Namir, en arabe signifie à la fois le petit tigre, et l’eau pure.
Je te partage ici un texte  écrit dans un contexte particulier, puisqu’il a vu le jour pendant le précédent cercle d’écriture au coin du feu. J’en profite pour te rappeler que ces cercles sont gratuits et ouverts à toutes et à tous. Tu y es le/la bienvenu(e).

Version audio

 

Version texte

Petit tigre,

Je voudrais te parler de la langue des humains,
tu sais, celle que tu ne comprends pas
Tous ces bruits qui n’ont aucun sens pour toi
Toi, tu ressens juste les vibrations
des ondes qui te réchauffent le cœur,
et d’autres qui font trembler ton petit ventre

A force de les entendre,
tu y apprendras ton prénom
Et tu adopteras le langage des humains,
qui distinguent terrien, et t’es rien

Mais n’oublie pas petit Tigre,
ces fréquences qui ont fait vibrer ton Coeur
et te donnaient des frissons

N’oublie pas ta langue d’origine, petit Tigre
Celle qui a commencé par un cri.
Souviens toi aussi,
que tu as commencé
par ne rien comprendre
et c’était effrayant.

Les mots deviendront ta maison, petit Tigre
Une barque de fortune dans l’océan permanent
et les barques restent à la surface

Ta vraie maison n’est pas celles des mots.

Tu sais, petit Tigre,
une fois, j’ai fait un voyage,
là où les mots n’existent pas
C’était beau.
Et ça faisait peur.

Quoi donc, me diras-tu  ?

Je ne sais pas
je sais juste que j’ai pleuré.

J’ai voulu comprendre,
et puis j’ai lâché.
Je me suis abandonné
Et j’ai pleuré encore plus.

Tout ce que j’arrivais à répéter,
Dans mon besoin de parler,
C’était trois mots :
c’était beau.

Tu sais, dans l’océan, des gens se sont noyés.
ils se sont battus, épuisés, contre les vagues.
C’était plus fort qu’eux,
ils savaient qu’ils ne survivraient pas
Mais n’ont pas dit:

“ Tant pis, je laisse tomber. Je coule »
ou
 » Allez, je laisse les requins me manger »

Jusqu’à leur dernier souffle de vie, ils se sont battus
Tu sais pourquoi, petit Tigre ?
Moi pas.

Je fais ce rêve parfois d’un grand Tigre
qui me poursuit,
et je cours pour retarder
le moment où il va me dévorer.

Inévitablement, il va me rattraper
mais je cours quand même
sans me retourner
sans le regarder

Chez nous, petit Tigre,
même si le combat est perdu d’avance,
on tient

Et quand le noyé, à bout de forces, abandonne,
il y a un dernier souffle,
Mais avant,
il y a la souffrance physique,
cette terrifiante asphyxie,
l’air qui te manque,
t
on corps qui devient violet,
tes yeux exorbités,
tes veines qui se gonflent
et cette sensation désagréable
d
e tes poumons pleins d’eau

C ‘est comme un glissement
Et pfouuuu,
Tu passes de l’autre coté
du mur de la peur
Tu redeviens, petit Tigre

Ton corps sait ce qu’il a à faire,
pour t’emmener vers le pays sans mots.
Et c’est très beau.

Tu le sais déjà, pas vrai ?
Mais la peur de la souffrance
Te l’a fait oublier

Moi aussi, j’ai oublié
le kaléidoscope de couleurs, de sensations
ces algorithmes partout
et ce mouvement permanent
ou rien ne fait sens, et tout fait sens.
T
out change de forme sans arrêt.
Et c’est beau

Une fois, en sortant du ventre de ma mère,
je suis mort
on m’a enterré.
J’ai oublié les kaléidoscopes,
pour découvrir le froid, l’unité et la séparation

Chez les chrétiens,
on parle de la parousie.
La fin des temps.
Le retour du Christ.
L’apocalypse.

Elle a été annoncée maintes fois,
L’an mil, on y a cru
A l’an deux mille, encore.

On attend toujours

Un jour, j’ai dit à un prêtre

“Il a menti Jésus.
Il a dit qu’il reviendrait après la fin des temps
et nous a lâché”

« Le Christ est déjà revenu,
il y a 2000 ans.
La fin des temps,
nous y sommes en ce moment. »
C’est ce que m’a répondu le prêtre

J’ai pas tout compris

Sommes nous vivants, ou morts ?

Petit Tigre,
Ta langue n’est pas celle des mots
Bientôt tu grandiras,
et tu oublieras quelque chose d’essentiel

Quelque chose qui ne se dit pas,
Et pourtant qui est la,
tout le temps
Dans le silence,
dans la clarté,
d
ans l’invisible.

Et c’est putain de beau
Quand tu acceptes enfin
d’être un terrien qui ne sait rien.

 

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Version texte

Quand je me suis formé à l’hypnothérapie, j’ai découvert un protocole qui a révolutionné ma pratique de l’accompagnement : la régression hypnotique et le travail avec l’enfant intérieur.

QUELQUES PRÉCISIONS AVANT D’ALLER PLUS LOIN

Prenons le cas d’un enfant maltraité par une mère qui le frappe lorsqu’il a des mauvaises notes.

Souvent, malgré la souffrance que les parents leur infligent, les enfants leur restent très attachés. Cet enfant va peut-être même développer des croyances du type : « Si ma mère me frappe quand j’ai des mauvaises notes, c’est parce qu’elle m’aime. » Il y a alors une confusion qui va se créer chez lui entre l’amour, et la relation violente que son parent entretient avec lui.

Plus tard, cet enfant pourra peut-être croire, à un niveau inconscient, que pour maintenir un lien d’amour avec sa mère, il devra, par loyauté, échouer (avoir de mauvaises notes). Il se retrouvera alors à avoir des stratégies d’échecs et d’auto-sabotage, sans réellement comprendre pourquoi.

Et probablement que cela aura aussi une incidence sur sa relation amoureuse, où il se retrouvera parfois à intégrer le rôle de sa propre mère maltraitante.

Alors, lorsque ce client, devenu adulte, viendra consulter un thérapeute, il lui dira peut-être que son problème, c’est qu’il souffre dans sa relation de couple, sans être forcément conscient de tout le contenu souterrain qui génère sa problématique.

C’est là ou le praticien fera appel à des outils comme la régression hypnotique pour faire émerger la problématique.

 

RETOUR VERS LE FUTUR

Le travail en régression consiste à faire voyager le client dans son passé, pour lui faire rencontrer une version de lui plus jeune, généralement un enfant, souvent blessé ou bloqué dans une souffrance, pour dialoguer avec lui, en prendre soin, le rassurer, se réconcilier avec lui, ou être rassuré par lui.

Dans le cas cité ci dessus, le client pourra par exemple rencontrer l’enfant qui n’a pas appris à faire la distinction entre « être aimé de maman » et « échouer » pour lui transmettre un nouvel apprentissage, qui l’aidera à revisiter en profondeur le sens qu’il donne à l’amour.

J’ai longtemps privilégié le travail en régression avec mes clients. Il donnait souvent lieu à des larmes de libération, et je constatai avec un réel émerveillement comment la réconciliation du client avec cet enfant intérieur apportait beaucoup de bien-être qui se traduisait par des changements réels dans la vie présente du client, et son interaction avec le monde et les autres.

Du moins, c’est ce que je croyais.

Bien sûr, il arrivait que dans certains cas, cet enfant intérieur ait des comportements très étranges envers le client, ou que certains clients résistaient à cette réconciliation, cela était plutôt l’exception.

LA DÉFLAGRATION QUI A TOUT REMIS EN QUESTION

Un jour, j’ai découvert un livre de Stephen Wolinsky qui est venu littéralement dynamiter mes croyances sur l’accompagnement, et remettre en question le travail que je faisais jusque là avec l’enfant intérieur.

Stephen Wolinsky dans son ouvrage «The dark side of the inner child » : la face sombre de l’enfant intérieur propose une définition intéressante de ce que l’on appelle communément « enfant intérieur »

Selon lui, l’humain dans sa posture d’adulte la plus éveillée adopte face au monde et à lui-même une position d’observateur. C’est cet observateur – on pourrait dire la version la plus sage de nous – qui crée la réalité subjective interne que vit la personne.

Parfois cet observateur est confronté à un évènement traumatique, il a alors une réaction.

