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Quand je me suis formé à l’hypnothérapie, j’ai découvert un protocole qui a révolutionné ma pratique de l’accompagnement : la régression hypnotique et le travail avec l’enfant intérieur.

QUELQUES PRÉCISIONS AVANT D’ALLER PLUS LOIN

Prenons le cas d’un enfant maltraité par une mère qui le frappe lorsqu’il a des mauvaises notes.

Souvent, malgré la souffrance que les parents leur infligent, les enfants leur restent très attachés. Cet enfant va peut-être même développer des croyances du type : « Si ma mère me frappe quand j’ai des mauvaises notes, c’est parce qu’elle m’aime. » Il y a alors une confusion qui va se créer chez lui entre l’amour, et la relation violente que son parent entretient avec lui.

Plus tard, cet enfant pourra peut-être croire, à un niveau inconscient, que pour maintenir un lien d’amour avec sa mère, il devra, par loyauté, échouer (avoir de mauvaises notes). Il se retrouvera alors à avoir des stratégies d’échecs et d’auto-sabotage, sans réellement comprendre pourquoi.

Et probablement que cela aura aussi une incidence sur sa relation amoureuse, où il se retrouvera parfois à intégrer le rôle de sa propre mère maltraitante.

Alors, lorsque ce client, devenu adulte, viendra consulter un thérapeute, il lui dira peut-être que son problème, c’est qu’il souffre dans sa relation de couple, sans être forcément conscient de tout le contenu souterrain qui génère sa problématique.

C’est là ou le praticien fera appel à des outils comme la régression hypnotique pour faire émerger la problématique.

 

RETOUR VERS LE FUTUR

Le travail en régression consiste à faire voyager le client dans son passé, pour lui faire rencontrer une version de lui plus jeune, généralement un enfant, souvent blessé ou bloqué dans une souffrance, pour dialoguer avec lui, en prendre soin, le rassurer, se réconcilier avec lui, ou être rassuré par lui.

Dans le cas cité ci dessus, le client pourra par exemple rencontrer l’enfant qui n’a pas appris à faire la distinction entre « être aimé de maman » et « échouer » pour lui transmettre un nouvel apprentissage, qui l’aidera à revisiter en profondeur le sens qu’il donne à l’amour.

J’ai longtemps privilégié le travail en régression avec mes clients. Il donnait souvent lieu à des larmes de libération, et je constatai avec un réel émerveillement comment la réconciliation du client avec cet enfant intérieur apportait beaucoup de bien-être qui se traduisait par des changements réels dans la vie présente du client, et son interaction avec le monde et les autres.

Du moins, c’est ce que je croyais.

Bien sûr, il arrivait que dans certains cas, cet enfant intérieur ait des comportements très étranges envers le client, ou que certains clients résistaient à cette réconciliation, cela était plutôt l’exception.

LA DÉFLAGRATION QUI A TOUT REMIS EN QUESTION

Un jour, j’ai découvert un livre de Stephen Wolinsky qui est venu littéralement dynamiter mes croyances sur l’accompagnement, et remettre en question le travail que je faisais jusque là avec l’enfant intérieur.

Stephen Wolinsky dans son ouvrage «The dark side of the inner child » : la face sombre de l’enfant intérieur propose une définition intéressante de ce que l’on appelle communément « enfant intérieur »

Selon lui, l’humain dans sa posture d’adulte la plus éveillée adopte face au monde et à lui-même une position d’observateur. C’est cet observateur – on pourrait dire la version la plus sage de nous – qui crée la réalité subjective interne que vit la personne.

Parfois cet observateur est confronté à un évènement traumatique, il a alors une réaction.

Et c’est cette réaction que Wolinsky appelle : l’enfant intérieur.

Pour le dire autrement, notre système nerveux central, qui a pour mission d’organiser le chaos, crée dans un contexte de menace, une identité : celle de l’enfant intérieur, qui est la stratégie de notre système nerveux pour affronter la vie, quand l’environnement, ou la famille est dysfonctionnelle.

Cet identité nommée “enfant intérieur” (et qui peut-être considérée comme un ensemble de mécanismes de défenses) se réactivera alors dans des situations similaires.

Un peu comme un mauvais rêve dans lequel l’adulte observateur s’endort pour laisser place à un film dans lequel il rejoue en boucle la même scène, sans être capable d’en sortir.

Et dans ce film, l’observateur endormi, fusionne avec cette image de l’enfant intérieur. Il croit alors que l’enfant intérieur et lui ne font qu’un.

