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Est ce que cela t’arrive de dire « oui » alors que tu n’es pas consentant ?
Bien sûr, Il y a des situations ou c’est juste pas possible de dire non, même si tu le souhaites.
Et y a des cas où le « oui », même si tu t’en veux de l’avoir exprimé, était le meilleur choix possible.
Là où sa ce complique, c’est quand tu crois que tu es consentant, alors que c’est pas le cas.
Et c’est ça que je voudrais te dire.
Une personne qui dit oui n’est pas forcément consentante.
On n’est pas toujours responsables de nos actes.
Derren Brown dans « The Push » montre comment il réussit à conditionner plusieurs personnes à commettre un meurtre en utilisant des techniques de mentaliste, d’hypnose et de manipulation, basées sur la psychologie sociale et les biais cognitifs.
Dans quelle mesure ces « cobayes » sont ils responsables de leurs actes ?
Je t’invite à regarder The Push. Il y a de quoi remettre en question nos croyances sur le libre arbitre.
Dans les écoles d’hypnose, on enseigne des techniques à la portée de n’importe quel débutant, pour réduire considérablement le discernement des clients, et les rendre influençables.
La « boucle de yes set » consiste à faire valider à une personne plusieurs affirmations sur lesquelles elle est d’accord, pour réduire son facteur critique, et la conditionner à accepter plus facilement ce qu’on va lui proposer ensuite.
Une autre technique, la suggestion indirecte, qui est une demande cachée, réduit l’espace de discernement du client.
Imaginons qu’un praticien dise à un client :
Vous êtes libre d’exprimer que vous n’êtes pas d’accord avec moi, et de remettre en question ce que je vous dis, d’accord ?
Le client répondra probablement « d’accord » à cette demande.
Mais le fait que le praticien accorde au client la permission de ne pas être d’accord avec lui, sous des apparences de liberté, crée un paradoxe : si jamais le client s’oppose à ce que dit le praticien, il se retrouve de fait à obéir à sa demande de ne pas être d’accord.
Cette demande qui paraissait claire crée une forme de confusion entre le message apparent (t’es libre de pas être d’accord ) et le message indirect, presque caché (je te donne le droit d’être libre).
Bizarre non ?
Et si le praticien enchaine ensuite avec une suggestion indirecte du type
Tu préfères vivre un état d’hypnose les yeux ouverts, ou fermés ?
La aussi, le client aura tendance à se croire libre en choisissant une de ces deux options.
Alors, bien sur, on peut penser que dans un cadre de séance d’hypnose, le client est consentant pour se faire hypnotiser.
Qu’en sait-t’on ? Mais peut-être qu’au fond de lui, il n’a tout simplement pas envie de vivre d’hypnose à ce moment la. Il peut très bien en avoir eu envie en arrivant, puis ne plus s’être senti en confiance avec le praticien.
Il a le droit de ne pas avoir envie.
Sauf qu’avec ces suggestions, on lui coupe l’herbe sous le pied en le privant de la possibilité de l’exprimer.
Je me demande de plus en plus ce que ces techniques d’orientation de la pensée, qui sont une prise de contrôle du praticien sur le client, peuvent envoyer comme message sur le long terme
Je constate qu’elles génèrent souvent la passivité, déresponsabilisent le client, et le privent de l’écoute de son ressenti, et de la possibilité d’être, ou non consentant. Ce qui peut tout simplement renforcer sa problématique.
Et ce n’est malheureusement pas que dans les cabinets d’hypnose que se jouent ces rapports de pouvoir et de domination.
Je me souviens d’une de mes premières relations sexuelles.
Les préliminaires avaient été très tendres et agréables.
Puis ma partenaire a eu envie de pénétration. Je lui ai dit que je n’avais pas de préservatif. Elle n’en voulait pas. Elle ma demandé si j’étais d’accord pour continuer.
Devant son empressement, j’ai dit dit.
Nous avons fait l’amour.
Ce n’est qu’après la jouissance, que j’ai ressenti une sensation très désagréable.
J’avais qu’une seule envie, qu’elle parte. C’était impossible pour moi de l’exprimer. Alors je suis resté à ses côtés et nous avons continué à discuter.
Après son départ, une colère empreinte de tristesse a continué à monter en moi, sans que j’en connaisse la cause.
C’est en travaillant en thérapie sur cet incident apparemment anodin, que j’ai pris conscience que je n’avais tout simplement pas envie de cette pénétration.
