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– Hey Namir, sympa ton article sur l’imposture du praticien. Mais elle où la révélation?

– Euh… dans la découverte que ce qui me foutait une sacré pression, c’étaient mes attentes et mes exigences super hautes.

– Tu plaisantes ? On en a déjà parlé des centaines de fois ensemble : la responsabilisation, l’autonomie, et virer les attentes. Tu sais déjà tout ça depuis super longtemps. Il manque un truc là…..

– Je le savais théoriquement, mais là, je le vis vraiment. Quelque chose s’est intégré.

– J’aurais aimé que tu me racontes ça, alors. Ça vaudrait le coup de creuser. Il est peut-être là, ton article.

J’avais déjà écrit un article sur les leviers de changement (comment se libérer des protocoles)  et sur ce qui fait que les gens changent. Mais pourquoi j’ai mis 5 ans pour arrêter de vouloir que mes clients changent selon mon cadre de référence ?

Qu’est ce qui a transformé ma pratique, et m’a enlevé cette sacrée pression ?

 

 

J’y ai pas mal réfléchi, et pour être tout à fait franc, il s’est passé tellement de choses dans ma vie cette année, (certaines très chouettes, d’autres beaucoup moins) que je serai incapable de savoir ce qui m’a fait changer, même si je constate qu’il y a eu, effectivement, un ajustement dans ma relation aux autres.

Je crois bien que j’ai arrêté de penser que j’étais supérieur aux autres, et à mes clients en particulier. Parce qu’au fond, j’avais beau jouer de la position basse et être apparemment humble, j’ai souvent eu cette tendance, pas forcement consciente, à faire sentir à mes clients que j’avais une longueur d’avance sur eux. Comme s’il était plus important pour moi de montrer mes compétences, ou d’impressionner par mon savoir, plutôt que de m’intéresser vraiment à eux. J’étais plus en relation avec mes peurs, mon impatience, et mon besoin de prouver, qu’avec mes clients.

Et si, avec tout le travail que j’ai fait sur moi, il m’a fallu  cinq ans pour intégrer des choses que je savais déjà théoriquement, j’imagine que nos clients aussi, ont besoin qu’on leur laisse du temps. Et à vouloir aller trop vite, ou forcer le changement, on est peut-être tout simplement contre productif.

Bien sûr, l’hypnose est très efficace pour diminuer le facteur critique de nos client, et leur faire des suggestions qui favorisent l’introspection, et agissent probablement comme des accélérateurs de prise de conscience. Mais même avec une super expertise, même en étant capable d’identifier les problématiques de nos clients, et avoir l’intuition de ce que pourrait être le chemin de leur résolution, aucun recadrage fait par un praticien, n’aura autant d’impact que celui que le client se fera à lui-même.

Chaque client a son propre processus d’évolution personnelle. Et c’est quelque chose qu’en tant que praticiens, nous négligeons souvent : le rythme de transformation du client. A quelle vitesse, il chemine, et intègre son changement. Et cela ne dépend pas du praticien.

Et si tu te demandes à quoi peuvent bien servir toutes ces thérapies que l’on appelle brèves, si nous ne sommes pas les vecteurs du changement de nos clients, et bien, c’est une bonne question. Peut-être bien qu’on sert à rien.

On ignorera toujours comment auraient évolués nos clients s’ils n’étaient pas venus nous voir.

D’ailleurs, comment est-ce que je sais si j’ai moins de problèmes dans ma vie aujourd’hui qu’il y a cinq ans , vu que je n’ai plus les mèmes références, ni les mêmes grilles de lecture qu’à l’époque ?

Alors, oui,  j’ai l’impression que je vais plutôt bien. Mais  dans quelle mesure ce n’ est pas juste un biais d’autoconfirmation pour me dire que j’ai choisi la bonne voie, et que j’ai bien raison de faire ce que je fais ?

Un de mes clients, après un an d’accompagnement bimensuel, m’a exprimé son souhait d’arrêter parce que, selon lui, il en était au même point qu’il y a un an, et qu’il pensait que tout le travail qu’on avait fait ensemble n’avait servi à rien.

Ca m’a beaucoup questionné.

Il avait pourtant vécu des séances spectaculaires, des transes incroyables, et avait eu de vraies prises de conscience, mais un an après, face à un évènement inattendu, il constatait que son ressenti, et sa manière de vivre ses problèmes étaient restés les mêmes.

Alors, apprenons à être vraiment humbles et patients, laissons à nos clients le temps de chercher, sans leur imposer nos grilles de lecture.

Parfois notre accompagnement portera des fruits sans que nous le sachions. D’autres fois, nous aurons l’illusion qu’il porte ses fruits. Comme avec certains clients qui reviennent, contents d’avoir changé, mais qui ont appris a exister en suivant bien les consignes. Et  c’est peut être ce conditionnement à être de bons élèves qui les fait souffrir. En croyant avoir réussi à les aider, puisque c’est ce qu’ils nous expriment, nous sommes peut-être juste en train de renforcer le système qui leur pose problème.

Dans mon cas personnel, j’ai tendance à croire que mon suivi thérapeutique m’a aidé à changer le regard que j’avais sur moi-même, et à remettre de la flexibilité dans un système où j’ai tendance à voir le monde en termes de supériorité et d’infériorité.

Et probablement que l’expérience de m’exposer cette année, à travers ce blog, et les cercles d’écriture libres que j’organise, ainsi que les stages et les formations que j’ai suivis et donnés, ainsi que les rencontres et les échanges, m’ont aide à oser m’exprimer, et m’autoriser à accepter ce que je suis.

C’est à dire un gars ordinaire. Qui n’a rien d’exceptionnel. Qui vit parfois plus dans sa tête que dans la réalité, et qui a des délires un peu mégalomanes.

C’est bizarre à écrire, mais c’est paradoxalement en acceptant mon besoin de tout contrôler, que j’ai pu lâcher du lest .

Et ça m’a vraiment soulagé.

Mon travail de métacognition, d’analyse, de réflexion et de connaissance de moi,  m’ai aidé à prendre conscience que tous mes problèmes, mes peurs, l’insécurité que je trimballe avec moi au quotidien, et toute la souffrance que j’ai vécue, ne font pas de moi un alien, ni un type bizarre, anormal ou différent. Juste quelqu’un qui a vécu des traumas d’abandon, et qui a fait comme il a pu pour s’adapter, en développant certains carapaces.

Je suis normal. Je suis juste quelqu’un d’ordinaire. Pas meilleur, ni supérieur à toi, ni à mes clients.

Et j’ai le droit d’être normal.

