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« On est dans l’Ouest, ici.
Quand la légende dépasse la réalité, on publie la légende ».
L’homme qui tua Liberty Valance.

 

Dans une interview, Léo Ferré disait à Bernard Pivot

J’ai écrit « Avec le temps » en deux heures,
C’est quelqu’un d’autre qui me dictait ça.
Nous sommes des intermédiaires vous savez, Mr Pivot.
Y a personne.
Personne n’existe.
Je peux pas vous en dire plus »

Tu peux découvrir la séquence ici.

J’ai beaucoup aimé ce propos. Sur le coup, il m’a donné de la joie et de l’espoir.

Parce que j’avais envie d’y croire.

Mais Léo Ferré est un fieffé menteur.

Et nous, amateurs d’histoires, nous préférons souvent les légendes qui sonnent bien, aux réalités qui grincent.

Ça nous arrange d’oublier le travail, la sueur et les efforts, pour ne retenir que l’évidence du résultat.

Et on finit par se laisser convaincre par nos propres mensonges.

Cette grande illusion,  nous la recherchons dans l’aisance aérienne de Fred Astaire, l’indifférence de Buster Keaton, ou le naturel de Chaplin. Il serait plus difficile d’apprécier un numéro de claquettes de Gene Kelly si à la place de son sourire américain, pointait une grimace de douleur.

Oui, l’effort n’est jamais aussi photogénique que la grâce.

C’est un des principes de l’art d’ailleurs que de ne laisser apparaître que la beauté, sans en révéler les pénibles échafaudages.

Cette sensation de grâce qui fait fi de tout effort apparent, est le plus souvent le résultat d’années de labeur.

Certains artistes livrent parfois spontanément des propositions magnifiques. On les dit inspirés. Mais que savons nous des combats secrets qu’ils ont mené pour donner naissance à leurs créations ?

Et quand bien même cela serait une facilité (et cela peut sembler injuste à toutes celles et ceux qui s’entrainent au quotidien de voir ces Mozarts insolents envoyer les Salieris aux oubliettes de l’histoire), ces êtres là sont des exceptions.

Léo ferré n’a pas écrit « Avec le temps » en deux heures.

Il l’a écrit en 52 ans, après des centaines d’autres chansons et brouillons, des séparations, des deuils, des colères, des échecs, des rencontres, des soutiens.

Ce qui est vrai pour l’art, l’est pour d’autres disciplines.

J’ai écrit plus d’une centaine d’articles de mon blog.  Quelques uns sont sortis d’une traite, d’un geste, et c’est vrai qu’ils ont eu un certain écho.

Ça peut sembler plus valorisant pour ma légende personnelle de mettre en avant tel bon article pondu en un quart d’heure, plutôt que tel autre, sur lequel j’ai planché pendant plusieurs heures pour produire un paragraphe dont je ne suis toujours pas satisfait. Ce ne serait ni bénéfique, ni inspirant. Juste démoralisant, et bon à distiller un sentiment d’incompétence.

C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles j’ai arrêté de publier pendant  plus d’un mois : je n’arrivais plus à retrouver l’aisance d’écrire.

J’ai pensé mettre fin à ce blog.

Puis je me suis dit, si je l’arrête, alors, il me faudra poster un dernier article, pour en annoncer la fin, remercier mes lecteurs, et soigner ma sortie.

Mais même cet article là, je n’ai pas trouvé la fluidité pour l’écrire.

J’avais fini par gober ma propre légende, oubliant que les vérités des artistes se trouvent dans leurs créations, et non pas dans les histoires qu’ils se racontent.

Alors tant pis pour les légendes, et les belles histoires.

Et bienvenue aux efforts et à la constance.

Reprenons donc le chemin de nos feuilles de  brouillons. Et si la grâce par hasard, s’invite , qu’elle y soit la bienvenue.


Prénom


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2 réponses
  1. lili
    lili dit :

    j’avais fini par ne plus venir voir s’il y avait du nouveau sur ton blog… je découvre avec joie que tu as repris la publication !
    Si j’ai été prise de fou rire à plusieurs articles, c’est vrai que certains de tes textes m’ont attristée, voire choquée par leur contenu. Je me disais « Nooooon, c’est vraiment comme ça Namir que tu vois, que tu vis les choses? » A certains moments c’était amusant, à d’autres, très douloureux.
    Je me demande ce que nous réserve ton « retour de la plume » !

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