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Ça y est, j’y suis arrivé. ENFIN

A cet endroit dont je parlais dans un de mes premiers articles : le point de bascule (que je t’invite à découvrir ici)

Ce carrefour du non-retour. Tu sais, le moment où t’as l’impression d’avoir tout dit, tout écrit, et le sentiment d’avoir plus rien à raconter.

Plusieurs articles écrits la semaine dernière sont restés en mode brouillon. L’enthousiasme des premières semaines à laissé place à un sentiment d’obligation.

Et pareil pour mes cercles d’écriture. J’ai plus envie.

Et c’est pas agréable, parce que tu te retrouves devant la question clé : arrêter ou continuer ?

Mais si j’arrête, ce sera un abandon ? ou au contraire, l’expression d’un cap que j’ai passé ?

Je crois qu’on appelle ça un moment de crise.

 

Dimanche, le jour de mon cercle d’écriture prévu à 21 heures, après le coucher des enfants,  j’ai vécu une journée de stress pas possible. Faut dire que j’avais d’autre priorités :  mon scénario à boucler absolument avant minuit. Et  je voulais aussi passer du temps avec mes enfants, et gérer l’organisation familiale.

Alors pourquoi un moment comme le cercle d’écriture qui en soi est plutôt très convivial est devenu source de tensions si fortes ?

Le stress est monté toute la journée, et a fini par exploser en colère contre mes enfants. Et là, je me suis rendu compte que quelque chose n’allait pas.

J’ai appris beaucoup de mes enfants ce jour là.

Je suis allé voir mon fils dans son lit, avant le début du cercle :

“Tu sais, je voulais que vous soyez couchés tôt ce soir, pour préparer mon cercle. Je suis désolé de m’être emporté si vite avec toi et ta sœur. J’ai pas à vous imposer mon stress. Vous n’y êtes pour rien. Vous êtes vivants, c’est normal. Vous êtes pas une télécommande qui s’arrête de vivre parce que j’en ai besoin. J’aurais jamais du caler de cercle un soir ou je vous ai .”

Mon fils m’a écouté attentivement

Papa, si ça te stresse comme ça ton cercle d’écriture, pourquoi tu l’annules pas ?

Ah non, c’est pas possible, les gens m’attendent. Si j’annule, je…. Je peux pas trahir mes engagements…

Pourtant, j’avais pas respecté mon principal engagement ce jour-là. Celui d’être un père à l’écoute de ses enfants. Je m’étais mis dans une grosse colère contre eux. Une colère que je me serai jamais permise d’exprimer devant d’autres gens.

Moi qui avais lancé ces cercles pour être en relation avec les autres, je me retrouvais soudain comme prisonnier des mes propres engagements, de ma peur de décevoir, alors ma démarche avait été initiée par un désir de m’écouter.

Bon, la leçon était dure à encaisser. Mais on se libère pas aussi facilement de ses carapaces, et de l’image qu’on veut donner de soi.

Même quand tu crois que t’as évolué, la Vie a cette intelligence de te ramener encore et toujours au même endroit, et te mettre face à ta vérité brutale.

J’ai regardé mon fils dans les yeux. Je lui ai souri.

J’ai pris le temps de me demander ce qui était le plus important pour moi à ce moment-là. Et j’ai annulé le cercle.

Je suis allé retrouver ma fille contre qui je m’étais emporté, lui ai expliqué les raisons de mon attitude, et me suis excusé, en prenant le temps de  l’écouter.

Et comme par enchantement, le stress a   disparu.

C’est drôle, parce que le thème du cercle d’écriture était le corps. J’y avais beaucoup réfléchi, et j’étais même curieux d’explorer avec le participants, des questions comme :

Comment tu te représentes ton corps ? Et plus précisément, chaque partie de ton corps, par exemple, ton cœur, ton ventre, tes pieds, ou encore ta gorge, comment tu te les représentes ?

Comment tu écoutes ton corps ? Et comment tu communiques avec lui 

Et là, je peux te dire que mon corps venait de me donner une belle leçon.

Cette colère explosive, que je rejetais si fortement chez moi, c’était pas qu’ un truc si négatif en fait.

C’est le moyen que mon corps utilisait pour me dire :

Hey ! Y a un truc que tu n’écoutes pas, Namir et qui te parle depuis un moment. Tu peux pas continuer comme avant.

Et là, une pensée a fait irruption dans mon esprit.

Comment se fait il que je suis capable d’une telle colère face aux gens que j’aime le plus, alors que je ne me permettrais jamais d’exploser comme cela au dehors ?

Euh…peut être justement PARCE QUE je les aime.

Quoi ?

Ainsi donc l’expression de ma colère serait une manifestation de l’amour inconditionnel ?

J’aime mes enfants. Notre lien est si fort que je ne crains pas de les perdre en exprimant ma colère. Je suis tellement en sécurité dans cette relation (ou je sais, logiquement ça devrait être l’inverse), que je peux me permettre d’exprimer des émotions inhibées, ou que je ne m’autorise pas en dehors.

My God !

Alors, face à la colère, comme à la crise, et bien tu t’arrêtes. Tu te poses. T’écoutes. Et tu discutes avec ta propre intelligence pour comprendre ce qui ne va pas, et comment tu veux continuer. Ou pas.

C’est le moment ou tu remets tout sur le tapis.

Tu vois, c’est important les crises. C’est salutaire même. Même si l’issue n’est pas toujours celle à laquelle tu t’attends.

Dans mon cas, c’est une formidable opportunité pour me redemander : pourquoi j’ai commence ce blog, et ces cercles d’écriture ? Qu’est ce que je recherche ?

Quelles sont les bonnes raisons d’arrêter ? Et les bonnes raisons de continuer ?

C’est juste que j’avais juste pas prévu qu’il serait aussi douloureux, ce point de bifurcation.

Alors, si toi aussi, tu traverses ces moments là, ne cherche pas à les nier, ou les positiver en te rassurant, en te disant que ça va aller. Prends le temps d’écouter. C’est souvent l’occasion de te reposer les bonnes questions.

Alors, je serai curieux de savoir ce que tu vis en ce moment, et comment tu gères.

N’hésite pas à partager ton expérience dans les commentaires à la suite de cet article.

 

 

 

 

 

 

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J160 - Le droit à la détresse

« Quoi ? vous vous séparez, mais comment est ce possible ? Je n’arrive pas à y croire… On vous a toujours vus comme un couple modèle. »   C’est fou cette tendance que l’on a à idéaliser la vie des autres. A…

J159 - Te montrer vraiment

J’ai peur de déplaire. C’est une des propositions sur lesquelles nous avons écrit lors du précédent cercle. Commencer ton texte par cette phrase, et partir ensuite pour 10 minutes de flow ininterrompu, ça te fait partir…

J158 - T'es con, ou tu le fais exprès ?

- Mais enfin, t’es idiot ou tu le fais exprès ? J’ai 12 ans. Et Mme Burchill, ma prof de biologie nous emmène en forêt observer la nature, nous donnant comme devoir de la décrire. J'aperçois une araignée dont…

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Je ne m’intéresse assez peu à l’actualité, mais cette histoire m’a interpellé, et je pense qu’elle pourrait t’intéresser.  C’est un fait divers singulier qui a été publié hier dans le journal Sud Ouest a publié hier. Un fait divers sans crime pour une fois – mais qui aurait pu coûter cher.

Le protagoniste principal est un facteur de la région de Mérignac – nous l’appellerons Allen – le secret de l’instruction joue, et j’ai pas envie d’avoir de problèmes. Un facteur ordinaire qui distribue du courrier ordinaire. Mais depuis quelques temps, de nombreux habitants recevaient dans leur boite au lettre des courriers contenant des plantes. Les timbres venaient de Russie, et contenaient des sachets de plantes.