En étant plus cool et tolérant avec moi-même, j’ai appris à l’être aussi avec les autres.

Mon cœur s’est davantage ouvert.

Maintenant, tout ce que je t’écris là, ce sont juste des hypothèses, des tentatives théoriques pour expliquer un truc qui m’échappe encore.

Charles Bennet, scénariste d’Alfred Hitchcok, est arrivé un matin devant le maître du suspense débordant d’enthousiasme. Il venait de faire un rêve incroyable, persuadé qu’il tenait là une histoire digne d’un chef d’œuvre. Lorsqu’Hitchcock, curieux, lui a demandé de quoi parlait son rêve. Bennett, frustré, lui a répondu

Je ne m’en souviens plus….

Le lendemain, Bennett revient, encore plus abattu que la veille, et raconte à Hitchcock qu’il a fait le même rêve, mais s’est retrouvé frappé d’amnésie. Hitchcock lui suggère, s’il y a une prochaine fois, de noter son rêve pendant la nuit, avant qu’il ne lui échappe à nouveau.

A l’aube, Bennett, après avoir fait le même rêve,  s’est extrait de son sommeil, s’est précipité pour noter son rêve avant de se rendormir, enfin détendu et soulagé.

Le matin, sur son bloc-notes, il a lu cette phrase : boy meets girl. Un gars rencontre une fille.

C’est ainsi.

Dans nos rêves parfois des miracles se produisent.

Dans la réalité, on appelle ça le quotidien.

Très belle journée à toi.

Je suis curieux de savoir ce que cet article t’a apporté.

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J160 - Le droit à la détresse

« Quoi ? vous vous séparez, mais comment est ce possible ? Je n’arrive pas à y croire… On vous a toujours vus comme un couple modèle. »   C’est fou cette tendance que l’on a à idéaliser la vie des autres. A…

J159 - Te montrer vraiment

J’ai peur de déplaire. C’est une des propositions sur lesquelles nous avons écrit lors du précédent cercle. Commencer ton texte par cette phrase, et partir ensuite pour 10 minutes de flow ininterrompu, ça te fait partir…

J158 - T'es con, ou tu le fais exprès ?

- Mais enfin, t’es idiot ou tu le fais exprès ? J’ai 12 ans. Et Mme Burchill, ma prof de biologie nous emmène en forêt observer la nature, nous donnant comme devoir de la décrire. J'aperçois une araignée dont…

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Comment sortir du sentiment d’imposture du praticien en hypnose ?

A mes débuts, j’avais la boule au ventre quand je recevais des clients en séance d’hypnose. Même après avoir été recruté dans une école hypnose pour former des praticiens, et malgré mes années de pratique et de travail personnel, j’ai continué à ressentir cette même peur : celle de ne pas réussir à faire vivre à mes clients et stagiaires des états d’hypnose profonds. Si bien que j’ai progressivement évité de faire des transes formelles en séance.

Je me justifiais en disant que j’avais évolué dans ma pratique, et que je trouvais l’hypnose formelle pas toujours adaptée à certains clients.

Je continue à penser que de nombreux clients viennent chercher dans l’hypnose une solution à leurs problèmes, alors que l‘hypnose est justement pour eux le véritable problème : leur manière de fuir des réalités douloureuses vis à vis desquelles ils se déresponsabilisent, espérant qu’un coup de main providentiel les sorte de là. Et souvent, en tant que praticiens, nous alimentons ce problème de nos clients en leur proposant un changement rapide et efficace, dans un cadre d’amour et de bienveillance, où ils n’auront qu’à s’allonger ou fermer les yeux, pour que leur inconscient fasse le reste. En d’autres termes, et même lorsque nous en sommes conscients, nous jouons parfois à notre insu ce jeu infantilisant de la déresponsabilisation de nos clients.

Ce que je souhaite explorer ici, c’est ce qui se cache souvent derrière la peur de l’échec du praticien, et qui m’a conduit pendant tant d’années à éviter de faire de l’hypnose formelle. Et cela n’a pas grand chose à voir, ni avec la compétence, ni avec l’expertise. Certains appelleront ça le syndrome de l’imposteur, ou un sentiment d’illégitimité. Ce n’est que récemment que j’ai appris à mettre un autre nom dessus.

 

 

En hypnose, on appelle transe le véhicule qu’empruntent les clients pour sillonner leurs autoroutes intérieures. Pour monter dans ce véhicule, on utilise des techniques d’inductions, qui aident le client à se focaliser sur la route, à lever certains freins (diminution du facteur de jugement), et à augmenter sa réactivité (meilleure réponse aux suggestions). Notre mission de praticien n’est pas tellement de trouver l’induction qui fonctionne le mieux pour le client, mais de lui apprendre à utiliser une induction pour rentrer en transe. 

Autrement dit, ce que nous visons dans une séance d’hypnose à vocation thérapeutique, ce n’est pas le résultat de la transe, mais le chemin du client pour la vivre. Qu’une induction fonctionne ou non avec un client n’a aucune importance par rapport au travail que nous faisons. Nous ne sommes pas en hypnose de spectacle.  Et l’erreur que commettent la plupart des praticiens, c’est de vouloir que ça marche à tout prix, oubliant que nous œuvrons au service du client, pas pour notre désir de réussite.

Je le répète au cas où je n’aurais pas été clair. Peu importe qu’une induction fonctionne ou non. Il y a pour moi quelque chose de très égocentré dans cette idée que le praticien devrait réussir à mettre son client en transe. Nous ne sommes pas là pour prouver nos compétences d’hypnotiseur, mais pour aider un client à trouver son chemin de transe.

Et pour cela, il y un moyen d’une simplicité redoutable, beaucoup moins fatigant que d’utiliser des suggestions indirectes à rallonge, avec des présupposes alambiqués, des doubles négations confusionantes avec choix illusoires, et en construisant des chemins d’effets tellement complexes qu’on se perd parfois nous-mêmes dedans. 

Il suffit de demander directement au client de chercher le meilleur chemin pour entrer en transe. 

Chaque client a développé des stratégies, parfois très créatives, mais toujours efficaces pour survivre et s’adapter au monde. Et l’exploration de la transe hypnotique est une occasion inespérée pour qu’il découvre où IL est doué. Et si quelque chose l’empêche de vivre un état de transe, ce sera alors l’occasion d’explorer avec lui ce que c’est. Parfois ce qui empêche le client de rentrer en transe ce sont des peurs, des croyances, des jugements, qui généralement rejouent la problématique que le client est venu travailler. Alors, plutôt que de considérer tous ces obstacles apparents comme des échecs à l’entrée en transe, je les regarde aujourd’hui comme les véritables raisons de sa venue. Et travailler cela avec le client sera l’occasion d’apprentissages souvent importants.

