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« Namir, depuis que je lis ton blog, je me suis remise à l’écriture que j’avais arrêtée depuis longtemps.  J’ai même songé un instant à participer à tes cercles d’écriture, mais je ne me sens pas du tout prête à lire mes écrits à haute voix, et affronter le regard des autres »

Quand ma collègue Clara m’a dit cela, j’ai ressenti un élan d’empathie et de compréhension, et j’ai eu envie de lui dire :

« Je te comprends. Je sais à quel point c’est difficile de s’exposer. Je le vis moi aussi. Sois à l’écoute de toi,  avances à ton rythme. Déjà tu as repris l’écriture. Tu es sur un chemin. Fais confiance à ton processus d’évolution, et si tu sens, qu’à un moment, tu es prête à venir aux cercles, alors tu y seras toujours bienvenue »

Mais j’ai aussi ressenti une autre impulsion, plus agressive, un peu « pushy », comme une envie de lui dire :

« Si t’attends le moment d’être prête, tu ne te lanceras jamais. Dans la vie, des fois, y a juste besoin de se jeter à l’eau sans réfléchir. Suivre son élan. Tester. Vas-y, viens. C’est en faisant les cercles, et en te confrontant au regard des autres, que tu apprendras justement à ne pas le redouter autant. »

Ça t’arrive, toi aussi, de te retrouver dans ces situations où t’arrives pas à savoir quoi dire ou répondre à quelqu’un parce que t’as des réponses contradictoires qui arrivent, et ça te met dans une forme de confusion ?

Moi personnellement, la confusion je déteste cela.

Lors d’une séance avec mon thérapeute, je lui racontai un conflit intérieur que je vivais par rapport à mes sentiments paradoxaux vis à vis à ma femme, et qui créaient une sacrée confusion.

– En quoi c’est important pour vous de savoir ce que vous ressentez, Namir ?

– Comment ça ? Si je sais pas, je peux pas rendre de décision.

– En même temps, vous savez.

– Bah, non.

– Vous venez dire que vous ressentez de la confusion, et que vous aviez des sentiments contradictoires. Il est là, votre ressenti.

– Sauf que ça me va pas du tout. J’ai besoin que les choses soient claires.

– Pourquoi faire ?

– Pour décider de ce que je veux. 

– Qu’est ce qui fait que vous n’acceptez pas le fait d’être confus, et de ne pas savoir ?

Bim. Confusion. Et je me suis retrouvé plongé dans ma petite enfance, mon rapport à ma maman. Comment le traumatisme de l’abandon, et de la perte de mes liens d’attachement, puis du retour inattendu de ces liens, avait généré une grosse situation de confusion, extrêmement insécurisante.

Alors, pour éviter la confusion, perçue comme traumatique, j’ai recherché la clarté. Par mon besoin de comprendre, d’analyser, d’interpréter, par la quête systématique de sens et le désir de maîtriser. Par tout ce qui me permettait finalement d’échapper à ce sentiment d’insécurité.

 

C’est d’ailleurs une des raisons qui m’ont poussé à lancer mon blog, et les cercles d’écriture en fait :  m’exprimer, nommer mes ressentis, et mettre du sens et de la clarté dans une période de confusion dans ma vie.

Mais la recherche de clarté a sans doutes aussi ses limites, comme toutes les stratégies compensatoires. Parce qu’il y a des endroits ou cela fonctionne difficilement, comme par exemple avec les sentiments, avec le trouble. Et à d’autres endroit, la recherche de clarté peut entrainer des interprétations fausses qui finissent par créer… de la confusion.

Quand j ‘ai exprimé mon besoin de clarté à mon thérapeute, si sécurisant pour moi,  il m’a souri. Elle faisait chez lui l’effet inverse. Histoire de vie différente, apprentissages différents, l’excès de clarté était associé pour lui à une forme de rigidité, liée à des règles familiales où dans son enfance tout était dit, exprimé clairement, et ou il n’y avait pas de place pour la confusion, l’ambivalence, et les sentiments contradictoires.

Nous nous sommes amusés de nos différences. Et j’ai commencé à apprendre avec lui une autre approche, à laquelle je n’avais encore jamais pensé.

Apprendre à me sentir en sécurité avec la confusion, avec le fait de ne pas savoir. Et que le fait de ne pas toujours être capable de décider clairement, ne génère pas forcément un sentiment de menace de d’insécurité paralysante.

Parfois la confusion au contraire se dissipe par le fait d’agir et de décider d’aller dans une direction,  tout en s’autorisant à faire marche arrière, ou à changer d’avis. On a le droit de se tromper, en fait. C’est pas grave. On cherche.

 

Quand ma collègue Clara m’a fait part de sa réticence à rejoindre le cercle, et qu’il y a eu ces mouvements contradictoire en moi, j’ai pu observer ma confusion, rester avec elle, sans devoir forcément choisir entre un point de vue et un autre.Je suis Namir, qui vit en ce moment deux ressentis contradictoires, et aussi celui qui est capable d’observer ces différents ressentis.

Alors, plutôt que d’éviter le sentiment de confusion, il peut-etre bénéfique de l’identifier, et de la nommer. Cela peut faire beaucoup de bien d’être un peu plus au clair avec la confusion.

Alors, bienvenue à la confusion.

C’est d’ailleurs en écoutant ces deux points de vues complémentaires en moi qu’une nouvelle réponse m’est apparue : un complément que j’aurais pu rajouter à ma présentation des cercles d’écriture.  Quelque chose comme :

– Je sais à quel point c’est dur d’oser s’exposer, d’oser dire des choses intimes devant les autres. Mais depuis que je participe aux cercles d’écriture, et que je publie quotidiennement sur mon blog, je me sens chaque jour un peu plus confiant. Je réalise que j’arrive de plus en plus à prendre ma place, que ce soit en famille ou en groupe, à aborder des sujets que je n’osais pas aborder autrefois, à apprendre progressivement à dire non, et m’écouter davantage, à changer d’avis, reconnaitre mes erreurs plus facilement, et aussi à être plus serein, plus posé dans mes échanges avec autrui. Et cela a eu un impact important sur ma vie. J’ai gagné en sécurité intérieure, ce qui me permet de m’assumer davantage et d’oser. Et je crois que c’est ce qui arrive à toutes les personnes qui participent aux cercles d’écriture de manière régulière. C’est le chemin.

Les cercles ne sont pas des endroits de violence vis à vis de toi même, où tu dois t’exposer à tout pris, montrer tes failles au regard des autres. Ils sont avant tout un espace d’autorisations, où il est possible de parler, dire les choses, et surtout y construire la sécurité dont tu as besoin pour exprimer des choses qui jusque la te semblaient difficiles à dire, et goûter à une joie nouvelle.

Tu peux tester un cercle : tu es libre d’écrire ce que tu veux, et tu es aussi libre de ne pas écrire.  Certains participants ecrivent parfois un texte d’une ou deux phrases. D’autres font parfois des détours pour ne pas répondre à la question jugée trop intime, parce qu’ils ne sont pas encore prêts à le faire, et c‘est très bien aussi.  Chacun son rythme.

C’est la force de ces cercles : contribuer à rendre les participants autonomes et responsables, et les aider à devenir leur propres thérapeutes. Et je crois que c’est très important de savoir être à l’écoute de soi, de ne pas forcer les choses, et d’accepter ce qui est.

Voilà, ce que j’aurai pu dire à Clara, en écoutant simplement le message de ma confusion.

Les cercles d’écriture sont ouverts. Tu peux trouver les prochaines dates sur ce lien.

 

 

 

 

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J160 - Le droit à la détresse

« Quoi ? vous vous séparez, mais comment est ce possible ? Je n’arrive pas à y croire… On vous a toujours vus comme un couple modèle. »   C’est fou cette tendance que l’on a à idéaliser la vie des autres. A…

J159 - Te montrer vraiment

J’ai peur de déplaire. C’est une des propositions sur lesquelles nous avons écrit lors du précédent cercle. Commencer ton texte par cette phrase, et partir ensuite pour 10 minutes de flow ininterrompu, ça te fait partir…

J158 - T'es con, ou tu le fais exprès ?