Ces courriers avaient tous comme point commun d’être tous sur la tournée d’Allen, le facteur.

Plusieurs clients ont vérifié. Et le nom sur le sachet amenait vers un site en francais, mais basé en Russie, sur les vertus de ces plantes, fabriquées par un herboriste douteux.

 

 

C’est la plainte d’un des habitants qui a alerté les autorités. Sans qu’aucune somme n’ayant été prélevée à personne, il n’y avait donc pas d’escroquerie officielle. Les sachets de plantes ont été réquisitionnés pour être envoyés, vu le contexte, à la section antiterroriste du parquet pour y déceler un quelconque poison : les analyses ont révélé la présence de strychnine, de morphine, de racines de conques, et des dizaines de variété de fonges, d’herbes, et de plantes aromatiques.

Rien de dangereux, mais tout de même, de quoi etre bien sonné.

Philippe Coudrier, un habitant de Mérignac, a révélé, qu’il avaient consommé ces plantes en infusion. Apparemment, elles  ne lui avaient rien fait. Il se sentait toujours bien. Son fils de 11 ans, en revanche, n’a pas connu le même sort.

Il avait eu des comportements devastateurs, au point de casser toutes les tables de sa classe de CM2 en hurlant, tenez-vous bien :

« Libérez les otaries, le savoir ne vient pas de Paris.
Honte aux présidents, meurtriers de la vie,
Libérez les otaries ».

Le jeune garçon qui n’avait jamais manifesté de réactions de cet ordre auparavant, a du être hospitalisé. Il assure ne pas avoir bu l’infusion de son père, ni avoir été en contact avec ces plantes. Ce que les analyses n’ont pas pu confirmer. Là où le mystère commence, c’est que trois jours plus tard, un autre pli est arrivé chez la famille Coudrier.

Et cette fois, le pli était adressé à l’enfant. D’autres plantes.

Pourquoi Philippe Coudrier a-t-il choisi d’administrer cette infusion à son fils ?

Le principal intéressé est incapable de l’expliquer, bien qu’il ait reconnu les faits,

Le jeune garçon, à peine sorti de l’hôpital a donc ingéré les plantes avant de retourner à nouveau à l’école.

 

Cette fois son comportement n’était plus violent du tout. En revanche son travail s’en est troué fortement modifié. Le fils de Philippe Coudrier explique qu’il s’est senti très inspiré. Lui dont le niveau en français était très moyen, à écrit, selon Mademoiselle Catherine Balmain, son institutrice, des rédactions qui, selon elle, font chavirer les cœurs, et qu’elle a même lue aux autres maître de l’établissement. Des rédactions qui portaient des titres comme : “Pour une reforme du système de l’enseignement”, “Pour que la poesie retrouve le chemin de l’ecole”, on y trouve des phrases comme “Laissons l’imaginaire se déployer dans nos classes, et la vie reprendre ses droits sur les rythmes arbitraires d’un système scolaire sclérosé par une administration sans vision.”

Des mots surprenants sous la plume d’un enfant de 11 ans.

 

Alors, le facteur dans tout ça ?

Et bien, c’est simple. Comme précisé plus tot, les courriers déposes etaient  ceux de sa tournée ; l’enquête de la BRPJJ a pu remonter jusqu’à lui. Il a été interpellé au Parc de Sceaux, alors qu’il cueillait des morceaux des feuilles d’églantier, des racines de pin, et des champignons. Interrogé à son tour par la police, il a eu cette réponse cinglante :

 

« Live life. Better now than after
my dear heart knows your teacher »

 

Il n’a pas reconnu les faits qui lui étaient reproché. Ni ne les a niés.

Et la police a du le libérer.

Le site internet russe a été fermé.

Et le facteur a été muté du côté de Mulhouse.

L’histoire pourrait s’arrêter ici. Car on n’en connaît pas la suite.

Mais si je vous partage cet article aujourd’hui, c’est que je fais partie des gens qui ont reçu ces courriers, il y a maintenant près de 3 mois.

Les plantes n’ont eu sur moi aucun effet notable sur moi non plus. Mais je continue à m’interroger sur les motivations de l’expéditeur de ces lettres.

Le seul élément qui me questionne, c’est que j’ai perdu 7 kilos depuis 3 mois, que je me réveille souvent en pleine forme, et que je prends plaisir a courir tous les matins. C’est d’ailleurs depuis 3 mois que j’ai commencé à écrire ce blog.

Il m’arrive parfois aussi d’avoir des irruptions de colère devant mes collègues. Et si elles peuvent surprendre, et effrayer, elles ont permis à votre serviteur de gravir certains échelons professionnels, qui me permettent aujourd’hui de  diffuser ces lignes dans le journal Sud Ouest.

Évidemment tout cela est faux. Ce n’est qu’un canular. Le facteur en question n’a jamais existé. Et cet article non plus. A bon entendeur salut.

Et pensez bien à libérer les otaries.

 

 

 

 

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J160 - Le droit à la détresse

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J’ai peur de déplaire. C’est une des propositions sur lesquelles nous avons écrit lors du précédent cercle. Commencer ton texte par cette phrase, et partir ensuite pour 10 minutes de flow ininterrompu, ça te fait partir…

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Tenir un blog quotidien, ça demande de l’énergie.
Et moi, mon énergie, une semaine sur deux, j’en ai besoin pour gérer le quotidien de mes deux enfants : les courses, les repas, la vaisselle, le linge, les rendez-vous et les activités.

Au début, comme je voulais que mes articles soient postés à 7 heures du matin, il m’arrivait régulièrement de m’y mettre après le coucher des enfants, et de les finir à 2 heures du matin. Difficile de se lever ensuite aux aurores, comme j’aime à le faire pour pouvoir mon footing avant le réveil des enfants.

Conséquence : exit le footing. Bonjour le dérèglement du rythme de sommeil. Et bienvenue à la prise de poids.

Bon, j’ai pas fait le tour du monde en 80 articles, et l’inspiration manque pas.

Y a encore plein de sujets que j’aimerais creuser et partager avec toi : des fictions, des critiques de films, des réflexions sur la création et sur l’écriture, des questions sur notre place sur cette terre, notre rapport à nos parents, et à nos enfants.

Et aussi mes interrogations sur la thérapie, le bien-être et l’intérêt du développement personnel.

 

 

Beaucoup de propositions de développement personnel ont l’air très séduisantes au premier abord. Tu sais, celles qui obtiennent pleins de cœurs et de likes sur Facebook : fous-toi la paix, lâche prise, arrête d’être parfait, de faire plaisir aux autres, fais toujours de ton mieux, que ta parole soit impeccable, et vive la communication non violente….

Mais souvent, je sais pas si tu l’as remarqué, ces propositions se font a l’impératif.

Elles deviennent un peu des injonctions au bonheur, et finissent par entraîner notre malheur.

C’est comme tous les “il faut”

Il faudrait que j’écrive, que je poste mes articles touts les matins, que je fasse plus de sport, que ceci…

Récemment, avec un de mes clients, on a travaillé sur le décalage qu’il y avait entre qui il était, et qui il voulait être, et comment ses aspirations à être quelqu’un de bon et de bienveillant (selon ses critères) étaient une des principales sources de sa souffrance au présent.A la fin de la séance, je lui ai demandé de reformuler ce avec quoi il repartait de cette séance, sans utiliser les “il faut”, “je dois”, ni de négation.

– Il faut que j’arrete de me dénigrer.

– Biiip. Pas de “il faut”

– Ah oui, euh…

– Je dois me traiter avec bienv….

– Biiip. Pas de je dois non plus

– Ah oui, c’est vrai… euh… je ne suis pas…ah non, zut pas de négation, non plus. Bah, la, je trouve pas…

– Et bien, cherche

 

Il a cherché. Et il a commence à se faire ses “bips” lui-même. Et on s’est mis à rigoler.

