UNE HISTOIRE PAR JOUR

Version audio

Version texte

« Lorsque le communisme tombera, le capitalisme développera une arme de destruction massive ultime : le développement personnel. »

Albert Einstein – 1944

Elle claque cette citation, non ?

Bon, j’avoue, elle est pas tout a fait d’Einstein, en vrai. Il l’a piquée à Spinoza dans la version non-censurée de son « Traité théologico-politique » qu’il devait publier en 1670, mais dont la version originale a été brûlée par son amant secret, le philosophe Jean-Baptiste Botul.

Un jour, j’inonderai la toile de toutes ces citations.

D’ailleurs, savez-vous qu’un jour, pendant sa sieste conjugale, le Général De Gaulle s’est exclamé :

– Elle est bien bonne, celle-là !

Sa femme Yvonne, l’aurait très mal pris, et lui aurait répondu

– Tu parles, Charles

Non, vous ne le savez pas. Évidemment, il n’y a eu aucun témoin. Enfin, si, il y en avait un, justement. Mais c’est encore classé secret défense. Et cette phrase terrible, attribuée a Louis de Funès, sur son lit de mort

– Maman, je crois que je suis tombé amoureux de votre squelette.

Sa source n’est pas très fiable, mais elle fait tout de même froid dans le dos, non ?

C’est tellement agréable de faire parler les morts. On peut leur faire dire ce qu’on veut, en fait.

Bon, a part ça, revenons aux choses sérieuses. C’est à dire, à toi.

Depuis 20 jours que j’ai commencé ce blog, je t’en ai livré des choses. Et j’ai encore deux cargaisons en attente. Y a du lourd qui arrive bientôt, des révélations croustillantes, des confidences sur l’oreiller, des confessions sanglantes. Mais pas n’importe lesquelles.

Des révélations sur toi. Oui, je vais tout balancer.

Ah, j’aurais jamais du boire cette bière avant d’écrire.

Une des techniques d’écriture que je transmets dans mes formations, s’appelle  » La méthode du petit poucet ».

Le principe est simple : inventer une histoire en moins de 10 minutes, à partir d’une liste de mots choisis au hasard.

Pendant le confinement, j’ai créé un cahier intitulé : « une histoire par jour » Pendant plusieurs mois, j’ai inventé une centaine d’histoires, basées sur ce principe. Je n’en ai aucun souvenir. Et c’est génial, parce qu’en les relisant, j’ai l’impression de les découvrir pour la première fois. De temps en temps, je t’en partagerai une. Histoire de prendre un peu l’air. Parce que parler de soi, tous les jours, à la longue, j’ai peur que ça devienne lassant.

Et puis, non, c’est même pas ça, en fait. C’est juste que ça fait un bien fou, d’écrire n’importe quoi. T’es prêt ?

Alors, voici ma liste de mots :

Ruse – Artichaut – Assemblée –
Mounir – musée – jus de mangue dans l’avion –
Israël – Stewart – Une valise de noix –
Une pomme – Ya lalli (chanson) – Ismaël – vague

Et voici ce qui en est sorti, 10 minutes plus tard.

Ismaël

La guerre a commencé.

Je suis Ismaël, j’ai 12 ans. Et je déteste les juifs. Ils sont responsables de tous les maux du monde.
Un jour a l’école, quelqu’un a écrit mon prénom avec un R au lieu du M. On m’a appelé Israël. Alors, j’ai fait un scandale. Personne n’a compris pourquoi j’ai renversé toutes les tables, et j’ai frappé ma maîtresse.
A cause de cette simple erreur.
Et c’est comme ça que j’ai quitté le collège.

Aujourd’hui, je suis dans les airs.  Mon grand frère Mounir, m’accompagne dans ce voyage.

Nous allons en Égypte. Mon pays. Pays de mon cul.
Mounir a decidé que c’était important que j’y retourne , et que la bas peut-être je retrouverais la paix. Mouais.

