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« Je ne sais pas si j’ai beaucoup manqué au cinéma français,
Mais à moi, le cinéma français a beaucoup manqué
Follement, éperdument, douloureusement
Votre témoignage, votre amour, me font penser que
peut-être, je dis bien peut-être,
je suis pas encore tout a fait morte »

Annie Girardot in Cérémonie des Césars 1996

 

 

Cher lecteur,

Il y a un peu plus d’un mois, j’ai arrêté de t’écrire

Un jour, puis deux, et tu sais comment c’est, les semaines passent, et ça devient de plus en plus difficile de revenir après une aussi longue absence.

C’est comme ça qu’on laisse mourir les relations, pas vrai ?

Comme ces vieux potes que tu fréquentais souvent, puis plus du tout. Et un jour, en les recroisant par hasard, tu constates que t’avais oublié jusqu’à leur existence.

Et ton cœur se rappelle alors à quel point tu les avais aimé.

– Bon, cette fois, on reste en contact, d’accord ?

– Ouais, promis

Hier, j’ai donc reposté un nouvel article, après 40 jours dans le désert de l’écriture.

J’avais plein de bonnes justifications pour arrêter de  bloguer : gestion de mon divorce, rachat de la soulte de mon ex-femme, démarches bancaires, emprunt d’argent à mon père, préparation du marathon, lancement du Labo de la Création avec mon pote Salam, mise en vente de l’appartement familial…

En t’écrivant ça, je réalise que j’ai pas vraiment chômé. 

Je me suis demandé si ce blog allait s’ajouter à la liste des projets que je lance, m’en lasse, et laisse.

J’ai alors décidé, que si je devais l’arrêter, il me restait un dernier article à écrire.  Pour t’annoncer sa fin, te dire au revoir et merci, et t’expliquer pourquoi j‘arrête.

J’appelle ça « soigner sa sortie »

J’ai mis du temps à comprendre l’importance des « au revoir ».

Jusque-là, j’étais plutôt du genre à m’éclipser discrètement d’une soirée parce que ça me coutait trop de dire « salut », ou de laisser moisir une relation amoureuse, parce que j’avais pas le courage d’exprimer qu’elle ne me convenait plus. J’évitais tous ces moments qui généraient de la souffrance et du malaise.

 

Et puis, il y a quelques années,  j’ai eu la chance de perdre ma mère d’un cancer.

Je dis la chance, parce que sa maladie nous a donné l’occasion de nous dire « bye bye », de faire nos adieux en prenant le temps de partager tout ce dont nous avions besoin, et de m’épargner bien des remords et des regrets pour la suite.

Je reste encore marqué par ces mots lus par Jean-Louis Trintignant aux funérailles de sa fille Marie :

« Ne pleure pas celle que tu as perdue,
Au contraire, réjouis toi de l’avoir connue »

 

 

La vie défile comme une pellicule qui peut casser à tout moment, et t’enlever les gens que tu aimes sans prévenir. Alors, prends bien soin de ta dernière séance.

Récemment, j’ai reçu un mail d’un client insatisfait. Il souhaitait mettre fin à un accompagnement qu’il estimait inefficace. Je lui ai proposé une dernière séance pour clôturer notre collaboration.

Il a accepté, et cela lui a donné l’occasion de me dire en face pourquoi il ne souhaitait pas continuer.

Lui qui avait tendance à idéaliser les figures d’autorité, il a pu ce jour là, affirmer son opposition. Cette séance a été je crois bénéfique pour lui.
Et pour moi aussi.

Accepter que je ne suis qu’une passerelle sur le chemin de mes clients, et être à l’aise avec mes compétences et mes limites est assez soulageant, au fond.

Aujourd’hui, malgré ma tendance à la fuite, j’essaye d’appliquer cette philosophie de la sortie dans mon quotidien.

J’apprends à profiter des moments anodins, et à dire  au revoir.

Des au revoir qui disent « merci de m’avoir permis de te rencontrer ». Parce que la décision de se revoir, n’est pas toujours entre nos mains.

 

Alors si tu veux arrêter ton activité, ne crains pas de l’annoncer.

Si tu as besoin d’une pause, parce que t’as plus la force, écris-le « je ralentis. Je prends des vacances. »

Et si t’es dans un vrai bad trip, en mode déprime et que t’as plus envie de rien, laisse juste un panneau accroché sur la porte : « En dépression, je reviens quand ça ira mieux. Ou peut-être pas »

Enfin voilà : soigne ta sortie.

Pour que ça reste pas comme une tache de fond dans ta tête.

Et que tu puisses transformer cette déception d’abandonner un truc en cours de route, en satisfaction d’avoir accompli ce bout de chemin là.

Alors, je ne sais pas si mon blog t’a manqué, mais toi oui.

Et mon article de clôture s’est transformé en article de retrouvailles.

Je suis content de reprendre le dialogue.

Même si je ne sais pas encore pour combien de temps.

 

J160 - Le droit à la détresse

« Quoi ? vous vous séparez, mais comment est ce possible ? Je n’arrive pas à y croire… On vous a toujours vus comme un couple modèle. »   C’est fou cette tendance que l’on a à idéaliser la vie des autres. A…

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J158 - T'es con, ou tu le fais exprès ?

- Mais enfin, t’es idiot ou tu le fais exprès ? J’ai 12 ans. Et Mme Burchill, ma prof de biologie nous emmène en forêt observer la nature, nous donnant comme devoir de la décrire. J'aperçois une araignée dont…

5 réponses
  1. Valérie
    Valérie dit :

    Salut Namir,
    Contente de te lire, c’est vrai, tu avais disparu sans faire de bruit.
    Je suis moi aussi coutumière de la disparition discrète, celle qui permet de ne pas m’expliquer, de ne pas avoir à dire : je m’ennuie avec vous.
    Coutumière aussi des mille projets abandonnés, passé l’enthousiasme de la nouveauté : finalement, c’est devenu plat, j’y arrive… à quoi bon continuer.
    Et ceux qu’on aime, à qui on n’a pas eu l’occasion de dire merci d’être venu dans ma vie avant qu’il ne disparaissent, mais à qui par bonheur on a dit au revoir, je t’aime, bon voyage, et qu’on a regardé partir dans un aéroport.
    Merci Namir, au cas où tu disparaisses de mon paysage matinal, et aussi si tu reviens demain ou un autre jour.

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