Ni sans, ni même avec préservatif.
J’aurais souhaité m’arrêter aux préliminaires.
Je me suis senti obligé d’aller jusqu’au bout, en prenant un risque pour moi et pour elle.
Parce que je m’étais engagé.
Parce que j’étais un homme.
Parce que je ne voulais pas décevoir.
Parce que j’avais peur qu’elle me rejette.
Parce que dire non, c’est être méchant.
Et pourtant ma partenaire m’avait demandé mon avis.
Je n’ai pas été que victime. Dans d’autre situation, j’ai aussi été celui qui parfois manipulait l’autre pour obtenir son consentement, sans être à son écoute.
Que ce soit dans le cadre de mon travail de cinéaste, de formateur, de praticien en hypnose, ou dans mes relations personnelles.
Alors, si toi aussi, tu fais partie de ces gens qui ont du mal à exprimer clairement ce qu’ils veulent, et dire non quand ils veulent pas, parce qu’il y a chez toi une confusion entre être direct et être violent, c’est normal que tu préfères les approches indirectes.
Mais c’est pas moins violent de ne pas exprimer ce que tu ne veux pas.
C’est juste que pour éviter de blesser autrui, tu choisis de te blesser toi-même, en refusant d’écouter ton « non »
Peut-être que tu n’arrives pas encore à te rendre pas compte quand tu n’es pas consentant.
Que tu réagis seulement quand tu sens monter une colère incontrôlée en toi, avec le sentiment d’avoir été forcé, piégé, ou manipulé.
Sois patient.
Entraine toi à apprivoiser tes interdits.
En trouvant un espace sécurisé ou tu puisse les exprimer, et les confronter.
C’est à ça que sert l’écriture pour moi.
C’est difficile d’apprendre à écouter l’autre, au delà de ses mots, et de rester conscient qu’une personne qui dit oui n’est pas toujours consentante, si tu ne sais pas déjà t’écouter, te demander ce que tu veux vraiment, oser l’exprimer, te donner le droit de pas savoir ce que tu veux, et même de changer d’avis.
Notre Père qui êtes au cieux
Restez-y
Et nous nous resterons sur la terre
Qui est quelquefois si jolie,
(..)
Avec les jolies filles
et avec les vieux cons
Avec la paille de la misère
pourrissant dans l’acier des canons.
Jacques Prévert
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Cet article fait suite à l’article « Cher mouton »
Cher Gourou,
Des fois, je me dis que j’ai pas envie de devenir comme toi, et d’autres, que je pourrais tout simplement assumer que je suis un guide qui accompagne des gens vers leur évolution et leur éveil.
Mais comment savoir si mon envie que les gens soient plus évolués et libre, n’est pas juste une jolie façade qui cache un désir plus opportuniste : mon désir de reconnaissance personnelle, et ma réussite.
Comment différencier la fin et les moyens ? Qui est au service de qui dans cette histoire ?
Tu vois, cher gourou, tout ça, c’est flou pour moi.
Ce que je sais, c’est que lorsque j’ai agi comme un détenteur de vérité et de connaissance, j’ai raconté pas mal de conneries, enfin, des choses auxquelles je n’adhère plus aujourd’hui.
Comme par exemple le fait que notre communication soit à 93% non verbale, qu’il faille 21 jours pour automatiser un apprentissage. Et là, je te parle que des détails, des petits exemples qui ne prêtent pas à conséquences en soi.Ils me révèlent quand même comment j’ai véhiculé des idées qu’on m’avait transmises, parce qu’elles sonnaient bien, et allaient dans le sens de ce que je voulais croire, sans que je prenne le temps de les vérifier.
Et comment je me suis mis des œillères quand ça m’arrangeait.
Comme les gens qui croient aux synchronicités, et retiennent les moments où il y a des coïncidences étonnantes, mais oublient les autres moments, pourtant cent fois plus nombreux, ou il n’y a absolument aucune coïncidence.
On crée des boucles d’auto-confirmation de nos croyances.
Je me suis enfermé dedans.
Et ce qui me soule le plus, c’est que j’ai du y entrainer d’autres aussi, qui n’avaient rien demandé.
Alors, bien sur, ne mettons pas tous les gourous dans le même panier. Certains sont consciemment animés par une foi réelle de rendre le monde meilleur.