Bah, ce que j’ai envie de te dire c’est qu’il faut RIEN. Même pas aller mieux en fait. Chaque fois que tu te mets en tete que tu devrais faire quelque chose dans l’optique de ton bien-être, peut-être que t’es juste en train d’amplifier une perte d’estime de toi, si jamais tu n’y arrives pas.

Je lisais un post récemment de Stephan schillinger, l’auteur de par un curieux hasard, dans lequel il parlait du grand amour:

Peut-être que si l’on est capable de se rencontrer soi-même à cet endroit là, avec l’amour suffisant pour se recevoir et s’accepter dans ce désespoir fulminant, peut-être alors, nous pourrions un jour accéder à ce Grand Amour qui implique de pouvoir entièrement recevoir l’autre dans sa colère la plus irrationnelle, et pouvoir poser sa main à cet endroit écorché, à vif, qui est justement le nôtre.

 

Oui, ça sonne bien. Sur le fond, j’entends ce qu’il dit. Je suis peut-être même un peu d’accord.  Mais je ne peux m’empêcher de m’interroger sur l’impact de telles phrases sur la psyché. Sont elles réellement bénéfiques ?

Est ce qu’a long terme, ces aspirations à toujours vouloir être mieux que ce que nous sommes, ne finissent pas par nous dire que nous sommes pas comme il faut ?

Il faut ?

Biiip.

Et puis, d’où vient cette idée que le but de la vie serait d’accéder à un Grand Amour. Ca sort d’ou ?

 

Et si c’était ok de ne pas tenir nos engagements, de déroger à nos propres principes, de ne pas être dans le lâcher prise, et d’être frustrés de ne pas être parfaits ?

Justement parce qu’on est imparfaits.

Alors, je ne vais pas utiliser d’impératif pour te dire accepte-toi, ou donne-toi la permission de, ou ose…

Parce que la aussi, ca risque de devenir une injonction supplémentaire, et activer un sentiment d’échec, et la peur de ne pas y arriver.

Je crois juste qu’il n’y a rien a réussir. Même pas ta vie

C’est ce que j’ai mis du temps à comprendre, dans mes cercles d’écriture : ne rien en attendre.

Certains cercles sont ordinaires, d’autres sont géniaux. C’est aléatoire.

C’est peut-être cela leur intérêt principaux. Permettre de lâcher les attentes, y compris celle de ne pas avoir d’attente.

Tout est ok en fait.

Ce que t’écris ’est bien ? OK

Ce que t’écris ’est nul ? OK aussi

T’as pas d’attentes ? OK

Tu voudrais ne pas avoir d’attentes, mais t’en as quand même ? OK aussi.

Tout va bien.

Et de toute façon, c’est comme ça.

Alors a quoi bon chercher autre chose que ce qui est.

 

Quand, au bout de 5 bonnes minutes, mon client (tu sais celui que j’ai laissé mouliner en lui demandant ce qu’il avait retenu de sa séance, et qui se faisait des bips tout seul) a fini son tour du monde intérieur en 80 minutes, et qu’ il est sorti de sa transe, il m’a dit

– Ça y est. Je sais ! Ce que j’ai retenu, c’est que je suis responsable de mes problèmes de communication avec les autres. Et que pour communiquer avec les autres, je dois… euh non, j’aimerais apprendre à mieux communiquer avec moi-même.

– Hmmm, et comment tu es avec cette idée ?

– C’est nouveau pour moi.

– Et ça te parait possible ?

– Je crois que ça va prendre du temps, que c’est un long chemin. Mais oui, c’est possible

– Et ça te fait quoi, quand tu te dis que c’est possible ?

– Çà me donne de l’espoir.

Alors, je ne dis pas que le développement personnel ne sert à rien. Je ne prône pas l’ignorance, et l’auto complaisance. Moi aussi, je lis plein de bouquins, j’écoute de podcasts.

Le problème il est peut-être pas tant dans ces livres, et toutes ces propositions au bonheur, que dans notre intention, et ce qui fait qu’on se jette dessus.

Et je trouve juste que se poser des questions, être à l’écoute de soi, et etre curieux des autres, ce sont deja des règles simples pour être heureux parfois. Et malheureux d’autre fois

Et que ça suffit en fait.

 

 

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J160 - Le droit à la détresse

« Quoi ? vous vous séparez, mais comment est ce possible ? Je n’arrive pas à y croire… On vous a toujours vus comme un couple modèle. »   C’est fou cette tendance que l’on a à idéaliser la vie des autres. A…

J159 - Te montrer vraiment

J’ai peur de déplaire. C’est une des propositions sur lesquelles nous avons écrit lors du précédent cercle. Commencer ton texte par cette phrase, et partir ensuite pour 10 minutes de flow ininterrompu, ça te fait partir…

J158 - T'es con, ou tu le fais exprès ?

- Mais enfin, t’es idiot ou tu le fais exprès ? J’ai 12 ans. Et Mme Burchill, ma prof de biologie nous emmène en forêt observer la nature, nous donnant comme devoir de la décrire. J'aperçois une araignée dont…

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A l’heure où je termine l’écriture de “la vie après Siham”, le scénario de mon deuxième long-métrage (après 3 ans d’écriture, et plus d’une quinzaine de versions), j’ai à nouveau envie de te parler de cinéma, et de la raison pour laquelle je suis tombé amoureux de cet art que j’ai  découvert vers mes 17 ans.

Tout d’abord, et je ne crois pas que ce soit un un hasard le cinéma est né muet. Comme les nourrissons, qui viennent au monde sans avoir l’usage de la parole, mais qui ont plein d’autres moyens de communiquer. Alors les premiers cinéastes ont du inventer un langage qui ne passe pas par les mots. En art, et comme dans la vie souvent, ce sont ces contraintes qui font émerger les plus belles expressions du génie humain.

 

 

Le langage du cinéma muet ne repose pas que sur les images. La vraie révolution cinématographique de ce cinéma des premiers temps, c’est celle du montage, c’est à dire comment la juxtaposition de plusieurs plans peut recréer l’illusion du temps et de l’espace, et devenir une brique fondamentale de la construction du récit.

Le montage permet les ellipses, les associations d’idées, et nous aide aussi à appréhender la réalité différemment, en nous proposant plusieurs points de vues dans une même scène.

Pour moi, cela ressemble étrangement à ce que nous vivons. Dans nos rêves, nous passons parfois d’un endroit à un autre, en une fraction de secondes, nous associons entre eux des éléments qui n’ont rien à voir. Et dans nos vies, ne sommes nous pas simultanéments ici et ailleurs, comme dans un montage parallèle ?

Finalement le langage du cinéma est peut-être aussi la langue maternelle de notre cerveau, de nos rêves, et de notre vie.

C’est peut-être pour cela qu’il m’a autant parlé, lorsque je l’ai découvert. 

Le cinéma muet a produit des chefs-d’œuvre. Les russes, comme Dziga Vertov ou Eisenstein, génies du montage dynamique, ont composé des symphonies visuelles, pendant qu’ailleurs en Europe, Epstein, Lang, Stiller, Sjostrom développaient une vision esthétique du cinéma, travaillant la lumiere, le clair obscur, la perspective et la composition de leurs plans.

Et les américains eux, plus pragmatiques, ont mis tous leurs talents au service de l’émotion et de l’efficacité narrative. Jouant avec les attentes du spectateur, et cultivant l’humour, l’attirance, et le désir, au service de la dramaturgie.

Les 3 dernières années du cinéma muet, entre 1927 et 1930 nous ont offert une quantité impressionnante de chefs-d’œuvre.

