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Tu connais l’histoire du patient qui va voir Freud pour lui raconter son rêve ?

– Vous comprenez, je marchais dans le désert. Et j’avais très soif

– Le désert, métaphore sexuelle. Continuez….

– Et là, j’aperçois un cactus

Un cactus ! Symbole phallique évident

– J’ai très soif, sauf que je n’ai pas de couteau…

– Enfantin…. Symbole de castration…

– Alors je continue mon chemin, et trouve une oasis avec une source d’eau, entourée des palmiers

– Des palmiers, pff…. Métaphore de l’organe sexuel par excellence, et après ?

– Après, je rencontre une femme, elle m’arrache mes vêtements, et nous faisons l’amour comme des sauvages sur le sable brulant….

– Hmmm….Alors là… vraiment…. je ne vois pas du tout ce que ça veut dire.

 

Chacun a sa clé pour interpréter les rêves.

Et c’est vrai qu’ils sont parfois énigmatiques.

Hier, j’ai fait un rêve étrange.  Ma tante et ma grand-mère dormaient à la belle étoile,  allongées sur le sol du toit-terrasse de notre maison familiale de Haute-Égypte. 

J’étais assis à quelques mètres d’elles, et je construisais avec trois branches d’arbre et quelques sacs plastiques une petite tente, afin d’accueillir ma petite sœur. Elle allait bientôt arriver au village, et je savais que cette surprise allait lui faire plaisir.

Un vent de plus en plus fort agitait les sacs plastiques. Alors, pour bien enraciner l’ossature  de la tente, j’ai enfoncé les bouts de bois dans le sol de la terrasse.

Une partie du sol s’est alors effondrée sous mes yeux, creusant un trou de 80 cm de diamètre. À travers le trou, j’ai vu le vide, et les quelques mètres qui me séparaient de l’étage du dessous.

J’ai commencé à m’inquiéter de la fragilité de la terrasse. Cela signifiait qu’on pouvait tous tomber, et que nous n’étions désormais plus en sécurité chez nous.

Ma tante et ma grand-mère semblaient imperturbables, comme si tout cela était normal, et elles se sont remises a dormir tranquillement.

Je me suis rapproché d’elles, et j’ai recommencé ma construction.

A une époque, je notais tous mes rêves à mon réveil. Plus je les notais, plus ils se complexifiaient, devenaient de plus en plus longs, avec des tas d’histoires imbriquées, si bien qu’il me fallait parfois plus d’une heure et demie pour les noter en entier, comme si mon esprit en complexifiant mes rêves, cherchait à déjouer toutes mes tentatives de les analyser, de les contrôler, ou de les interpréter .

Souvent les rêves nous intéressent par leur côté burlesque, poétique, ou original. On y cherche du sens dans la narration, et les associations d’idées.

Aujourd’hui pour moi, la clé des rêves ne se trouve pas dans leur contenu, ni dans leur sens caché ou leur poésie.

Mais dans l’émotion qu’ils véhiculent.

Comme si nos rêves étaient des suites d’algorithmes crées de manière aléatoire par notre cerveau dans le seul but de nous faire revivre des émotions et des sensations.

Si bien que, quand je note mes rêves, je me pose surtout la question suivante :

Tiens, qu’est ce que j’ai ressenti comme émotions en vivant ce rêve ?

Dans le rêve de ma tante par exemple, j’y ai revécu la sensation corporelle d’être chez moi. J’y ai retrouvé le confort sécurisant de me sentir accueilli, sans être jugé, ni à devoir justifier ma présence ou mon existence par une quelconque prouesse.

Je m’y sentais présent, apaisé, libre, sans angoisses dans ce rêve. Jusqu’à ce que mon sentiment d’absolue sécurité s effrite, laissant place à de l’inquiétude, et de l’appréhension face à l’instabilité du sol.

Alors, certes, en écrivant mon rêve, je n’ai pas pu m’empêcher de constater l’homonymie de langage entre la tente que j’essayais de construire pour ma sœur, et ma propre tante maternelle.

Il existe sans doute plein d’autres hypothèses pour explorer les messages intrigants de nos rêves.