Et c’est cette réaction que Wolinsky appelle : l’enfant intérieur.

Pour le dire autrement, notre système nerveux central, qui a pour mission d’organiser le chaos, crée dans un contexte de menace, une identité : celle de l’enfant intérieur, qui est la stratégie de notre système nerveux pour affronter la vie, quand l’environnement, ou la famille est dysfonctionnelle.

Cet identité nommée “enfant intérieur” (et qui peut-être considérée comme un ensemble de mécanismes de défenses) se réactivera alors dans des situations similaires.

Un peu comme un mauvais rêve dans lequel l’adulte observateur s’endort pour laisser place à un film dans lequel il rejoue en boucle la même scène, sans être capable d’en sortir.

Et dans ce film, l’observateur endormi, fusionne avec cette image de l’enfant intérieur. Il croit alors que l’enfant intérieur et lui ne font qu’un.

LA TRANSE EST LE PROBLÈME

Si je reprends l’exemple d’un enfant victime de violence parentale : pour survivre et supporter cet environnement insécure, son mécanisme de défense (que Wolinsky appelle la transe de l’enfant intérieur) sera d’apprendre à se dissocier de la douleur physique. Et de son corps.

Il va développer un état hypnotique pour fuir la réalité. C’est cela que Wolinsky nomme transe.

Une fois cette transe de l’enfant intérieur mise en pilote automatique, l’enfant se retrouvera souvent, une fois devenu adulte, à rêvasser, à se déconnecter de ses émotions, ou à être absent de ses relations affectives.

Dans ces moments, l’adulte est “hypnotisé” par l’enfant intérieur, qui a pris le contrôle sur lui, et cherche à lui faire éviter de vivre le sentiment de menace, auquel il a essayé d’échapper enfant.

Cette réactivation automatique de la transe est l’expression d’une stratégie qui maintient l’adulte prisonnier d’un ancien système de croyances. Et ce système n’est peut-être plus du tout adapté à l’environnement et au contexte présent de l’adulte.

Wolinsky va plus loin que ça dans sa réflexion. Il affirme que s’identifier à l’enfant, qui a été créé pour résister au chaos, peut difficilement faire autre chose que de créer encore plus de chaos dans notre univers subjectif, et dans le monde extérieur.

Car cet enfant intérieur nous prive de notre vraie nature. Nous ne sommes pas cet enfant, mais bien les créateurs, ou du moins les observateurs de cet enfant.

Voilà pourquoi, selon lui, nous devons apprendre à dire au revoir à cet enfant intérieur, et travailler de manière adulte en acceptant le chaos (l’état de confusion ) :  en étant capables de vivre des situations, vécues jusqu’alors comme intolérables, sans recréer automatiquement la transe de l’enfant intérieur.

LES ÉTAPES CLÉS DU CHANGEMENT

En régression hypnotique, voilà ce qui se passe généralement quand on amène le client à rencontrer l’enfant intérieur.

Cette rencontre à deux objectifs :

  • Rassurer l’enfant. L’aider à se sentir plus en sécurité. En lui disant :  » Je te vois, je t’entends, et c’est terrible ce que tu as vécu. » Pour qu’il y ait une reconnaissance de sa souffrance.
  • Aider le client adulte à se dés-identifier de l’enfant, en créant une prise de distance. Car à partir du moment où le client est  capable de dialoguer avec  cet enfant, il n’est plus l’enfant.  Il est l’adulte qui regarde l’enfant. Il commence à retrouver sa position, d’observateur.

Réveiller l’observateur permet ainsi de se libérer de l’enfant intérieur blessé qui vous hypnotise.

Jusqu’alors, dans mon travail avec l’enfant intérieur, je m’étais arrêté à la première étape. Le livre de Wolinsky m’avait alors amené à prendre conscience que mon travail maintenait, d’une certaine manière, encore le client dans son problème.

NE DIS RIEN À PERSONNE

Yasmine, une de mes clientes, s’était un jour sentie agressée, lorsque son mari avait convoqué, sans la prévenir, la femme de ménage.

Elle avait besoin d’être seule ce jour-là, et s’était retrouvée avec cette présence non voulue dans la maison.

Elle a alors ressenti une grande angoisse. Selon ses mots, elle s’était sentie envahie par la présence de cette femme de ménage, incapable de lui demander de s’en aller, ou de revenir un autre jour.

J’ai cru percevoir ici les signes d’un épisode traumatique. Paralysée dans une souffrance, mêlant sentiment d’intrusion, violence, colère contre son mari qui avait oublié de la prévenir, je lui ai demandé ce qui l’avait empêché de demander à la femme de ménage de revenir plus tard.

– Ça ne se fait pas. Cette femme de ménage est pauvre, et a besoin de gagner sa vie. Je n’ai pas le droit de lui demander quoi que ce soit. Mon attitude aurait été très égoïste et puérile, comme une petite fille capricieuse et privilégiée.

– Très égoïste et puérile ? Comme une petite fille capricieuse et privilégiée ? Et à votre avis, comme ça, sans réfléchir, quelle âge elle pourrait avoir, cette petite fille…..

– Euh…. Je ne sais pas…. 6 ans…. (les yeux de la cliente s’écarquillent, sa respiration se bloque)

– Yasmine, vous êtes où, là ? Qu’est ce qu’il se passe pour vous ?

Yasmine était partie dans une régression spontanée. Elle s’est retrouvée dans sa maison d’enfance. Agée de 6 ans. Un de ses oncles était rentré à l’improviste dans sa maison, alors que ses parents étaient absents, et l’avait agressée sexuellement. En lui répétant cette phrase

– Surtout, ne dis rien à personne. Sinon il t’arrivera malheur.

Yasmine, avait tout de même eu le courage de raconter cet épisode à sa mère. Celle-ci l’avait alors traitée de menteuse, et sévèrement réprimandée.

Ma cliente face à la femme de ménage, n’était plus dans sa posture d’adulte. Son observateur intérieur avait fusionné avec l’identité de cette petite fille terrorisée et impuissante face à l’intrusion de son oncle, à la suggestion post-hypnotique de l’agresseur, et à la réaction de sa mère.

Aider un client à réveiller son observateur endormi, lui permettra de prendre du recul, et de l’aider à se reconstruire, en apportant d’autres perspectives au chaos qu’a vécu l’enfant. Un autre regard. Une autre compréhension. D’autres ressources. Et probablement aussi d’autres interprétations de l’histoire.

Généralement, cela permet un nouveau dialogue entre l’enfant intérieur et l’adulte.

Et une nouvelle configuration d’équipe, dans laquelle il n’y a plus de prise de pouvoir de l’enfant paniqué. L’enfant est rassuré, et se sent un peu plus en paix, car il n’est plus prisonnier en boucle de la situation traumatique.

LA SOLUTION RADICALE À TOUS VOS PROBLÈMES

Mais rappelons nous que, pour Wolinsky, l’existence même de cet enfant intérieur est l’expression d’une réaction traumatique. Il ne serait donc pas illogique de considérer qu’une des étapes de la thérapie consisterait à aider cet enfant intérieur a disparaître.

C’est ce qu’à un jour essayé un de mes collègues thérapeute, et de façon radicale.

Il avait une angoisse à accepter les compliments, et des problématiques de honte liées à un épisode traumatique de l’enfance.

– Et si on le butait, cet enfant intérieur ?
Vu qu’il est l’expression du problème, si on bute ce fils de p…, il devrait plus y avoir de problème.

Et c’est ce qu’il a fait.

Lors d’une séance d’hypnose, il a donc décidé de tuer son enfant intérieur, en lien avec cet événement traumatique. La scène ressemble à celle d’un film d’horreur.

Un massacre. En bonne et due forme. Avec rituel. Démembrement du corps. Incinération. Funérailles.

Et bye bye, l’enfant intérieur.

A l’issue de cette séance, mon collègue est parti jubilant et heureux. Avec le sentiment d’avoir accompli un grand changement dans sa vie.
Il ne restait plus qu’à voir, comment sa problématique allait évoluer désormais.

Deux semaines après la séance, mon collègue était de retour furieux.

-Il est revenu.

-Qu’est ce qui est revenu ?

-Ce fils de p….. Il est même pas mort. Et j’arrive toujours pas à accepter les compliments !

Nous en étions arrivé à une conclusion simple. L’enfant intérieur ne meure pas aussi facilement.

