J100 – L’après douche froide

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Tu te souviens du mur de Berlin ? Et de ce jour où les allemands de l’est ont commencé à démonter les premières briques de cette frontière infranchissable ?

C’était juste avant l’effondrement de L’URSS

L’URSS, ça te dit encore quelque chose?

Pendant près d’un siècle des gens, et parmi eux des intellectuels prestigieux ont soutenu à fond cet empire, fermant les yeux sur tous les mensonges, et les atrocités commises par le régime soviétique. Tout cela au nom de l’idéal communiste.

Arthur Koestler en parle si bien dans son merveilleux livre le zéro et l’infini : cette capacité d’auto-aveuglement que nous avons tous, lorsque la réalité vient soudain, arracher quelques briques au mur de nos croyances.

 

 

C’est comme quand t’as commencé à avoir des doutes sur l’existence du Père Noel. Parce que, quand même, ça tient pas vraiment debout l’histoire de ce vieux barbu bedonnant qui s’infiltre la même nuit à l’intérieur de toutes les cheminées du monde entier pour apporter des cadeaux à des gosses endormis. Sauf que devant tes potes moqueurs, au lieu de faire part de tes doutes, t’as continué à défendre becs et ongles la réalité de son existence.

Et pendant un certain moment, t’as tordu la réalité comme tu le pouvais afin de trouver une logique, même absurdes qui fasse tenir tes croyances chancelantes.

C’est terrifiant ce moment ou tu réalises que ce que tu croyais n’était rien d’autre qu’une grande illusion. Et cette prise de conscience fait mal. Tellement mal, que beaucoup de gens passent leur vie à la fuir.

Dieu, les chakras, l’énergétique, l’acupuncture, l’homéopathie, l’EFT les synchronicités, les vies antérieures, la loi de l’attraction, et même l’amour : est-ce que tout ça existe réellement ?

 

Il y a quelques années, j’étais un grand fan de Tony Robbins. Pour moi, c’était le coach qui avait tout compris au fonctionnement de l’humain, percé les clés du succès et de la réussite, et qui, porté par le désir de rendre le monde meilleur, était prêt à transmettre cela aus autres. J’ai regardé plein de vidéos de lui, pour modéliser son approche: son extraordinaire sens de la calibration, son sens de la repartie, son humour, son éloquence, et sa confiance illimitée dans ses capacités.

Je ne jurai que par lui. J’avais mis mon cerveau critique en mode off, fermant les yeux sur ce qui ne me convenait pas, ou me paraissait peu crédible dans ses anecdotes et ses programmes.

 

Quelques années après m’être formé au coaching, j’ai commencé à prendre mes distances avec cette discipline qui m’apparaissait au début comme un super solution.

Ma découverte de théories psychologiques comme celle des self states de Tory Higgins m’apportait un éclairage nouveau et inquiétant sur les conséquences potentielles du coaching. Cette approche motivationnelle pouvait devenir une source terrible de souffrance pour les client, même s’ils ne s’en rendaient pas forcément compte sur le coup, voulant se convaincre que ça va marcher.

Un d’outils comme la futurisation positive, en faisant grandir la vision de celui que tu rêves d’être (le moi idéal que tu aspires à atteindre), si elle peut faire du bien à très court terme (c’est à dire grosso modo pendant le temps de la visualisation) peut avoir comme effet annexe, de générer sur le plan psychique et émotionnel, de la frustration, de la tristesse voire de la depression en mettant à jour le fossé entre qui tu es (ton moi actuel), et cet être imaginaire que tu tu rêves d’être, et qui peut-être tout simplement inatteignable. Une approche centrée sur la mise en place d’objectifs pour atteindre cet ideal ne fera alors qu’amplifier ta souffrance.

 

Ironie du sort, le dirigeant de la très grande école de coaching ou je m’étais formé a été mis en examen en 2021 pour, notamment, « complicité de tentative de meurtre en bande organisée », et « participation à une association de malfaiteurs ».  C’est pas une blague. Ce même homme, à la tête d’une entreprise florissante qui avait accueilli notre promotion avec des “bienvenue”, et “Plus que jamais les activités humaines ont besoin d’humanité”, était soupçonné d’avoir payé des barbouzes pour faire assassiner une de ses concurrentes qui nuisait à ses intérêts financiers.

L’envers du décor du monde de l’accompagnement, du soin et du développement personnel est parfois bien sombre.

Que le coaching puisse avoir un impact sur la manière de penser, et que le fait d’agir sur le mental ait une incidence sur tes actions, j’en suis convaincu. Mais il a aussi ses limites. Nos pensées ne peuvent pas tout. Nous ne sommes pas dans un monde magique, et personne n’a jamais prouvé que le fait de penser positivement apportait un quelconque mieux-être au monde, un accroissement de nos ressources, ou une quelconque augmentation de l’abondance.