Et puis, soudain le Verbe est arrive. Et la parole fut. Ce fut d’abord une période de grosse régression artistique. Un peu comme lorsque les enfants découvrent l’écriture, et que leur dessins perdent soudain de leur foisonnante créativité. Désormais, la priorité n’était plus au rythme, au montage, mais au dialogue. Certains génies du cinéma muet, qu’ils soient acteurs, et cinéastes n’y ont pas survécu. Comme Griffith, Stroheim, ou encore Buster Keaton. D’autres, au contraire, ont su s’adapter à ce nouveau langage, et ont vu leurs talents se déployer davantage comme Renoir, Ford ou Lubitsch.

J’ai été fasciné par la découverte du cinéma muet. Ces vieux films étaient pour moi des ovnis. J’allais à la cinémathèque, pour voir des œuvres hypnotiques venues d’un autre temps, dont les acteurs et les auteurs étaient pour moi d’illustres inconnus (alors qu’ils avaient été des vedettes internationales à leur époque).

Ces gens étaient tous morts (et je crois que cela n’était pas du tout anodin dans ma fascination, j’en parle dans cet article intitulé « où vont-ils donc ? »). J’allais à la cinémathèque, et je me délectais de tomber presque chaque soir sur des chefs-d’œuvres.

Forcément. Le temps a fait son tri, et la cinémathèque est devenue le musée des meilleurs films du passé.

Ces films étaient totalement déconnectés de ma réalité quotidienne. C’était comme un monde parallèle de fantômes inconnus qui surgissaient tous les soirs. Cette distance temporelle entre ces films et moi, m’a permis de les voir pour ce qu’ils étaient, en dehors de la dimension commerciale qu’ils ont pu représenter à leur sortie.

Ça tombait bien, parce que pour moi, à 17 ans, je ne voyais le cinéma que comme un divertissement sans profondeur, fait par des vedettes capricieuses, que l’on regardait en mangeant du popcorn. Et j’ai découvert qu’il était un art à part entière avec son propre langage.

Un langage dans lequel les choses ne sont pas dites, et qui peut se passer des mots pour exprimer l’essentiel.

Une part de moi s’y est reconnue.

L’enfant tumultueux que j’étais, traversé par des émotions très fortes, et incapable de mettre des mots dessus y a trouvé un refuge.

L’adolescent timide, incapable d’exprimer son désir devant les filles qui l’attiraient, y a peut-être trouvé un espoir.

Les scénaristes disent souvent

“Show don’t tell”

Au cinéma, on ne dit pas les choses, on les montre.La force du cinéma pour moi est ailleurs. Non pas dans le fait de montrer, mais dans le fait de savoir suggérer, et de manière très indirecte.

Prenons un exemple simple, qui peut te paraitre évident, mais qui montre pour moi, toute la puissance du cinéma.

Plan 1 :
un homme, derrière sa fenêtre, regarde vers le bas, à travers une paire de jumelles.

Plan 2 :
Vue depuis la fenêtre, donc en plongée, une femme debout à un arrêt de bus, réajuste ses bas. Le plan est assez serré, et se focalise sur ses mains qui remontent ses bas jusqu’à ses cuisses

Ces deux plans pris séparément ne signifient pas grand chose de plus que ce que l’on y voit : un homme regarde au dehors. Une femme fait une action ordinaire. Mais l’assemblage de ces deux images, fait naitre un sens nouveau : ici, ce qui relie ces deux plans, c’est le désir de l’homme.

La nature du deuxième plan devient alors l’expression du regard subjectif de l’homme aux jumelles .

On pourrait même se demander si en inversant ces deux plans, et en commençant par le plan de la femme qui réajuste ces bas, l’effet et le message seraient les mêmes.

Voila où se situe la magie du cinéma, pour moi : le message du désir (ici celui de l’homme aux jumelles) y est suggéré.

Il y a peut-être meme une autre suggestion, plus indirecte encore, exprimée à travers ces deux plans. Le désir de l’homme au jumelles est peut-être une métaphore, ou un miroir de notre propre désir de spectateur.

Ce que je n’ose pas faire dans la vie, je peux le faire à travers cet homme. Ce n’est pas moi, la personne respectable, qui regarde la femme, c’est lui. Je ne suis donc pas coupable de la regarder.

Voila ce que pour l’adolescent que j’étais, le cinéma a inventé : la permission de regarder nos propres désirs sans honte, ni culpabilité.

La possibilité de nous identifier à tous types de personnages, et de pouvoir vivre, grâce et à travers eux, nos désirs et nos émotions, mêmes les plus enfouies et inavouées.

Je m’y suis reconnu, et j’ai eu envie d’apprendre cette langue là.

Sans parler d’une autre dimension du cinéma. Plus mystérieuse encore, et qui m’a guidée dans l’écriture de mon scénario. Celle de capter les âmes des vivants. J’ai évoqué ce rapport à la mort et aux fantômes dans cet article.

Je reviendrai probablement dessus, tant le sujet me parait important.

 

 

 

 

 

 

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J160 - Le droit à la détresse

« Quoi ? vous vous séparez, mais comment est ce possible ? Je n’arrive pas à y croire… On vous a toujours vus comme un couple modèle. »   C’est fou cette tendance que l’on a à idéaliser la vie des autres. A…

J159 - Te montrer vraiment

J’ai peur de déplaire. C’est une des propositions sur lesquelles nous avons écrit lors du précédent cercle. Commencer ton texte par cette phrase, et partir ensuite pour 10 minutes de flow ininterrompu, ça te fait partir…

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- Mais enfin, t’es idiot ou tu le fais exprès ? J’ai 12 ans. Et Mme Burchill, ma prof de biologie nous emmène en forêt observer la nature, nous donnant comme devoir de la décrire. J'aperçois une araignée dont…

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Ça fait bientôt 3 mois que j’ai commencé ce blog. Demain, j’aurais écrit 80 articles. Et pas encore trouvé mon second souffle.Juste le sentiment laborieux de me répéter par moments, et à d’autres de me forcer a écrire alors que je n’en ressens pas forcément l’envie.

Je pourrais tout à fait arrêter ce blog.

Alors, qu’est ce qui fait que je continue ?

Hmm… peut-être parce que je cherche encore pour qui j’écris.

Et c’est peut-être une des raisons de mon essoufflement. Je ne le sais toujours pas.

Dans mon blog, j’ai parlé d’écriture, de création et de mon lien avec le cinéma (à un moment ou finissais justement mon scenario de film) et cela a donné des articles comme ressusciter les morts.

Hier à travers l’égyptien libéré, en plus du décalage entre l’orient et l’occident, j’ai parlé à travers l’histoire d’Ayman, du langage, de la nécessité de nommer les choses que l’on vit : c’est d’ailleurs ce que j’essaye de faire avec ce blog, exprimer une parole libre, vraie, authentique et personnelle, dépasser ma propre peur et honte à exposer mes désirs, et ma vulnérabilité, pour accéder à une plus grand acceptation de qui je suis, et sans doute, je l’espère, t’aider à t’accepter, par la même occasion.

 Cette liberté a aussi ses limites. Il y a aussi des sujets que je ne peux pas aborder sans conséquences : comme ma séparation par exemple, car elle n’implique pas que moi. Et ma femme redoute que ce que j’écrive ait des conséquences négatives sur la vie de nos enfants.

On ne peut pas tout écrire dans un blog, sans conséquences.

D’autres sujets encore sur ma famille, mes origines, ma relation à mon père, au deuil de ma mère, et au sens de la vie, ont été abordés.

Ces articles concernent des questions que je me pose. Et qui me composent. Mais comment toi, lecteur tu peux y trouver une unité ?

Si tu vas dans un restaurant indien, c’est pas pour manger des hamburgers. Soit il faut que le restaurant changer de menu et cesse de proposer des hamburgers, soit il change de nom, et ne s’appelle plus restaurant indien.

