La fin de la domination féminine 

Si y a bien un sujet qui me soûle c’est celui de l’égalité homme/femme.
Tout d’abord, QUI a dit qu’on DEVAIT être égaux ?
Mon père voulait que les hommes soient  égaux.
Qu’il n’y ait plus de riches, ni de pauvres.
Louable intention qui lui a valu 5 ans dans les  prisons nassériennes.

–  Si y a plus de pauvres ni de riches, papa, on devient quoi ? Tous pauvres ? Ou tous riches?
– Tous égaux !

Quand mon fils de 8 ans pète les plombs parce que sa grande sœur a le droit de regarder un film qui n’est pas de son âge, je lui réponds souvent :
– Quand t’auras l’age de sa sœur, tu pourras AUSSI regarder ce film
Bah, oui. mais en vrai, il n’aura JAMAIS l’âge de sa sœur.
Toute sa vie, il restera le PETIT frère.
Il n’a jamais demandé à naître. Ni à naitre en garçon. Ni à naitre après sa sœur.
Et c’est injuste pour sa sœur que lui ait un zizi, alors qu’elle n’en a pas, et que bientôt, elle aura ses règles et apprendra à faire attention à ne pas tomber enceinte, et lui, non.

On peut trouver la vie injuste, être en colère et choisir de se battre pour plus d’égalité entre les sexes.
Ou la regarder comme un torrent perpétuel, parfois harmonieux parfois  tumultueux, ni juste ni injuste, ou les deux à la fois. Et nager dedans.
En fait, on a le choix entre plein de combats :
Les inégalités de salaires entre les hommes et les femmes, les discriminations raciales et sexuelles, la défense des minorités opprimées, la lutte contre l’esclavage économique, les monopoles étatiques, la pollution de la planète, la cause animale, la dénucléarisation, la dictature du développement personnel au détriment de la conscience sociale, etc…

Chez nous, notre principal combat tourne autour du  lave-vaisselle : ça fait 15 ans que ma femme nous ne sommes pas d’accord sur l’utilité de rincer les assiettes avant de les mettre dans le lave-vaisselle.


Et nos échanges verbaux ne nous ont pas fait avancer d’un poil dans le partage des tâches ménagères.
Chaque fois que ma femme me dit :

« Vous, les mecs, vous êtes des XXXX….Nous les femmes, avec notre charge mentale… on doit TOUT faire…. « 
J’ai juste envie de lui répondre :

Et elle

 » Mais qu’est ce que j’ai fait pour mériter un mec pareil !  Tu ranges rien, t’anticipes pas, t’attends que les placards soient vides pour faire les courses ! Mais comment tu ferais, si j’étais pas là ? « 
J’ai beau lui expliquer que je n’ai pas signé à ma naissance un pacte avec tous les mecs du monde, pour créer une communauté de gros relous qui feront chier les nanas  Et que si elle était pas là, je me débrouillerai, en fait. Et surtout que je ne suis pas  « Tous » les mecs.

Il faut croire que si.

Quand je lui dis que la nature ne m’a pas attribué des neurones spéciaux pour gérer les conversations téléphoniques avec la hotline de Free, ou plus exactement, les non-conversations téléphoniques avec le serveur vocal délocalisé en Tunisie de la hotline de free..
Pas plus que je ne suis né avec un don particulier pour bricoler, jardiner, ou avec un penchant spécial pour la gestion des factures et des problèmes informatiques.
Mes arguments n’ont pas beaucoup de poids face à la répartition des tâches que nous choisissons respectivement d’endosser l’un et l’autre.
Elle en a marre, et voudrait que je change.
Et moi, je voudrais qu’elle change, et qu’elle arrête de vouloir que je change.
Peut-être après tout que les hommes et les femmes ne sont pas faits pour vivre ensemble.

Ou alors, il y a une autre explication possible :
Dans un couple hétérosexuel , il n’y a pas un homme ET une femme.
Il y en a deux.
Ce qui fait donc quatre.

Le féminin n’est pas plus l’exclusivité des femmes, que le masculin n’est la propriété des hommes.
Et le plus difficile, c’est peut-être de l’assumer, sans accuser systématiquement l’autre de ne pas nous accepter tel que nous sommes.
C’est rarement l’autre le problème.

Très souvent, c’est la part de nous que nous refusons d’accepter.

Comme la peur inconsciente d’être perçue comme une mauvaise mère, une femme indigne, un monstre d’égoïsme, ou une garce.

Ou d’être vu comme un homme sans couilles, un père sans autorité, incertain et fragile.

Certaines femmes sont très heureuses d’être des mamans au foyer, et de ne pas travailler, d’autres sont alignées avec le fait de porter le voile intégral et d’être les gardiennes de la tradition, d’autres encore assument pleinement leur envie de se concentrer en priorité sur leur carrière professionnelle, et faire passer leurs enfants au second plan, ou de tout simplement s’épanouir en tant que femmes et ne pas avoir d’enfants.
Je vous l’accorde, c’est pas la majorité.

La plupart d’entre nous vivons un conflit interne entre qui on est, qui on aimerait être, et qui on DOIT être.
Et on projette ce conflit sur la personne qu’on est censé aimer le plus au monde : notre conjoint.

Et c’est pour moi, la partie la plus difficile de mon chemin de vie : agir en accord avec qui je choisis d’être.
J’ai pas vraiment de réponses, et je ne sais pas toujours comment faire pour avancer sur ce chemin.
J’espère juste qu’un jour, ma femme arrêtera de me regarder comme un « mec », et de réduire nos relations a un conflit homme/femme.
C’est juste une relation, plutôt dysfonctionnelle, entre deux personnes qui ont du mal à communiquer ensemble.
Des fois, j’aimerais avoir la résistance de l’eau, celle qui s’écoule limpide du robinet, qui se déverse par torrents dans le lave-vaisselle emportant avec elle toute la saleté. Capable de m’évaporer et de disparaitre quand il fait trop chaud, et de me solidifer et de devenir bloc quand le froid me menace. Comme disait Bruce Lee : « Be like water, my friend »
Et c’est peut-être aussi ce que j’aime dans l’écriture.
Trouver cet endroit ou je ne suis ni  homme, ni femme. Et les
deux à la fois.

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