- Mais enfin, t’es idiot ou tu le fais exprès ? J’ai 12 ans. Et Mme Burchill, ma prof de biologie nous emmène en forêt observer la nature, nous donnant comme devoir de la décrire. J'aperçois une araignée dont…

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Après la pluie le beau temps. Tu connais cette expression. Mais t’as remarqué, que le beau temps, il reste jamais longtemps. Et général, après le beau temps, la pluie revient. Si bien que le beau temps, finalement, c’est juste une parenthèse entre deux pluies.

L’hiver, c’est juste déprimant quand tu te lèves le matin, et que dehors il fait encore nuit et froid, que le soleil va rester caché toute la journée, et qu’au moment de sortir du boulot, ou d’aller récupérer tes enfants, tu te rends qu’il fait déjà nuit. Et froid.

En thérapie, c’est un peu pareil. Tes périodes de bien-être sont souvent une parenthèse, plus ou moins courte, entre deux parenthèses, plus ou moins longues, de mal-être. Tu travailles sur toi, t’as l’impression que ca va mieux, et puis tu te lèves un matin, et à nouveau, c’est reparti pour le mauvais temps.

Mais imagine un instant que le beau dure tout le temps. Est ce que ça te tenterait ? Est ce que tu voterais pour un tel programme ?

Et bien, figure que toi, que ça tombe très bien, parce que ce sont justement les propositions de notre futur président du bien-être. Écoutons-donc, son programme.

 

– Moi président du bien-être, j’instaurerai le beau temps permanent. Il n’y aura plus jamais de mauvais temps. Avec mon parti, Joie Permanente, nous interdirons la pluie, les orages, et les ouragans, pour créer un monde meilleur où le soleil brille toujours.

– Qu’allez vous faire des nuits, monsieur le Président, vous les maintiendrez ?

– Mmmh… beaucoup trop de crimes et de délits se passent la nuit. Voilà, pourquoi, avec notre coalition du bien-être, nous ferons en sortent que les nuits ne nous nuisent plus. Et puis, surtout, moi président, je vous promets de mettre fin définitivement à la délinquance et la criminalité.

– C’est une promesse intenable, monsieur le président. Tous vos prédécesseurs ont échoué

– Ce sont mes prédécesseurs. Ils ne s’y sont pas pris de la bonne manière. Moi président, je m’attaquerai a la source même de la délinquance

– Vous parlez de la pauvreté ?

– La principale source de criminalité sur terre, c’est la frustration. Et le meilleur moyen de supprimer la frustration, c’est de supprimer le désir.

– Pardon ?

– Vous m’avez bien entendu.

– Mais monsieur le président, vous êtes sérieux ? Vous allez faire comment, castrer tous les hommes de la planète ?

– Castrer les hommes ne servirait a rien. Ça me fait penser à ces communistes, qui pour créer l’égalité entre les hommes, ont crée une société de pauvres. Tous étaient égaux dans la pauvreté. Non, moi président, je ferai une société où nous serons tous riches. Riches intérieurement. Les hommes feront du yoga, et de la méditation, et de la thérapie. Les femmes pourront sortir en toute securité à n’importe quelle heure du jour et de….  du jour !

– Mais comment comptez-vous faire cela ?

– Les neurosciences, mon ami. Nous avons désormais les moyens d’endormir tout désir à jamais. Masculin ET féminin, car je suis un président paritaire. La frustration est la plus grande plaie de l’univers. L’homme et la femme de demain n’en auront pas besoin. Et voilà. Plus de désir, plus de frustration. Plus de frustration, plus de violeurs, plus de tueurs en série, plus de crimes passionnels, plus d’adultères, plus de jalousie. Un monde de paix, de bien-être, de yoga, et de développement personnel, et de spiritualité.

– Mais ne craignez-vous pas que ce monde que vous nous proposiez soit complètement déprimant ?

– Déprimant ?

– Euh… s’il n’y a plus de désir, monsieur le président, comment se passera notre… sexualité ?

– Le sexe ! vous n’avez que ce mot à la bouche ! Le sexe sera toujours là, comme moyen de procréation, mais l’acte sexuel deviendra aussi excitant que de remplir sa déclaration d’impôts. Nous éviterons ainsi, les enfants nés par accident, ou erreur. Bien sur, je comprends que ce programme vous fasse peur, comme tout ce qui est nouveau. Mais sincèrement, refuser mon programme voudrait dire cautionner une société de violence, d’abus sexuels, de féminicides. Est ce vraiment cela que vous voulez ? !

– Euh,non, bien sûr…. une dernière question monsieur le président,  enfin le futur président, si vous êtes élu, bien sûr : vous parlez uniquement du désir sexuel, n’est ce pas ?  Qu’en est il des fringales alimentaires ?

– Il n’y en n’aura plus non plus. De toute façon, sans pluie, le cacao et le café de pousseront plus. C’est un des avantages du beau temps.

– Vous comptez faire de nous des respiriens ?

– Soyons sérieux, monsieur, vous n’allez tout de même pas me dire que vous préférez une société de diabète, de maladie cardiovasculaires, et de cholesterolisés ? Le bien être a un coût. Nous découvrirons les vertus du jeûne.

Bah, tout compte fait, c’est pas si mal que ça le mauvais temps. Je crois que je vais arrêter de chercher le soleil au réveil. Et continuer à me plaindre de ma frustration.

Ces derniers temps, avec mes enfants, on a crée un rituel. A table, on cite chacun à notre tour, notre moment préféré de la journée, ainsi que notre pire moment.  Et ce jeu n’aurait sans doute plus la même saveur, s’il était privé des pires moments de la journée. A tel point, qu’il arrive souvent que l’un de nous dise :

– Et bien, moi, mon meilleur moment de la journée, c’est celui-là. Celui ou nous sommes ensemble a nous raconter nos joies et nos peines.

Ce moment, ou nous réussissons à accueillir nos peines, peut donc aussi devenir un moment de joie.

C’est peut-être à ça qu’elle sert finalement, la pluie, faire pousser les graines qui donneront de beaux fruits.
Comme les éruptions volcaniques qui recouvrent une terre vieillissante, pour la re fertiliser et nous permettre de veiller au beau temps.

Mais cette violence que nous n’aimons pas, ces violeurs, ces tueurs en série et tout ces trucs dont on aimerait se débarrasser, auraient-ils une quelconque utlité ?

Ça pourrait être le sujet d’un prochain article.

En tout cas, n’oublie pas, tout ce que tu vis est une matière féconde, pour être racontée.

Souvent les gens ont recours a l’écriture lorsque ça ne va pas bien. Oui, c’est un beau moyen de transformer la pluie, c’est sur. Mais tu peux écrire aussi quand ça va très bien. C’est peut être ce qu’il y a de plus difficile en fait : prendre l’habitude d’avoir un rendez-vous avec toi-même, tout le temps, qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il fasse grand soleil.

Alors, écris. Raconte-toi. Montre-toi. Dans ton ombre et dans ta lumière. Pour laisser pousser tes plus beaux fruits.

 

 

 

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J160 - Le droit à la détresse

« Quoi ? vous vous séparez, mais comment est ce possible ? Je n’arrive pas à y croire… On vous a toujours vus comme un couple modèle. »   C’est fou cette tendance que l’on a à idéaliser la vie des autres. A…

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J’ai peur de déplaire. C’est une des propositions sur lesquelles nous avons écrit lors du précédent cercle. Commencer ton texte par cette phrase, et partir ensuite pour 10 minutes de flow ininterrompu, ça te fait partir…

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- Mais enfin, t’es idiot ou tu le fais exprès ? J’ai 12 ans. Et Mme Burchill, ma prof de biologie nous emmène en forêt observer la nature, nous donnant comme devoir de la décrire. J'aperçois une araignée dont…

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Hey, salut, on t’a déjà posé cette question existentielle :

Tu ferais quoi, toi,  si tu savais que tu allais mourir demain ?