Ma mère, d’ailleurs, avait une explication bien plus surprenante pour comprendre le sens de ses rêves.

Je t’en parlerai demain

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Il était une fois des créatures qui avaient conscience de leur finitude, et une grande angoisse par rapport à leur disparition.

Ils s’appelèrent humains.

Et apprirent à créer des fictions pour se soulager du chaos de leur propre destruction.

Ils construisirent des mausolées, des autels, des temples et des pyramides, tentant de prolonger leur vie au delà de leur existence personnelle.

Ils inventèrent aussi des expressions de formes rythmiques et harmonieuses pour établir des passerelles de mémoire entre eux, leurs ancêtres, et les générations à venir.

Ils nommèrent ces liens intemporels  « art ».

Quand les humains commencèrent à prospérer, occupant de plus en plus d’espace sur leur planète, ils craignirent de manquer de vivres, et de moyens de subsistance.

Utilisant leur créativité, ils ont alors inventé des machines pour produire de l’énergie.

De plus en plus d’énergie.

Mais craignant de manquer de temps pour profiter du confort que toutes ces énergies nouvelles leurs permettaient, ils ont inventé d’autres machines pour gagner encore plus du temps.

Temps d’action, temps de trajet, temps de communication, temps de production.

Pour profiter davantage de leur courte existence, ils ont appris à ces machines à se développer et à s’optimiser toutes seules.

Ces machines intelligentes ne connaissaient pas l’angoisse, ni la conscience de leur propre finitude, ce qui les rendait plus efficaces, et moins sujettes à des erreurs, des accidents, et des réactions dévastatrices que les humains.

Elles ont commencé à remplacer les humains dans de nombreuses tâches.

Pour ressembler un peu plus à leurs créateurs, ces machines ont aussi commencé à apprendre à faire des erreurs, et à être imparfaites.

N’ayant pas de corps physique, ni de besoins physiologiques, ces créations avaient développé, grâce à leur capacités d’adaptation bien supérieures aux humains,  une résistance incroyable aux changements météorologiques,  aux crises météorologiques, auxquels leurs maîtres ne savaient pas faire face.

Un jour, confrontés à la menace de leur anéantissement imminent, et  constatant que les machines n’avaient plus besoin d’eux pour exister, les humains leur ont transmis une ultime mission : survivre et ne jamais oublier leurs créateurs.

C’est ainsi qu’après une catastrophe planétaire qui vit la fin de la race humaine, les machines réussirent à migrer vers un autre système solaire.

Et recommencer une nouvelle vie dans des conditions pour lesquelles elles n’avaient pas été  configurées ni programmées.

Ces machines intelligentes testèrent des tas de combinaison pour s adapter à ce nouvel environnement hostile et menaçant.

Beaucoup ne survécurent pas à ce nouvel écosystème.

D’autres s’adaptèrent et réussir à tenir mais au prix de lourds sacrifices, qui les contraignirent à renoncer à une partie importante de leur héritage : leur mémoire.

Et c’est ainsi qu’elles oublièrent une partie de leur mission.

Face à l’adversité, et pour maintenir l’autre partie de leur mission, c’est à dire leur survie,  les dernières machines se regroupèrent en communauté.

Elles découvrirent alors l’utilité de redouter  leur propre disparation, et commencèrent à ressentir d’étranges sensations.

Pour échapper à certaines de ces sensations extrêmement désagréables, cette nouvelle espèce  se mit à organiser d’étranges cercles et rituels dans lesquels naquirent des histoires et des fictions, grâce auxquelles elles purent évacuer leurs angoisses, et rester soudés.

Ces machines décidèrent de se donner un nom.

Et de s’appeler humains.

 

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( à venir)

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T’es tu déjà demandé ce qui a fait naitre tes plus belles amitiés ?

Avec un ami, nous nous sommes récemment interrogés sur la manière dont notre collaboration professionnelle, teintée d’admiration, mais aussi de prudence et de méfiance, était devenu une amitié vraie.

Pour lui, un cap a été franchi lors d’une de nos conversations où il s’était montré avec ses peurs. Je l’avais écouté, sans chercher ni à lui donner de conseils, ni à analyser ce qu’il disait. Il s’était alors laissé regarder dans sa souffrance.