Sauf que moi,  à l’époque, j’y ai cru.

En écoutant récemment sur un podcast de “Méta de choc” consacré à Tony Robbins (même si le nom n’est pas cité, directement pour éviter les poursuites judiciaires), et qui racontait en détail les coulisses de son entreprise, ça a été la douche froide. Toutes les réserves que je n’avais pas voulu voir à l’époque où j’étais fan, y étaient exprimées clairement. C’était glaçant de voir décortiqué comment  l’entreprise de Tony Robbins était présentée comme une immense entreprise marketing qui vendait des stages dont la finalité ultime était…. de vendre d’autres stages, favorisant un système de dépendance sans aucun bénéfice prouvé sur le long-terme.

Terrifiant de constater à quel point, même avec un esprit critique, on peut encore très facilement se laisser manipuler et endoctriner.

Probablement parce que toute ton intelligence et ton discernement ne te sont d’aucune aide face à quelqu’un qui appuie sur tes blessures profondes, et tes traumatismes de l’enfance en te donnant le sentiment de te comprendre, de t’accueillir dans ta beauté, et te disant à quel point tu es quelqu’un de merveilleux, et que tout ce qu’il veut, c’est de t’aider à devenir qui tu es vraiment : un être promis à un grand destin.

On a tous envie d’y croire non ?

Et en plus, il y a chez nous un biais cognitif à la con qui s’appelle le non retour en arrière.

L’idée, en gros, c’est que quand tu t’engages dans une voie, même si tu pressens que t’as pris le mauvais chemin, et ben tu préfères continuer tout droit que de faire demi-tour. Parce que reconnaitre que tu t’es trompé à mi-parcours ou au début, serait trop douloureux. Ton esprit préfèrera trouver des justifications ou des excuses, pour te convaincre que tu as eu raison d’emprunter cette route, plutôt que de simplement pouvoir te dire : bon, bah, je me suis planté,ou  je fais demi tour. J’ai vraiment été naïf.

Préservons les apparences.

C’est pas de ta faute. C’est humain. Ça s’appelle l’auto-hypnose. Une capacité que nous avons tous, à ranger notre esprit critique dans un placard, pour nous rassurer sur nos choix, et éviter l’effondrement potentiel de notre système interne.

Alors, on fait  quoi ?

Je vais pas te le dire, vu que j’en sais rien.

Je me dis juste qu’ il n’existe AUCUNE recette miracle pour rien.

Il n’y a pas de génie. Pas de modèle absolu.

Tous les gens disent des conneries, et de de la merde à un moment donné.

Et si certains gourous auront l’humilité de reconnaitre leurs mensonges et leurs erreurs, même cette humilité peut-être questionnée tant que tu ignores l’intention qui se cache derrière.

Encore une fois, c’est a chacun d’apprendre a arrêter d’idéaliser ses maîtres, de croire qu’ils ont toujours raison, et de sortir de cette tendance qu’on a tous, ou presque a rechercher dieu, le maître parfait, le père idéal, celui qui détient la solution, et qu’on est prêts à suivre au bout du monde.

Ça n’existe pas.

Sur terre, il n’y a QUE des humains.

Alors, ne t’emballes pas trop vite devant les solutions miracles, continue à rester critique, y compris sur tes certitudes les plus absolues.

Va à la rencontre de gens qui ne pensent pas comme toi, informe toi aussi sur des forums qui critiquent ce en quoi tu crois le plus, en étant toujours curieux de voir en quoi ils ont peut-être raison.

Et chaque fois que tu sens monter en toi cette agressivité de vouloir prouver que tu as raison, fais une pause, écoute ton dialogue intérieur, et vas faire coucou  à tes peurs caches.

Et si tu te rends compte que tu t’es planté, que t’as pris la mauvaise route, que t’as été naïf ou que tu t’es fait avoir pendant des années, ben te flagelle pas non plus.

C’est pas très grave en fait.

C’est même peut-être une bonne nouvelle.

Ce sera l’occasion de te prendre une bonne douche froide, et de revenir sur terre.

Sur le coup, ça risque de pas être super agréable. Mais tu verras, après, c’est sympa. Et qui sait, ton aventure deviendra peut-être même plus tard le sujet d’un super article de blog.

Bref, prends soin de toi.

Lis ou relis le zéro et l’infini d’Arthur Koestler.

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Ensemble nous allons faire de grandes choses.

 

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/6 Commentaires/par
6 réponses
  3. Nouria
    Nouria dit :

    Belle piqûre de rappel.
    J’adhère à 200 pour cent à tout ce que tu dis.
    Je suis hyper partant pour le stage à 5000 balles et je te propose un système de parrainage. Je t’envoie 10 amis et tu me fais une ristourne de 20 pour cent.
    Parce qu’ensemble ,on va plus loin!
    😛

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