Mais si il y a bien quelque chose auquel nous n’aurons jamais accès, c’est l’intention réelle des gens.
Tout ce qu’on voit d’eux ce sont leurs actions.
Meursault tue un arabe sur une plage, après avoir vu les reflets du soleil sur sa lame de couteau. Et il sera guillotiné pour cela, pendant que des milliers de lycéens disserteront pendant des années sur son intention.
Et puis, une bonne intention ne garantit rien.
Combien de parents, avec l’intention de protéger leurs enfants, se rendent indispensables à leur sécurité, et les maintiennent dans un état de dépendance ?
Alors, sans doute qu’un bon gourou, en plus d’avoir de bonnes intention, aura besoin d’une sacré expertise pour ne pas alimenter inconsciemment des enjeux de docilité, privilégiant la différenciation à l’emprise, et favorisant l’émancipation de ses élèves.
A défaut d’avoir ces compétences, je me suis fixé quelques principes pour éviter de faire trop de conneries.
Leçon 1 : Connais tes limites.
Évite de faire le kéké quand tu parles d’un domaine qu’est pas ton domaine de compétences.
Quand tu sais pas, dis le.
Et quand tu parles d’un bouquin que t’as lu, fais pas comme si c’est toi qui l’avais écrit.
Ça te soulagera. Et ça t’évitera d’avoir ce sentiment amer d’embobiner les gens, juste pour sauver ta face.
Leçon 2 : Affiche tes échecs.
Quand tu te rends compte que t’as merdé, ou que tu t’es planté, reconnais-le. Ça fait un petit peu mal à l’égo sur le coup, mais, le gain dans le rapport de confiance avec l’autre, sera plus important que la perte.
Beaucoup de formateurs mettent en avant leurs 60% de réussite, et masquent leur 40% d’échecs. Ça développe un sentiment d’incompétence chez les stagiaires, qui s’imaginent qu’ils doivent absolument réussir, et ça leur fout une sacrée pression.
Et tu connais le proverbe : après la pression (tu peux en boire une deuxième), la dépression.
Tu peux rabâcher autant de fois que tu veux que tes élèves ont le droit de se planter et de faire des erreurs, ils ne l’intégreront jamais aussi bien que si tu l’incarnes.
Alors sois honnête, et arrête de faire semblant de tout maîtriser.
Leçon 3 : Questionne plutôt qu’affirmer.
Quand quelqu’un te pose une question, demande-toi pourquoi il te pose cette question, avant de chercher à y répondre.
Écoute le attentivement, plutôt que de montrer ta connaissance ou tes compétences.
Et si tu peux, aide le à identifier quelle est la question derrière sa question, et à voir s’il a les moyens d’y répondre par lui-même. (je développerai cette idée ultérieurement).
Leçon 4 : Te prends pas trop au sérieux.
L’humilité n’est pas toujours évidente, ni donnée à tous les gourous.
Un remède sympa à ça, c’est l’humour.
Déconne un peu, fais des blagues ou des mauvaises imitations (des bonnes aussi), ça rappellera que t’es humain, même si les autres te mettent sur un pied ou une jambe d’estale.
Leçon 5 : Mets toi en position d’élève plutôt qu’en position de maitre
(c’est pas une posture de Yoga)
De la même manière que tu demandes à tes stagiaires ce qu’ils sont venus apprendre, demande-toi à chaque session ce que toi t’es venu apprendre, avec l’aide de tes stagiaires et de tes clients.
C’est une des plus grandes leçons que j’ai retenues de mes séances, des mes formations, et de mes cercles d’écriture.
Ça m’a aidé à accepter (à défaut d’apprécier), d’avoir des stagiaires et des clients relous. Ce sont souvent eux qui m’apprennent le plus.
Parfois, je trouvais certaines de mes sessions de formation plus ennuyeuses que d’autres, ne comprenant pas pourquoi les stagiaires ne s’autorisaient pas à jouer et oser plus, j’ai réalisé que souvent c’était mon propre cadre, ou ma posture qui ne le permettait pas.
Difficile d’autoriser aux autres, ce que tu t’interdis a toi-même.
Leçon 6 : Remets toi en question
Ça devrait être la leçon numéro 1.
Toujours questionner.
Questionne les autres. Questionne-toi. De toute façon, si tu le fais pas, le monde le fera pour toi. Mais tu peux toujours faire le sourd, hein !