C’est sûr que ta réponse sera pas la même, si t’es au cinquième round alcoolisé « d’action ou vérité » ou face à ton oncologue. Et si t’es bien dans ton corps, ou s’il hurle de douleur.

En général, moi je répondais souvent par une pirouette, du genre, euh…

– J’irai en discothèque, je baiserai à fond, je me taperai des pizzas neuf fromage et des glaces géantes, et je ferai la fête jusqu’au dernier moment…

Ça, c’est mon côté ado. Faut dire qu’elle est hardcore cette question. Parce que la mort, justement, c’est LE truc que tu ne peux pas imaginer, qui fout les chocottes, même si  t’as bossé sur toi, et que tu dis

– Pfff… meme pas peur….

Ouais, c’est ça. Attends que deux gros malabars armés s’approchent de toi, te choppent, et te trempent la tête dans une baignoire jusqu’à ce que tu manques d’air, et regarde comment  ton corps il réagit.

Si tu te demandes c’est quoi l’intérêt de cette question, je pourrais te dire de lire cet article jusqu’au bout et  découvrir par toi-même. Ou faire le bâtard et te spoiler la fin en te révélant que c’est con de devoir attendre le dernier jour de ta vie, pour enfin t’autoriser à faire des trucs que tu pourrais tout simplement faire dès aujourd’hui. Mais tu me connais,  je ferai pas  ça…

 

 

C’est là où les techniques d’hypnose sont vraiment bienvenues pour t’aider à répondre à ce genre de question : elles te permettent de vivre l’expérience, non pas intellectuellement, ou en te dissociant de tes émotions, mais en immersion, avec tous tes ressentis et tes sensations associés.

Et là, c’est sur que tu parleras plus de manger des pizzas neuf fromages.

 

Quand, ma mère est morte, en soins palliatifs, les infirmières m’ont assuré qu’elle était partie en paix. Qu’est ce qu’elles en savent ? Sa langue avait tellement gonflé qu’elle n’arrivait plus à fermer la bouche, et sa respiration était devenue de plus en plus difficile. Je l’ai parfois imaginée, dans la solitude de sa chambre, à 3 heures du matin, essayant de respirer une dernière fois, et n’y parvenant plus… et ben, rien que d’y penser, ça me terrorise, et ça m’attriste

 

Dans « La grande bouffe », un film de Marco Ferreri, quatre bourgeois se réunissent pour faire une orgie de nourriture et de sexe. Et ça commence plutôt de manière joyeuse. Puis tu sens que le truc dégénère, et là, tu te demandes pourquoi ils font ça.
Et arrive cette réplique de Philippe Noiret à son ami Michel Piccoli,  qui se force à manger, mais qui n’y arrive plus, tellement il a mal :

« Mange, Michel, mange. Sinon, tu vas pas mourir »

Alors, tu vois, hier, en faisant du tri dans mon ordinateur, je suis retombé sur un texte que j’avais écrit il y a 6 ans, en 2016, quand j’étais stagiaire dans une école d’hypnose. Nos formateurs nous avaient fait écrire une lettre à nous-même. Une fois la lettre écrite dans un état de transe, une amnésie était créée pour que tu te souviennes plus du contenu, et les lettres avaient été récupérées.

Un ou deux ans après, tu recevais par courrier une lettre bizarre dont tu n’avais aucun souvenir. Puis tu reconnaissais ton écriture, et tu découvrais qu’elle s’adressait depuis le toi du passé, à ton toi d’aujourd’hui. Gratitude et larmes assurées.

Même si je n’écrirai plus la même chose aujourd’hui, j’ai aimé la sincérité de ces mots que j’ai envie de te partager avec toi aujourd’hui.

“Si je devais mourir demain, je ferai mon testament pour que mes biens soient transmis à mes enfants de manière équitable. Et je laisserai un mot à ma sœur pour lui faire part de mes instructions.

Mais au-delà de cela, je laisserai un message à ceux qui me survivent en leur souhaitant d’être heureux, et espérant que les gens que j’ai aimés, côtoyés, retiennent de moi ce message :

“ Soyez confiants et aimez qui vous êtes, osez vous exprimer, et restez vrais avec vous. Mon amour pour vous me survivra. Merci de m’avoir aimé. Cela m’a fait du bien dans ma vie, même si je me suis senti souvent seul. »

Je n’irai pas sur la tombe de ma mère.
Je n’irai pas non plus voir mon père. Ou alors juste pour lui dire de bien s’occuper des plantes de notre appartement. Que maman aimait beaucoup les plantes, et qu’il en prenne soin lui aussi. Sans les arroser trop car cela risque de les noyer. Et sans les négliger, car elles risquent d’avoir soif. Je lui dirai aussi de parler avec les plantes, et de leur dire ce qu’il sent.

Je prendrai mes enfants dans mes bras, et jouerai avec eux. Je dirai au revoir à ma femme, et lui suggèrerai de chercher ce qui peut la rendre la plus heureuse dans sa vie.

J’écrirai un mot sympa sur Facebook, pour saluer les copains. Et j’aimerai écouter une voix chaleureuse me raconter une belle histoire.

Je dirai aussi merci au docteur Scotte qui a soigné maman, en lui souhaitant de continuer ainsi.

Je ferai du tri dans mes affaires.

Si je dois mourir demain, j’appellerai aussi ma tante Enayat pour lui céder une partie de mon argent.

Et curieusement, je préviendrai ma sœur que je vais mourir. Juste elle. Les autres, je leur dirai pas.

Ensuite, comme je n’aurai pas le temps de voyager, et d’aller dans un endroit très beau, où il y a des fleurs, comme le jardin de Christian Dior à Granville, je me rendrai dans un espace un peu fleuri à côté de chez moi. Un parc. Un jardin. Je regarderai le ciel. Et je ferai la paix avec moi-même. Avec le petit garçon turbulent que j’étais. Je me pardonnerai toutes les bêtises que j’ai faites dans ma vie. En me disant que je n’étais pas qu’un mauvais garçon. J’ai été un enfant seul, triste, et fragile. Mais un enfant qui aimait aussi jouer, rire, courir, faire des blagues, monter sur un âne, manger des raisins.

J’irai ensuite m’acheter les plus beaux fruits que je trouve. Hélas, je crois qu’aucun fruit n’est aussi bon dans mon cœur que les raisins d’Égypte, que l’odeur des clémentines et des citrons verts, ou que le gout des mangues de mon enfance, que je mangeais à Alexandrie avec mes parents, et tante Awatef.

Ensuite, mes pas me guideront vers une église à la recherche d’une statue de la vierge Marie, et j’irai la saluer. Je regarderai cette femme au regard triste, et je ressentirai tout l’amour qu’elle a porté pour moi. Pour nous.

Peut-être que j’appellerai quelques amis, que je boirai un bon vin, que quelqu’un sortira une guitare, et que nous chanterons quelques chansons, même faux.

Mais pardessus tout, je re-regarderai mes enfants vivre. J’écouterai leur voix , je sentirai leur odeur. Puis je me mettrai dans mon lit, sous une couette  chaude, et je me souviendrai de la voix de ma mère qui me disait :

Tessbah ala khair.

– Bonne nuit. Que ton réveil soit rempli de bonnesl’e choses.

Et je pleurerai de m’en aller, parce qu’elle était quand même sacrément belle cette vie qui est passée si vite.

Dans cette dernière journée, mon travail et mes films ne me paraitront pas si importants que cela. Ma vie s’est jouée ailleurs que dans ces films. Ils ont été pour moi un moyen, pas une finalité.

 Ce que j’ai cherché à travers cela,  c’est d’oser aimer, l’exprimer, et être en paix avec qui je suis.

Quand tu sais cela, la peur de ne pas savoir quoi écrire, la peur de faire un film raté, la peur de l’échec, la peur de déplaire aux autres, s’évaporent.

Aucun film, aucun livre, aucun écrit, n’est essentiel. Aucune œuvre n’est indispensable. Aucune création artistique ne manquera à l’humanité.