Un client que j’accompagnais récemment à tester ses compétences à s’auto-anesthésier, avait réussi, après quelques minutes d’induction, à faire baisser le niveau de sa douleur de 8  à 6 sur 10. Après l’avoir félicité, mon réflexe a été lui dire :

– Super, maintenant que tu es passé à 6, et que tu as vu que tu pouvais influer sur l’intensité perçue de ta douleur, tu vas pouvoir réduire cette intensité à 4.

Voyant que mon client fronçait les sourcils, et supposant qu’il avait des difficultés à aller plus loin dans l’expérimentation de ses compétences, j’avais commencé à faire des suggestions pour l’aider. Il a fini par ouvrir les yeux, agacés.

– Namir, tu me soûles.

Ce fut l’occasion d’un sacré apprentissage.

Pour mon client, passer de 8 à 6 était une véritable victoire, et il ne voyait aucun intérêt à aller plus loin dans ces tests d’anesthésie. C’est à moi que cela ne suffisait pas. Je répondais sans le savoir à un injonction inscrite à l’encre indélébile sur mes carnets de correspondance, et qui avait fini par se graver dans mon subconscient :

Peut mieux faire.

Souvent, au lieu d’être au service de nos clients, nous sommes juste au service des nôtres. Et ces attentes trop élevées, deviennent, si nous n’y prêtons pas attention,  un frein à l’évolution de nos clients. Et c’’est aussi la plupart du temps ce qui nous fait ressentir la pression, et la peur de l’échec, et que nous appelons syndrôme de l’imposteur, ou sentiment d’illégitimité.

En voulant faire baisser le niveau d’anesthésie de mon client pour satisfaire MON niveau d’exigence, j’avais suscité en lui une réaction, qui s’est révélée être au cœur de sa problématique : son opposition systématique à toute demande d’effort lorsqu’il la percevait comme une injonction extérieure. Comme nous avions construit un bon rapport (il ne se serait peut-être pas permis de me dire “tu me soûles” si ce n’était pas le cas), nous avons alors pu saisir ensemble l’occasion de cette transe interrompue pour travailler sur sa problématique.

Voila pourquoi aujourd’hui, quand certaines suggestions ne passent pas chez mes clients, je ne cherche plus à les contourner par des évocations. Je préfère les questionner.

Depuis, dans mon approche de praticien, j’ai adopté 3 règles de base :

 

RÈGLE 1
Fais confiance à ton client.
S’il est impliqué, et qu’il se sent en confiance, il fera toujours de son mieux.

 

RÈGLE 2
Propose lui un pacte super clair dans lequel il est l’acteur principal.
Explique lui ce qu’est la transe, ce que tu attends de lui pendant la séance (suivre tes instructions, être actif et engagé, et s’exprimer dès que ça lui convient pas) et vérifie
qu’il est vraiment engagé.

 

RÈGLE 3
Laisse le chercher son chemin de transe.
Une fois que vous êtes ok pour aller dans la même direction, fais des suggestions simples, et laisse le chercher par lui-même. Aucune des tes suggestions ne sera plus efficace que celles qu’il décide de se faire à lui-même.

Et surtout, fais attention à ne JAMAIS avoir plus d’attentes que ton client.

 

Développer avec notre client un rapport d’adulte à adulte, et l’aider à découvrir de quoi il est capable par lui-même favorisera sa responsabilisation et son autonomie. Et cela enlèvera au praticien cette pression énorme qu’est la peur de l’échec de l’induction.

Mais se défaire des attentes a un coût. Cela implique de savoir se taire à certains moments, de ne rien faire, au risque de se sentir inutile, et d’accepter de n’être parfois que de simples prétextes, ou circonstances favorables à l’évolution de nos clients. C’est facile à dire. Beaucoup plus dur à incarner. Parce que l’inaction et l’attente peuvent activer des peurs profondes.

Nous les masquons derrière des mots nobles comme besoin d’aider, bienveillance, posture basse, bonne volonté ou une certaine proactivité. En creusant un peu, on pourrait y trouver la manifestation de notre besoin de contrôle, de toute puissance, ou l’expression de notre désir d’importance et de reconnaissance.

Aujourd’hui, à chaque fois que j’accompagne un client je fais très attention à ne pas avoir plus d’attentes que lui, en me posant cette question  :

Est-ce que je veux plus que lui qu’il change ?

Chaque fois que je ressens que c’est le cas, et cela arrive encore, je laisse passer quelques secondes pour revenir à une position plus curieuse et confiante envers mon client.

Se défaire de ses attentes excessives réconcilie avec le plaisr de l’hypnose et transforme les accompagnements. On laisse plus de place à nos clients qui prennent la responsabilité de leur changement.
Moins spectaculaire, moins valorisant pour l’ego, mais le héros n’est pas le praticien.

J’espère que cet article t’a été utile. N’hésite pas à me partager ce que tu en as retenu, en quoi il t’a inspiré, ou comment tu te positionnes différemment.

 

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Faut-il tuer l’enfant intérieur ?

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La boucle hypnotique

 

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J160 - Le droit à la détresse

« Quoi ? vous vous séparez, mais comment est ce possible ? Je n’arrive pas à y croire… On vous a toujours vus comme un couple modèle. »   C’est fou cette tendance que l’on a à idéaliser la vie des autres. A…

J159 - Te montrer vraiment

J’ai peur de déplaire. C’est une des propositions sur lesquelles nous avons écrit lors du précédent cercle. Commencer ton texte par cette phrase, et partir ensuite pour 10 minutes de flow ininterrompu, ça te fait partir…

J158 - T'es con, ou tu le fais exprès ?

- Mais enfin, t’es idiot ou tu le fais exprès ? J’ai 12 ans. Et Mme Burchill, ma prof de biologie nous emmène en forêt observer la nature, nous donnant comme devoir de la décrire. J'aperçois une araignée dont…

 

 

Parmi les enseignements de l’Advaita Vedanta, dispensés par le maitre hindou Sri Nisargaddata Maharaj figurent les principes suivants :

– Remets toujours tout en question.

– Pour savoir qui tu es, commence par savoir qui tu n’es pas.

– Tout ce que tu crois être, tu ne l’es pas

Par exemple, tu peux commencer par compléter la phrase suivante.

Je suis…

Et noter les 10 premières réponses qui te viennent.