LA TRANSE EST LE PROBLÈME

Si je reprends l’exemple d’un enfant victime de violence parentale : pour survivre et supporter cet environnement insécure, son mécanisme de défense (que Wolinsky appelle la transe de l’enfant intérieur) sera d’apprendre à se dissocier de la douleur physique. Et de son corps.

Il va développer un état hypnotique pour fuir la réalité. C’est cela que Wolinsky nomme transe.

Une fois cette transe de l’enfant intérieur mise en pilote automatique, l’enfant se retrouvera souvent, une fois devenu adulte, à rêvasser, à se déconnecter de ses émotions, ou à être absent de ses relations affectives.

Dans ces moments, l’adulte est “hypnotisé” par l’enfant intérieur, qui a pris le contrôle sur lui, et cherche à lui faire éviter de vivre le sentiment de menace, auquel il a essayé d’échapper enfant.

Cette réactivation automatique de la transe est l’expression d’une stratégie qui maintient l’adulte prisonnier d’un ancien système de croyances. Et ce système n’est peut-être plus du tout adapté à l’environnement et au contexte présent de l’adulte.

Wolinsky va plus loin que ça dans sa réflexion. Il affirme que s’identifier à l’enfant, qui a été créé pour résister au chaos, peut difficilement faire autre chose que de créer encore plus de chaos dans notre univers subjectif, et dans le monde extérieur.

Car cet enfant intérieur nous prive de notre vraie nature. Nous ne sommes pas cet enfant, mais bien les créateurs, ou du moins les observateurs de cet enfant.

Voilà pourquoi, selon lui, nous devons apprendre à dire au revoir à cet enfant intérieur, et travailler de manière adulte en acceptant le chaos (l’état de confusion ) :  en étant capables de vivre des situations, vécues jusqu’alors comme intolérables, sans recréer automatiquement la transe de l’enfant intérieur.

LES ÉTAPES CLÉS DU CHANGEMENT

En régression hypnotique, voilà ce qui se passe généralement quand on amène le client à rencontrer l’enfant intérieur.

Cette rencontre à deux objectifs :

  • Rassurer l’enfant. L’aider à se sentir plus en sécurité. En lui disant :  » Je te vois, je t’entends, et c’est terrible ce que tu as vécu. » Pour qu’il y ait une reconnaissance de sa souffrance.
  • Aider le client adulte à se dés-identifier de l’enfant, en créant une prise de distance. Car à partir du moment où le client est  capable de dialoguer avec  cet enfant, il n’est plus l’enfant.  Il est l’adulte qui regarde l’enfant. Il commence à retrouver sa position, d’observateur.

Réveiller l’observateur permet ainsi de se libérer de l’enfant intérieur blessé qui vous hypnotise.

Jusqu’alors, dans mon travail avec l’enfant intérieur, je m’étais arrêté à la première étape. Le livre de Wolinsky m’avait alors amené à prendre conscience que mon travail maintenait, d’une certaine manière, encore le client dans son problème.

NE DIS RIEN À PERSONNE

Yasmine, une de mes clientes, s’était un jour sentie agressée, lorsque son mari avait convoqué, sans la prévenir, la femme de ménage.

Elle avait besoin d’être seule ce jour-là, et s’était retrouvée avec cette présence non voulue dans la maison.

Elle a alors ressenti une grande angoisse. Selon ses mots, elle s’était sentie envahie par la présence de cette femme de ménage, incapable de lui demander de s’en aller, ou de revenir un autre jour.

J’ai cru percevoir ici les signes d’un épisode traumatique. Paralysée dans une souffrance, mêlant sentiment d’intrusion, violence, colère contre son mari qui avait oublié de la prévenir, je lui ai demandé ce qui l’avait empêché de demander à la femme de ménage de revenir plus tard.

– Ça ne se fait pas. Cette femme de ménage est pauvre, et a besoin de gagner sa vie. Je n’ai pas le droit de lui demander quoi que ce soit. Mon attitude aurait été très égoïste et puérile, comme une petite fille capricieuse et privilégiée.

– Très égoïste et puérile ? Comme une petite fille capricieuse et privilégiée ? Et à votre avis, comme ça, sans réfléchir, quelle âge elle pourrait avoir, cette petite fille…..

– Euh…. Je ne sais pas…. 6 ans…. (les yeux de la cliente s’écarquillent, sa respiration se bloque)

– Yasmine, vous êtes où, là ? Qu’est ce qu’il se passe pour vous ?