Rien ne sera jamais aussi fort que ce qui réveille ton amour de la vie, que ce soit l’odeur d’un citron, ou le regard d’une personne que tu aimes.

Et si un film, un article, un livre, une musique arrive à t’arracher un sourire, une larme, un moment de joie, ou de paix, c’est déjà énorme. Peut-être même  ce moment d’émotion t’accompagnera jusqu’au dernier jour de ta vie. Et qui sait, au delà. “

Voilà.

Alors, j’espère que cela te donnera envie à ton tour de répondre honnêtement à cette question, et que faire cette expérience va t’aider à prendre conscience de ce que tu ne fais pas, ou n’exprimes pas aujourd’hui dans ta vie alors que c’est peut-être ton désir le plus profond.

Je te souhaite que cela te donne le courage d’oser.

Au fond, j’aurais pas du intituler ce texte mourir demain, mais vivre aujourd’hui.

 

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J160 - Le droit à la détresse

« Quoi ? vous vous séparez, mais comment est ce possible ? Je n’arrive pas à y croire… On vous a toujours vus comme un couple modèle. »   C’est fou cette tendance que l’on a à idéaliser la vie des autres. A…

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J’ai peur de déplaire. C’est une des propositions sur lesquelles nous avons écrit lors du précédent cercle. Commencer ton texte par cette phrase, et partir ensuite pour 10 minutes de flow ininterrompu, ça te fait partir…

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- Mais enfin, t’es idiot ou tu le fais exprès ? J’ai 12 ans. Et Mme Burchill, ma prof de biologie nous emmène en forêt observer la nature, nous donnant comme devoir de la décrire. J'aperçois une araignée dont…

 

Version texte

 

– Je viens vous voir, parce qu’on m’ a dit que l’hypnose était efficace sur la perte de poids

– Tu veux perdre combien de kilos ?

– Dix, c’est possible ?

– Ouais, si tu joues le jeu.

– Le jeu ?

 

 

– (indiquant la porte fenêtre) Tu vois le chien là-bas ?

– Non

– Il est de quelle couleur ?

– Je vous dit que je ne vois pas de chien !

– Tu es sur ?

–  Oui. Et puis, vous tutoyez tout le temps les gens comme ça ?

– T’inquiètes, je te vouvoierais tout à l’heure, quand vous serez plusieurs.  Qu’est ce que tu ne vois pas d’autre, ici dans cette pièce, quand tu ne vois pas le chien ?

– Hein ?

– Deux. Comment tu t’appelles ?

– Namir

– Alors, reste avec moi, Namir, et sois très attentif à ce qui va se passer maintenant. Tu vois cette vitre transparente ?

– Oui, je la vois.

– Qu’est ce que tu fais quand tu as soif, et que tu tombes sur une bonne bouteille d’eau fraiche ?

– Bah, je la bois

– Oui, tu l’aboie. Alors concentre toi sur cette vitre, tranquillement. Et même si elle est transparente et que tu la vois quand même, comme tu peux voir qu’il ne pleut pas dehors, tu peux constater qu’il y a des choses qu’on voit, et d’autres qu’on ne voit pas. ok ?

–  Oui..

– Parfois ce sont des choses qui sont pourtant là, sous nos yeux. Comme les pensées, en fait. Elles sont présentes, mais on ne les voit pas. Contrairement aux animaux. Parce que les animaux, ont une couleur, alors que les pensées n’ont pas de couleurs. Elles ne se voient pas les pensées. Tu me suis ?

– Je suis pas très sûr…

– Alors, reste à te place, et continue à te concentrer sur la vitre transparente là bas, pendant que les pensées défilent, comme le temps qui passe. Et tu peux laisser tes pensées défiler. Et le temps passer. Cinq ans, dix ans, cent ans. Écoute comme s’entend le silence dans cette pièce. Et dors maintenant. Dors profondément au point de laisser le voile de la conscience couler, comme un bateau coule dans l’eau.

Quand ce merveilleux petit chien blanc s’approchera de toi, tu pourras enfin te réveiller. Et le regarder au fond des yeux et lui demander de s’arrêter, immobile, figé paralysé. Comme un arrêt sur image et dans cette image figée, tu vas pouvoir déplacer ta conscience autour de lui, t’en approcher, et pouvoir devenir lui. Ce petit chien de 10 kilos. SI bien que lorsque tu réintégreras ton corps, tu auras l’illusion d’avoir perdu 10 kilos.

– Hein, c’est quoi ce…. cette arnaque. Moi, Je suis venu pour perdre 10 kilos. Pas pour avoir l’illusion que je les ai perdus, alors que ce n’est pas vrai

– Mais le résultat est le même.

– Bien sur que non, en plus, il y a un problème. Je le vois pas votre blanc. Et puis… c’est tres joli tout votre baratin, mais ça marche pas votre truc d’hypnose, là… Vous voyez bien que je suis pas du tout hypnotisé ! 90 euros pour ça, euh…

– Cela fait bien longtemps que tu es hypnotisé, c’est juste que tu ne le sais pas encore.

– Euh… bah je vous dis que non.

– Comment tu le sais ?

– Hein ?

– Deux

– Quoi ?

– Quoi, quoi ? Tu crois encore que tu n’es pas en état d’hypnose, c’est bien ça.

– Oui, j’en suis sur.

– Alors, prouve le.

– Mais je peux pas prouver un truc qui n’existe pas. ça n’a aucun sens !

– Tu parles du chien blanc ?

– Non, et vous me soulez avec ce chien blanc. En plus il pas blanc. Il est orange.

 

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J160 - Le droit à la détresse

« Quoi ? vous vous séparez, mais comment est ce possible ? Je n’arrive pas à y croire… On vous a toujours vus comme un couple modèle. »   C’est fou cette tendance que l’on a à idéaliser la vie des autres. A…

J159 - Te montrer vraiment

J’ai peur de déplaire. C’est une des propositions sur lesquelles nous avons écrit lors du précédent cercle. Commencer ton texte par cette phrase, et partir ensuite pour 10 minutes de flow ininterrompu, ça te fait partir…

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- Mais enfin, t’es idiot ou tu le fais exprès ? J’ai 12 ans. Et Mme Burchill, ma prof de biologie nous emmène en forêt observer la nature, nous donnant comme devoir de la décrire. J'aperçois une araignée dont…