Je suis Namir
Je suis un homme
Je suis égyptien
Je suis le fils de mes parents
Je suis père
Je suis sensible
Je suis à l’écoute
Je suis insécure
Je suis anxieux
Je suis seul

Tu auras ainsi la liste de tout ce que tu crois être. C’est à dire, selon le maître Maharaj, tout ce que tu n’es pas.

Avant d’aller plus loin, je t’invite à prendre une feuille et un crayon, et tester.
Écris tes réponses en étant le plus sincère, et le plus vrai possible. Ça ne te prendra pas plus de deux minutes.

Évidemment toutes ces affirmations te semblent vraies. C’est normal. C’est pour cela que notre mental est là : nous rassurer en nous raccrochant aux branches de l’arbre de l’illusion, et éviter le chaos originel.

Prenons un exemple simple.

Je suis Namir

Est ce que c’est vrai ? Première réponse : oui,evidemment.

Namir est un prénom que mes parents ont associé a mon être, et qui à force de répétitions s’est ancré à mon identité.

Stephen Wolinsky propose une approche simple pour t’amener à rencontrer l’espace intérieur depuis lequel ces affirmations n’apparaissent ni comme ni vraies, ni comme fausses.
Son approche consiste à te reposer plusieurs fois la même question en boucle, de façon hypnotique, pour t’aider à être pleinement immergé dans l’expérience, et rencontrer cet endroit en toi, ou tu ne peux plus répondre a cette question.

Ce n’est pas un jeu de l’esprit, ni une démarche intellectuelle ou ludique. C’est une expérience physique, organique.

– Qui es tu ?

– Je suis un homme.

– Maintenant, en faisant abstraction de tes pensées, de tes croyances, de tes souvenirs, de tes émotions, de tes associations, de tes perceptions, de tes attentions et de ton intention, es tu un homme, une femme, ou ni l’un ni l’autre ?

Imagine cette question posée en boucle sur chacune de tes réponses. A un moment tu te retrouves devant le bug. Le blank. L’impression d’une porte qui s’ouvre vers l’inconnu.  C’est vertigineux d’être incapable de répondre à la question de ton prénom, de ton identité sexuelle, et de tous les fondements de ton identité.

Et quand toutes les affirmations que tu as sur toi, s’effritent, s’effondrent, et ne font soudain plus sens, devine ce qu’il reste, une fois que tu as écarté tout cela.

Rien.

C’est à dire Toi.

Pas le « toi », qui est le miroir du « moi je », mais le « toi », qui parvient à traverser le mur du vide, de la peur, et du chaos. Le toi, que Nisargadatta appelle le « Je suis » ou le « non verbal I am » (je ne sais pas comment traduire ce concept)

Je t’invite à jeter un œil à ce pdf gratuit de Stephen Wolinsky qui risque de te retourner le cerveau, si tant est qu’il existe un sens dans lequel il y ait un endroit, et un envers :

http://stephenhwolinskyphdlibrary.com/downloads/Reflections%20of%20the%20Absolute.pdf

Poser une même question en boucle pendant 10 minutes, sans lâcher ton client, est un principe inductif puissant en soi. Il te fait bugger, te déstabilise, t’aide à prendre conscience de tes mécanismes et stratégies de défense, pour mieux te connaître.

En général, les premières réponses que tu donnes à une question sont celles que tu crois vraies. Mais le fait que l’on te repose la même question à nouveau, va t’amener à creuser encore plus, aller plus loin, parfois dans des endroits inconnus de toi.

Jusqu’à prendre conscience par toi-même, et sans recadrage extérieur, des histoires que tu te racontes sur toi-même. Et puis, c’est aussi une expérience libératrice de constater que ce que tu n’es pas en insécurité quand tu te retrouves face à la confusion, au silence, ou a l’incapacité de répondre à une question.

Tu peux utiliser le principe de la boucle inductive, sut tout un tas de questions. Je t’en propose quelques unes que je trouve particulièrement intéressantes à explorer :

Qui es tu vraiment au fond ?

Quel être sexuel es tu ?

Comment caches-tu tes peurs ?

Qu’est ce que tu ne peux pas abandonner ?

Qu’est ce que tu ne peux pas dire ?

Qu’est ce que tu n’entends pas ?

Qu’est ce que tu ne dois pas oublier ?

Qu’est ce que tu n’aimerais pas qu’on sache de toi ?

Tu peux prendre chacune de ces questions et partir sur une boucle hypnotique de dix minutes. Tu peux évidemment faire cet exercice seul. Ou en duo avec un binôme de confiance. Ce qui est intéressant dans cet exercice, c’est que la manière dont tu réponds à la question, est parfois déjà la réponse

Récemment, par exemple, je faisais l’exercice avec un ami. Je lui ai demandé, en boucle :

Comment caches tu tes peurs ?

Il s’est alors mis a réfléchir, pour chercher une réponse intelligente à la question. Après plusieurs réponses intelligentes, il s’est rendu compte de ce qu’il était en train de faire : chercher des réponses intelligentes, était un de ses moyens de cacher ses peurs.

Quand il a pris conscience de cela, il a ri.

Et quand à nouveau je lui ai reposé la question, il a pris conscience que son rire était aussi un moyen de cacher ses peurs.

A partir du moment ou tu arrives a percevoir tes mécanisme, tu peux t’en dissocier, et en devenir l’observateur. Et c’est sacrément éclairant quand tu commences à te rendre compte par toi même comment tu fonctionnes, et que tu t’approches un peu plus de qui tu es vraiment.

Même si le maitre Maharaj te répondrait :

Chaque fois que tu crois avoir trouvé une réponse, tu n’as rien trouvé,

Tout ce que tu crois être, tu ne l’es pas.

 

 

 

 

 





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Quand je me suis formé à l’hypnothérapie, j’ai découvert un protocole qui a révolutionné ma pratique de l’accompagnement : la régression hypnotique et le travail avec l’enfant intérieur.

QUELQUES PRÉCISIONS AVANT D’ALLER PLUS LOIN

Prenons le cas d’un enfant maltraité par une mère qui le frappe lorsqu’il a des mauvaises notes.

Souvent, malgré la souffrance que les parents leur infligent, les enfants leur restent très attachés. Cet enfant va peut-être même développer des croyances du type : « Si ma mère me frappe quand j’ai des mauvaises notes, c’est parce qu’elle m’aime. » Il y a alors une confusion qui va se créer chez lui entre l’amour, et la relation violente que son parent entretient avec lui.