Et soudain, l’image d’un film a refait surface dans mon esprit.

LA SOLUTION EST TOUJOURS DANS LES FILMS

A un moment dans le film E.T. de Steven Spielberg, l’extra-terrestre est sur le point de mourir. Eliott le petit garçon est prêt à tout pour le sauver.

Et il comprend alors que le seul moyen de sauver E.T., c’est de l’aider à rentrer chez lui, à quitter la terre, car ce n’est pas sa place, pour rejoindre sa planète.

Elliott sauve E.T. en l’aidant à partir à jamais. Et par la même occasion, Elliott meure à lui-même, laissant partir cette part d’enfance, pour entrer dans le monde des grands.

Peut-être en est-il de même pour l’enfant intérieur. Le meilleur moyen de s’en occuper, c’est de lui donner envie de partir.

Certains parents protègent tellement leurs enfants qu’ils ne les aident pas vraiment à à se détacher. Je me souviens d’un roman terrible de Boris Vian, intitulé « l’herbe rouge » ou une mère finissait pas enfermer son enfant dans une cage aseptisée pour le protéger des microbes. Et il finissait par en mourir.

Aimer les enfants, c’est peut-être leur donner les ressources dont ils ont besoin, pour grandir, devenir autonomes, et qu’il se décident par eux-même à partir.

Est-ce que l’aimer pourrait être une solution ?

Accompagner l’enfant intérieur, non pas pour le garder auprès de nous. Juste pour lui donner envie de grandir, et qu’il parte de lui-même.

Qu’il réalise que nous n’avons plus besoin de lui, et qu’il est suffisamment en sécurité pour vivre sa vie. Pendant que nous retrouvons notre position d’adulte observateur.

Il restera, une fois l’enfant intérieur parti, à se demander comment gérer l’espace vacant.

UNE NOUVELLE PERSPECTIVE RÉJOUISSANTE

Lorsque j’ai compris qu’avec mes clients, j’abordais le travail en régression dans l’optique de relier l’adulte et l’enfant, la ou Wolinsky suggérer de les délier, ça m’a foutu une sacrée claque.

Et une sacrée leçon aussi.

Depuis, je travaille différemment avec les régressions.
Et j’ai de bons résultats.

Et je constate souvent chez mes clients des larmes de libération, et je suis heureux de les aider à aller vers un bien-être.

Et cela ne marche pas avec tous mes clients. Il y a toujours des exceptions, pas vrai ?

LA DÉCOUVERTE LA PLUS IMPORTANTE

Tu sais, ce que j’ai le plus appris, grâce à Wolinsky ?

Au delà même de la question de l’enfant intérieur. C’est à quel point ce livre, en remettant en question ma vision de l’accompagnement, et des principes que je tenais pour vrais et efficaces, a activé des mécanismes de défense très forts chez moi.

J’y ai d’abord résisté de manière radicale, redoutant le chaos et l’effondrement.

Avant de le tester, de l’accepter, et le tenir pour vrai aujourd’hui.

Cela m’a permis d’apprendre, que ce que je crois vrai aujourd’hui, sera sans doute infirmé demain.

Alors, si toi aussi, tu as tendance à rechercher la sécurité de théories solides dans tes accompagnements, et que cela t’amène parfois, sans même t’en rendre compte, à forcer la réalité à s’adapter a ton système de croyances, à enchaîner les formations pour découvrir de nouveaux protocoles, demande toi si cela n’est pas justement une transe de ton enfant intérieur qui lutte contre la peur du chaos.

Ce n’est pas tant l’enfant intérieur qu’il faut tuer. Le titre est sans doute provocateur. Mais notre besoin de nous accrocher un peu trop à des théories, et des visions attirantes, et à chercher à leur donner raison coûte que coûte, au détriment de cette matière insaisissable qu’on appelle réalité.

Et tu n’es vraiment pas obligé de me croire.

Un bon remède à cela, c’est de t’entraîner à remettre en question tes certitudes. Tu peux par exemple discuter avec une personne dont tu ne partages pas du tout les croyances, et qui t’irrite, et te demander en quoi elle a plus raison que toi, ou du moins autant.

C’est un effort. Ça gratte. C’est difficile.

Comme c’est difficile de parfois se taire quand on est persuadé d’avoir raison.

Dans mon quotidien, j’utilise l’écriture créative comme une hygiène pour apprendre à développer un état d’esprit flexible, et m’entrainer à remettre en question mes certitudes, en particulier celles qui se trouvent dans mon angle mort  (cet article pourrait t’intéresser), c’est à dire invisibles à mes yeux.

C’est ce que je transmets dans tous mes stages, et que j’essaye de mettre en application dans mon blog, et mes articles.

Voila pourquoi ile me parait important, quand tu as une théorie qui fonctionne, d’avoir toujours en tète qu’elle n’est qu’une grille de lecture, imparfaite. Comme nous.

N’hésite pas à me faire part de tes réactions : tes commentaires m’aident à faire vivre ce blog. Parfois même, de nos échanges pourra naître un article.

Et soutiens moi en partageant l’article que tu as préféré dans tes réseaux.

Et si tu veux explorer à ton tour l’écriture, jette un oeil à  Inspirateur – mon programme en ligne.

J160 - Le droit à la détresse

« Quoi ? vous vous séparez, mais comment est ce possible ? Je n’arrive pas à y croire… On vous a toujours vus comme un couple modèle. »   C’est fou cette tendance que l’on a à idéaliser la vie des autres. A…

J159 - Te montrer vraiment

J’ai peur de déplaire. C’est une des propositions sur lesquelles nous avons écrit lors du précédent cercle. Commencer ton texte par cette phrase, et partir ensuite pour 10 minutes de flow ininterrompu, ça te fait partir…

J158 - T'es con, ou tu le fais exprès ?

- Mais enfin, t’es idiot ou tu le fais exprès ? J’ai 12 ans. Et Mme Burchill, ma prof de biologie nous emmène en forêt observer la nature, nous donnant comme devoir de la décrire. J'aperçois une araignée dont…

 

Version texte

Dans un de mes précédents articles (Qui a mangé mon perroquet ? )  j’évoquais la phrase de Bruno, qui m’avait retourné le cerveau. Et qui le retourne encore depuis deux mois.

Je m’étais promis d’écrire dessus, sans jamais réussir à trouver l’angle pour aborder ce sujet ô combien important, puisqu’il est est probablement à l’origine même de la création de ce blog.

Ce jour-là, Bruno avait exprimé qu’il ne savait pas ce que cela voulait dire aimer. Sa réflexion m’a amené à me questionner en profondeur sur mes relations, sur ma vie de couple, sur ce qui m’avait amené à me séparer.

Et aussi sur ma famille, et mon père.

J’en suis venu à me poser des questions comme :

– Ai-je aimé ma femme ? Est-ce que je l’aime encore ? Et elle  ?

– Mes parents m’ont-ils aimé ?

Comment le savoir ?

En fait, il aurait fallu que je leur demande.

 

 

Alors, hier, en écrivant mon article intitulé le voile d’oubli (dans lequel je raconte mon histoire d’amour avec Angelina Jolie, si tu me crois pas t’as qu’à lire l’article),  j’ai pensé à une question, qui aurait pu changer le cours de ma vie, si je me l’étais posée plus tôt.

Parce que, soyons honnêtes, définir l’amour, c’est chaud. Mais il y a une question plus simple que tu peux te poser.

T’es prêt ?

Et bien, la voila :

Hey, X,  comment tu sais que je t’aime ?

Cette question, tu pourrais la poser à ton conjoint, à ton père, à ta mère, à tes amis, à tes enfants, à tous les gens que tu aimes en fait.

Mais il y a un truc encore plus intéressant à faire avec cette question.

C’est de pas la poser.

Et d’y répondre toi-même, en te mettant à la place de ton conjoint, de ton père, de ta mère, de tes amis, de tes enfants, de tous les gens que tu aimes en fait.

En gros, tu pourrais  la formuler ainsi :

A ton avis, que répondrait X (ton père, ton conjoint, ta fille) si tu lui demandais, comment tu sais que je t’aime ?

 Cela va t’obliger a aller à des endroits où tu n’es peut-être jamais allé, et prendre conscience d’un truc de dingue : tu ne connais pas les critères de l’amour des gens que tu aimes.