Yasmine était partie dans une régression spontanée. Elle s’est retrouvée dans sa maison d’enfance. Agée de 6 ans. Un de ses oncles était rentré à l’improviste dans sa maison, alors que ses parents étaient absents, et l’avait agressée sexuellement. En lui répétant cette phrase

– Surtout, ne dis rien à personne. Sinon il t’arrivera malheur.

Yasmine, avait tout de même eu le courage de raconter cet épisode à sa mère. Celle-ci l’avait alors traitée de menteuse, et sévèrement réprimandée.

Ma cliente face à la femme de ménage, n’était plus dans sa posture d’adulte. Son observateur intérieur avait fusionné avec l’identité de cette petite fille terrorisée et impuissante face à l’intrusion de son oncle, à la suggestion post-hypnotique de l’agresseur, et à la réaction de sa mère.

Aider un client à réveiller son observateur endormi, lui permettra de prendre du recul, et de l’aider à se reconstruire, en apportant d’autres perspectives au chaos qu’a vécu l’enfant. Un autre regard. Une autre compréhension. D’autres ressources. Et probablement aussi d’autres interprétations de l’histoire.

Généralement, cela permet un nouveau dialogue entre l’enfant intérieur et l’adulte.

Et une nouvelle configuration d’équipe, dans laquelle il n’y a plus de prise de pouvoir de l’enfant paniqué. L’enfant est rassuré, et se sent un peu plus en paix, car il n’est plus prisonnier en boucle de la situation traumatique.

LA SOLUTION RADICALE À TOUS VOS PROBLÈMES

Mais rappelons nous que, pour Wolinsky, l’existence même de cet enfant intérieur est l’expression d’une réaction traumatique. Il ne serait donc pas illogique de considérer qu’une des étapes de la thérapie consisterait à aider cet enfant intérieur a disparaître.

C’est ce qu’à un jour essayé un de mes collègues thérapeute, et de façon radicale.

Il avait une angoisse à accepter les compliments, et des problématiques de honte liées à un épisode traumatique de l’enfance.

– Et si on le butait, cet enfant intérieur ?
Vu qu’il est l’expression du problème, si on bute ce fils de p…, il devrait plus y avoir de problème.

Et c’est ce qu’il a fait.

Lors d’une séance d’hypnose, il a donc décidé de tuer son enfant intérieur, en lien avec cet événement traumatique. La scène ressemble à celle d’un film d’horreur.

Un massacre. En bonne et due forme. Avec rituel. Démembrement du corps. Incinération. Funérailles.

Et bye bye, l’enfant intérieur.

A l’issue de cette séance, mon collègue est parti jubilant et heureux. Avec le sentiment d’avoir accompli un grand changement dans sa vie.
Il ne restait plus qu’à voir, comment sa problématique allait évoluer désormais.

Deux semaines après la séance, mon collègue était de retour furieux.

-Il est revenu.

-Qu’est ce qui est revenu ?

-Ce fils de p….. Il est même pas mort. Et j’arrive toujours pas à accepter les compliments !

Nous en étions arrivé à une conclusion simple. L’enfant intérieur ne meure pas aussi facilement.

Et soudain, l’image d’un film a refait surface dans mon esprit.

LA SOLUTION EST TOUJOURS DANS LES FILMS

A un moment dans le film E.T. de Steven Spielberg, l’extra-terrestre est sur le point de mourir. Eliott le petit garçon est prêt à tout pour le sauver.

Et il comprend alors que le seul moyen de sauver E.T., c’est de l’aider à rentrer chez lui, à quitter la terre, car ce n’est pas sa place, pour rejoindre sa planète.

Elliott sauve E.T. en l’aidant à partir à jamais. Et par la même occasion, Elliott meure à lui-même, laissant partir cette part d’enfance, pour entrer dans le monde des grands.

Peut-être en est-il de même pour l’enfant intérieur. Le meilleur moyen de s’en occuper, c’est de lui donner envie de partir.

Certains parents protègent tellement leurs enfants qu’ils ne les aident pas vraiment à à se détacher. Je me souviens d’un roman terrible de Boris Vian, intitulé « l’herbe rouge » ou une mère finissait pas enfermer son enfant dans une cage aseptisée pour le protéger des microbes. Et il finissait par en mourir.

Aimer les enfants, c’est peut-être leur donner les ressources dont ils ont besoin, pour grandir, devenir autonomes, et qu’il se décident par eux-même à partir.

Est-ce que l’aimer pourrait être une solution ?

Accompagner l’enfant intérieur, non pas pour le garder auprès de nous. Juste pour lui donner envie de grandir, et qu’il parte de lui-même.

