Notre Père qui êtes au cieux
Restez-y
Et nous nous resterons sur la terre
Qui est quelquefois si jolie,
(..)
Avec les jolies filles
et avec les vieux cons
Avec la paille de la misère
pourrissant dans l’acier des canons.

Jacques Prévert

Version texte

Cet article fait suite à l’article « Cher mouton »

Cher Gourou,

Des fois, je me dis que j’ai pas envie de devenir comme toi, et d’autres, que je pourrais tout simplement assumer que je suis un guide qui accompagne des gens vers leur évolution et leur éveil.

Mais comment savoir si mon envie que les gens soient plus évolués et libre, n’est pas juste une jolie façade qui cache un désir plus opportuniste : mon désir de reconnaissance personnelle, et ma réussite.

Comment différencier la fin et  les moyens ? Qui est au service de qui dans cette histoire ?

Tu vois, cher gourou, tout ça, c’est flou pour moi.

Ce que je sais, c’est que lorsque j’ai agi comme un détenteur de vérité et de connaissance, j’ai raconté pas mal de conneries, enfin, des choses auxquelles je n’adhère plus aujourd’hui.

Comme par exemple le fait que notre communication soit à 93% non verbale, qu’il faille 21 jours pour automatiser un apprentissage.  Et là, je te parle que des détails, des petits exemples qui ne prêtent pas à conséquences en soi.Ils me révèlent quand même comment j’ai véhiculé des idées qu’on m’avait transmises, parce qu’elles sonnaient bien, et allaient dans le sens de ce que je voulais croire, sans que je prenne le temps de les vérifier.

Et comment je me suis mis des œillères quand ça m’arrangeait.

Comme les gens qui croient aux synchronicités, et retiennent les moments où il y a des coïncidences étonnantes, mais oublient les autres moments, pourtant cent fois plus nombreux, ou il n’y a absolument aucune coïncidence.

On crée des boucles d’auto-confirmation de nos croyances.

Je me suis enfermé dedans.

Et ce qui me soule le plus, c’est que j’ai du y entrainer d’autres aussi, qui n’avaient rien demandé.

Alors, bien sur, ne mettons pas tous les gourous dans le même panier. Certains sont consciemment animés par une foi réelle de rendre le monde meilleur.

Mais si il y a bien quelque chose auquel nous n’aurons jamais accès, c’est l’intention réelle des gens.

Tout ce qu’on voit d’eux ce sont leurs actions.

Meursault tue un arabe sur une plage, après avoir vu les reflets du soleil sur sa lame de couteau. Et il sera guillotiné pour cela, pendant que des milliers de lycéens disserteront pendant des années sur son intention.

Et puis, une bonne intention ne garantit rien.

Combien de parents, avec l’intention de protéger leurs enfants, se rendent indispensables à leur sécurité, et les maintiennent dans un état de dépendance ?

Alors, sans doute qu’un bon gourou, en plus d’avoir de bonnes intention, aura besoin d’une sacré expertise pour ne pas alimenter inconsciemment des enjeux de docilité, privilégiant la différenciation à l’emprise, et favorisant l’émancipation de ses élèves.

A défaut d’avoir ces compétences, je me suis fixé quelques principes pour éviter de faire trop de conneries.

 

Leçon 1 : Connais tes limites.

Évite de faire le kéké quand tu parles d’un domaine qu’est pas ton domaine de compétences.

Quand tu sais pas, dis le.

Et quand tu parles d’un bouquin que t’as lu, fais pas comme si c’est toi qui l’avais écrit.

Ça te soulagera. Et ça t’évitera d’avoir ce sentiment amer d’embobiner les gens, juste pour sauver ta face.

Leçon 2 : Affiche tes échecs.

Quand tu te rends compte que t’as merdé, ou que tu t’es planté, reconnais-le. Ça fait un petit peu mal à l’égo sur le coup, mais, le gain dans le rapport de confiance avec l’autre, sera plus important que la perte.

Beaucoup de formateurs mettent en avant leurs 60% de réussite, et masquent leur 40% d’échecs. Ça développe un sentiment d’incompétence chez les stagiaires, qui s’imaginent qu’ils doivent absolument réussir, et ça leur fout une sacrée pression.

Et tu connais le proverbe : après la pression (tu peux en boire une deuxième), la dépression.