Avant que tu ailles plus loin dans cette exploration explosive, je voudrais te parler d’un livre que j’ai lu récemment, et que j’aurais aimé découvrir des années plus tôt. Il s’agit des Langages de l’amour de Gary Chapman.

Je suis pas très fan du coté moraliste du livre, mais l’idée de base est super intéressante :

Pour Gary, on a chacun notre manière d’aimer et de nous sentir aimé.

Pour savoir laquelle est la tienne, je t’invite à répondre à ces deux questions :

1 – Comment tu sais que tu es aimé  (par X ou par Y) ?

2 – Comment tu sais que tu aimes (X ou Y) ?

Avant de lire la suite, je t’invite vraiment à prendre une feuille et un crayon et  plancher une bonne dizaine de minutes pour y répondre.

Gary Chapman dénombre 5 manières différentes de te sentir aimé :

  1. Les paroles valorisantes
    (Tout ce qui est de l’ordre de l’appréciation, compliment, encouragement)
  2. Les moments de qualité
    (Ces instants où tu te sens écouté très attentivement, où l’autre te fait sentir à quel point tu es important. Ces espaces de présence sacrée qui te sortent de ta routine, et où l’autre se rend disponible a 100%)
  3. Les cadeaux
    (Peu importe leur valeur, c’est vraiment le geste de recevoir quelque chose, une carte postale, un dessin, une fleur, ….)
  4. Les services rendus
    (Ton pote qui propose de venir t’aider à emménager, ton conjoint qui fait la vaisselle, les courses, passe l’aspirateur, ou lave ton linge, si ce sont des choses importantes pour toi)
  5. Le contact physique
    ( Quand pour toi le mot je t’aime fait moins d’effet qu’un main posée délicatement sur ton visage, qu’un baiser dans ton cou, ou qu’une étreinte)

L’idée du livre, c’est que chacun a une manière dominante de se sentir aimé. Peut-être arrives-tu déjà à percevoir la tienne. Si ce n’est pas encore le cas, tu peux te demander  :

Qu’est ce qui me blesse le plus ou me met le plus en colère chez mon conjoint, ou mon parent ?

Tu pourras ainsi d’identifier ce qui est important pour toi.

Par exemple, si tu as toujours eu du mal à supporter les critiques de ta femme, et que cela te met en colère que, malgré tes efforts, elle pointe surtout ce qui ne va pas, il est probable que ta colère exprime justement ce qui te manque le plus pour te sentir aimé. Ici, probablement des paroles valorisantes.

La lecture de ce livre m’a permis de clarifier une des sources d’incompréhension les plus importantes dans mon couple : nous n’avions pas les mêmes critères pour nous sentir aimé, ma femme et moi. Et surtout, nous ignorions quels étaient nos critères respectifs.

Par exemple, parce que j’accorde beaucoup d’importance aux paroles valorisantes, et aux moments de qualité, j’ai essayé d’offrir à ma famille de la disponibilité et de la qualité de présence. En revanche, n’aimant pas spécialement les cadeaux et les services, qui ne faisaient pas partie de mon langage prioritaire de l’amour, et qui me coutaient beaucoup d’énergie, j’en faisais peu. C’est ce qui fait que mes parents depuis petit, m’ont traité d’égoïste qui ne pense qu’à lui.

Je n’étais pas égoïste. C’est juste que pour moi, aimer, c’était écouter, passer du temps, avoir des gestes tendres Des câlins. Être content de retrouver des gens, apres une absence.

Pour ma femme, faire des cadeaux et rendre des services est essentiel. Elle m’en faisait souvent, exprimant ainsi son amour. Et négligeant les paroles valorisantes dont j’avais besoin.

Résultat : je ne me sentais pas aimé à la hauteur de mes attentes. Et elle non plus. Nous ne nous manifestions pas l’amour de la façon dont l’autre l’attend.

Aimer, c’est peut être tout simplement la force qui te pousse à rejoindre l’autre dans son langage de l’amour, quitte à choisir de faire ce qui n’est pas naturel ou agréable pour toi.
Mais cela nécessite d’abord que tu connaisses les langages de l’amour de tes proches.

C’est ce qui m’a donné envie de jouer à ce jeu.

Alors, à ton avis, que répondrait ta maman  si tu lui demandais, comment tu sais que je t’aime ?

Oh la vache…

Moi, je crois que je n’en sais fichtre rien.

C’est flippant de se rendre compte qu’on ne sait pas répondre à cette question.

Et, toi papa, qu’est ce que tu répondrais, si je te posais la question ?
Tu me dirais, parce que tu es mon fils, et c’est tout

Et toi, mon fils, comment tu sais que je t’aime ?
J’imagine que tu me répondrais que c’est parce que je joue au foot ou à la Switch avec toi.

Et toi, ma fille, comment tu le sais ?
J’imagine que tu me répondrais que ma question, elle est gênante en fait, et tu botterais en touche.

Bah oui, elle est gênante. Mais le plus gênant, c’est que je ne sais pas répondre. Je ne connais pas vos critères de l’amour. Et je ne suis pas sûr de connaitre les miens.

Tiens, d’ailleurs, Maman  comment JE sais que je t’aime ?

Facile. Je sais que je t’aime parce que j’aime bien rire avec toi. Que je suis heureux de te retrouver après un voyage. J’aime bien parler avec toi de chose inutiles, et de t’écouter me raconteur des anecdotes de ton village. Je suis gourmand de connaitre ton histoire.
Enfin, je l’étais.

 

Et toi papa, comment je sais que JE t’aime

Oh, c’est dur. Je sais que je t’aime, parce que je suis triste de te voir souffrir. Et que si je pouvais faire un truc pour te rendre heureux, même si ça me coutais je le ferais . Si tu me demandais un truc chiant, je le ferais aussi.
Je sais aussi que je t’aime parce que je souffre encore terriblement que tu ne m’aies pas dit je t’aime, que tu ne m’aies pas fait assez de compliments, que tu ne m’aies pas serré dans tes bras.

 

Et vous les enfants, comment je le sais que je vous aime?

Parce que je souris en pensant a vous. Que je m’émerveille de vous voir grandir. Que j’aime vous écouter me parler de choses que je ne connais pas. Et me faire découvrir des chanteurs que pour rien au monde, j’aurais eu envie d’écouter.

Alors, si toi aussi, tu veux explorer tes critères de l’amour, avant d’aller poser la question aux gens que tu aimes, commence par  répondre en essayant de te mettre à leur place.

Mesure donc bien le niveau de ton ignorance sur un sujet aussi fondamental. Ensuite compare tes réponses avec les leurs.
Je pense que vous aurez de belles soirées d’échange en perspective.

Et s’il te plait, n’oublie pas de partager tout cela dans tes commentaires, et de me dire ce que tu en as retiré et appris.

Parce que, c’est aussi en te lisant et t’écoutant, que je me sens aimé.

 

 

 

N’hésite pas à me faire part de tes réactions : tes commentaires m’aident à faire vivre ce blog. Parfois même, de nos échanges pourra naître un article.

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J’ai une question à te poser. Une question simple. C’est une question que j’aurais aimé qu’on me pose des années plus tôt. Je pense qu’elle aurait changé ma vie de couple. Et peut-être ma vie tout court.

Si j’oublie de te la poser, avant la fin de cet article, rappelle-le moi, s’il te plait.

Parce que pour moi, c’est le bazar, en ce moment.

Une relation qui se termine.

Le fantôme de ma mère dont la disparition me hante encore.

Mon père qui décline dans sa maison de retraite.

L’appartement de mes parents, avec son mobilier et ses bibelots à ne savoir qu’en faire.

La perspective d’entrer dans le monde des papas célibataires et divorcés.

Cette cinquième décennie de ma vie, que je quitte bientôt, avec mon ventre qui s’épaissit, mes cheveux qui se font la malle : je dois bien l’admettre : je vieillis.

Et ça m’amène à me poser plein de questions sur la vie, le désir. Et l’amour.

 

Un jour, je suis tombé amoureux de Margaux. En tout cas, c’est comme ça que je lui ai présenté mon désir de pousser plus loin la relation amicale que nous avions.

Elle était belle, blonde, pétillante et dynamique.

Et  elle m’a dit

– Ben, non, Namir. Je t’aime beaucoup. Mais comme un ami.

Déjà que pour moi, me déclarer c’est ouvrir un cœur saignant.