Plus tard, cet enfant pourra peut-être croire, à un niveau inconscient, que pour maintenir un lien d’amour avec sa mère, il devra, par loyauté, échouer (avoir de mauvaises notes). Il se retrouvera alors à avoir des stratégies d’échecs et d’auto-sabotage, sans réellement comprendre pourquoi.

Et probablement que cela aura aussi une incidence sur sa relation amoureuse, où il se retrouvera parfois à intégrer le rôle de sa propre mère maltraitante.

Alors, lorsque ce client, devenu adulte, viendra consulter un thérapeute, il lui dira peut-être que son problème, c’est qu’il souffre dans sa relation de couple, sans être forcément conscient de tout le contenu souterrain qui génère sa problématique.

C’est là ou le praticien fera appel à des outils comme la régression hypnotique pour faire émerger la problématique.

 

RETOUR VERS LE FUTUR

Le travail en régression consiste à faire voyager le client dans son passé, pour lui faire rencontrer une version de lui plus jeune, généralement un enfant, souvent blessé ou bloqué dans une souffrance, pour dialoguer avec lui, en prendre soin, le rassurer, se réconcilier avec lui, ou être rassuré par lui.

Dans le cas cité ci dessus, le client pourra par exemple rencontrer l’enfant qui n’a pas appris à faire la distinction entre « être aimé de maman » et « échouer » pour lui transmettre un nouvel apprentissage, qui l’aidera à revisiter en profondeur le sens qu’il donne à l’amour.

J’ai longtemps privilégié le travail en régression avec mes clients. Il donnait souvent lieu à des larmes de libération, et je constatai avec un réel émerveillement comment la réconciliation du client avec cet enfant intérieur apportait beaucoup de bien-être qui se traduisait par des changements réels dans la vie présente du client, et son interaction avec le monde et les autres.

Du moins, c’est ce que je croyais.

Bien sûr, il arrivait que dans certains cas, cet enfant intérieur ait des comportements très étranges envers le client, ou que certains clients résistaient à cette réconciliation, cela était plutôt l’exception.

LA DÉFLAGRATION QUI A TOUT REMIS EN QUESTION

Un jour, j’ai découvert un livre de Stephen Wolinsky qui est venu littéralement dynamiter mes croyances sur l’accompagnement, et remettre en question le travail que je faisais jusque là avec l’enfant intérieur.

Stephen Wolinsky dans son ouvrage «The dark side of the inner child » : la face sombre de l’enfant intérieur propose une définition intéressante de ce que l’on appelle communément « enfant intérieur »

Selon lui, l’humain dans sa posture d’adulte la plus éveillée adopte face au monde et à lui-même une position d’observateur. C’est cet observateur – on pourrait dire la version la plus sage de nous – qui crée la réalité subjective interne que vit la personne.

Parfois cet observateur est confronté à un évènement traumatique, il a alors une réaction.

Et c’est cette réaction que Wolinsky appelle : l’enfant intérieur.

Pour le dire autrement, notre système nerveux central, qui a pour mission d’organiser le chaos, crée dans un contexte de menace, une identité : celle de l’enfant intérieur, qui est la stratégie de notre système nerveux pour affronter la vie, quand l’environnement, ou la famille est dysfonctionnelle.

Cet identité nommée “enfant intérieur” (et qui peut-être considérée comme un ensemble de mécanismes de défenses) se réactivera alors dans des situations similaires.

Un peu comme un mauvais rêve dans lequel l’adulte observateur s’endort pour laisser place à un film dans lequel il rejoue en boucle la même scène, sans être capable d’en sortir.

Et dans ce film, l’observateur endormi, fusionne avec cette image de l’enfant intérieur. Il croit alors que l’enfant intérieur et lui ne font qu’un.

LA TRANSE EST LE PROBLÈME

Si je reprends l’exemple d’un enfant victime de violence parentale : pour survivre et supporter cet environnement insécure, son mécanisme de défense (que Wolinsky appelle la transe de l’enfant intérieur) sera d’apprendre à se dissocier de la douleur physique. Et de son corps.

Il va développer un état hypnotique pour fuir la réalité. C’est cela que Wolinsky nomme transe.

Une fois cette transe de l’enfant intérieur mise en pilote automatique, l’enfant se retrouvera souvent, une fois devenu adulte, à rêvasser, à se déconnecter de ses émotions, ou à être absent de ses relations affectives.

Dans ces moments, l’adulte est “hypnotisé” par l’enfant intérieur, qui a pris le contrôle sur lui, et cherche à lui faire éviter de vivre le sentiment de menace, auquel il a essayé d’échapper enfant.

Cette réactivation automatique de la transe est l’expression d’une stratégie qui maintient l’adulte prisonnier d’un ancien système de croyances. Et ce système n’est peut-être plus du tout adapté à l’environnement et au contexte présent de l’adulte.

Wolinsky va plus loin que ça dans sa réflexion. Il affirme que s’identifier à l’enfant, qui a été créé pour résister au chaos, peut difficilement faire autre chose que de créer encore plus de chaos dans notre univers subjectif, et dans le monde extérieur.

Car cet enfant intérieur nous prive de notre vraie nature. Nous ne sommes pas cet enfant, mais bien les créateurs, ou du moins les observateurs de cet enfant.

Voilà pourquoi, selon lui, nous devons apprendre à dire au revoir à cet enfant intérieur, et travailler de manière adulte en acceptant le chaos (l’état de confusion ) :  en étant capables de vivre des situations, vécues jusqu’alors comme intolérables, sans recréer automatiquement la transe de l’enfant intérieur.

LES ÉTAPES CLÉS DU CHANGEMENT

En régression hypnotique, voilà ce qui se passe généralement quand on amène le client à rencontrer l’enfant intérieur.

Cette rencontre à deux objectifs :

  • Rassurer l’enfant. L’aider à se sentir plus en sécurité. En lui disant :  » Je te vois, je t’entends, et c’est terrible ce que tu as vécu. » Pour qu’il y ait une reconnaissance de sa souffrance.
  • Aider le client adulte à se dés-identifier de l’enfant, en créant une prise de distance. Car à partir du moment où le client est  capable de dialoguer avec  cet enfant, il n’est plus l’enfant.  Il est l’adulte qui regarde l’enfant. Il commence à retrouver sa position, d’observateur.

Réveiller l’observateur permet ainsi de se libérer de l’enfant intérieur blessé qui vous hypnotise.

Jusqu’alors, dans mon travail avec l’enfant intérieur, je m’étais arrêté à la première étape. Le livre de Wolinsky m’avait alors amené à prendre conscience que mon travail maintenait, d’une certaine manière, encore le client dans son problème.