Un des articles qui m’a valu le plus d’abonnements à mon blog concerne l’hypnose  ( tuer l’enfant intérieur). Mais comment ont réagi ces abonnés, en découvrant, quelques jours plus tard, un article sur mon rapport à la sexualité ?

Sans doute le même effet que de voir arriver des pizzas et des hamburgers dans un restaurant indien.

Ils ont du se demander : mais de quoi parle ce blog ?

Et se désabonner

Qui trop embrasse, peu étreint.

Mais voilà. Je ne sais toujours pas pour qui j’écris.

Je devrais dire pour qui j’ai envie d’écrire ?

Je suis allé au cinéma récemment voir un film qui s’appelle “la conspiration du Caire” (Boy from heaven, en anglais). L’histoire se passe en Égypte, et raconte les tentatives du gouvernement du président Sissi d’imposer un directeur à sa botte à la plus grande université islamique d’Égypte, et probablement du monde arabe : celle d’Al-Azhar.

Le film est allé à Cannes, et connait actuellement un succès international. Oui, mais voila : il ne sortira jamais en Égypte. L’auteur n’a même pas eu les autorisations de tourner là-bas, et a du voler quelques plans en cachette, et reconstituer la ville du Caire, et l’université Al Azhar, dans un autre pays arabe.

Mais pour qui est ce film ? A quel public s’adresse-t-il donc ?

En allant le voir, la réponse m’est apparue clairement. Il ne s’adresse PAS au public égyptien, car le film ne sortira jamais en Égypte.

Un ami égyptien qui est venu voir le film en est d’ailleurs ressorti gêné. Il ne se reconnaissait pas du tout dans ce film. Trop de détails, et de réactions des personnages ne correspondaient pas du tout à la mentalité et la réalité égyptienne. Et ça doit pas être très agréable de voir un film qui parle de toi, mais qui est truffé d’imprécisions, d’erreurs, et d’inexactitudes.

Oui. Mais le film ne s’adresse pas aux égyptiens, mais probablement au public occidental. Pour qui il peut avoir le parfum exotique de l’orientalisme, et qui en même temps, donne à l’occident ce quil a envie de voir, et lui dire ce qu’il a envie d’entendre

 

La question que je me pose à propos de mon blog, se retrouve aussi dans mon travail de cinéaste. Sauf que pour mon film, l’enjeu est plus important, et je vais devoir décider assez vite à qui mon film s’adresse. Et cela pour une raison simple : je n’ai pas le choix.

 

Mon film se tourne en Égypte. Et si la censure égyptienne, à qui je dois présenter mon scenario, trouve dans mon texte des dialogues qui évoquent de près ou de loin l’armée, la religion, l’homosexualité, la révolution, la torture ou les droits de l’homme, alors le film ne sera tout simplement jamais diffusé en Égypte

C’est évidemment difficile pour moi de devoir renoncer, même à quelques répliques de mon scenario, pour qu’il soit visible par un public. Cela m’oblige à me demander : est ce qu’il est important pour moi que mon film soit vu en Égypte ? Ai je envie qu’il s’adresse au public égyptien ?

Ce qui m’attriste le plus c’est que le cinéma ne puisse pas être le miroir de la société qu’il raconte, et qu’un pays ne puisse pas s’approprier sa propre histoire.

La révolution égyptienne de 2011 a été gommée des livres d’histoires. Le mot est devenu tabou. La répression qui a suivie a anéanti tout espoir de libération de la parole. Et un des blogueurs emblématiques de cette période, Alaa Abdel Fattah, est en train de mourir ces jours-ci dans une prison égyptienne, après une grève de la faim de plus de 80 jours.

En 2018, le rockeur égyptien Ramy Essam, exilé en Suède depuis 2014, a composé une chanson, Balaha, dans laquelle il se moque ouvertement du président Sissi. Le clip a été tourné en Égypte. Ramy après le tournage est retourné en suède. Mais Shady Habbash, le jeune réalisateur du clip lui n’avait pas d’autre nationalité que la nationalité égyptienne. Après avoir passé deux ans dans la terrible prison de Tora, il y est mort le 1er mai 2020, âgé de 25 ans.

Le message est clair.

Voila ce qu’avait écrit Shady dans une lettre à Ramy Essam, avant sa mort

Résister en prison signifie perdre la tête ou mourir lentement, parce que vous avez été jeté dans une cellule il y a deux ans, oublié, sans savoir ni quand ni comment vous en sortirez.

J’ai besoin de votre soutien, et j’ai besoin que vous leur rappeliez que je suis toujours en prison, que je meurs lentement parce que je sais que je suis seul. Je sais que beaucoup d’amis qui m’aiment ont peur d’écrire à mon sujet, pensant que je serai libéré de toute façon sans leur soutien.

Ramy Essam n’est pas responsable de la mort de Shady. Shady avait bien sur décidé de réaliser ce clip. Mais en tant qu’auteur et réalisateur de mon film, dans quelle mesure je ne suis pas tout de même responsable de ce que je fais dire a mes acteurs égyptiens ?

Une de mes amies a quitté la banlieue parisienne, il y a quelques années pour s’installer, avec son compagnon et ses deux enfants dans une jolie maison à la Rochelle. Je lui ai demandé comment ils avaient réussi à trouver leur maison.

Elle m’a répondu qu’ils avaient d’abord commencés par se fixer sur une ville, et que depuis qu’ils avaient décidé que ce serait la Rochelle, et renoncé à toute autre possibilité, des dizaines d’opportunités de maisons se sont présentées a eux. Et le choix a été simple.

Moi, ça fait des années que j’ai envie de déménager. Sauf que j’attends toujours de trouver la bonne maison, la bonne opportunité pour me décider à choisir la ville dans laquelle j’aurais envie d’emménager.

Résultat, je suis toujours au même endroit.

Il n’y a pas de bonne maison.

Il y a la où on choisit d’habiter.

Et c’est pareil pour le public auquel tu t’adresses.

Peut-être que c’est une erreur d’attendre de trouver ton public. Et que c’est juste une question de choix.

Un choix que je n’arrive pas encore à faire.

Décider pour qui t’écris.

Et toi, alors, ils sont pour qui, tes cris ?

 

 

 

 

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J160 - Le droit à la détresse

« Quoi ? vous vous séparez, mais comment est ce possible ? Je n’arrive pas à y croire… On vous a toujours vus comme un couple modèle. »   C’est fou cette tendance que l’on a à idéaliser la vie des autres. A…

J159 - Te montrer vraiment

J’ai peur de déplaire. C’est une des propositions sur lesquelles nous avons écrit lors du précédent cercle. Commencer ton texte par cette phrase, et partir ensuite pour 10 minutes de flow ininterrompu, ça te fait partir…

J158 - T'es con, ou tu le fais exprès ?

- Mais enfin, t’es idiot ou tu le fais exprès ? J’ai 12 ans. Et Mme Burchill, ma prof de biologie nous emmène en forêt observer la nature, nous donnant comme devoir de la décrire. J'aperçois une araignée dont…

Prends une liste de 8 a 10 mots. Mets ton chrono sur 10 minutes.

Et invente une histoire. 

Voici ma liste de mots du jour, si t’as envie de tester, avant de lire mon histoire.

Un mot bizarre : Balbeck / Un personnage : Howeida, 50 ans, vieille fille
Un aliment : Menthe / Un fait divers : une bombe dans un cinéma
Un souvenir personnel : l’araignée à 7 pattes / Un concept : l’ombre
Un aliment : des spaghettis / Une couleur : rouge
Un titre de film : l’étoffe des héros

 

Version audio

“La plupart des enfants mentent à leur maître quand ils ont commis un délit”

La dictée avait mal commencé. Mente ou menthe ? Avec ou sans H. Pas la hache qui coupe, hein. Le H.  Pas non plus celui qui s’evapore en fumée dans les airs, je parle du h, qui est parfois aspiré, et qui ne s’entend. Le même hache qu’on trouve en plein milieu du thé.