Et bien, le « non », c’est comme un coup de couteau dans ce cœur saignant. Ça fait tellement mal, que c’est parfois plus simple de ne pas l’entendre ce « non », et de s’inventer des fictions :

– Elle n’a pas vraiment dit non.

– Peut-être qu’elle pense oui, mais qu’elle le sait pas encore.

– Et si elle pense pas oui, peut-être que…. ça viendra.

– Patience. Un jour elle m’aimera.

– Tiens, tu vois, aujourd’hui, elle m’a appelé trois fois.

Parce que chez moi, non, c’est pas non. Le consentement, tout ça, j’ai jamais vraiment appris.

Quand on ne t’a pas autorisé enfant à exprimer ton « non, » et à ne pas l’écouter, quand malgré tout, tu l’exprimais, c’est pas évident pour toi d’entendre celui des autres.

Alors, j’ai continué à fréquenter Margaux, à rester ami avec elle, en me racontant que rien que sa présence et son amitié étaient un cadeau, et que c’était mieux que le vide et le manque. En fait, secrètement, j’avais l’espoir qu’elle finisse un jour par me dire oui, et que nos corps, enfin, s’étreignent.

Ah les fictions !

Cette capacité géniale de l’humain à vouloir créer un monde qui s’accorde à tes désirs. C’est sympa pour faire des films.

Mais dans la vie, c’est une source de souffrance permanente. Et le pire, c’est que tu t’y complais.

Parce que la seule autre alternative que tu vois, elle te fait mourir de peur.

Alors, oui, quand je partageais des moments avec Margaux, c’était intense. Et j’avais tellement envie que ça dure plus longtemps, que lorsqu’on se quittait, ça générait une frustration encore plus intense que le plaisir de partager du temps avec elle.

Quand tu manques, mec, tu manques.

Un peu comme dans cette misérable chanson:

« Laisse moi devenir l’ombre de ton ombre,
l’ombre de ta main,
l’ombre de ton chien »

 

L’autre alternative, c’est quoi ?

Accepter la souffrance, et faire le deuil.

Pas le deuil de mon désir. Celui-là, il a le droit de vivre. (Même si je sais pas toujours pas comment l’accueillir). Mais le deuil de la fiction.

Accepter le rejet et la frustration, et que le monde ne te réponde pas oui tout le temps.

Accepter la séparation originelle. Même si, cette séparation est peut-être, elle aussi une fiction. Mais c’est un autre sujet. Ou pas.

En tout cas, j’ai continué à attendre que le désir de Margaux envers moi change.

La source de la joie se trouve peut-être de l’autre côté de cet évitement de la souffrance, quand enfin tu apprends à accorder tes désirs au monde dans lequel tu vis.

Ce qui est est.

Si elle ne t’aime pas, alors, c’est la seule réalité qui existe.

Gère ta frustration. Accepte le.

Et grandis.

Ben non.

J’en étais pas là du tout.

Comme Arturo Bandini, dans  « demande à la poussière », j’étais le héros de mes nuits, le poinçonneur de mes fantasmes.

«  Un jour, tu verras, Margaux, que tu es passé à côté d’un type génial. Tu pleureras en te disant : comment j’ai pu passer a coté de lui. J’étais aveugle. Namir est l’homme de ma vie.  »

Oui, je suis du genre à me faire ces délires.

J’ai rêvé, fantasmé, et j’ai entraîné mon imagination à inventer pleins d’histoires. Et puis, comme dirait Léo : avec le temps.…

 

On est restés copains avec Margaux.

J’ai gardé mon désir dans la poche droite de mon pantalon.

On est même partis en vacances ensemble, à l’étranger, avec elle, mon meilleur pote, et quatre autres filles, dont la suave Fiorentina, à la beauté saisissante.

Dans ce pays étranger, Margaux avait des comportements qui m’agaçaient, se plaignant de la qualité des chambres, du manque de confort, et de l’attitude des habitants de ce pays.

Et là, j’ai commencé à m’éloigner de Margaux. Le charme de sa beauté physique a commencé à s’estomper, laissant place à une forme d’agressivité croissante, et des moqueries cyniques. Je m’en voulais presque d’avoir pu tomber amoureux d’elle.

Et voilà que Margaux est venue vers moi, trouvant que j’étais un peu distant, et cherchant à créer du rapprochement. Et je ne sais pas pourquoi, plus elle essayait de se rapprocher, plus cela me mettait à distance.

Était-ce mon égo, d’avoir été rejeté qui se manifestait ? Ma frustration qui prenait une autre forme ?

La réalité est quand même bizarre des fois : au moment ou tu commences à accepter qu’elle te dise non, elle vire sa cutille, et vient te dire oui.

Je n’avais plus aucune attirance pour elle. L’enchantement était rompu. On n’a même pas fini les vacances ensemble. Notre groupe s’est splitté en deux.

Je ne l’ai plus revue.

Et cette histoire, s’est drapée d’un voile d’oubli, tandis que je me suis envolé, sur mon vaisseau spatial explorer d’autres fictions.

Ai-je aimé Margaux ?

Peut-être que ce que j’avais ressenti pour elle, était juste du désir, une attirance forte, que, dans ma confusion, j’avais appelée amour. Je ne sais toujours pas.

Et ce désir non entendu par elle, mais peut-être non entendu aussi par moi, s’était propagé comme un feu d’agressivité. Peut-être que c’était de l’amour.

Pour le savoir, il faudrait déjà définir ce qu’est l’amour.

Comme quand tu te sépares de ton conjoint, et que tu n’arrives plus à savoir clairement si tu l’aimes encore, si tu es attaché à lui, ou un peu des deux.

Ça aussi, ça crée de la confusion.

Tu vois, c’est tellement le bazar dans ma tête, que je ne sais même pas quelle fin donner à cet article.

Ni quelle porte il va bien ouvrir chez toi.

En attendant, j’aimerais te poser une question simple.

C’est une question que j’aurais aimé qu’on me pose des années plus tôt. Je pense qu’elle aurait changé ma vie de couple.

Et peut-être ma vie tout court. Comme tu t’en doutes, elle concerne l’amour.

Mais l’article du jour, est peut-être déjà assez long.

Et on n’est plus à jour près.

On s’en parle demain ?

 

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J’ai une théorie. Et elle est simple : On ne sait parler que de nous.

Parler de soi, ça ne veut pas seulement dire raconter ta vie. Je veux dire que tu le fais tout le temps : quand tu inventes des histoires, quand tu poses des questions pour comprendre autrui, quand tu contemples silencieusement la nature, ou même quand tu relates, en bon historien, la défaite de Samothrace. Tu parles de toi, chaque fois que tu exprimes, consciemment ou pas, ta manière de percevoir le monde

Par exemple, hier, mon pote Nader, me voyant frissonner, me demande

NADER
T’as froid. Tu veux que j’allume le chauffage ?

NAMIR
Non, non te t’inquiètes pas. Ça va aller.

NADER
Je ne m’inquiète pas. Je prête juste attention a toi.

NAMIR
Bah si, tu t’inquiètes.

Nader n’a pas cherché à me contredire. Ce n’est que plus tard dans la soirée, en repensant à cet échange, que je me suis senti un peu con. Nader ne s’inquiétait pas pour moi. Il me faisait confiance, et se souciait juste de mon bien-être.
Mais moi, j’étais incapable de faire la distinction entre  « prendre soin de quelqu’un », et « s’inquiéter pour lui ».

En lui disant « ne t’inquiètes pas », c’était juste moi qui, inquiet, projetais mes  inquiétudes et ma confusion sur lui.

Le monde n’est souvent que la surface sur laquelle tu projettes qui tu es, à travers tes peurs, tes désirs, ta vision, tes obsessions.

Imagine, un miroir fait de verre bleu : tout ce qu’il reflètera sera teinté de bleu. Le miroir pensera que le monde est bleu. Il ne peut pas se rendre compte que c’est lui qui le teinte ainsi, puisque la seule chose qu’il ne peut pas réfléchir, c’est son propre reflet.

Souvent je me demande si nous pouvons sortir de ces projections.

On peut bien sur s’entrainer à l’empathie, à essayer de comprendre les autres, à entrer dans leur monde, à développer des relations intimes avec les gens et être curieux de savoir comment ils fonctionnent, et percevoir leurs projections. Cela  élargira peut-être notre champ de vision, et nous aidera aussi à percevoir les nôtres.

