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– Je crois que je vais préférer la mort de maman à celle de papa

C’est ce que m’a dit ma sœur, ce matin

– Maman, au moins, même si elle a souffert, elle avait sa tête jusqu’au bout.  On a eu le temps de lui dire au revoir

On a souffert, et elle aussi. Mais elle était là, jusqu’à ce qu’elle ne le soit plus.

 Papa lui, s’en va. Peu à peu. Comme un tableau qu’on efface

Il se vide de sa présence, sans que personne ne sache où il est.

Avec mon père on a marché sous le soleil glacial de ce mois de février. Je l’emmenais chez le coiffeur.  Sa seule sortie de la maison de retraite.

Il avançait laborieusement,  puis il a levé les yeux aux ciel

– C’est bizarre qu’il fasse aussi froid cet été

 Quand il a compris que nous n’étions plus en août, et que 2005, c’était il y a longtemps, je l’ai vu paniquer un court instant, et il m’a dit, désolé :

– Je ne suis plus dans le monde, Namir

Et ça m’a fait pleurer

 

J’ai repensé à ce jour ou ma mère était en soins palliatifs, et où lui s’était mis à hurler sur l’infirmière

Je ne savais pas alors qu’il menait alors son dernier combat, contre cette vie qui glisse désormais.

Des fois, je m’agace quand il me repose les mêmes questions sur mes enfants

Ou qu’il tourne en boucle sur ses plaintes, souhaitant que tout cela s’arrête vite. 

Je n’entends pas encore qu’en appelant la mort, il retient encore la vie.

Et que c’est un de nos derniers liens.

Les glaciers fondent, le niveau de l’eau monte.

Bientôt il ne restera à la surface de sa mémoire, que nos prénoms, à ma soeur et à moi

Et peut-être ceux-la aussi s’effaceront.

Alors, chaque fois que je le quitte, je lui dit au revoir, et lui tout doucement, il s’en va

Il n’est plus dans le monde papa

A l’école, j’avais peint un bouquet, avec de jolies couleur.

Le croquis est resté à la lumière.

Les fleurs sont toujours intactes, mais les couleurs se sont fanées 

Demain quand à nouveau je pourrais peindre les fleurs du tableau

je dessinerai à l’ombre de la joie, les couleurs de la tristesse du monde



Prénom


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