NE DIS RIEN À PERSONNE

Yasmine, une de mes clientes, s’était un jour sentie agressée, lorsque son mari avait convoqué, sans la prévenir, la femme de ménage.

Elle avait besoin d’être seule ce jour-là, et s’était retrouvée avec cette présence non voulue dans la maison.

Elle a alors ressenti une grande angoisse. Selon ses mots, elle s’était sentie envahie par la présence de cette femme de ménage, incapable de lui demander de s’en aller, ou de revenir un autre jour.

J’ai cru percevoir ici les signes d’un épisode traumatique. Paralysée dans une souffrance, mêlant sentiment d’intrusion, violence, colère contre son mari qui avait oublié de la prévenir, je lui ai demandé ce qui l’avait empêché de demander à la femme de ménage de revenir plus tard.

– Ça ne se fait pas. Cette femme de ménage est pauvre, et a besoin de gagner sa vie. Je n’ai pas le droit de lui demander quoi que ce soit. Mon attitude aurait été très égoïste et puérile, comme une petite fille capricieuse et privilégiée.

– Très égoïste et puérile ? Comme une petite fille capricieuse et privilégiée ? Et à votre avis, comme ça, sans réfléchir, quelle âge elle pourrait avoir, cette petite fille…..

– Euh…. Je ne sais pas…. 6 ans…. (les yeux de la cliente s’écarquillent, sa respiration se bloque)

– Yasmine, vous êtes où, là ? Qu’est ce qu’il se passe pour vous ?

Yasmine était partie dans une régression spontanée. Elle s’est retrouvée dans sa maison d’enfance. Agée de 6 ans. Un de ses oncles était rentré à l’improviste dans sa maison, alors que ses parents étaient absents, et l’avait agressée sexuellement. En lui répétant cette phrase

– Surtout, ne dis rien à personne. Sinon il t’arrivera malheur.

Yasmine, avait tout de même eu le courage de raconter cet épisode à sa mère. Celle-ci l’avait alors traitée de menteuse, et sévèrement réprimandée.

Ma cliente face à la femme de ménage, n’était plus dans sa posture d’adulte. Son observateur intérieur avait fusionné avec l’identité de cette petite fille terrorisée et impuissante face à l’intrusion de son oncle, à la suggestion post-hypnotique de l’agresseur, et à la réaction de sa mère.

Aider un client à réveiller son observateur endormi, lui permettra de prendre du recul, et de l’aider à se reconstruire, en apportant d’autres perspectives au chaos qu’a vécu l’enfant. Un autre regard. Une autre compréhension. D’autres ressources. Et probablement aussi d’autres interprétations de l’histoire.

Généralement, cela permet un nouveau dialogue entre l’enfant intérieur et l’adulte.

Et une nouvelle configuration d’équipe, dans laquelle il n’y a plus de prise de pouvoir de l’enfant paniqué. L’enfant est rassuré, et se sent un peu plus en paix, car il n’est plus prisonnier en boucle de la situation traumatique.

LA SOLUTION RADICALE À TOUS VOS PROBLÈMES

Mais rappelons nous que, pour Wolinsky, l’existence même de cet enfant intérieur est l’expression d’une réaction traumatique. Il ne serait donc pas illogique de considérer qu’une des étapes de la thérapie consisterait à aider cet enfant intérieur a disparaître.

C’est ce qu’à un jour essayé un de mes collègues thérapeute, et de façon radicale.

Il avait une angoisse à accepter les compliments, et des problématiques de honte liées à un épisode traumatique de l’enfance.

– Et si on le butait, cet enfant intérieur ?
Vu qu’il est l’expression du problème, si on bute ce fils de p…, il devrait plus y avoir de problème.

Et c’est ce qu’il a fait.

Lors d’une séance d’hypnose, il a donc décidé de tuer son enfant intérieur, en lien avec cet événement traumatique. La scène ressemble à celle d’un film d’horreur.

Un massacre. En bonne et due forme. Avec rituel. Démembrement du corps. Incinération. Funérailles.

Et bye bye, l’enfant intérieur.

A l’issue de cette séance, mon collègue est parti jubilant et heureux. Avec le sentiment d’avoir accompli un grand changement dans sa vie.
Il ne restait plus qu’à voir, comment sa problématique allait évoluer désormais.

Deux semaines après la séance, mon collègue était de retour furieux.

-Il est revenu.

-Qu’est ce qui est revenu ?

-Ce fils de p….. Il est même pas mort. Et j’arrive toujours pas à accepter les compliments !

Nous en étions arrivé à une conclusion simple. L’enfant intérieur ne meure pas aussi facilement.

Et soudain, l’image d’un film a refait surface dans mon esprit.

LA SOLUTION EST TOUJOURS DANS LES FILMS

A un moment dans le film E.T. de Steven Spielberg, l’extra-terrestre est sur le point de mourir. Eliott le petit garçon est prêt à tout pour le sauver.

Et il comprend alors que le seul moyen de sauver E.T., c’est de l’aider à rentrer chez lui, à quitter la terre, car ce n’est pas sa place, pour rejoindre sa planète.

Elliott sauve E.T. en l’aidant à partir à jamais. Et par la même occasion, Elliott meure à lui-même, laissant partir cette part d’enfance, pour entrer dans le monde des grands.

Peut-être en est-il de même pour l’enfant intérieur. Le meilleur moyen de s’en occuper, c’est de lui donner envie de partir.

Certains parents protègent tellement leurs enfants qu’ils ne les aident pas vraiment à à se détacher. Je me souviens d’un roman terrible de Boris Vian, intitulé « l’herbe rouge » ou une mère finissait pas enfermer son enfant dans une cage aseptisée pour le protéger des microbes. Et il finissait par en mourir.

Aimer les enfants, c’est peut-être leur donner les ressources dont ils ont besoin, pour grandir, devenir autonomes, et qu’il se décident par eux-même à partir.

Est-ce que l’aimer pourrait être une solution ?

Accompagner l’enfant intérieur, non pas pour le garder auprès de nous. Juste pour lui donner envie de grandir, et qu’il parte de lui-même.

Qu’il réalise que nous n’avons plus besoin de lui, et qu’il est suffisamment en sécurité pour vivre sa vie. Pendant que nous retrouvons notre position d’adulte observateur.

Il restera, une fois l’enfant intérieur parti, à se demander comment gérer l’espace vacant.

UNE NOUVELLE PERSPECTIVE RÉJOUISSANTE

Lorsque j’ai compris qu’avec mes clients, j’abordais le travail en régression dans l’optique de relier l’adulte et l’enfant, la ou Wolinsky suggérer de les délier, ça m’a foutu une sacrée claque.