Alors, écris, partage, réfléchis, poste, interagis avec le monde extérieur, et affirme tes vérités, non pas dans l’idée de les propager, mais juste pour entendre comment elles résonnent dans le grand monde, et quel écho t’en revient.
Voilà, cher gourou ce que je voulais te dire. Tu as été mon maître, et j’ai beaucoup appris de toi. Mais je souhaite suivre désormais un autre chemin, plus juste pour moi, et en accord avec mes croyances. Et peut-être même que demain, je les trouverai obsolète. Ce que je t’écris là, c’est juste mon approche. Je ne te juge pas, ni de condamne pas. J’apprends encore.
Cher Namir,
Comme ton mes bons élèves, c’est normal que tu aies maintenant envie d’être maître, et tu peux te le permettre. Je ne suis pas un gourou en courroux, bien au contraire, la vache !
Je trouve tes leçons sont hyper efficaces pour te faire passer pour un type bien, et anéantir le facteur critique de tes élèves, en leur faisant croire que toi, t’es différent, et que t’es pas un gourou.
C’est malin, grâce à toi, tes élèves ressentiront eux aussi le désir de se faire maitres, et vous finirez soit par faire l’amour ensemble sur des peaux d’antilopes caramélisées, sans aucune connotation sexuelle bien sûr, (je sais que tu as une éthique) mais juste pour partager ensemble le fluide de l’alliance éternelle, hérité du grand Lémurien Zébroide qui t’a donné l’accès à la connaissance du Dieu Râ, dans ta quatorzième vie antérieure. Car comme tu le sais, en égyptien ancien, ton nom signifie Grand Scribe.
Ou alors, tu pourras opter pour une approche moins ésotérique, et créer un niveau 2, 3 et 4 à tes formations, pour que tes élèves restent tes clients toute leur vie. C’est plus moderne, et plus rentable aussi.
Çà s’appelle le marketing.
Ton courrier tombe à point, j’ai un poste de co-directeur, ça t’intéresse ?
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Cet article fait suite à l’article « Devenir un gourou »
Cher Mouton,
Je t’écris cette lettre, comme je me l’écris à moi-même.
Je ne te demande pas de la mettre en application, ni même d’y croire.
Et encore moins de la remettre en question, comme le font les faux moutons rebelles, qui sont les plus dociles des moutons.
T’as le droit d’être un mouton. T’es libre.Tant que tu le sais, et que tu l’assumes, tout va bien.
En revanche, si à l’intérieur de toi, tu sens qu’il y a un loup solitaire qui hiberne, et qu’aimerait retourner dans sa forêt, alors j’aimerais te partager quelques leçons que j’ai apprises au cours de mon existence de mouton rebelle, qui comme tu le sais, restent des moutons qui ont peur des loups, c’est à dire d’eux-même.
Première leçon :
Quand après avoir écouté ton maître, t’as l’impression d’avoir eu l’illumination, et d’être sur un tel chemin d’évolution que ton entourage a du mal à te reconnaitre, fais pause.
Rappelle-toi que s’il existait une vérité absolue sur cette terre, ça se saurait.
Et si tu remarques que ton entourage aussi pense comme toi, c’est le moment de faire appel au mouton noir.
Deuxième leçon :
Aie toujours un ou plusieurs moutons noirs dans ton entourage. Des potes relous qui ne pensent pas comme toi, qui ont un regard critique, et qu’ont pas peur de se foutre de ta gueule. Ils seront tes gardes fous, et t’aideront à garder un pied sur terre. (Et tant pis les trois autres pattes sont en l’air)
Ne t’entoure pas uniquement de gens qui sont toujours d’accord avec toi.
Troisième leçon :
N’aie pas peur de poser des questions con.
De remettre en question ce qu’on te dit, surtout si ca paraît evident à tout le monde.
Quand un expert parle, demande-lui sur quelles sources il s’appuie pour te dire ce qu’il dit.
Et méfie toi des phrases qui commencent par
« C’est prouvé scientifiquement »
« Tout le monde sait que…. »,
« D’après les dernières études en neurosciences…. »
Les vérités d’hier sont devenus les âneries d’aujourd’hui. Plus personne dans le monde médical ne pratique des saignées.
Or t’es pas un âne.
Quatrième leçon:
Je suis du coté de ceux qui cherchent la vérité.