Mais je crois que toute notre vie, nous resterons à la même fenêtre.

Dans mon blog, par exemple, je publie parfois des mini-fictions, écrites en une dizaine de minutes. En relisant l’une d’elles, j’ai réalisé à quel point j’y parlais de choses très personnelles, sans en avoir eu conscience. Je croyais que le seul moyen de me faire entendre, en étant vrai et juste, c’était de me raconter à la premier personne.

Mais parfois, il y a des choses que l’autobiographie ne permet pas. Pour des tas de raisons. Parce qu’elle met en jeu d’autres personnes, ou qu’elle peut avoir des conséquences réelles et concrète, sur la sécurité ou le bien-être de quelqu’un.

La fiction te permet de décrire plus justement une vérité que t’as du mal à voir sur toi même. L’espace de la fiction te donne la permission de ne plus contrôler ce que tu veux dire de toi, où la manière dont les autres pourraient te percevoir, pour enfin réussir à t’abandonner vraiment.

Comme il fait peur ce mot : s’abandonner.

Y en a qui lui préfèrent « lâcher prise ».

Oui, lâcher prise sur le cordon ombilical dont tu crois que ta vie dépend. Mais il est déjà mort, le cordon, petit. Tu peux toujours essayer de t’y accrocher, il n’y a plus rien de vivant, au bout.

Dans la fiction, tu peux t’autoriser à te projeter pleinement dans la peau d’autrui. Un autrui qui ne sera sans doute qu’une autre facette de toi, à la manière du Mme Bovary de Flaubert.

Peut-être que le but de la fiction après tout, c’est juste de réussir à te rencontrer, en disparaissant, en te projetant dans tes projections. Un autre moyen de percevoir ton reflet dans le miroir de la réalité.

A ton avis, à quoi ressemblerait le monde, si tu pouvais le voir sans rien projeter sur lui ?

Il serait  sans doute vertigineux. N’est ce pas cela que l’on appelle science-fiction ?

Alors, tu as beau te cacher, comme tu veux, choisir les costumes qui t’arrangent, ceux de la fiction,  de l’autobiographie, de l’imaginaire,  de la poésie, du journalisme, de l’objectivité scientifique ou de la rigueur historique, c’est bien toi que nous voyons à travers ce que tu exprimes.
Et tu es libre de résister à tout ce que tu viens de lire ici, en n’étant pas d’accord avec moi, y a rien de grave.

On t’aime comme tu es. Avec tes filtres, et tes projections.

Et on fera semblant de pas savoir que la seule chose que tu sais faire : c’est de parler de toi.

Mais peut-être que tout cela, ce ne sont que mes projections. Et t’es pas tenu d’être d’accord avec moi.

 

 

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Les thérapeutes sont des gens comme les autres. Ils font pipi, caca, prennent des douches et ont aussi des problèmes. Et ils vont même voir des thérapeutes pour essayer d’aller mieux.

Le contraire serait inquiétant, non ?

T’imagine acheter ta viande chez un boucher vegan, toi ?

Ah, bah non, je suis con, t’es peut-être vegan toi aussi. 

Si les clients croient que leurs thérapeutes, leurs superviseurs, ou leurs enseignants sont des gens géniaux, c’est un peu leur problème. Je veux dire par là, qu’ils projettent souvent sur ces derniers leurs problématiques de perfection, d’idéalisation. Ils configurent leurs thérapeutes, ou leurs formateurs en quelque sorte. Et ces derniers, se laissent configurer, parfois sans s’en rendre compte. C’est à se demander qui est l’hypnotiseur, et qui est l’hypnotisé.

Et en tant que thérapeutes, ou formateurs, on finit par jouer un jeu qui nourrit le problème de nos clients. Alors, s’ils continuent à croire que leurs thérapeutes, ou leurs formateurs sont des gens extraordinaires, c’est peut-être aussi NOTRE problème.

Un jour, une de mes collègues en cabinet a été prise d’un malaise devant une cliente très chic. Elle a essayé de continuer la séance, malgré son malaise, et a fini par vomir partout dans le cabinet. C’est sa cliente qui a du appeler les urgences.

Trois semaines plus tard, la cliente (appelons la Antoinette ) revient, toute discrète, pour une nouvelle séance avec ma collègue, (appelons la Mercedes, pour que tout roule mieux) qui était sacrément mal à l’aise.

ANTOINETTE
Vous savez, notre séance de la dernière fois…

MERCEDES
Mmh, oui, oui je me souviens

ANTOINETTE
Et ben… je ne sais pas comment vous dire mais….. j’étais venue vous voir parce que vous m’aviez été recommandée par des gens très compétents….

MERCEDES (ne sachant plus où se garer)
Ah…

ANTOINETTE
Pour être tout à fait franche, et au risque de vous heurter….. et bien, cette séance m’a fait…. beaucoup de bien !

MERCEDES
De me voir vomir, me ridiculiser, et m’écrouler comme une… passez moi l’expression…. comme une m… ?

ANTOINETTE
J’étais venue à cause de conflits avec mes collègues. J’ai toujours besoin de tout contrôler. Et j’ai besoin de lâcher prise. Alors, quand je vous ai vu…. comment dire… tout lâcher…. Je me suis dit qu’en fait, même à vous, ça pouvait arriver….

La cliente et la thérapeute ont ri.

MERCEDES (ne perdant pas le nord)
Mince, j’aurais du vous faire payer la séance alors !

Vous savez comment on fait pour reconnaitre le client du thérapeute, en séance ?
C’est simple : l
e client, c’est celui qui paye.

Nos clients ont les mêmes problèmes que nous. Ou plutôt nous avons les mêmes problèmes qu’eux. Nous bataillons avec le contrôle et l’abandon, l’impuissance et la toute puissance, la clarté et la confusion, la construction et la destruction, le désir et la frustration, la compétence et l’incompétence, la réussite et l’échec.

Quand, dans notre langage verbal, nous suggérons à nos clients de s’accepter tels qu’ils sont, alors que nous  ne n’acceptons pas nous même, ni nos zones floues, on envoie à nos clients deux suggestions paradoxales. Et souvent, cela finit par créer de la confusion.

On pourrait imaginer alors qu’une posture juste, serait d’assumer d’être parfait ET imparfait. Clair ET confus. Parfois perdu et démuni. Et parfois perspicace et pédagogue. C’est peut-être cette permission d’exposer notre dualité qui est thérapeutique pour nos clients, ou nos stagiaires.

C’est un vrai enjeu pédagogique de ne pas se faire hypnotiser par les attentes de nos clients, ou de nos stagiaires, lorsqu’ils nous renvoient une image sacrément flatteuse.

Si on n’y fait pas attention, cela crée des enjeux de pression, des deux côtés. Pour nous, qui nous forçons à nous conformer à cette image.  Et chez eux,  cela peut aboutir parfois avec des stagiaires qui ressortent de leur cursus, paniqués en se disant  » Je ne serai jamais au niveau de mon formateur, je suis illégitime », et qui se mettent à enchainer d’autres formations, par peur de se lancer.

Quel thérapeute aimerait que son client devienne dépendant de lui ?

Et bien, parfois, c’est ce que nous faisons.

Donc comment faire pour trouver une position juste ?

Certes, développer notre expertise est essentiel. Nous remettre en question, pratiquer, travailler sur soi et gagner en expérience nous aide à évoluer.

Mais se sentir légitime, c’est peut-être aussi savoir reconnaitre avec humilité nos propres limites, et les assumer en séance.

J’avoue que cela a été un chemin difficile pour moi de me retrouver en séance, devant un client, et d’accepter de ne pas savoir quoi dire. Et de le lui exprimer

NAMIR
Vous m’avez donné beaucoup d’informations…. Et là, je me sens un peu confus… je vais prendre quelques instants pour intégrer ce que vous m’avez dit… et revenir vers vous, quand j’y verrais plus clair.

C’est pas tant de le dire qui est difficile. Mais de le faire. La première fois que j’ai voulu expérimenter cette posture, j’ai tenu 10 secondes. A la fin, j’étais toujours aussi confus. Je n’y voyais rien. La clarté devait être coincée dans les embouteillages.

Sauf que 10 secondes d’attente, c’est long. Ça laisse le temps à la panique, à l’impatience, et à la peur, de se réveiller en sursaut ! Ce fut plus fort que moi, j’ai repris la parole, et par la même occasion le rôle du thérapeute qui fait semblant de comprendre son client et de savoir où il va.