Version audio

Bon, je dois bien l’avouer, j’aime être cet homme que je deviens.
Et j’apprécie ce privilège que j’ai, d’être père.
Non pas un père qui sait, mais un père qui apprend. Découvrir mes enfants, les voir grandir, me bousculer, échanger avec eux, et évoluer.
Et plus encore depuis ma séparation.
Parfois, tu dois attendre d’être tombé au fond du trou pour commencer à devenir l’homme, ou la femme que tu aurais aimé être.
Et moi, voir mes enfants grandir sans moi me donne de joie. J’aime les quitter chaque semaine.  Leur manque me plaît.
C’est ce qui donne tant de goût à nos retrouvailles.
J’en viens à me dire que les couples devraient apprendre à se manquer davantage : faire chambre à part, avoir leurs secrets, et cesser de croire qu’ils sont chacun la propriété de l’autre. Enfin j’imagine que c’est comme ça que j’ai envie de réapprendre à aimer, moi qui ai plutôt tendance à rechercher le confort, l’habitude et la sécurité.
La sécurité tue aussi parfois. Elle tue le désir. Elle tue le désir de vie.
Il y aurait un équilibre subtil à trouver avec la sécurité, qui consisterait à apprendre à laisser de la place à l’inconfort, l’insécurité, le risque, à l’inattendu. Et la peur aussi. Être confortable avec l’inconfort.
C’est peut-être cela aimer: apprendre à faire confiance à l’autre, y compris quand ils s’éloigne de nous, qu’il va se promener sur des chemins escarpés ou nous ne souhaitons pas qu’il aille, et lui laisser sa pleine responsabilité. Avec tous les risques qu’implique. Mais a-t-on vraiment le choix ?
Me reviens (ou revient ? j’ai un doute sur l’orthographe)  à l’esprit l’odyssée d’Ulysse, dans une autre version du mythe, dans laquelle Homère nous dirait comment Pénélope a occupé sont temps, et profité de l’absence d’Ulysse.
Dans cette version, Pénélope aime la solitude. Elle aime avoir du temps pour elle, pour des activités secrètes et solitaires, dont l’odyssée officielle ne dit pas un mot.
Pénélope aime ça. Elle en a besoin.
Alors, elle envoie Ulysse en mer.
Lui, n’a qu’une seule envie : rester auprès d’elle et de leur nouveau-né, Télémaque. Pénélope lui dit qu’elle a besoin de l’absence d’Ulysse pour être excitée par son retour. Alors il part malgré lui, bon gré mal gré.
Durant son voyage, il souffre et n’a qu’une seule envie : rentrer. Mais il fait traîner son retour, par amour pour Pénélope.
Elle est sa déesse, sa mère son épouse, sa fille. Elle est la douceur et la volupté, la tendresse et l’animalité insatiable.
Elle est libre. Elle est la forteresse imprenable, et l’agneau  tremblant.
Il en parle partout autour de lui, raconte cette histoire à tous ses matelots, et pour elle il se perd.
Voilà.
Et puis, vient le moment du retour. 
Ils se reconnaissent, pleurent ensemble, font l’amour comme ils le faisaient autrefois, et constatent l’un et l’autre que quelque chose a changé dans leur relation.
il faut bien l’admettre des fois, le temps passe et les gens évoluent.
Les retrouvailles ont été intenses, mais Pénélope a un aveu à faire.
Elle aimerait qu’Ulysse reste enfin. Et qu’il ne reparte plus. Elle le rejoint dans son besoin de sécurité. Ce qu’elle appelait autrefois liberté, était peut-être simplement de la peur. Elle voulait s’assurer qu’il l’aimerait toujours. Qu’il serait toujours là pour elle.
Elle dit tout cela en observant Ulysse. Ulysse devrait être heureux. Mais il ressent une petite pique dans son cœur. Un truc qu’il n’ose peut-être pas s’avouer à lui-même, et encore moins à Pénélope. Il y a pris goût, à cette odyssée.
En fait, c’est pas qu’l y a pris gout, c’est qu’il a toujours aimé cela.
Il hésite, tourne en rond pendant plusieurs jours, devant affronter la décision la plus difficile de sa vie : devra-t-il se confier à Pénélope ?
Il ignore que Pénélope est déjà au courant. Depuis bien longtemps.
Et qu’elle attend depuis tout ce temps, qu’il s’ouvre, pendant qu’elle secrètement, elle souffre. 
Et dans cette attente, leur couple rentre doucement dans une nouvelle phase. Une nouvelle histoire qui commence peut-être. Ou se termine.
Et comme une boucle qui se clôt, ou qui tourne sur elle-même, je réalise au moment ou je termine les lignes de cet article, que j’ai déjà raconté une autre version de cette histoire, dans cet article qui s’appelle, on ne pouvait pas l’inventer : la boucle

 

 

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J160 - Le droit à la détresse

« Quoi ? vous vous séparez, mais comment est ce possible ? Je n’arrive pas à y croire… On vous a toujours vus comme un couple modèle. »   C’est fou cette tendance que l’on a à idéaliser la vie des autres. A…

J159 - Te montrer vraiment

J’ai peur de déplaire. C’est une des propositions sur lesquelles nous avons écrit lors du précédent cercle. Commencer ton texte par cette phrase, et partir ensuite pour 10 minutes de flow ininterrompu, ça te fait partir…

J158 - T'es con, ou tu le fais exprès ?

- Mais enfin, t’es idiot ou tu le fais exprès ? J’ai 12 ans. Et Mme Burchill, ma prof de biologie nous emmène en forêt observer la nature, nous donnant comme devoir de la décrire. J'aperçois une araignée dont…

Version audio

 

Version texte

Il y a quelques années, je rêvais de faire découvrir Ozu, Bunuel, Keaton, John Ford à mes enfants, pendant des soirées cinéma. Finalement, c’est devant « Qu’est ce qu’on a fait au bon Dieu » qu’on a passé la soirée d’hier.  Et je me suis demandé, ce que j’avais fait au bon Dieu pour choisir de leur montrer un film comme ça.

– Qu’est ce que j’ai fait au bon Dieu, hein ?

– Euh….des enfants ?

Le plus fou, c’est que j’y ai pris du plaisir. Pas au film, mais à la soirée. Et le lendemain matin, quand je suis allé au marché, acheter des fruits avec ma fille, là aussi, j’ai pris un plaisir fou.

Il y a peu, j’aurais vécu ces moments comme les pires des corvées. Je crois que je suis en train de murir. Comme les fruits de saison. Ceux qui tombent de l’arbre. Et qui vont bientôt mourir.

 

 

Dans ta jeunesse, tu es insouciant. Tu te poses pas trop de questions. Tu vis. Les fêtes, les soirées jusqu’à l’aube, le plaisir, et l’inconscience vis à vis de demain.

Et puis, les décennies avancent, tu deviens parent, tu croises la séparation, et tu rentres dans le cycle des décès familiaux, qui ouvre un gouffre devant toi, et te dit : 

Ça y est, tu rentres dans l’âge mûr.

Parfois c’est un choc, une maladie où tu as cru que tu allais y passer, qui te précipite dans cet âge où demain n’a plus le même sens. Il ne rime plus avec insouciance.

Ton temps n’est plus illimité.  Et là, tu réalises que la vie en fait est super précieuse. Alors, c’est la crise, la remise en question. Même cette sécurité que tu as réussi à conquérir, avec ta maison, ta voiture, ou tes revenus, ne te suffit plus. Demain approche. Et ça te fait peur.

Tu ouvres une nouvelle porte, et rentres dans le monde lucratif de la re-con- quête de sens. Et là, tu investis dans ton bien-être personnel : thérapie, livres, stages, voyages péruviens, et autres substances alchimiques…

Au début, c’est glorieux. Comme tout ce qui est nouveau. Tu déterres quelques lièvres, te rends compte que maman, à qui tu en voulais beaucoup, au fond, elle t’a donné beaucoup plus d’amour que tu ne croyais, ou que papa, que tu vénérais comme un modèle, au point de l’idéaliser, et de te dévaloriser, en fait, c’était juste un con.

Tu t’autorises à être en colère, ou à te pardonner. Ou les deux.

Et tu apprends à te différencier.

Tu as l’impression qu’enfin tu es libre. Que tous les choix que t’avais faits jusque là, c’était par rapport a eux, et à tes ancêtres . Que t’étais prisonnier d’un système, programmé, configuré malgré toi.

Et  enfin, tu te déshypnotises ! Tu parviens à voir le monde selon ta propre vision, tu t’affirmes en fonction de références qui sont les tiennes.

Tu te sens libre.

Tu découvres que le basilic, que tu détestais petit, en fait, il a bon gout, et que les tisanes, ces trucs ridicules autour duquel se réunissaient les vieilles mamies, en fait, c’est pas si pourri que ça.

Et tu repenses à demain, soulagé.

Et un jour, sur ton chemin vers demain, tu tombes en panne sur une autoroute, et ça prend des proportions considérables.

Tu ne comprends pas.

Pourquoi après toutes ces années de travail sur toi et d’évolution incroyables, tous ces sous dépensés et ce temps investi en thérapie et en travail sur toi, t’as l’impression d’en être exactement au même point ?

Comme si la vie n’est qu’une roue qui tourne sur elle-même, et qui te ramène au point de départ

Et c’est le démarrage d’une nouvelle crise.

Celle du « à quoi bon »

Par hasard, tu retombes sur les disques que t’écoutais quand t’avais douze, ou treize ans. Et tu te rends compte que c’était pas si mal que ça. Et là, soudain, tu as l’illumination.

Tu comprends que tu t’es fourvoyé dans le développement personnel, et la recherche du mieux-être, et qu’en fait, il te suffit de t’accepter tel que tu es.