Je m’en éloigne chaque fois qu’ils croient l’avoir trouvée.
Luis Bunuel
Quand tu t’aventures dans un débat enflammé, cherche pas à prouver que t’as raison, demande toi plutôt en quoi tu as tort.
Entraine-toi à écouter tes adversaires, et demande toi où ils ont raison. Çà te permettra d’entretenir une certaine flexibilité mentale.
Cinquième leçon
Te prends pas trop au sérieux.
Ça t’évitera de rentrer dans la catégorie des moutons les plus dangereux : ceux qui n’ont aucun humour.
Pour cela, va rencontrer le ridicule de temps en temps, en racontant des blagues pas drôles, ou de toute autre manière qui te sied. Le ridicule ne tue pas les moutons. A défaut de les aider à avoir de l’humour et de la distance sur eux-même, il apprend l’humilité, et d’éviter d’avoir les chevilles qui enflent trop .
Sixième leçon
Prends tes responsabilités.
Avant de te demander si ton berger est un bon berger, demande toi déjà si tu es un bon mouton. C’est à dire quelqu’un qui est conscient d’être un mouton. Et non pas un loup caché dans le troupeau, qui a peur d’assumer sa condition
Pour savoir si t’es un loup caché, commence par ne pas idéaliser les bergers,observe leurs qualités et leurs défauts, questionne leurs enseignements, et teste les par toi-même, avec une vraie curiosité, avant de choisir ou non de les adopter (les enseignements, pas les bergers)
Entraine-toi aussi à connaître tes limites, et les zones ou tu es influençable ou pas.
Et si jamais tu sens qu’en empruntant ce chemin, un nouvelle voie s’ouvre à toi, et que ta nature de loup se révèle, et te donne envie de quitter le troupeau, alors tu pourras commencer à regarder prudemment vers la forêt.
Mais ne t’y précipite pas trop vite
Tu risquerais de te faire dévorer par les loups.
La vie de loup n’est pas forcément plus confortable que celle de mouton.
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Faut que je t’avoue un truc : j’ai failli devenir un gourou.
C’est tellement facile d’avoir de l’emprise sur les gens.
Si t’as un ego bien développé, une certaine tendance à la mégalo, un besoin d’être au centre, d’avoir raison et de tout contrôler, alors t’es dans de bonnes dispositions pour le devenir.
Si en plus de ça, t’es cultivé, tu manies l’art du storytelling et aimes raconter des histoires, citer des trucs incroyables qui te sont arrivés à toi ou à tes clients, que tu sais convaincre, créer de la confusion, faire des raccourcis et orienter la réalité dans le sens de tes convictions, t’as de sacrés atouts.
Il ne te reste plus qu’à développer une certaine connaissance de l’humain et de ses biais, et apprendre quelques techniques d’hypnose et de manipulation. Tu pourras alors rejoindre ton futur disciple là où il a mal, calibrer ses réactions, identifier ses souffrances profondes et appuyer dessus, avant de lui faire miroiter qu’il a un potentiel incroyable tapi au fond de lui.
Et grâce à un savoir qui t’a été révélé (peu importe que ce soit par les esprits de la nature, ou à l’occasion du dernier livre que t’as lu), tu vas lui montrer le chemin de la libération.
Un gourou, c’est pas forcément un escroc. Certains sont sincèrement convaincus par leurs discours.
Ça ne les rend pas moins inoffensifs pour autant.
Mais personne ne pourrait devenir un gourou si, en face, il n’y avait pas des gens disposés à devenir des adeptes.
Parce qu’un gourou n’a aucun pouvoir à part celui que tu lui donnes.
Et c’est ça qu’est le plus flippant au fond : Notre putain de disposition à croire aux miracles, et au solutions magiques quand il s’agit d’éviter les deuils et les souffrances.
Et notre capacité étonnante à devenir des enfants dociles, pour ne pas dire des moutons, et enterrer notre esprit critique et notre discernement.
Cette tendance à devenir un mouton, je t’avoue, je l’ai aussi.
Tout petit déjà, j’étais en recherche de maîtres, de guides, de modèles. Je pourrais sans doute identifier les failles psychiques sur lesquelles s’est construit mon besoin d’idéalisation des figures d’autorité, mais le constat, c’est que j’étais un fan à la poursuite d’idoles à vénérer.
