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Quand j’aurai zéro lecteurs
je pourrai enfin être un sale connard aigri
q
ui crache sa frustration sur le monde
qui bave et dit du mal des autres
sans se soucier des conséquences

J’arrêterai de mesurer mes propos
par peur de blesser Pierre ou Paul
je cesserai toute nuance
e
t j’abuserai des raccourcis
et
des clichés

Je serai un affreux donneur de leçons
le gourou de ma propre secte
dont je serai le seul
adepte
J’y interdirai l’accès aux cons

Enfin, je pourrai cracher, vomir, pisser
et tirer sur la corde des gros mots
pour te
traiter de connard
et
m’en foutre royalement
q
ue tu sois choqué ou amusé

 

En vrai,
quand j’aurai zéro lecteurs
j
e posterai rien de tout ça
Je serai surtout déprimé dans ma cave
Ou ligoté dans mon asile

Non, pour oser écrire tout cela
il faudra plutôt que j’ai cent, mille,
ou cent mille lecteurs
et que j
’habite dans une forteresse imprenable
que les critiques n’atteindront pas
Les
remparts seront faits de briques d’indifférence
Et la
peur du jugement se noiera dans ses douves

Quand vraiment, j’en aurai plus rien à foutre
d
e ce que l’on pense de moi
alors, je rangerai mon intelligence au placard
m
a tolérance, et ma modération aussi
Et comme les enfants qui jouent au fléchettes
je te bombarderai de mes humeurs de voyou
d
e mensonges et de mauvaise foi
ce sera l’état de guerre permanent
e
t le règne de la désinformation

Je me ferai passer pour un medium,
et je ferai parler Einstein, Jésus, ou son daron
p
our leur faire dire n’importe quoi

Et je lirai mort de rire
les commentaires outragés
d
es gens scandalisés par mes dérives
Je ne me rendrai même pas à mes procès
sauf pour y montrer mon cul
on me décernera la légion d’horreur
je l’accueillerai d’un doigt d’honneur

Je serai au dessus des lois,
Et bien sûr, bien au dessus de toi
Je flotterai au dessus des toits
parce que vraisemblablement
je serai déjà bien mort ce jour là.

Et toi alors, si t’en avais plus rien à foutre, tu ferais quoi de différent ?

Je suis curieux de savoir ce que cet article t’a apporté.

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