Qu’il réalise que nous n’avons plus besoin de lui, et qu’il est suffisamment en sécurité pour vivre sa vie. Pendant que nous retrouvons notre position d’adulte observateur.

Il restera, une fois l’enfant intérieur parti, à se demander comment gérer l’espace vacant.

UNE NOUVELLE PERSPECTIVE RÉJOUISSANTE

Lorsque j’ai compris qu’avec mes clients, j’abordais le travail en régression dans l’optique de relier l’adulte et l’enfant, la ou Wolinsky suggérer de les délier, ça m’a foutu une sacrée claque.

Et une sacrée leçon aussi.

Depuis, je travaille différemment avec les régressions.
Et j’ai de bons résultats.

Et je constate souvent chez mes clients des larmes de libération, et je suis heureux de les aider à aller vers un bien-être.

Et cela ne marche pas avec tous mes clients. Il y a toujours des exceptions, pas vrai ?

LA DÉCOUVERTE LA PLUS IMPORTANTE

Tu sais, ce que j’ai le plus appris, grâce à Wolinsky ?

Au delà même de la question de l’enfant intérieur. C’est à quel point ce livre, en remettant en question ma vision de l’accompagnement, et des principes que je tenais pour vrais et efficaces, a activé des mécanismes de défense très forts chez moi.

J’y ai d’abord résisté de manière radicale, redoutant le chaos et l’effondrement.

Avant de le tester, de l’accepter, et le tenir pour vrai aujourd’hui.

Cela m’a permis d’apprendre, que ce que je crois vrai aujourd’hui, sera sans doute infirmé demain.

Alors, si toi aussi, tu as tendance à rechercher la sécurité de théories solides dans tes accompagnements, et que cela t’amène parfois, sans même t’en rendre compte, à forcer la réalité à s’adapter a ton système de croyances, à enchaîner les formations pour découvrir de nouveaux protocoles, demande toi si cela n’est pas justement une transe de ton enfant intérieur qui lutte contre la peur du chaos.

Ce n’est pas tant l’enfant intérieur qu’il faut tuer. Le titre est sans doute provocateur. Mais notre besoin de nous accrocher un peu trop à des théories, et des visions attirantes, et à chercher à leur donner raison coûte que coûte, au détriment de cette matière insaisissable qu’on appelle réalité.

Et tu n’es vraiment pas obligé de me croire.

Un bon remède à cela, c’est de t’entraîner à remettre en question tes certitudes. Tu peux par exemple discuter avec une personne dont tu ne partages pas du tout les croyances, et qui t’irrite, et te demander en quoi elle a plus raison que toi, ou du moins autant.

C’est un effort. Ça gratte. C’est difficile.

Comme c’est difficile de parfois se taire quand on est persuadé d’avoir raison.

Dans mon quotidien, j’utilise l’écriture créative comme une hygiène pour apprendre à développer un état d’esprit flexible, et m’entrainer à remettre en question mes certitudes, en particulier celles qui se trouvent dans mon angle mort  (cet article pourrait t’intéresser), c’est à dire invisibles à mes yeux.

C’est ce que je transmets dans tous mes stages, et que j’essaye de mettre en application dans mon blog, et mes articles.

Voila pourquoi ile me parait important, quand tu as une théorie qui fonctionne, d’avoir toujours en tète qu’elle n’est qu’une grille de lecture, imparfaite. Comme nous.

N’hésite pas à me faire part de tes réactions : tes commentaires m’aident à faire vivre ce blog. Parfois même, de nos échanges pourra naître un article.

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Si je devais résumer en une phrase les deux plus importants apprentissages que j’ai retenu de  ma formation d’hypnose à l’ARCHE, je dirais en premier :  Aimer les gens.

Je dois préciser qu’à la base, je suis plutôt un ours solitaire, peu à l’aise dans le contact avec les autres, et en particulier avec les groupes.
Quand on passait en exercices, et qu’il fallait choisir un partenaire pour travailler, c’était toujours un moment de stress. J’ai repéré quelques stagiaires vers qui je suis allé naturellement, et un plus grand nombre avec lesquel  j’ai soigneusement évité de travailler.

Jusqu’au jour où un des mes formateurs, pour m’aider à progresser m’a suggéré d’aller travailler avec celui ou celle qui me rebutait le plus.
Me précisant que c’est sans doute de cette personne que j’avais  le plus à apprendre.

Quand vous prenez conscience que ce que vous n’aimez pas chez une personne, c’est généralement ce que vous n’acceptez pas chez vous, je vous assure, ça recadre.

C’est le deuxième apprentissage que j’ai fait.