Je me suis souvenu du conseil de mon père :

– Quand t’es pas sur de l’orthographe, fiston, tu remplaces le mot sur lequel t’hésites, par un autre, un synonyme.

Par exemple “ou” sans accent, tu peux le remplacer par « ou bien ». Et tu sais si c’est le bon mot ou bien le mauvais mot.

Merci Papa.

Alors, pour savoir de quelle menthe, il s’agissait, je l’ai remplacée par persil.

 

 

« La plupart des enfants mentent à leur maitre quand ils ont commis un délit » est devenue

La plupart des enfants persil à leur kilos
quand ils ont commis un des canapés.

Oui, ça sonne bizarre, mais qu’en sais je moi  de ce qu’a voulu dire l’auteur de ce texte?

J’en ai marre des dictées.

Les ombres sombrent. Le radeau des mers, veille. La tempête t’embête. Les mots me font mal. Le français sait, ou c’est ?
Je sais pas. Tout est possible dans cette langue barbare.
Mais non, c’est nous les barbares.

C’est comme l’araignée à 7 pattes. Un jour, Madame Burchill, ma prof de biologie, m’a puni parce que j’avais ramassé une araignée qui avait 7 pattes, et que je l’ai présentée ainsi dans mon texte de biologie.

– Mais tu es idiot ? une araignée à toujours un nombre pa de pattes. »

– Mais, celle la en a 7.

– Imbécile !!! c’est qu’elle en a perdu une. Une araignée ne PEUT PAS avoir 7 pattes, ça n’existe pas ! Tu n’as pas de cerveau ou quoi ? Les pattes, c’est toujours pair.

Bon, bah, si la réalité que j’ai devant moi n’existe pas, alors j’ai noté qu’une araignée avait 8 pattes, sauf celle-ci qui en a 7.  Et j’ai eu un 0. Comme a ma dictée.

Des zéros, j’en ai une panoplie. Et de toutes les étoffes. Je crois bien que ces zéros sont fatigués que je les collectionne. Et moi aussi.

Les zéros, c’est nul.

Et je suis rentré penaud à la maison, avec l’image de mon père en train de cuisiner des nouilles. Parce que les pâtes, c’est toujours père. C’est bien ce qu’a dit Mme Burchill. Même si chez moi, c’est plutôt mère qui prépare les pâtes, comme tout ce qu’on mange. Y compris ce pamplemousse, qui est amer. Et ces oranges qui sont rouges.

C’est ça être élève au collège de la Providence. Non, pas dense. Ou danse. Et n’imaginez pas mon proviseur qui danse.

Le français me terrorise. Mon père dit que la nuit, dans ma chambre je fais des cauchemars, à cause des fautes d’orthographe. Mais pour m’intégrer dans ce pays, il va falloir que je maitrise leur langue. Pas celle que je tourne dans ma bouche. L’autre.

Et puis, comment savoir ou est la réalité, quand on me dit que les araignées à 7 pattes ca n’existe pas ? Comment écrire les mots justes ? Pourquoi tel mot s’ecrit comme ca ? Comment le savoir ? J’ai peur de pas trouver les bons mots. Et ça me fait mal… mâle, femelle…. Malle…valise… non, juste mal…bobo

 

Voila, dès que j’entends un mot, dans ma tête, je le vois s’écrire de plein d’orthographes différentes. Baal Beck. Bas le bec. Sur mon tableau, il y a un arbre avec des racines florissantes qui poussent dans tous les sens. Alors, souvent quand les gens me parlent, je panique. Qu’est ce que j’aimerais pas paniquer.

Tu sais, je suis pas français moi. On m’a forcé à l’être. Lettre. Courrier. Lettre. Alphabet. l’être. Arbre. Non l’être et l’avoir.

Un jour, ma cousine Howeida, est allé au cinéma. Howeida, c’est une vieille fille de 50 ans, toujours habillée en noir, comme si elle portrait le deuil d’un mari qu’elle n’a jamais eu. Je l’ai connue que comme ça.

L’été dernier, elle a pris le train pour le Caire. Elle est allé au cinéma Miami. Il y avait une comédie romantique très populaire, et plein de jeunes dans la salle. Et aussi des couples. Elle était la seule femme seule.

Elle s’est assise au 9 rang, sur la droite, à côté de la sortie de secours, et a collé sous son siège une bombe artisanale. Puis elle s’est levée. Et elle est partie. Mais aucune fumée ne s’est éparpillée dans le ciel bleu du Caire, ce jour là.

Howeida me jure que c’est une histoire vraie, et que sa bombe doit encore être collé sous le premier siège de la 9ème rangée du cinéma Miami.

Un jour, peut-être j’irai vérifier.

Mais ce qui m’a le plus marqué dans l’histoire de Howeida, c’est qu’elle était assise sur un siège. Et c’était pas un état… de siège. Comme à Fort Apache. Parce qu’on ne s’assoit pas sur des états. Mais sur des fauteuils.

Comme dit papa, quand on sait pas, on met des synonymes.

Ah.. cette langue… on dirait qu’elle a été inventée pour nous en exclure…nous les barbares… nous les terrorisés… .ah, si moi aussi je pouvais y mettre une bombe, et la faire exploser . Mais je serai pas comme Howeida moi, j’oublierai pas d’appuyer sur le détonateur.

 

 

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« Quoi ? vous vous séparez, mais comment est ce possible ? Je n’arrive pas à y croire… On vous a toujours vus comme un couple modèle. »   C’est fou cette tendance que l’on a à idéaliser la vie des autres. A…

J159 - Te montrer vraiment

J’ai peur de déplaire. C’est une des propositions sur lesquelles nous avons écrit lors du précédent cercle. Commencer ton texte par cette phrase, et partir ensuite pour 10 minutes de flow ininterrompu, ça te fait partir…

J158 - T'es con, ou tu le fais exprès ?

- Mais enfin, t’es idiot ou tu le fais exprès ? J’ai 12 ans. Et Mme Burchill, ma prof de biologie nous emmène en forêt observer la nature, nous donnant comme devoir de la décrire. J'aperçois une araignée dont…

Version audio

Version texte

 

Avec mon premier long-métrage, j’ai vécu une expérience incroyable. Après l’avoir terminé, présenté en festivals, observé l’accueil du public et ressenti quelques longueurs lors de la projection, je me suis offert ce luxe ( j’étais aussi producteur de mon film) de retourner à la salle de montage, et de raccourcir certaines séquences pour avoir une meilleure version.

Je suis ressorti satisfait de mon travail. Jusqu’à la projection suivante.

On peut toujours améliorer un travail créatif, l’affiner, l’ajuster. Mais quand est ce qu’on sait qu’un film est réellement fini ?

 

 

En ce moment, avec ma scénariste, nous écrivons un  film. J’y raconte, sous forme d’autofiction, le long cheminement par lequel je suis passé après la mort de ma mère. Le processus d’écriture de ce nouveau film a été très thérapeutique, et m’a beaucoup fait évoluer sur le deuil de ma mère, mais aussi sur ma relation à l’Egypte, et sur mon rapport au cinéma (j’en parle dans cet article).

A tel point, que je me sens éloigné aujourd’hui de la personne que j’étais, il y a 3 ans, lorsqu’avec ma scénariste, nous avions commencé l’écriture de ce scénario. C’est d’ailleurs une des grosses difficultés que nous avons dans cette écriture : décider à quel moment se termine l’histoire que nous racontons, quand la réalité qui l’inspire elle, ne s’arrête pas. Si bien qu’à chaque fois que je passais un cap dans ma vie personnelle, j’avais envie de modifier le scénario pour l’intégrer dans l’histoire du film. Bref, l’écriture de ce film a commencé à ressembler à un processus sans fin, qui nous a conduit à un gros moment de crise.