Tu peux rabâcher autant de fois que tu veux que tes élèves ont le droit de se planter et de faire des erreurs, ils ne l’intégreront jamais aussi bien que si tu l’incarnes.

Alors sois honnête, et arrête de faire semblant de tout maîtriser.

 

Leçon 3 : Questionne plutôt qu’affirmer.

Quand quelqu’un te pose une question, demande-toi pourquoi il te pose cette question, avant de chercher à y répondre.

Écoute le attentivement, plutôt que de montrer ta connaissance ou tes compétences.

Et si tu peux, aide le à identifier quelle est la question derrière sa question, et à voir s’il a les moyens d’y répondre par lui-même. (je développerai cette idée ultérieurement).

 

Leçon 4 : Te prends pas trop au sérieux.

L’humilité n’est pas toujours évidente, ni donnée à tous les gourous.

Un remède sympa à ça, c’est l’humour.

Déconne un peu, fais des blagues ou des mauvaises imitations (des bonnes aussi), ça rappellera que t’es humain, même si les autres te mettent sur un pied ou une jambe d’estale.

 

Leçon 5 : Mets toi en position d’élève plutôt qu’en position de maitre

(c’est pas une posture de Yoga)

De la même manière que tu demandes à tes stagiaires ce qu’ils sont venus apprendre, demande-toi à chaque session ce que toi t’es venu apprendre, avec l’aide de tes stagiaires et de tes clients.

C’est une des plus grandes leçons que j’ai retenues de mes séances, des mes formations, et de mes cercles d’écriture.

Ça m’a aidé à accepter (à défaut d’apprécier), d’avoir des stagiaires et des clients relous. Ce sont souvent eux qui m’apprennent le plus.

Parfois, je trouvais certaines de mes sessions de formation plus ennuyeuses que d’autres, ne comprenant pas pourquoi les stagiaires ne s’autorisaient pas à jouer et oser plus, j’ai réalisé que souvent c’était mon propre cadre, ou ma posture qui ne le permettait pas.

Difficile d’autoriser aux autres, ce que tu t’interdis a toi-même.

 

Leçon 6 : Remets toi en question

Ça devrait être la leçon numéro 1.

Toujours questionner.

Questionne les autres. Questionne-toi. De toute façon, si tu le fais pas, le monde le fera pour toi. Mais tu peux toujours faire le sourd, hein !

Alors, écris, partage, réfléchis, poste, interagis avec le monde extérieur, et affirme tes vérités, non pas dans l’idée de les propager, mais juste pour entendre comment elles résonnent dans le grand monde, et quel écho t’en revient.

Voilà, cher gourou ce que je voulais te dire. Tu as été mon maître, et j’ai beaucoup appris de toi. Mais je souhaite suivre désormais un autre chemin, plus juste pour moi, et en accord avec mes croyances. Et peut-être même que demain, je les trouverai obsolète. Ce que je t’écris là, c’est juste mon approche. Je ne te juge pas, ni de condamne pas. J’apprends encore.

Cher Namir,

Comme ton mes bons élèves, c’est normal que tu aies maintenant envie d’être maître, et tu peux te le permettre. Je ne suis pas un gourou en courroux, bien au contraire, la vache !

Je trouve  tes leçons sont hyper efficaces pour te faire passer pour un type bien, et anéantir le facteur critique de tes élèves, en leur faisant croire que toi, t’es différent, et que t’es pas un gourou.

C’est malin, grâce à toi, tes élèves ressentiront eux aussi le désir de se faire maitres, et vous finirez soit par faire l’amour ensemble sur des peaux d’antilopes caramélisées, sans aucune connotation sexuelle bien sûr, (je sais que tu as une éthique) mais juste pour partager ensemble le fluide de l’alliance éternelle, hérité du grand Lémurien Zébroide qui t’a donné l’accès à la connaissance du Dieu Râ, dans ta quatorzième vie antérieure. Car comme tu le sais, en égyptien ancien, ton nom signifie Grand Scribe.

Ou alors, tu pourras opter pour une approche moins ésotérique, et créer un niveau 2, 3 et 4 à tes formations, pour que tes élèves restent tes clients toute leur vie. C’est plus moderne, et plus rentable aussi.

Çà s’appelle le marketing.

Ton courrier tombe à point, j’ai un poste de co-directeur, ça t’intéresse ?

 

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