Cela s’appelle les surfaces projectives.

Si  une personne vous agace parce qu’elle parait prétentieuse,  ou parce qu’elle est trop dans la séduction, demandez-vous ce que ça touche en vous. Quelle peur se cache derrière. Et ce que ça raconte sur vous. Quel est votre propre rapport à la séduction, à votre image, ou au jugement.

L’accompagnement en hypnose m’a permis de réaliser que tous les gens ont souffert, reçu des coups. Et que leurs attitudes sont des stratégies pour se protéger. Et les plus beaux apprentissages que j’ai fait en formation, ont été avec des collègues dont le premier contact a été parfois abrupt. J’ai appris à les connaître. Et j’ai appris à me connaître.

C’est bête… mais quand je vois une personne prétentieuse, sure d’elle même, arrogante, distante, avoir un sanglot dans la voix, laisser couler une larme, ou exprimer tout le mal qu’elle pense d’elle même, bah… c’est juste impossible de la regarder ensuite de la mème manière.

Et le fait d’avoir accès a cette part de chaque être humain, c’est ce qui rend ce métier si beau.

Mais on est des êtres humains, avec nos a priori. On a tous notre part d’ombre. Notre zone de racisme subjectif. Ou d’inconfort C’est comme ça. Et il y a des clients qu’on aimerait bien ne pas recevoir.

Et c’est là, toute la difficulté.

Comment se débarrasser de ses a priori, sur cette personne ?

Comment arriver à voir immédiatement l’humain qui se cache derrière sa posture ? Comment voir dans tel client qui arrive en retard, en éructant sa haine, et sa rage contre les fonctionnaires, les musulmans, et le gouvernement, un être sensible qui a peur d’être rejeté, et dont la valeur principale est peut-être l’amour ?

Je vous livre deux techniques qui m’ont aidé par rapport à cela :

1 – la technique Laurent Bertin… ou la technique du : « vous êtes toujours con comme ça ? »

En gros, vous dites ce que vous pensez. Bon… c’est sûr, il y a l’art et la manière. Mais en gros, quand votre client vous énerve, ou provoque une réaction chez vous : dites lui ce que ça provoque chez vous.

Le but c’est de le dire, sans ressentiment. Et c’est là ou c’est compliqué. C’est qu’en fait, pour se permettre de dire ça, il faut déjà suffisamment aimer la personne que vous avez en face de vous, pour lui dire. Parce que ça veut dire que vous avez une confiance totale dans cette personne, dans sa capacité à entendre ce que vous allez lui dire. Ou alors vous exprimer en parlant de vous, de votre ressenti. Du genre : « C’est bizarre, quand je vous écoute, je ressens une forme d’agacement. Je sais pas si c’est chez moi, ou chez vous. Ca vous parle ? comment vous vous sentez juste là, quand je vous dis ca ? »

Si vous dites a votre meilleur ami qu’il a agi comme un con, il vous en voudra peut-être un peu, mais cela aura plutôt tendance a renforcer vos liens. Dire ce que vous pensez, c’est induire a la personne que vous la sentez capable de recevoir ce que vous dites. Et puis, en vrai, les gens ils se disent les choses en dix fois pire à l’intérieur. Demandez donc à une personne en surpoids comment elle se voit.

En gros, l’idée, c’est d’être vrai dans son ressenti.

Et je me rends compte aujourd’hui, qu’on peut dire beaucoup de choses a quelqu’un, si l’intention est bienveillante. Et surtout que ça renforce le rapport.

2 – la technique David Picard… ou la technique du « caca dans la couche »

Tout homme, ou toute femme, a été enfant un jour. Alors, quand vous êtes face à un  colosse de deux mètres, qui sent l’alcool, qui a envie de tout casser, et qui prétend tout savoir sur tout, regardez le dans les yeux, et essayer de voir l’enfant qu’il a été. Imaginez le enfant, à deux ans, regardez le quand il faisait encore caca dans sa couche, qu’il pleurait parce que sa maman ne lui avait pas donné son biberon, ou qu’il éclatait en sanglot parce qu’il voulait un jouet que sa sœur avait. Bah oui… regardez quiconque dans les yeux, jusqu’à voir l’enfant qu’il a été, et je vous assure que…  vous finirez par le trouver… touchant.

Bon, c’est pas pour autant que je suis devenu un Bisounours, et je ressens toujours des sympathies ou des antipathies. J’ai juste compris qu’aimer les gens, c’est la conséquence de s’aimer soi. Y compris quand on se trouve con, ou chiant.