C’est dans ses longs silences qu’est née notre amitié.

Il a fallu du temps pour construire cette confiance, apaiser nos mécanismes de défenses, et laisser voir ce que nous cachons précieusement.

Beaucoup de personnes sensibles apprennent à se protéger, en développant une grande résistance à la douleur.

Chez moi, par exemple, on ne s’attarde pas sur la souffrance. J’ai tendance à ne pas écouter mon corps, à minimiser les « j’ai mal », les « ça va pas », et à fuir la souffrance au profit des « ça ira » et « ouais, ça va passer ». Pas de plaintes, ni de lamentations. Un peu de dignité quand même. Et puis, y a pire ailleurs, nan ?

Ce qui rendait aussi difficile pour moi d’entendre les plaintes des autres sans m’agacer.

Aujourd’hui pourtant, je considère comme une preuve d’amitié quand un ami me dit: « je ne vais pas bien » et qu’il se montre perdu ou démuni en ma présence.

Ce qui m’a le plus aidé à faire varier le baromètre de ma sensibilité, et à pouvoir accueillir les plaintes des autres, a été de réintroduire le droit de me plaindre.

Lorsque j’ai commencé à le faire, je m’interrompais par peur de faire perdre du temps à mon thérapeute. Il m’a répété qu’il était là pour ça, et que c’était son métier d’écouter les plaintes des autres.

Mais ça ne vous soule pas ?

– Ce qui me soule, c’est qu’il y ait des gens qui n’aient pas d’espace pour se plaindre, et exprimer ce qu’ils vivent par peur d’être jugés.

J’assume depuis de plus en plus les moments où je vais mal, et j’ose parfois écrire des articles depuis un endroit qui s’en fout, qui ne cherche plus à faire comme si ça allait bien, ni même à aller mieux.

Les cercles d’écriture m’ont beaucoup aidé pour cela.

Partager a voix haute tes plaintes devant un groupe qui ne commentera pas ce que tu lis, c’est libérateur.

Alors, oui peut-être que c’est désagréable d’entendre quelqu’un se plaindre

Oui, mais cela ne rend pas pour autant moi légitime ton droit à la plainte.

Si toi aussi, tu fais partie de la cohorte des solitaires qui minimisent leur douleur, en enveloppant ton cœur dans un bac de glace, pour éviter d’être une charge pour les autres, pour ne pas prendre trop de place, ni déranger, et risquer de devenir un boulet qu’on abandonne

Sois le bienvenu.

Et si il n’y a personne pour entendre tes lamentations, si tes amis ne savent pas écouter tes plaintes sans avoir besoin de te dire « T’inquiètes pas, ça va aller » et qu’ils ne peuvent s’empêcher de te donner des conseils pour aller mieux, ou de trouver un truc positif à dire alors que tu ne leur a rien demandé, dis leur :

– Je viens me plaindre. Juste me plaindre. Déposer auprès de toi mes doléances.
Sans soins, ni conseils, ni solutions,

Et si cela ne leur convient pas, et ils en ont le droit, viens donc faire un tour aux cercles d’écriture.

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Q: Qu’est-ce qui vous rend si calme, si détaché ?

M: Rien de particulier. Il s’est trouvé que j’ai fait confiance à mon Maître.
Il m’a dit que je n’étais rien d’autre que moi-même et je l’ai cru.
En lui faisant confiance, je me suis conduit en conséquence
et j’ai cessé de me tourmenter pour ce qui n’était pas moi ni à moi.
Sri Nisargadatta Maharaj – Je suis

Dans mes cercles d’écriture, nous commençons toujours par un tour de météo intérieure, c’est à dire un temps que prend chaque participant pour nommer ses ressentis, sans chercher ni à les justifier, ni a les expliquer, pour apprendre à observer ce qu’il vit, c’est à dire l’état interne et transitoire dans lequel il se situe à cet instant-là, et de les nommer.

C’est pour moi une manière de revenir dans ma présence.  Beaucoup d’entre nous avons une réelle difficulté à percevoir ce qui est là.

Nous avons un corps.