Bah voila, j’ai pas réussi a incarner ce que je voulais être.

Je suis allé voir mon thérapeute pour lui demander de l’aide.

NAMIR
Alors, pendant ce silence, c’était comme un océan agité dans ma tête… il était vert, mais y avait des canaris fumés qui dansaient dans mon coeur, et …. Vous voyez ce que je veux dire ?

THÉRAPEUTE
Non, je comprends pas grand-chose. Mais c’est pas grave. Je vous écoute.

NAMIR
Comment ça vous me comprenez pas ? C’est important ce que je vous dis.

THÉRAPEUTE
Vous savez si je devais essayer de comprendre tous mes clients, je deviendrai aussi tordu qu’eux. Et puis honnêtement, c’est beaucoup plus relaxant d’écouter.

NAMIR
Donc, en gros, je vous paye pour faire le paresseux ?

THÉRAPEUTE (riant)
Ce qui m’importe, Namir c’est  surtout de savoir ce qui se passe pour vous, là, quand vous me dites ça?

NAMIR
Euh… que c’est important pour moi de me sentir compris

THÉRAPEUTE
J’entends que c’est important. Et dans votre corps là, il se passe quoi  quand vous vous sentez pas compris ?

NAMIR
Hein ? Dans mon quoi ?

Notre travail est allé toucher une peur de la confusion, qui avait des racines profondes dans mon histoire personnelle.

Avec mes clients, j’ai continué à tester cette posture. Chaque seconde gagnée dans le silence et l’acceptation de la perdition face à mes clients, était vécue comme une petite victoire. Cela m’a permis progressivement de gagner en confiance en moi, et d’apprendre à laisser ma confusion s’exprimer.

Une fois, je suis resté comme ça pendant presque deux minutes, à essayer de retrouver de la clarté dans mon esprit,  face à la confusion que mon client apportait  et qui créait de la confusion chez moi aussi). je cherchais à faire le lien entre les différents sujets que mon client m’apportait.

Rien ne venait. L’angoisse que ce silence dure trop longtemps est venue. Je l’ai accueillie, et j’ai laissé durer. Et c’est finalement mon client qui a interrompu le silence.

CLIENT
Vous savez, Namir, je crois que dans tout ce que j’ai évoqué avec vous, ça parle de la même chose : je crois que j’ai du mal à accepter la frustration….

Vous savez comment on reconnait le client du thérapeute ?
Nan, je l’ai déjà fait celle là.

Ça recadre pas mal, quand tu comprends que c’est peut-être quand tu laisses l’espace à tes imperfections, enfin, à  ton authenticité, que le client trouve lui aussi l’espace de ses solutions.
Et c’est beaucoup plus reposant.

Certains stagiaires s’étonnent parfois en formation quand je leur réponds  “Je  ne sais pas ». Ils s’imaginent que c’est stratégique. Ben non, c’est juste que je sais vraiment pas.

Alors, si toi aussi, tu te sens limité dans ton métier par ton besoin de montrer que tu maitrises tout, et que tu te mets trop de pression, demande-toi comment tu peux t’entrainer tous les jours à être à l’aise avec ce que, pour l’instant, tu n’oses pas montrer de toi : la perte de contrôle, l’impuissance, l’échec, la confusion, et tout ce qui fait inévitablement partie de chacun de nous.

Trouve-toi un espace, individuel ou collectif, dans lequel tu es suffisamment en  sécurité pour t’exposer, et t’habituer à ce qui est inconfortable pour toi. C’est un point sur lequel j’insiste beaucoup dans mes stages d’écriture, parce que je trouve que l’écriture créative est un des outils qui ouvre le mieux cet espace.

Avec de la patience, tu trouveras comment être plus authentique et plus vrai.
Et aussi plus inspirant .

 


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Prends une liste de 8 à 10 mots.
Donne toi une limite de temps de 10 minutes.
Et invente une histoire. 

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Tu sais pourquoi le minitel a disparu ?

Ah, tu ne sais pas ce que c’est, le minitel.

Ben justement, c’est pour ça qu’il a disparu. Parce que, vu sa lenteur de connexion, avec ses « 3615 ULLA » et compagnie, bah, il ne servait plus à grand chose face à l’arrivée d’internet.

Maintenant on a TINDER

C’est un peu comme la queue du chien. Enfin, notre queue du chien, à nous…

A l’époque où on en avait une, il y a 20 millions d’années.

Et puis notre organisme n’en a plus eu besoin. Alors elle s’est résorbée. Il n’en reste qu’un os.

C’est le principe de l’évolution.

Le chaos, dans son organisation du monde est assez pragmatique. Il teste plein de combinaisons, et n’a pas d’états d’âmes à abandonner ce qui n’est plus utile à l’évolution des espèces.

Alors, en plus du minitel, nos ancêtres ont peut être inventé des cuillères à trous, des flutes silencieuses, des verres imremplissables, des stylos qui n’écrivaient pas, des plats indigestes (y en a d’ailleurs encore).

Ce qui n’est plus utile finit par disparaître.

Inversement, on peut imaginer, que tout ce qui a survécu, est donc encore utile.

Comme la honte, par exemple.

 

 

C’est pas agréable de ressentir la honte. Mais c’est utile.

D’un point de vue social, elle nous empêche de devenir des psychopathes et des tueurs en série. Elle nous signale que nous avons franchi, par nos actes, des barrières qui transgressent des valeurs morales.

Donc on devrait se réjouir de ressentir de la honte. Et pas en avoir honte, justement. Parce qu’elle nous permet de continuer à faire partie de la tribu.

Mais il reste un truc que je comprends pas.

Pourquoi est-ce qu’on a honte de nos désirs ?

Même si nos désirs sont dégoutants, déviants, ou pervers. Même si on est attiré par les jeunes enfants. Ce désir là, n’est pas de notre faute. Nous ne l’avons pas choisi. Et nous n’avons rien fait de mal à être ce que nous sommes, ou à ressentir ce que nous ressentons.

Personne ne devrait avoir honte d’exprimer ce qu’il ressent

Si nous sommes responsables de nos actes, nos désirs ne sont pas des choix dont nous devrions porter la responsabilité.

Est-ce que justement, le fait d’avoir honte de nos pensées, ne nous conduit pas, en les refoulant et en nous interdisant de les exprimer, à transformer notre honte, en instrument de torture et de dépréciation de nous-mêmes ?
Ce qui, au lieu de nous aider à trouver notre place dans la tribu, aurait plutôt tendance à nous en isoler davantage.

L’excès de honte ne génère-t-il pas une forme de violence ?

A 11 ans, au cinéma, j’ai vu une comédie débile dans lequel un type avait le pouvoir de lire dans les pensées des gens.

J’en étais ressorti flippé.

A l’époque, je découvrais mes premiers émois sexuels, que j’assumais déjà assez mal, vu que j’étais dans ma période fan de Jésus. Vous savez, le type qui disait des phrases du genre :

 Moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son coeur. Si ton oeil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi

Tu vois le genre ?

Alors, moi, à la sortie du cinéma, j’étais tellement flippé que quelqu’un puisse rentrer dans ma tête, lire dans mes pensées, et découvre mes fantasmes, que j’ai tout fait pour essayer de les contrôler.

– Namir, surtout ne pense pas au nichons d’Alexandra, n’imagine surtout pas Alexandra à poil.

Et c’est comme ça que je suis devenu obsédé.

Désirer ce que je désire, ne devrait pas faire de moi quelqu’un de mauvais, même si cela n’est pas conforme à l’image que je veux donner de moi, ou que cela génère de la honte.

Enfin, ça, c’est ce que j’aimerai en théorie.

Parce que dans ma réalité, juste exprimer à une fille qu’elle m’attire physiquement, ça me fout déjà la honte. J’ai même réussi plusieurs fois à me forcer à croire que j’étais amoureux, juste parce que j’assumais tout simplement pas cette loi de l’attraction.

C’est, je crois, une des raison pour lesquelles aujourd’hui, j’écris.

Pour désensibiliser cette honte là, En m’y exposant un petit peu chaque jour, et qu’elle finisse comme la queue du chien, à se résorber.

L’écriture soigne, guérit et fait grandir.