Et une sacrée leçon aussi.

Depuis, je travaille différemment avec les régressions.
Et j’ai de bons résultats.

Et je constate souvent chez mes clients des larmes de libération, et je suis heureux de les aider à aller vers un bien-être.

Et cela ne marche pas avec tous mes clients. Il y a toujours des exceptions, pas vrai ?

LA DÉCOUVERTE LA PLUS IMPORTANTE

Tu sais, ce que j’ai le plus appris, grâce à Wolinsky ?

Au delà même de la question de l’enfant intérieur. C’est à quel point ce livre, en remettant en question ma vision de l’accompagnement, et des principes que je tenais pour vrais et efficaces, a activé des mécanismes de défense très forts chez moi.

J’y ai d’abord résisté de manière radicale, redoutant le chaos et l’effondrement.

Avant de le tester, de l’accepter, et le tenir pour vrai aujourd’hui.

Cela m’a permis d’apprendre, que ce que je crois vrai aujourd’hui, sera sans doute infirmé demain.

Alors, si toi aussi, tu as tendance à rechercher la sécurité de théories solides dans tes accompagnements, et que cela t’amène parfois, sans même t’en rendre compte, à forcer la réalité à s’adapter a ton système de croyances, à enchaîner les formations pour découvrir de nouveaux protocoles, demande toi si cela n’est pas justement une transe de ton enfant intérieur qui lutte contre la peur du chaos.

Ce n’est pas tant l’enfant intérieur qu’il faut tuer. Le titre est sans doute provocateur. Mais notre besoin de nous accrocher un peu trop à des théories, et des visions attirantes, et à chercher à leur donner raison coûte que coûte, au détriment de cette matière insaisissable qu’on appelle réalité.

Et tu n’es vraiment pas obligé de me croire.

Un bon remède à cela, c’est de t’entraîner à remettre en question tes certitudes. Tu peux par exemple discuter avec une personne dont tu ne partages pas du tout les croyances, et qui t’irrite, et te demander en quoi elle a plus raison que toi, ou du moins autant.

C’est un effort. Ça gratte. C’est difficile.

Comme c’est difficile de parfois se taire quand on est persuadé d’avoir raison.

Dans mon quotidien, j’utilise l’écriture créative comme une hygiène pour apprendre à développer un état d’esprit flexible, et m’entrainer à remettre en question mes certitudes, en particulier celles qui se trouvent dans mon angle mort  (cet article pourrait t’intéresser), c’est à dire invisibles à mes yeux.

C’est ce que je transmets dans tous mes stages, et que j’essaye de mettre en application dans mon blog, et mes articles.

Voila pourquoi ile me parait important, quand tu as une théorie qui fonctionne, d’avoir toujours en tète qu’elle n’est qu’une grille de lecture, imparfaite. Comme nous.

N’hésite pas à me faire part de tes réactions : tes commentaires m’aident à faire vivre ce blog. Parfois même, de nos échanges pourra naître un article.

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J160 - Le droit à la détresse

« Quoi ? vous vous séparez, mais comment est ce possible ? Je n’arrive pas à y croire… On vous a toujours vus comme un couple modèle. »   C’est fou cette tendance que l’on a à idéaliser la vie des autres. A…

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J158 - T'es con, ou tu le fais exprès ?

- Mais enfin, t’es idiot ou tu le fais exprès ? J’ai 12 ans. Et Mme Burchill, ma prof de biologie nous emmène en forêt observer la nature, nous donnant comme devoir de la décrire. J'aperçois une araignée dont…

Version texte

Les thérapeutes sont des gens comme les autres. Ils font pipi, caca, prennent des douches et ont aussi des problèmes. Et ils vont même voir des thérapeutes pour essayer d’aller mieux.

Le contraire serait inquiétant, non ?

T’imagine acheter ta viande chez un boucher vegan, toi ?

Ah, bah non, je suis con, t’es peut-être vegan toi aussi. 

Si les clients croient que leurs thérapeutes, leurs superviseurs, ou leurs enseignants sont des gens géniaux, c’est un peu leur problème. Je veux dire par là, qu’ils projettent souvent sur ces derniers leurs problématiques de perfection, d’idéalisation. Ils configurent leurs thérapeutes, ou leurs formateurs en quelque sorte. Et ces derniers, se laissent configurer, parfois sans s’en rendre compte. C’est à se demander qui est l’hypnotiseur, et qui est l’hypnotisé.

Et en tant que thérapeutes, ou formateurs, on finit par jouer un jeu qui nourrit le problème de nos clients. Alors, s’ils continuent à croire que leurs thérapeutes, ou leurs formateurs sont des gens extraordinaires, c’est peut-être aussi NOTRE problème.

Un jour, une de mes collègues en cabinet a été prise d’un malaise devant une cliente très chic. Elle a essayé de continuer la séance, malgré son malaise, et a fini par vomir partout dans le cabinet. C’est sa cliente qui a du appeler les urgences.

Trois semaines plus tard, la cliente (appelons la Antoinette ) revient, toute discrète, pour une nouvelle séance avec ma collègue, (appelons la Mercedes, pour que tout roule mieux) qui était sacrément mal à l’aise.

ANTOINETTE
Vous savez, notre séance de la dernière fois…

MERCEDES
Mmh, oui, oui je me souviens

ANTOINETTE
Et ben… je ne sais pas comment vous dire mais….. j’étais venue vous voir parce que vous m’aviez été recommandée par des gens très compétents….

MERCEDES (ne sachant plus où se garer)
Ah…

ANTOINETTE
Pour être tout à fait franche, et au risque de vous heurter….. et bien, cette séance m’a fait…. beaucoup de bien !

MERCEDES
De me voir vomir, me ridiculiser, et m’écrouler comme une… passez moi l’expression…. comme une m… ?

ANTOINETTE
J’étais venue à cause de conflits avec mes collègues. J’ai toujours besoin de tout contrôler. Et j’ai besoin de lâcher prise. Alors, quand je vous ai vu…. comment dire… tout lâcher…. Je me suis dit qu’en fait, même à vous, ça pouvait arriver….

La cliente et la thérapeute ont ri.

MERCEDES (ne perdant pas le nord)
Mince, j’aurais du vous faire payer la séance alors !

Vous savez comment on fait pour reconnaitre le client du thérapeute, en séance ?
C’est simple : l
e client, c’est celui qui paye.