Très chrétien jusqu’à mon adolescence, j’ai ensuite basculé dans l’athéisme et l’anarchisme mais avec la même mécanique : je continuais à voir le monde en deux camps, celui des ignorants, et celui des éclairés, détenteurs de vérité.
Des années plus tard, j’ai perdu ma mère, et là, j’ai commencé à m’intéresser à l’hypnose. J’y suis un peu entré comme on rentre dans une religion. La souffrance et les deuils sont des terreaux propices à ce qu’on appelle quête spirituelle, et qui est souvent une manière de ne pas accepter une réalité qui nous fait trop souffrir.
J’avais l’impression d’avoir enfin découvert, grâce à l’hypnose les clés pour comprendre le monde. Et sans m’en rendre compte, j’avais commencé à glisser vers des croyances « new age ».
Et lorsque les relations avec ma femme se sont tendues, qu’elle me reprochait d’avoir un jargon et des réactions qui ne me ressemblaient plus, ça ne faisait que me conforter dans l’idée qu’elle ne pouvait pas comprendre. Forcément, elle n’était pas aussi éclairée et avancée que moi.
Mes professeurs étaient-ils des gourous ? Avaient-ils une volonté consciente d’avoir de l’emprise sur moi ? De briser mon discernement pour me faire adhérer à de nouvelles croyances ? Ou simplement faisaient ils partie d’une entreprise qui propose des produits, et cherche à fidéliser sa clientèle ?
Ayant eu l’opportunité de passer d’élève à formateur, j’ai réalisé, lors des premiers stages que j’ai donnés en Égypte, à quel point c’était difficile de résister à la tentation de devenir un gourou.
C’est tellement flatteur pour l’ego d’avoir des clients ou des stagiaires qui t’admirent, qui te voient comme quelqu’un de génial, que tu peux vite te retrouver prisonnier de cette posture. Entre l’admiration et l’idôlatrie, la frontière est faible. Et je me suis parfois retrouvé face à des stagiaires qui buvaient mes paroles, ou me demandaient des conseils comme si j’étais détenteur d’une connaissance suprême, à confondre mon point de vue avec la vérité.
Demain, je te parlerai de ce qui m’a permis de ne pas devenir un gourou, malgré mes prédispositions.
Mais ce que je voulais te dire, c’est qu’on a une responsabilité partagée toi et moi.
Celle de résister à la tentation de devenir des gourous.
Et de nous libérer de notre prédisposition à être des moutons.
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Cher lecteur,
Tu m’as manqué. T’imagines même pas comme je suis content de te retrouver. Je t’ai pas oublié, tu sais. Mais il s’est passé tellement de choses dans ma vie ces dernières semaines. J’ai trop hâte de te raconter. Mais tout d’abord, je te prie de m’excuser pour cette longue absence.
Comment ça, quelle absence ?
Hein, tu t’étais même pas rendu compte que j’étais parti, que j’étais plus là, que ça faisait 10 jours que j’avais plus rien posté ?
Quoi ? Tu t’étais même pas inquiété ?
T’as continué à vivre normalement ? Espèce de…
Nan… tout va bien. T’inquiète. Même pas mal. Je vais ravaler ma fierté, et essayer de me rentrer une bonne fois dans le crâne que je suis pas indispensable, et que même après ma mort, le monde continuera à tourner.
Les chansons aussi continueront d’exister, même quand les chanteurs auront cassé leur pipe.
Tiens, à propos de pipe cassée, le 25 janvier, c’est l’anniversaire de la révolution égyptienne. Elle aussi, on l’a enterrée. Elle a été supprimée de tous les livres d’histoires.
Le 25 janvier, c’est aussi le premier anniversaire de la mort de ma tante Enayat. Celle qui m’a élevée.
Quand mon cousin Antonios, me l’a annoncé, j’étais dans mon lit. il était très tard, j’étais fatigué. J’ai entendu son message. Puis je me suis endormi.
Le lendemain, en me réveillant le souvenir du message d’Antonios m’est revenu.
Ah merde, c’était vrai.
Je sais pas si ça te fait ça toi aussi des fois : on t’annonce un truc, et tout devient brumeux autour de toi, comme si t’étais dans un mauvais rêve. Pendant un moment, t’as l’impression que les mots ne font plus sens. Un peu comme ces jeux d’enfants où on répétait une phrase en boucle jusqu’à l’ivresse de ne plus en comprendre le sens.