Elle a en plus cet avantage alchimique de transformer les motifs de notre honte, en histoires inspirantes pour les autres.

En espérant qu’elle puisse t’inspirer à ton tour, et que toi aussi, tu trouves le courage de raconter toutes ces pensées qui te font honte.

Et que tu puisses n’en garder que ce qui est utile.

Parce que je te le rappelle, ce n’est pas de ta faute d’être ce que tu es.

Tiens, a propos d’utilité d’ailleurs, si je vais au bout de mon raisonnement, et en considérant que tous les comportements qui n’ont pas disparu de notre civilisation, sont utiles à l’évolution de l’espèce humaine, j’ai encore une question qui me trotte dans la tête.

Hmm… non, je crois que je préfère la garder pour plus tard.

C’est pas que j’en ai honte.

C’est juste que je pense que ça sera le sujet d’un prochain article.

 

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 – Papa, est ce que tu crois en Dieu ?

– Je ne sais pas.

C’est pas que je sais pas si Dieu existe, c’est que je sais pas si j’ai envie d’y croire.

Si tu te demandes c’est quoi le rapport avec « Maudit Israël »,  le titre de cet article, ça vient.

Mais avant, j’aimerais te demander :

Comment tu fais, toi, pour décider de croire à une idée plutôt qu’une autre ?  Est ce qu’il y aune lampe qui s’allume a l’intérieur de toi et qui fait

« Tilt. Of course. Bonne réponse. C’est ça ! »

Parce que dans mon monde à moi, il y a surtout beaucoup de « je ne sais pas »

Par exemple, les vies antérieures, la réincarnation, et tous ces trucs un peu perchés. Des fois, j’y adhère. Et puis, il suffit que je croise un pote que tout cela fait bien marrer, qui me cite quelques recherches scientifiques sur le cerveau humain, et je balaie tout ça, comme étant des débilités néo-spirituelles.

Jusqu’au prochain signe qui me fera à nouveau retourner ma veste.

 

Me fixer, choisir, pour moi, c’est l’angoisse !

Même des choses simples comme fixer un horaire de rendez-vous, décider d’un restaurant, ou d’un itinéraire, peuvent provoquer  un bug chez moi.,

Et je te raconte pas, quand mes enfants, après une bagarre, viennent se plaindre, avec chacun une version différente, et me demandant de faire l’arbitre dans leurs bagarres, tout en accusant l’autre d’être un menteur !

AAAAHHHH !

J’ai juste envie de taper sur les deux.

Je ne sais pas ce qui m’a pris de devenir cinéaste : LE métier ou t’es responsable de toute une équipe, et où tu dois décider de TOUT sur un plateau, alors même que choisir me fait perdre mes moyens.

Parce que choisir, c’est choisir un camp. Et choisir un camp, c’est forcément trahir l’autre.

Et c’est là, ou Israël intervient.

On est en Novembre 1981. Je rentre de l’école tout fier.

– Papa, on nous a parlé de l’Égypte aujourd’hui à l’école !

– Ah, super , et on vous a dit quoi ?

Bah on a parlé de la guerre du Kippour, quand Israël a battu l’Égypte !

– Battu l’Egypte ! C’est  une blague ???? Qui t’as raconté ça ?  »

– Euh… la maitresse.

Ma mère nous a interrompu, furieuse.

– C’est surement une juive…. Ils déforment tout. Israël, n’a rien gagné. C’est NOUS qui avons gagné la guerre des 6 jours.  C’est NOUS !!!

– Mais, Maman, c’est dans notre livre d’histoire, et puis la maitresse nous a bien expliqué que….

–  Ils en viennent même à falsifier l’histoire… non, c’est l’Égypte qui a gagné la guerre du Kippour, Namir ! On a même récupéré le Sinaï !

Pas facile quand t’es un enfant, de devoir choisir entre tes parents et ton école. Entre l’Égypte et la France.

Entre ta famille et ton pays.

Ce jour là, je crois que je me suis figé.

Impossible de savoir qui croire.

Quelque soit mon choix, j’étais perdant.

Alors j’ai adopté la stratégie de la Suisse : choisir de ne pas choisir. 

Et faire de la passivité un mode de survie.

Jusqu’à récemment, j’ai cru que mon absence d’initiatives, et mon apparente désinvolture dans le fait de ne pas choisir, étaient une forme de paresse. Avant de prendre conscience qu’elle était un mécanisme de protection, peut-être le moyen le moins dangereux pour moi, à cette époque, d’éviter une menace : celle de la séparation, et de la perte du lien avec mes parents.

Au risque de me retrouver aujourd’hui encore, dans la position du gars, au restaurant, qui a le cul entre deux chaises, et qui bloque pendant vingt minutes sur le menu, à ne pas savoir quel plat choisir, et qui finit par prendre un peu de tout.

Sans se demander s’il a faim.

 

 



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Version texte

J’ai 11 ans. Je suis en 6ème. Dans la cour de récré, avec  Nader, Boris, et Marc, on joue à la paume, faisant rebondir à tour de rôle la balle de tennis contre le mur.

Je suis pas sûr d’aimer ça, la paume. Mais ça me permet de faire partie du groupe. Et c’est là que mon pote Nathaniel débarque comme un fou, les yeux, écarquillés. 

–  Hey, les gars ! Vous avez pas oublié un truc ?

–  Quoi ? 

–  On est quel jour aujourd hui ?

–  Le 24 janvier.

– Bah oui !

– Et quoi ? 

– Enfin ! On est le JEUDI 24 JANVIER 1985. 

Tout le monde s’arrête de jouer pour regarder Nathaniel, complètement exalté. 

J’essaye de me souvenir de ce que j’ai oublié, et de ce qui rend ce jeudi si particulier.

Les vacances sont passées. Pas d’anniversaire, ni de fête prévue. Mme Chétrit ne nous a pas donné de devoir à rendre. Je revois défiler mes cours d’histoire à la recherche d’un indice. La révolution française, le moyen-âge. Mais là non plus, pas de traces du 24 janvier.

– Mais quoi ? Vas-y dis nous !

– Les gars, vous vous rendez pas compte ! On est aujourd’hui le jeudi 24 janvier 1985. C’est le SEUL jeudi 24 janvier 1985 de TOUTE VOTRE VIE. Et même dans toute l’histoire du monde. Il n’y en aura plus JAMAIS aucun autre ! C’est un jour unique qu’on est en train de vivre. On est jeudi 24 janvier 1985. Il est 10h13 !   C’est un moment ESKEPTIONNEL !

 

 

Nathaniel est reparti aussitôt dans un grand éclat de rire. On est restés en suspens. Puis Nader a haussé les épaules avant de relancer la balle. Et la partie a repris. 

La cloche a sonné. Et la fourmilière scolaire s’est mise en action, dans un joyeux vacarme.

 

Nos colonies d’enfants se sont regroupées en rangées. Chacun sa classe. Chacun sa place. 

J’observai cette agitation, avec le sentiment d’en être exclu. La blague de Nathaniel ne m’avait pas fait rire, m’avait propulsé hors du temps.

C’était donc cela la vie : une succession de moments uniques ?

Emmitouflé sous mon bonnet, et mon manteau bleu, j’ai ressenti l’angoisse aspirer mon ventre. Dans ce cadeau que nous avait fait Nathaniel, il y avait les germes de notre propre disparition.

Les voix de mes camarades résonnent.  Je les vois. Ils me percutent. Mais je n’en fais plus partie, incapable de fixer ce présent qui m’abandonne perpétuellement. 

Le temps défile.

Et nous allons tous mourir.

 

Plus tard, nous grandirons.

Le temps se dispersera, et nous dispersera.

Nathaniel mourra dans un accident à l’âge de 25 ans.

 

Et un matin, ce souvenir ressurgira, comme pour me rappeler, à travers la voix joyeuse et vivante de mon copain Nathaniel, que le temps est comme les bulles dans un verre de champagne.

Merci Nathaniel, d’être venu d’outre tombe, pour me rappeler ce message, qui me parvient différemment désormais.

Oui, nous allons tous mourir.

Mais avant, nous allons tous vivre.

Et c’est une bénédiction.

Toi aussi, au moment où tu lis ces lignes, en buvant ton café, ou en ayant l’impression que tu es juste dans un instant de ton quotidien, souviens toi que tu vis un moment unique de ta vie.

Un moment eskeptionnel.

 

 

 

 



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