Et au bout de ce chemin, au bout de ces années de thérapies, de tentatives de résolution de tes problèmes, tu te retrouves à cueillir des fleurs et des champignons, à t’extasier devant un coucher de soleil ordinaire dans ta ville de banlieue, à te rendre compte que l’amitié c’est cool, et que le bonheur se trouve peut-être juste dans une discussion avec ton primeur, au marché de quartier. Celui qui te parle de ses fruits de saison, bien murs,  ceux qu’il cueille dans les arbres.

Ces fruits que tu mangeras.

Et qui après, à leur tour, te mangeront.

Sur le trajet du retour, quand tes jambes commenceront à avoir du mal à te porter, tu te rendras compte qu’en fait, t’étais déjà heureux depuis le début. C’est juste que tu t’en rendais pas compte.

Même quand le nombre de demains diminuera, même quand il n’en restera plus qu’un seul demain, demain sera toujours aussi loin.

Alors ne laisse pas demain abîmer les fruits qui poussent dans l’arbre d’aujourd’hui.

Bon, désolé, j’ai un peu spoilé le film. En plus la fin, elle est pas si intéressante que ça. Elle était même assez prévisible, en fait.

Mais c’est juste que des fois, on s’en fout de la fin.

Des fois, même le film le plus nul du monde, tu peux en faire un moment de bonheur.

Alors remercie le bon Dieu.

Et n’oublie pas, demain, d’aller au marché.

 

 

 

 

 

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J160 - Le droit à la détresse

« Quoi ? vous vous séparez, mais comment est ce possible ? Je n’arrive pas à y croire… On vous a toujours vus comme un couple modèle. »   C’est fou cette tendance que l’on a à idéaliser la vie des autres. A…

J159 - Te montrer vraiment

J’ai peur de déplaire. C’est une des propositions sur lesquelles nous avons écrit lors du précédent cercle. Commencer ton texte par cette phrase, et partir ensuite pour 10 minutes de flow ininterrompu, ça te fait partir…

J158 - T'es con, ou tu le fais exprès ?

- Mais enfin, t’es idiot ou tu le fais exprès ? J’ai 12 ans. Et Mme Burchill, ma prof de biologie nous emmène en forêt observer la nature, nous donnant comme devoir de la décrire. J'aperçois une araignée dont…

 

Version audio

J’ai 48 ans. Et d’après mes calculs, J’ai déjà accumulé plus de 14 années de sommeil complet dans ma vie. 5112 journées complètes de dodo. Enfin, 5112 nuits, enfin, je ne sais plus…

En tout cas, j’ai dormi pendant 122 673 heures.

Pas une seule minute pendant ces quatorze années, mon cœur ne s’est arrêté de battre. Pas une seule fois, mes poumons n’ont cessé de fonctionner. C’est à se demander ce qui dort en moi, quand je m’endors.

Ou plutôt, quand JE s’endort.

Ne vous endormez pas, Namir, restez avec moi s’il vous plait

– Difficile de résister… mes paupières sont extrêmement lourdes, mes yeux se ferment

– Ne rentrez pas dans ce sommeil. Revenez aux sensations dans votre corps, et décrivez-les.

– Je…. Je ressens…. C’était quoi la question ?

– Nous étions partis de cette sensation de peur dans votre ventre. Ca vous arrive souvent, d’avoir ces envies de dormir ?

Longtemps, j’ai cru que mes endormissements étaient l’expression d’une fatigue physique. Il m’arrivait de m’endormir rapidement devant un film, même de qualité, ce qui est assez paradoxal pour un cinéaste, et m’a valu quelques embarras, lorsque j’étais invité à des projections privées de films réalisés par des amis et collègues, qui attendaient mes retours.

Le sommeil m’a saisi de nombreuses fois, en présence d’amis pendant des conversations qui duraient un peu trop longtemps, devant mon ordinateur, en plein milieu de l’écriture d’un article parfois.

En thérapie, cela m’arrivait aussi, et parfois de manière soudaine. En réalisant que je m’endormais aussi pendant des séances, lorsque mon thérapeute me posait certaines questions qui mettaient en jeu des émotions, auxquelles je ne savais pas répondre, j’ai commencé à me demander si le sommeil n’était pas un état d’hypnose profond, un mécanisme de défense déclenché par un sentiment de menace.

Mais quelle menace y aurait-il à regarder un film : L’ennui ? L’incompréhension ?

Certaines émotions seraient elles si insoutenables, que mon organisme préfèrerait m’évader, m’échapper, et retrouver un espace de sécurité, enveloppant plutôt que de s’y confronter ?

Enfant, dans mon lit, j’étais obsédé par une étrange question : où vais-je pendant mon sommeil ? Est-ce que dormir, c’est comme être mort ? Un état où on ne ressent rien, où on ne se souvient de rien ? L’état qui était là avant notre naissance. Et qui reviendra après notre vie ?

Bien décidé à le savoir, je m’étais mis à le guetter

Je voulais observer le moment où le sommeil allait arriver dans mon lit.  Alors je m’allongeais et attendait les prémisses de mon endormissement. Me disant que je pourrais ainsi connaître son secret. Comment il faisait pour triompher de moi et m’emporter dans le monde de l’oubli.

Je voulais être plus fort que lui.

Et souvent le matin je me réveillais, dégouté, d’avoir été pris en traître. Encore une fois, je ne l’avais pas pu venir.

Et je renforçais ainsi chaque jour mon sentiment d’incompétence.

Un jour, je rencontrerai le sommeil. J’irai avec lui visiter les mondes endormis, et je reviendrai révéler aux autres le grand secret :

– Hey, les amis, moi je SAIS enfin où on va quand on dort.  Je sais enfin qu’au moment où nous dormons, vous et moi, les amis, nous quittons notre corps, et nous nous réunissons dans un endroit au dehors. Nos esprits se rencontrent. Jouent. Se réunifient. Ou se dissolvent.
Notre corps n’est qu’un costume qu’on emprunte pour entrer sur terre, comme d’autres revêtent un manteau pour sortir de chez eux. 

Mais si je quitte mon corps pendant le sommeil, qui donc fait battre mon cœur, respirer mes poumons et maintient toutes les fonctions vitales de mon organisme ?

Je me souviens d’une lettre d’Arthur Rimbaud, étudiée au lycée dans laquelle il écrivait cette phrase :

C’est faux de dire : Je pense : on devrait dire : On me pense. Je est un autre.

Je me souviens aussi de mon malaise, et de mon dégoût à la lecture de ces phrases, que j’avais attribué, à l’époque, à ses fautes de conjugaison. L’idée que ce qui dit « je » en moi, ne soit pas moi, ou juste une petite partie de moi, et que je ne sois pas le véritable capitaine de mon vaisseau, déjà, me déplaisait.

Et si nous n’étions pas un esprit habitant un corps, mais l’inverse : un corps vivant, encombré d’un esprit capricieux, et qui, à certains moments, l’envoie balader cet t dehors le temps de se reposer, de retrouver un peu de paix.

Et comme ce grand organisme est sympa, lorsque le petit esprit teigneux revient toquer à la porte du corps pour lui dire :

«  Hey vas-y, ouvre moi la porte s’il te plait, laisse moi entrer »

Alors ce dernier, dans son immense générosité, l’accueille à nouveau. Et l’esprit, brumeux réintègre cette enveloppe corporelle.

Alors, notre sommeil deviendrait réveil. Ce moment où enfin, librement, nous pouvons respirer et utiliser notre énergie à autre chose que des luttes intestines.

Il serait là, le secret : Le sommeil qui m’abandonne, me rend à moi-même.

Il est 7h21, et je suis en train d’écrire cet article, les yeux grands ouverts, m’interrogeant sur ce mystère qui plus de 5000 fois, m’a cueilli. Mais n’y suis je pas en ce moment même ?

Comment je sais si je suis bien réveillé, et si ce n’est pas un rêve ?

Un rêve dans lequel je rêve que je suis réveillé, et qui se terminera lorsque j’irai me coucher, à la sonnerie de mon réveil, et que je pourrai enfin rentrer dans cette réalité qui est notre rêve le plus profond.

