. Et son sommeil profond lui fait croire à la réalité des rêves.
Ce n’est qu’au réveil que nous prenons conscience que nous existons au-delà même du rêve que nous avons vécu.
En attendant, petit, continues à dormir sur tes deux oreilles.
Et rassures toi.
Tu es le dormeur.
Tu es le rêve.
Et tu es le sommeil.
Tu es tout cela à la fois, et c’est pas rien.

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