J’ai rien dit. Mais la-bas, je vais tout faire exploser. L’Égypte, pour moi, c’est juste des chansons que ma belle sœur écoute.
Et puis, comme la-bas, les juifs, y en a pas, j’ai plus aucun intérêt à les détester. Tant pis, je détesterai les musulmans. Il faut bien que je sois en guerre contre quelque chose non ?

Le steward nous a demandé ce qu’on voulait boire. J’ai pris un jus de mangue en brique. Il était vraiment trop sucré. J’ai pas osé lui dire.

Il m’a sourit. Et moi quand on me sourit, je sais plus être méchant.

Merde. merde. merde. Je veux pas être gentil.

Mon frère a pété les plombs à l’aéroport, quand on a passé nos valises aux rayons X. On a été retenu cinq heures, parce que ma valise ne contenait que des noix. J’avais enlevé tous les livres, les vêtements, et les cahiers, pour ne mettre que des noix. J’en avais acheté 12 kilos, avec de l’argent volé à Nourhan, ma belle sœur. Et j’en avais rempli ma valise.

Les gendarmes ont ouvert les noix une par une, avec leurs gants, pour voir si elles étaient pas truffées de produits. Les chiens les ont reniflés. Mais il n’y avait pas de loi qui interdit d’emmener 12 kilos de noix en Égypte. Merde. Voilà.

Ça vous casse les noix ? Et bien moi, je suis la pour vous emmerder, messieurs.

Mounir n’en peut plus. Je sais qu’il veut se débarrasser de moi. Mais c’est mon frère, il est obligé d’être loyal, ce con. Je le fais baver.

Il est comme moi, Mounir,  il ne parle jamais du passé. Je lui demanderai jamais pourquoi on ne connaît pas notre papa. Il croit que je ne sais pas. Si je sais. Mais je lui demanderai jamais.

Je suis en guerre. Pas comme le président des français. Moi, si j’avais le virus, je le refilerai a tout le monde. Et la prochaine fois, j’achèterai des artichauts. C’est encore mieux, une valise d’artichauts, pour voyager, non ?

J’ai pas envie d’aller en Égypte. Je ne suis nulle part chez moi.

Je ne regrette rien de la France. J’aimerais tout bruler. Tout, sauf le musée de l’épouvantail, à Benais. Il y avait la-bas, une chaumière en paille, c’était une maison du 15eme siècle, avec des paysans et des paysannes tressés, reconstitués pour l’occasion. J’ai eu envie de pleurer ce jour la, face à ce monde en paille, calme et silencieux. Je crois que c’est ce que j’aime pardessus tout : la paix, et le silence des vagues. Mais chez moi, c’est la guerre. La guerre permanente. Sauf quand un adulte me sourit, et là, boum, c’est la vie qui commence.

Je m’appelle Ismaël. Fils de personne. Et un jour, je serai quelqu’un.

Si je te partage cette histoire, c’est juste pour te dire que des fois, t’as pas besoin de plus de 10 minutes, et d’un crayon, pour t’autoriser à… a quoi, d’ailleurs ? Ah, oui, à faire, comme disait Léonard de Vinci :

« Les petits hommes se proclameront empereurs. Et les grands tiendront un blog »

Mais comme, personne ne connaissait le mot blog à l’époque, cette citation aussi a été oubliée. Heureusement, je suis là pour la ressusciter. Et si toi aussi t’as envie de t’amuser à changer la face du monde, et bien voilà, une liste de mot, avec laquelle je te propose de t’amuser, en 10 minutes.

Paul, 42 ans, 1M74, 77 kilos – Fraise des bois – 
Le lac Léman à Genève – Quand on a que l’amour –
guimbarde – Elle est secrètement amoureuse et passionnée –
Professeur d’université –  Tapir

Et si tu veux, demain, on partagera nos histoires.

 



Prénom

Learn more about Mailchimp’s privacy practices here.


N’hésite pas à me faire part de tes réactions : tes commentaires m’aident à faire vivre ce blog. Parfois même, de nos échanges pourra naître un article.

Et soutiens moi en partageant l’article que tu as préféré dans tes réseaux.