Un jour, je m’en souviens, j’ai trouvé le secret du sommeil.

Je me suis réveillé tout fier, j’ai bondi de mon lit, à toute berzingue, pour aller le raconter à mon père. Et à peine arrivé devant lui, j’ai vu ma joie s’évaporer sous mes yeux. Plus rien d’autre, que le vide, l’incompréhension, et l’immense frustration de l’homme du désert qui essaye de contenir l’eau entre ses doigts, et la voit glisser sur sa peau. Mon secret s’était enfui.  Mon père lui, s’était bien réveillé.

– Papa, ou on va quand on dort ?

– On va dans son lit, Namir. Ça suffit les questions, maintenant. Dors.

 

 

 

 

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« Quoi ? vous vous séparez, mais comment est ce possible ? Je n’arrive pas à y croire… On vous a toujours vus comme un couple modèle. »   C’est fou cette tendance que l’on a à idéaliser la vie des autres. A…

J159 - Te montrer vraiment

J’ai peur de déplaire. C’est une des propositions sur lesquelles nous avons écrit lors du précédent cercle. Commencer ton texte par cette phrase, et partir ensuite pour 10 minutes de flow ininterrompu, ça te fait partir…

J158 - T'es con, ou tu le fais exprès ?

- Mais enfin, t’es idiot ou tu le fais exprès ? J’ai 12 ans. Et Mme Burchill, ma prof de biologie nous emmène en forêt observer la nature, nous donnant comme devoir de la décrire. J'aperçois une araignée dont…

 

Version audio

Dis-moi, toi qui me lis, quel âge as tu ?

Je ne te parle pas de ton âge officiel.

Toi et moi, nous savons parfaitement que notre réalité est subjective. Un mur peut faire jaillir des larmes, alors qu’il n’est qu’un amas de pierres sèches. Des mots peuvent lancer une révolution. Pourtant ils ne sont objectivement que du vent soufflé entre des cavités.

Qu’est ce que ça répond à l’intérieur de toi, quand tu te demandes :

– Je me sens quel âge ?

 

 

Parfois, le décalage est flagrant, et même apparent. Certains adultes ont une voix qui dénote avec leur apparence physique. D’autres ont un corps qui détonne avec leur âge biologique. Comme si une partie d’eux avait refusé de grandir, ou à l’inverse, avait murie trop vite.

Ton écriture aussi a un âge. Elle en a même plusieurs. Car tu n’écris pas toujours depuis les mêmes endroits.

Par exemple, au moment ou je t’écris, je me sens 52 ans. Et 37 ans aussi. En même temps. Il suffit que je me pose cette question :

– Depuis où j’écris, au moment ou j’écris ces lignes ?

Et ça répond.

Et toi, , toi qui me lis en ce moment, depuis où me lis tu ?

– Qui me lit, en toi ?

Pour le dire autrement

– Quel âge as-tu, ou quel âge te sens-tu, au moment où tu me lis ?

Si cette question te paraît bizarre, alors, permets moi de dire bonjour à ton esprit supérieur, bonjour à ton enfant intrépide, à ton critique intérieur, à ton parent sévère, à ton courageux explorateur, à ton vieux sage, à ton adolescent perdu, à ton adulte frustré, à ton dormeur éveillé, à ton clown fou, à toutes les facettes de ton être.

Bonjour.

Et tu peux observer avec curiosité, comment tu réagis à la lecture de ces mots. Qu’est ce qui réagis en toi ?

Tu es un brouillard diffus, et parce que l’infini te fait peur, tu contiens ton immensité dans une forme finie, et tu la limites aux contours de ton corps physique.

Mais ton corps n’a pas de limites.

Des particules de toi flottent dans l’air en ce moment, et se propagent partout. L’environnement se nourrit de ta présence, comme tu te nourris de la sienne.

Tu peux fermer la porte de ta chambre à double tour. L’air qui circule de chaque côté est le même.

Tiens, pense à une porte. Elle n’a même pas besoin d’être une porte secrète. Peu importe si c’est une porte qui existe déjà, ou une de ton invention. Choisis juste la première qui se présente à toi. Et approche toi d’elle.

Si elle t’apparaît fermée. Ne l’ouvre pas.

Toque à la porte, et attends de voir ce qui se présente à toi.

Certains appellent cela convoquer les génies, ou rencontrer ton maître intérieur. En fait, tous ces noms n’ont aucune importance.

Quand on dit « frappe et l’on t’ouvrira », l’important c’est surtout de savoir à quoi ressemble ce « on ».
Alors toque, et une fois que « on » se manifeste à toi, demande lui s’il est d’accord pour te guider.

S’il accepte, alors laisse toi guider.

Il t’emmènera peut-être dans des endroits de ton corps, à l’intérieur de ton ventre, d’une cuisse, dans l’épine dorsale, ou dans des contrées plus lointaines.

Il t’ouvrira peut-être la porte, et tu y verras un escalier, un pont, ou une caverne dans laquelle tu seras invité à pénétrer.

En général, soit ça descend, soit ça monte.

Alors suis le guide, et remonte avec lui à la source.

Ne cherche pas à comprendre, et ne sois pas surpris par les rencontres que tu feras sur le chemin : des animaux qui parlent, des ombres, des couleurs inconnues, et des langues étrangères. Parfois, le serpent de la peur viendra siffler a tes oreilles. Fais confiance à ton guide.

Si tu dois mourir, tu mourras. Et continue.

Une fois arrivé à la source, convoque ce qui a besoin d’être convoqué. Et attends. Dans cette attente, rien n’est jamais rien, comme l’air qui est invisible et qui est pourtant source de vie.
Si tu ne vois pas, écoute.
Si tu n’entends pas, ressens.
Si tu ne ressens pas, appelle, et entends l’écho de ta propre voix.
Est ce encore la tienne ?
Remarque si tes mains sont encore tes mains
Dirige-toi vers une source ou d’un miroir pour découvrir ton reflet.
Est-ce encore toi ?
Ou plus exactement, sous quel apparence ce « toi » se manifeste ?

Après avoir pris le temps de vivre cette expérience simple, remonte ou redescends le cours du ruisseau, et reviens à ton point de départ, devant cette porte.

Il est temps maintenant de rencontrer le scribe.

Le scribe, c’est toi.  Laisse le s’exprimer directement à travers tes doigts. Prends une feuille et écris.

Parfois, le scribe attend que tu l’appelles. Alors, appelle le, et demande lui de te souffler les mots qu’il est venu t’apporter.

Voici ceux qu’il me transmet en ce moment même

« Souffle sur les braises.
Éteins la lumière.

Abime la terre.
Et pleurons nos frères.
Agite un drapeau, et souffle.
Le sang de la terre apaise le guerrier»

Tu sais parfois, ce sont des mots venus d’un autre âge. Tu les comprendras peut-être plus tard. Ou pas.

Un jour, dans mon enfance, je m’étais perdu dans la campagne, et j’ai rencontré un homme en djellaba, assis au pied d’un palmier. Il est resté silencieux, son regard plongé dans le mien. Des larmes ont coulé le long de ses joues. Ça m’a fait comme une décharge électrique dans tout mon corps. Je suis rentré chez moi, et j’ai demandé à ma tante qui était ce monsieur dans le désert.

Après la mort de ma tante, en ce début d’année, je suis retourné au village avec un de mes cousins. je suis allé voir sa tombe. Sur le chemin du retour j’ai demandé à mon cousin de me laisser seul quelques instants. J’avais besoin de marcher. Je me suis promené dans les champs, et j’ai eu envie de méditer un peu.

J’ai fermé les yeux. Et je suis parti, loin.

Quand j’ai ouvert les yeux, j’ai vu un enfant en face de moi. Nous nous sommes regardés, et j’ai eu soudain le sentiment de le connaître. De le reconnaître. Mes yeux ne pouvaient pas se détacher des siens. Tout mon corps a été saisi d’une décharge électrique. Des larmes ont coulé le long de mes joues, et il est parti en courant.