Alors, comment savoir où arrêter l’écriture du scénario ?

Flashback.

Je suis à New-York. Après une énième projection de mon premier film, qui a déjà été remonté trois fois. Et là, devant certaines réactions du public, j’ai un flash : le sentiment de longueur que j’ai ressenti au milieu du film vient du fait, que le début est trop dynamique  : ce n’est pas le milieu qu’il faut raccourcir, mais le début, qu’il faut rallonger.  Je téléphone à mon monteur, enthousiaste,  pour lui annoncer ma solution ultime. J’exulte. Cette fois, j’en suis sûr, nous tenons la version définitive du film.

Il a soupiré. Et il y a eu un long silence au téléphone.

Et là, j’ai compris qu’il était temps pour moi d’arrêter.

Mon film était fini.

Pas parce qu’il était abouti ou réussi. Mais parce que je choisissais de le lâcher, et d’accepter qu’il n’était pas parfait, que certaines projections du film seraient un triomphe. D’autres des fours. Et que cela désormais, ne m’appartenait plus.

J’ai repensé à toute cette aventure, ces cinq années de travail acharné, avec les doutes, les peurs, les joies et les surprises, et je me suis demandé :

« Est ce que je suis fier de moi ?
Est ce que j’ai fait du mieux que j’ai pu ? »

Dans mon cœur, j’ai entendu un grand « Oui’

Alors, j’avais le droit de me reposer, et de laisser le film vivre sa vie, indépendamment de moi. Je lui avais donné le jour. Maintenant, il n’avait plus besoin de moi pour grandir.

Dans la vie, plein de choses s’achèvent sur lesquelles nous n’avons pas le contrôle. Mais quand on est créateur, et qu’on est maître de son travail, c’est vraiment difficile de décider qu’une œuvre est finie. Surtout quand on l’a portée pendant des années. Parce que derrière la notion de finir, peuvent se cacher des tas de peurs, qui n’ont rien à voir avec l’oeuvre elle-même. La peur du vide. La peur de l’échec. Du jugement. Mais aussi la peur de ne pas être à la hauteur du succès, de ne plus savoir quoi faire après, ou encore la peur de l’abandon.

J’ai mis du temps à réaliser que derrière mon désir de perfectionnisme sans fin, se cachait l’angoisse de terminer mon projet, de lui dire au revoir, de l’abandonner en quelque sorte. Comme si je ne pouvais pas exister, en dehors de mon travail, sans le risque de me retrouver  tout seul, sans rien.

Avec ma scénariste, lorsque nous avons traversé cette crise, elle m’a posé une question simple. 

– Namir, nous avons commencé l’écriture ensemble il y a 3 ans, et tu avais certains désirs. Aujourd’hui tu as évolué, et tu n’as plus les même désirs. Alors, dans ton film,  est ce que tu veux raconter l’histoire du Namir d’il y a 3 ans, ou celle du Namir d’aujourd’hui ?

Parfois, il n’y a pas de fin à un film. Juste une décision à prendre. Comme celle d’aller au bout de quelque chose, même imparfait, plutôt que de ne jamais terminer un truc potentiellement parfait. 

Aussi étrange que cela puisse paraître, un film, une œuvre d’art, est un objet vivant. Il pousse, il grandit, il évolue. Quand j’ai revu mon premier film, dix ans après sa sortie en salles,  j’ai été surpris d’y découvrir un message que je n’avais pas compris à l’époque. Il me révélait des choses sur moi que je n’avais pas vues.

Et c’est peut-être à cela que servent les œuvres : Dans leur forme finie, dans leur aspect figé et immuable, ils deviennent des miroirs de notre évolution. Ce ne sont plus seulement les fruits de notre création, ce sont aussi nos guides et nos meilleurs enseignants. Apprenons à les écouter, à leur faire confiance, et à ne pas leur imposer notre désir de les contrôler. 

Souhaitons bonne vie à nos œuvres, et continuons paisiblement notre mission : d’autres œuvres nous attendent . 

tu peux

 

 

 

 

 

 

 

 

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J159 - Te montrer vraiment

J’ai peur de déplaire. C’est une des propositions sur lesquelles nous avons écrit lors du précédent cercle. Commencer ton texte par cette phrase, et partir ensuite pour 10 minutes de flow ininterrompu, ça te fait partir…

J158 - T'es con, ou tu le fais exprès ?

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Version texte

Tiens, à propos de fantômes, et pour faire suite à l’article d’hier, j’aimerais te raconter une histoire : celle d’un gars qui a envie de tout contrôler. Son travail, son poids, ses émotions, sa vie, et celle des autres.

Ce sera notre personnage principal.

Maintenant, trouvons lui un métier. Un métier dans lequel il puisse TOUT contrôler de A à Z

Mmh… Cinéaste ?

 

Super. Le métier idéal pour exprimer sa compulsion. Il peut ainsi créer des personnages à sa guise, ou même prendre des personnages existants et leur faire faire ce qu’il veut, inventer des univers, imaginer toutes sortes de scénarios, et prendre sur le plateau toutes les décisions importantes pour transformer son rêve d’histoire, en réalité filmée.

Il rencontrera ce sentiment de toute puissance qu’ont les Créateurs, quand ils deviennent Dieu, le temps d’un film.

Génial.

Maintenant, cherchons un conflit intérieur intéressant, pour pimenter l’histoire. Car pour qu’il y ait une histoire, il faut un problème. Un truc qui empêche notre héros d’atteindre son but.

Quelle problématique intéressante  pourrait empêcher notre cinéaste de faire des films ?

Le perfectionnisme ?

Ouais, pas mal. Alors on a un cinéaste qui veut tout contrôler et tout maîtriser, et qui, en même temps, n’est jamais satisfait, reprend, recommence, peaufine, mais ne termine jamais ses projets.

Ça y est. On commence à tenir un personnage intéressant.

Creusons. Allez un peu de psycho.

Pourquoi notre personnage a tellement envie, ou plutôt tellement besoin, de tout contrôler ?

T’as une idée toi ?

Ici, tu vois, c’est le moment ou on remonte dans le passé du personnage, pour y trouver une blessure d’enfance, une trahison, la perte de quelque chose, un abandon, un trauma…

Une question qui pourrait aider serait : Quel pourrait être le risque pour lui, s’il ne contrôlait pas ?

Si t’as des idées, je suis preneur !

 

En attendant, maintenant qu’on a un personnage, trouvons le décor. Ou plus exactement la situation. Quelle pourrait-être la pire situation dans laquelle mettre notre personnage pour l’aider à évoluer ?

Car souvent, t’as remarqué, dans les films, le héros doit affronter ce qu’il redoute le plus. Les meilleures situations d’apprentissage dans les films, et dans la vie, naissent de rencontres avec ce qu’on cherche  le plus à éviter.

Bah voilà. En répondant à toutes ces questions, on aurait un scénario.

Dans mon scénario à moi, mon personnage veut faire un film sur la mort de sa mère.  Flashback : quand cette dernière était malade, il lui avait promis qu’ils feraient bientôt un film ensemble, dès qu’elle serait rétablie. Bon, en fait, il se l’était surtout promis a lui-même.

Alors, après la mort de sa mère, il met toute son énergie dans la fabrication de ce film.

Bon, difficile de faire un film quand il y manque le personnage principal. Sauf si on croit que le cinéma peut ressusciter les morts. Et qu’il permet de recréer un monde qui s’accorde à nos désirs, et dans lequel on peut tout contrôler, y compris la vie.

Oui, mais voilà. La vie, c’est pas du cinéma. Et à un moment, notre personnage devra bien se rendre compte que ce film qu’il cherche à faire, ne lui permet pas d’éviter le manque et la souffrance.