Papa, pourquoi t’es triste ?
Mais Mathilde, c’était ma tante. C’est elle qui m’a élevée.
Tu la voyais à peine deux ou trois jours par an. Ça change pas grand chose à ton quotidien, papa.
Mais comment tu peux dire ça, ça change tout : elle est morte.
Papa, si Antonios t’avait pas annoncé qu’elle était morte, t’en saurais rien, pas vrai ?
Euh oui, c’est logique…. Sauf que je le sais.
On est d’accord. Mais c’est juste une information. Concrètement ne change rien à notre quotidien. Qu’elle soit morte ou pas, tu vas continuer à faire les mêmes choses que quand elle était vivante.
Mais je SAIS qu’elle est morte ; Je le SAIS que je ne la reverrai plus, que je n’aurai plus mon téléphone qui sonne 10 fois de suite quand elle essayait de m’appeler.
T’as qu’a faire comme si tu le savais pas.
Et là, j’avoue j’ai pas su quoi répondre à ma fille.
Oui, c’est peut-être ça la solution à nos problèmes. Oublier qu’on en a. Un peu comme mon père qui croit encore qu’on est au encore au mois d’août en janvier. Et qui me repose chaque fois les mêmes questions.
Si la la clé du bonheur, se trouve dans le pouvoir du moment présent, bah mon père, est le plus heureux des hommes.
Le jour où j’aurais une bonne nouvelle à lui annoncer, je sais que ça le comblera de joie jusqu’à la fin de sa vie.
Sa vie est devenue un instant présent permanent.
Moi hélas, j’ai encore ma mémoire, mes souvenirs, mes regrets, et la peur que tu m’oublies.
Alors, à demain.
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Prends une liste de 8 a 10 mots/concepts. Mets ton chrono sur 10 minutes. Et invente une histoire.
Voici ma liste de mots du jour, si t’as envie de tester, avant de lire mon histoire.
Zavatta – le jour du marché – place de la République – jeudi – couleurs chatoyantes – 3 personnes qui marchent – automne – vison
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C’est l’histoire d’un garçon de 8 ans, qui veut aller au cirque. Il interrompt ses parents en pleine discussion, les suppliant d’aller voir Zavatta.
Sa mère lui dit oui. Juste pour le faire taire. Et reprend sa discussion avec son mari.
Ils avancent tous les trois dans la rue. C’est l’automne. Elle porte un manteau en faux vison noir qui arrive a sa taille, et lui fait de larges épaules. Tout cela est bien doux. Comme l’air ce jour-là.
C’est mercredi. Le jour du poisson. Le marché du matin a été fait. Le repas aussi. Et déjà la fin de journée approche. 17H30.
Le père, la mère, et l’enfant marchent à nouveau dans la rue.
Ou vont ils ?
Rentrent ils a la maison ? Se rendent-ils à une réception ?
Ils se sont arrêtés à une banque place de la République. Et parlent de succession.
Ils rentrent maintenant. L’enfant est content, car il sait que le cirque l’attend
Le soir venu, il demande a sa mère s’ils iront demain.
Où ca ?
Bah au cirque ?
Quel cirque ?
Colère.
Mais maman tu m’avais promis ! Tu m’avais dit oui !
Et ça monte. Et les crises et les pleurs. Et le père intervient. Il demande à son fils de se calmer. Ils en reparleront demain.
Le lendemain. Maman n’est pas là. L’enfant demande où elle est. Le père ne dit rien. Il reste calme.
Cet après-midi, ils sont allés au cirque tous les deux. C’aurait du être un moment heureux.
Mais le cirque malgré sa musique, et ses odeurs, avait un gout de brun.
Couleurs chatoyantes ? Non, violentes. Trop de bruit.
Les coups de fouet du dompteur qui font mal au coeur.
Et les popcorns brulent la gorge.
L’enfant est ressorti triste et maussade
Son père a marché à ses cotes. Ils ont fait le chemin de la veille. Mais sans elle cette fois.
Rien ne s’est dit. L’homme a pris la main de l’enfant. Et il a pleuré. En silence. Comme dans les films où les grands font des choses que les petits ne comprennent pas.
C’était un jeudi. C’était les vacances.
L’automne, c’est la saison du silence, des marrons et des séparations.
Maman ou es tu ?
Depuis ce jour, personne ne t’a revue.
Et l’enfant jamais n’en a reparlé.
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