Toi aussi, peut-être qu’au moment même ou tu lis ces lignes, tu es ici, et aussi ailleurs, dans un autre espace, avec un autre age.

Alors, appelle le scribe.

Et ouvre cette porte, qu’est l’écriture.

 

 

 

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Prends une liste de 8 a 10 mots. Mets ton chrono sur 10 minutes. Et invente une histoire. 

Voici la liste de mots du jour, si t’as envie de tester, avant de lire mon histoire.

Un mot bizarre : Térébenthine  / Un nom propre : Esculape
Un odeur : celle des marrons chauds  / Une couleur : Turquoise
Un son : musique arabe /  Un souvenir : Un enfant que je m’amusai à effrayer
Un personnage : Albert l’intellectuel, prof d’université
Un secret :  il aime les enfants /  Une chanson :  rien de rien…

Version audio

Oncle Albert, c’est comme ça qu’on l’appelait (même s’il faisait pas partie de la famille), quand il venait à la maison, avec ses grosses lunettes,  sa jaquette à carreaux, et son pull turquoise sans manches. C’était un ami de papa. Un intellectuel.  Il amenait des fleurs pour maman, qui lui préparait son plat préféré : des marrons chauds avec de la viande de canard.

Je me souviens de lui, assis dans notre salon avec de la musique arabe. Il parlait beaucoup. Il avait l’air gentil. Très gentil. Mais moi, j’aimais pas ses lunettes. On aurait dit qu’il n’avait pas d’yeux. C’était moche.

Cette après-midi, j’avais fait peur a mon frère. Vraiment peur. Ernest a beaucoup pleuré. Mes parents étaient partis faire les courses, et moi je lui ai parlé, du monstre, du démon, et il a eu un une crise de panique. Ça m’a fait beaucoup rigoler.

Mais le soir, quand il est allé dormir, et qu’il ne voulait pas aller au lit, je me suis souvenu. Heureusement, oncle Albert était la, il a pris la main d’Ernest et lui a dit. 

– Allez viens, je vais te raconter une histoire.

Et ils sont allés dans notre chambre commune. J’étais content, je mangeais des chocolats dans le salon. Et puis, pourquoi, il y a eu cette chanson ?

– Non, rien de rien… non je ne regrette rien… »

Et j’ai revu mon frère, sa terreur. Et soudain, j’ai eu peur qu’il raconte tout à Oncle Albert.

Non.

J’ai avancé dans la chambre. Et j’ai vu Ernest dans son lit, et Oncle Albert penché à côté de lui. Il avait la main sous la couverture, et il chuchotait à Ernest.

– C’est un secret… mais c’est un secret qui fait du bien… Cela s’appelle le serpent d’Esculape, parce qu’Esculape , il l’a reçu des dieux….

Ernest avait l’air détendu, et soulagé. Il suçait son pouce, et fermait les yeux. Je n’ai pas compris ce qui se passait . Enfin, si, peut-être.

Et je suis retourné dans le salon, terrorisé.

– Non, rien de rien… ni le bien , ni le mal, tout ça m’est bien égal.

Le matin, je me suis réveillé tôt.
Ernest allait bien. Il jouait. Je l’ai scruté, guetté. J’ai joué avec lui. Son camion était abime. J’ai pris la bouteille de térébenthine de mes parents, et je l’ai nettoyé de fond en comble, pour qu’il brille. Il n’y avait plus une tache sur son camion. Comme neuf.

Ernest semblait content.

– Hé, pourquoi tu pleures, Alex ?

– Mais non, je pleure pas, c’est cette odeur. Mais tout va bien… et toi, ça va ?

– Oui. Je vais bien

 

Non, rien de rien. Je ne regrette rien… 

 

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Prends une liste de 8 a 10 mots. Mets ton chrono sur 10 minutes. Et invente une histoire. 

Voici la liste de mots du jour, si t’as envie de tester, avant de lire mon histoire.

Enfant –tableau – abricot
glabre – romarin – cerceau –
Jeanne – Mouche Ternelle – Vassiliev – onguent

Version audio

 

Version texte

Le peuplier est entouré d’un cerceau de fer. C’est sa prison . Et nous on court autour, on rit, et on crie.

Mouche est tombée la première. Mouche Ternelle, je l’aime.

Elle a des collants en laine épais, un manteau violet, comme celui du chaperon rouge, mais en violet. Et en guise de boutons, des espèces de cornichons en bois.
Ses yeux bleus brillent toujours, meme quand elle pleure. Il n’y a qu’elle. Quand elle est la, je n’ai plus peur, plus froid. Je veux être toujours avec elle, jouer. Elle m’aime. Mais ça ne se dit pas. On en a pas besoin, ni elle ni moi. C’est comme ça, c’est naturel.

 

On se manque même pas quand on se quitte. Et quand on se retrouve le matin, c’est normal. Ça peut pas être autrement en fait.

Jamais j’ai pensé a l’appeler, ou aller chez elle. Je ne sais même pas si elle a une sœur. On parle jamais de ça. Quand on est ensemble; il n’y a que nous. On pourrait se moquer de Jeanne, Léo ou Vassiliev, mais on ne le fait pas. On parle de nos crayons, de notre couleur préférée, des abricots, de la manière dont les grands-mères du moyen age utilisaient la sarriette, l’argile, et le romarin pour fabriquer des onguents qui rendaient super -puissants.

Et puis, Mouche est tombée, dans la cour.

J’ai continué à courir. Elle m’a fait penser a ma sœur, et j’ai ressenti de la tristesse à ce moment la. Je ne sais pas d’où c’est venu. Quand je l’ai vue par terre, je me suis souvenu que j’avais une famille.
Le jeu a continué autour de l’arbre de la cour de rue des Sept Arpents, à l’école de la liberté, classe de Mme Panoufle, CM1 A, Mars 1987.
Mais je sais pas.

Elle a une belle voix, Mouche. La voix de quelqu’un qui vient juste de se réveiller. J’ai toujours le sentiment qu’avec elle, on va aller prendre le petit-déjeuner. Tartines de confiture, croissants, chocolat chaud, comme quand on était en colo, enfin… en classe verte…

Mouche un jour m’a dit qu’elle allait changer d’école. On a rigolé ensemble. Je me souviens du dessin qu’elle a fait sur mon cahier ce jour là :  elle l’avait intitulé l’enfant au tableau. C’était un tableau d’école sur lequel était dessiné un enfant. Je lui ai dit que c’était pas ça un enfant au tableau. L’enfant il devait être devant le tableau, et écrire au tableau. Pas être dessiné dessus.  Elle a haussé les épaules, et m’a répondu : “ Qu’est ce que t’en sais ? ”.

La maitresse nous a demandé de nous taire, et on a repris la dictée de mots : marécages – glabre – souliers crottés – arrière train – le paysan allait en ville – un bouquet en main de marjolaines – prunelle de ses yeux – dévalant la colline.

C’était un mardi. Puis le jeudi, la chaise d’à coté, était vide. Mouche avait changé d’école. Je ne lui ai même pas demandé ou elle allait en fait.

Dans la cour, on a joué, avec Julien, Jonas, Jeanne et Leo. J’ai couru, et cette fois, c’est moi qui suis tombé. Les autres ont continué à courir. Je me suis relevé. J’avais abîmé mon pantalon. J’ai pensé à ma mère. Je l’ai vue me gronder. Et j’ai été triste un instant, avant de reprendre ma course autour de l’arbre.

Le peuplier.

Celui qui est entouré d’un cerceau de fer. Et qui a changé depuis hier.

 

Si toi aussi, tu as envie de jouer, voici une liste de mots pour inventer l’histoire de demain. Je te partagerai la mienne . A toi de jouer, mets ton chrono sur 10 minutes, et amuse-toi.

Un mot bizarre : Térébenthine 
Un nom propre : Esculape 
Un odeur : celle des marrons chauds
Une couleur : Turquoise
Un son : musique arabe
Un souvenir : Un enfant que je m’amusai à effrayer
Un personnage : Albert l’intellectuel, prof d’université 
Un secret :  il aime les enfants
Une chanson :  rien de rien…

 

 

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