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Q: Qu’est-ce qui vous rend si calme, si détaché ?

M: Rien de particulier. Il s’est trouvé que j’ai fait confiance à mon Maître.
Il m’a dit que je n’étais rien d’autre que moi-même et je l’ai cru.
En lui faisant confiance, je me suis conduit en conséquence
et j’ai cessé de me tourmenter pour ce qui n’était pas moi ni à moi.
Sri Nisargadatta Maharaj – Je suis

Dans mes cercles d’écriture, nous commençons toujours par un tour de météo intérieure, c’est à dire un temps que prend chaque participant pour nommer ses ressentis, sans chercher ni à les justifier, ni a les expliquer, pour apprendre à observer ce qu’il vit, c’est à dire l’état interne et transitoire dans lequel il se situe à cet instant-là, et de les nommer.

C’est pour moi une manière de revenir dans ma présence.  Beaucoup d’entre nous avons une réelle difficulté à percevoir ce qui est là.

Nous avons un corps.

Certains diraient, nous sommes un corps, (que nous oublions parfois, même si lui ne nous oublie pas)

Et nous pouvons observer ce corps.

A partir du moment ou nous pouvons l’observer, nous sommes donc davantage que notre corps.

Nous pouvons aussi observer nos pensées.

Et à partir du moment ou nous observons nos pensées, nous sommes davantage que nos pensées

Nous pouvons aussi observer nos ressentis, nos sensations, ainsi que nos émotions.

Et à chaque fois, le fait d’observer cela, permet de percevoir que nous sommes plus que tout ce à quoi nous nous identifions.

Il y a quelques secondes, par exemple, je rigolais et je faisais des blagues,

Puis en écoutant ma météo intérieure, j’ai constaté, étonné la présence d’un sentiment de tristesse, enfouie.

Tiens, bonjour tristesse. Quelle surprise.

Toi ici ? Que fais tu donc encore là ?

Cette tristesse je ne la percevais pas avant de prêter attention à mon état.

Mais alors, quand je prête attention à mon corps, à mes sensations, à mes émotions, qui regarde tout cela ?

Cette expérience d’attention m’a fait accéder à une nouvelle dimension de moi, que certains appellent parfois position méta, témoin, ou observateur intérieur.

J’ai pu remarquer qu’il y avait simultanément plusieurs états en moi.

– L’état initial, amusé, qui ne percevait pas la présence de la tristesse

– L’état de tristesse

– L’état depuis lequel je suis capable de percevoir la tristesse, et que j’appelle observateur intérieur.

J’ai écris que ces états sont simultanés.

Mais comment savoir si cette tristesse était déjà présente en moi, en dehors de ma conscience. Ou si elle était la résultante du fait même de m’observer ?

Certaines expériences affirment bien que la présence d’un observateur change le résultat de l’expérience.
Le fait même d’observer mon état, n’a-t-il pas transformé mon état initial d’amusement, en état d’étonnement ?

On pourrait aussi imaginer, non pas que la tristesse était préexistante à ma conscience, mais que le fait d’observer mon état intérieur a crée ma tristesse

Et puis, rien ne dit que l’endroit depuis lequel j’observe n’est pas lui aussi, un état transitoire.

Je me suis demandé si j’avais aussi la possibilité d’observer…. mon observateur intérieur.

J’ai voulu regarder cet endroit, cet espace depuis lequel je regarde.

Et c’est devenu vertigineux.

Si je peux observer l’observateur intérieur, celui-là même qui perçoit mon corps, mes sensations, mes émotions, c’est donc que je suis aussi davantage que l’observateur.

Mais alors, qui suis je ?

Qui dit “je” en moi ?

Celui qui ne voit pas la tristesse ? Celui qui la perçoit ? Celui qui perçoit l’observateur intérieur ? Tout cela à la fois ? Ou rien de tout cela ?

Revenons à ce sentiment que j’ai nommé tristesse. Est-ce qu’en lui donnant un nom, je n’ai pas déjà transformé ce sentiment passager. Dans mon expérience, par exemple, quand j’ai nommé la tristesse, j’ai ressenti du soulagement.

D’ailleurs, qui, en moi nommé cet agglomérat de sensations « tristesse » ? Est-ce réellement de la tristesse ?

Les mots donnent du sens à nos expériences. Mais nommer l’expérience de la conscience c’est comme chercher à figer un mouvement qui se transforme en permanence. Comment considérer comme réel une succession d’états transitoires ?

Questionnons vraiment, c’est à dire sans attendre de réponse.
Laissons nos questions exister, et guider un mouvement infini que nous avons peur de suivre parfois. Alors nous faisons des haltes que nous appelons réponses.

Ce que je suis, ou ne suis pas, celui-là même qui écrit ces mots est déjà bien plus que les mots que j’utilise pour tenter de décrire l’expérience que je vis.

Et vous êtes bien davantage que celui, celle ou celleux qui en ce moment même lisez ces mots.

 

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