Les gens meurent. Et nous n’avons aucun contrôle dessus.

Alors, c’est en rencontrant cette souffrance qu’il cherchait à fuir en s’attachant à la promesse fait à sa mère, que notre personnage fera un apprentissage essentiel :

Cette souffrance conduit vers une forme de paix, en laissant partir les gens qu’on aime.

Mais pour cela, notre héros devra traverser la perte de contrôle, l’abandon, et l’acceptation de sa vulnérabilité d’humain. D’orphelin, il empruntera le chemin qui conduit aux monde des adultes, et renoncera à réaliser ce film impossible.

Et c’est seulement alors qu’une nouvelle perspective s’offrira à lui : faire revivre sa mère avec un film est impossible. Mais raconter l’histoire d’un enfant perdu qui n’arrive pas à accepter la perte de sa mère,  et son cheminement vers l’acceptation, peut-être que ça pourrait faire un film…

L’histoire, d’une re-naissance, quoi.

Bien sur, toute ressemblance avec des personnages ayant réellement existé….

tu peux

 

 

 

 

 

 

 

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J159 - Te montrer vraiment

J’ai peur de déplaire. C’est une des propositions sur lesquelles nous avons écrit lors du précédent cercle. Commencer ton texte par cette phrase, et partir ensuite pour 10 minutes de flow ininterrompu, ça te fait partir…

J158 - T'es con, ou tu le fais exprès ?

- Mais enfin, t’es idiot ou tu le fais exprès ? J’ai 12 ans. Et Mme Burchill, ma prof de biologie nous emmène en forêt observer la nature, nous donnant comme devoir de la décrire. J'aperçois une araignée dont…

Version texte

Le cinéma est un des arts qui me fascine le plus, de par sa dimension spirituelle.

Un jour, pendant mes études de cinéma, avec mes camarades de classe, nous regardons un des premiers films de l’histoire du cinéma : un plan fixe, muet d’une quarantaine de secondes, filmé par les frères Lumière : l’arrivée d’un train en gare de la Ciotat.

On y voit une prise de vue documentaire de la Gare de la Ciotat en1896 : un train, venant du fond du cadre avance vers nous, s’arrête pile devant l’objectif, puis des passagers en descendent.

Quelque chose m’hypnotise dans ce film, sans que je puisse savoir exactement quoi. Je crois d’abord que c’est son esthétique granuleuse, la qualité du cadrage, le scintillement fragile de ces images en noir et blanc, ou peut- être le mouvement de tous ces passagers impatients de retrouver leurs maisons, leurs familles, ou leurs activités.  Une force mystérieuse se dégage de ces images.

Étrangement, aucun de ces passagers ne regarde la caméra. Comme si elle n’existe pas.  Elle est pourtant placée à hauteur de leur regard, sur le quai. Ces personnes ne sont pas des acteurs à qui on a donné comme consigne de « Faites comme s’il n’y avait pas de caméra ». Non. Ce sont simplement des passagers qui ne savent pas ce qu’est une caméra. Et pour cause : Le cinéma en est encore à ses balbutiements.

– Savez-vous où vont tous ces gens, affairés, pressés de sortir du train?

 

Cette question, posée par mon professeur nous  amène à imaginer toutes sortes de réponses. Car le film évidemment ne donne aucune information sur la destination de ces personnages, que nous percevons à peine quelques secondes, entre leur descente du train, et ce moment où ils désertent le cadre de la caméra, pour rejoindre un hors-champ qui nous est  inaccessible.

– Mais où vont-ils donc ?

Et puis, il y a cette remarque inattendue de mon professeur.

– Tous ces passagers que vous regardez s’animer devant vous en ce moment sont morts.

Et là, c’est le déclic.

Je ne regarde pas des vivants descendant d’un train, mais des des fantômes, bloqués dans un présent perpétuel qui reviennent à la vie, chaque fois que ce film est projeté.
En sortant du champs de la caméra, tous ces passagers de ce train ont disparu à jamais du monde des vivants.

Cette expérience ne m’a jamais quitté. 

Quand, plus tard, j’ai commencé à réaliser des films documentaires, en filmant ma famille, j’avais cette conscience permanente de filmer des fantômes en devenir. Mon regard n’étant pas alors porté sur le présent, mais sur sa disparition.

Le cinéma documentaire est souvent perçu comme une captation fidèle d’une réalité sans mystère, ni récit, ni dramaturgie. J’y vois au contraire une force spirituelle : Ce que tu choisis de filmer, de ne pas filmer, la raison pour laquelle tu filmes, ton intention, ta manière de cadrer, la distance à laquelle tu te mets des personnages que tu filmes, et la façon dont tu assembles tous ces morceaux de réels pour produire une œuvre, expriment ta vision du monde et de la vie, et n’a rien à voir avec la réel.

Allumer ta caméra pour filmer n’importe quoi, c’est devenir un raconteur d’histoire. Même si tout le monde n’a pas toujours conscience de l’histoire qu’il raconte. C’est sans doute ce qui fait la différence entre un cinéaste, et un filmeur.

Je me rappelle d’un film de David Perlov, intitulé « journal » dans lequel, par la fenêtre de sa chambre parisienne, l’auteur filme un bus vert qui passe dans la rue, au début des années 80. Pourquoi cette image m’est restée ?

J’avais connu ces bus verts dans mon enfance. Ils avaient ensuite été remplacés par des bus plus modernes. Et j’avais fini par oublier jusqu’à leur existence. Et là soudain, je les revoyais, et j’avais l’impression de les découvrir pour la première fois. Quelqu’un me donnait à les regarder, non pas en tant que bus, non pas en tant que fonction, mais en tant qu’objet dont je pouvais apprécier la beauté pure.

Bien souvent, le quotidien est présent sous nos yeux, et nous le voyons pas. C’est parfois lorsque les choses disparaissent que nous prenons conscience qu’elles ont existé.

Quand j’étais lycéen, je prenais le même chemin tous les jours. Un matin, je suis passé par la même rue que tous les autres jours, et j’ai senti quelque chose de bizarre. Un truc avait changé, mais impossible de savoir quoi. J’ai passé un temps fou à observer la rue, et me demander pourquoi l’ambiance y était si bizarre. C’est seulement bien plus tard, en voyant des jardiniers déraciner un arbre, dans une rue voisine, que je me suis souvenu qu’il y avait un arbre dans cette rue, un immense marronnier. Je passais devant tous les jours, sans le voir. Jusqu’à ce moment là où son absence m’avait rappelé sa présence.

Perlov, au moment où il filmait le bus, y posait son regard de cinéaste. Il filmait un moment de vie, et nous en donnait à voir la beauté. Je reste persuadé que ce qui fait la beauté de ce plan, c’est la conscience que le cinéaste avait que ce qu’il filmait, au moment même où il le filmait, était déjà en train de disparaître.

Un cinéaste est quelqu’un qui arrive à voir au travers, à regarder au delà –même de ce qu’il filme. Et je reste convaincu que le cinéma est magique, mystique, mystérieux,  parce qu’il ne restitue pas la réalité, mais le regard de celui qui filme. Ce n’est pas le réel que la caméra capte, mais l’émotion du filmeur.
Alors, je ne sais pas si les frères lumière avaient conscience qu’ils filmaient des morts en sursis, au moment où ils ont posé leur caméra sur le quai de la gare de la Ciotat, ce jour-là. Et je ne le saurai jamais.

Eux aussi, désormais sont devenus des fantômes.

Cela m’amène a une autre question, qui m’a beaucoup hantée (c’est le cas de le dire) dans mes films, et dont je te parlerai demain : Le cinéma permet-il de ressuciter les morts ?

A suivre donc….

 

 

 

 

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