Nos clients ont les mêmes problèmes que nous. Ou plutôt nous avons les mêmes problèmes qu’eux. Nous bataillons avec le contrôle et l’abandon, l’impuissance et la toute puissance, la clarté et la confusion, la construction et la destruction, le désir et la frustration, la compétence et l’incompétence, la réussite et l’échec.

Quand, dans notre langage verbal, nous suggérons à nos clients de s’accepter tels qu’ils sont, alors que nous  ne n’acceptons pas nous même, ni nos zones floues, on envoie à nos clients deux suggestions paradoxales. Et souvent, cela finit par créer de la confusion.

On pourrait imaginer alors qu’une posture juste, serait d’assumer d’être parfait ET imparfait. Clair ET confus. Parfois perdu et démuni. Et parfois perspicace et pédagogue. C’est peut-être cette permission d’exposer notre dualité qui est thérapeutique pour nos clients, ou nos stagiaires.

C’est un vrai enjeu pédagogique de ne pas se faire hypnotiser par les attentes de nos clients, ou de nos stagiaires, lorsqu’ils nous renvoient une image sacrément flatteuse.

Si on n’y fait pas attention, cela crée des enjeux de pression, des deux côtés. Pour nous, qui nous forçons à nous conformer à cette image.  Et chez eux,  cela peut aboutir parfois avec des stagiaires qui ressortent de leur cursus, paniqués en se disant  » Je ne serai jamais au niveau de mon formateur, je suis illégitime », et qui se mettent à enchainer d’autres formations, par peur de se lancer.

Quel thérapeute aimerait que son client devienne dépendant de lui ?

Et bien, parfois, c’est ce que nous faisons.

Donc comment faire pour trouver une position juste ?

Certes, développer notre expertise est essentiel. Nous remettre en question, pratiquer, travailler sur soi et gagner en expérience nous aide à évoluer.

Mais se sentir légitime, c’est peut-être aussi savoir reconnaitre avec humilité nos propres limites, et les assumer en séance.

J’avoue que cela a été un chemin difficile pour moi de me retrouver en séance, devant un client, et d’accepter de ne pas savoir quoi dire. Et de le lui exprimer

NAMIR
Vous m’avez donné beaucoup d’informations…. Et là, je me sens un peu confus… je vais prendre quelques instants pour intégrer ce que vous m’avez dit… et revenir vers vous, quand j’y verrais plus clair.

C’est pas tant de le dire qui est difficile. Mais de le faire. La première fois que j’ai voulu expérimenter cette posture, j’ai tenu 10 secondes. A la fin, j’étais toujours aussi confus. Je n’y voyais rien. La clarté devait être coincée dans les embouteillages.

Sauf que 10 secondes d’attente, c’est long. Ça laisse le temps à la panique, à l’impatience, et à la peur, de se réveiller en sursaut ! Ce fut plus fort que moi, j’ai repris la parole, et par la même occasion le rôle du thérapeute qui fait semblant de comprendre son client et de savoir où il va.

Bah voila, j’ai pas réussi a incarner ce que je voulais être.

Je suis allé voir mon thérapeute pour lui demander de l’aide.

NAMIR
Alors, pendant ce silence, c’était comme un océan agité dans ma tête… il était vert, mais y avait des canaris fumés qui dansaient dans mon coeur, et …. Vous voyez ce que je veux dire ?

THÉRAPEUTE
Non, je comprends pas grand-chose. Mais c’est pas grave. Je vous écoute.

NAMIR
Comment ça vous me comprenez pas ? C’est important ce que je vous dis.

THÉRAPEUTE
Vous savez si je devais essayer de comprendre tous mes clients, je deviendrai aussi tordu qu’eux. Et puis honnêtement, c’est beaucoup plus relaxant d’écouter.

NAMIR
Donc, en gros, je vous paye pour faire le paresseux ?

THÉRAPEUTE (riant)
Ce qui m’importe, Namir c’est  surtout de savoir ce qui se passe pour vous, là, quand vous me dites ça?

NAMIR
Euh… que c’est important pour moi de me sentir compris

THÉRAPEUTE
J’entends que c’est important. Et dans votre corps là, il se passe quoi  quand vous vous sentez pas compris ?

NAMIR
Hein ? Dans mon quoi ?

Notre travail est allé toucher une peur de la confusion, qui avait des racines profondes dans mon histoire personnelle.

Avec mes clients, j’ai continué à tester cette posture. Chaque seconde gagnée dans le silence et l’acceptation de la perdition face à mes clients, était vécue comme une petite victoire. Cela m’a permis progressivement de gagner en confiance en moi, et d’apprendre à laisser ma confusion s’exprimer.

Une fois, je suis resté comme ça pendant presque deux minutes, à essayer de retrouver de la clarté dans mon esprit,  face à la confusion que mon client apportait  et qui créait de la confusion chez moi aussi). je cherchais à faire le lien entre les différents sujets que mon client m’apportait.

Rien ne venait. L’angoisse que ce silence dure trop longtemps est venue. Je l’ai accueillie, et j’ai laissé durer. Et c’est finalement mon client qui a interrompu le silence.

CLIENT
Vous savez, Namir, je crois que dans tout ce que j’ai évoqué avec vous, ça parle de la même chose : je crois que j’ai du mal à accepter la frustration….

Vous savez comment on reconnait le client du thérapeute ?
Nan, je l’ai déjà fait celle là.

Ça recadre pas mal, quand tu comprends que c’est peut-être quand tu laisses l’espace à tes imperfections, enfin, à  ton authenticité, que le client trouve lui aussi l’espace de ses solutions.
Et c’est beaucoup plus reposant.

Certains stagiaires s’étonnent parfois en formation quand je leur réponds  “Je  ne sais pas ». Ils s’imaginent que c’est stratégique. Ben non, c’est juste que je sais vraiment pas.

Alors, si toi aussi, tu te sens limité dans ton métier par ton besoin de montrer que tu maitrises tout, et que tu te mets trop de pression, demande-toi comment tu peux t’entrainer tous les jours à être à l’aise avec ce que, pour l’instant, tu n’oses pas montrer de toi : la perte de contrôle, l’impuissance, l’échec, la confusion, et tout ce qui fait inévitablement partie de chacun de nous.

Trouve-toi un espace, individuel ou collectif, dans lequel tu es suffisamment en  sécurité pour t’exposer, et t’habituer à ce qui est inconfortable pour toi. C’est un point sur lequel j’insiste beaucoup dans mes stages d’écriture, parce que je trouve que l’écriture créative est un des outils qui ouvre le mieux cet espace.

Avec de la patience, tu trouveras comment être plus authentique et plus vrai.
Et aussi plus inspirant .

 


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