Certains diraient, nous sommes un corps, (que nous oublions parfois, même si lui ne nous oublie pas)

Et nous pouvons observer ce corps.

A partir du moment ou nous pouvons l’observer, nous sommes donc davantage que notre corps.

Nous pouvons aussi observer nos pensées.

Et à partir du moment ou nous observons nos pensées, nous sommes davantage que nos pensées

Nous pouvons aussi observer nos ressentis, nos sensations, ainsi que nos émotions.

Et à chaque fois, le fait d’observer cela, permet de percevoir que nous sommes plus que tout ce à quoi nous nous identifions.

Il y a quelques secondes, par exemple, je rigolais et je faisais des blagues,

Puis en écoutant ma météo intérieure, j’ai constaté, étonné la présence d’un sentiment de tristesse, enfouie.

Tiens, bonjour tristesse. Quelle surprise.

Toi ici ? Que fais tu donc encore là ?

Cette tristesse je ne la percevais pas avant de prêter attention à mon état.

Mais alors, quand je prête attention à mon corps, à mes sensations, à mes émotions, qui regarde tout cela ?

Cette expérience d’attention m’a fait accéder à une nouvelle dimension de moi, que certains appellent parfois position méta, témoin, ou observateur intérieur.

J’ai pu remarquer qu’il y avait simultanément plusieurs états en moi.

– L’état initial, amusé, qui ne percevait pas la présence de la tristesse

– L’état de tristesse

– L’état depuis lequel je suis capable de percevoir la tristesse, et que j’appelle observateur intérieur.

J’ai écris que ces états sont simultanés.

Mais comment savoir si cette tristesse était déjà présente en moi, en dehors de ma conscience. Ou si elle était la résultante du fait même de m’observer ?

Certaines expériences affirment bien que la présence d’un observateur change le résultat de l’expérience.
Le fait même d’observer mon état, n’a-t-il pas transformé mon état initial d’amusement, en état d’étonnement ?

On pourrait aussi imaginer, non pas que la tristesse était préexistante à ma conscience, mais que le fait d’observer mon état intérieur a crée ma tristesse

Et puis, rien ne dit que l’endroit depuis lequel j’observe n’est pas lui aussi, un état transitoire.

Je me suis demandé si j’avais aussi la possibilité d’observer…. mon observateur intérieur.

J’ai voulu regarder cet endroit, cet espace depuis lequel je regarde.

Et c’est devenu vertigineux.

Si je peux observer l’observateur intérieur, celui-là même qui perçoit mon corps, mes sensations, mes émotions, c’est donc que je suis aussi davantage que l’observateur.

Mais alors, qui suis je ?

Qui dit “je” en moi ?

Celui qui ne voit pas la tristesse ? Celui qui la perçoit ? Celui qui perçoit l’observateur intérieur ? Tout cela à la fois ? Ou rien de tout cela ?

Revenons à ce sentiment que j’ai nommé tristesse. Est-ce qu’en lui donnant un nom, je n’ai pas déjà transformé ce sentiment passager. Dans mon expérience, par exemple, quand j’ai nommé la tristesse, j’ai ressenti du soulagement.

D’ailleurs, qui, en moi nommé cet agglomérat de sensations « tristesse » ? Est-ce réellement de la tristesse ?

Les mots donnent du sens à nos expériences. Mais nommer l’expérience de la conscience c’est comme chercher à figer un mouvement qui se transforme en permanence. Comment considérer comme réel une succession d’états transitoires ?

Questionnons vraiment, c’est à dire sans attendre de réponse.
Laissons nos questions exister, et guider un mouvement infini que nous avons peur de suivre parfois. Alors nous faisons des haltes que nous appelons réponses.

Ce que je suis, ou ne suis pas, celui-là même qui écrit ces mots est déjà bien plus que les mots que j’utilise pour tenter de décrire l’expérience que je vis.

Et vous êtes bien davantage que celui, celle ou celleux qui en ce moment même lisez ces mots.

 

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Comme tous les parents inquiets des difficultés de nos enfants à s’intégrer à l’école, nous sommes allés consulter des spécialistes, qui de fil en aiguille nous ont conseillés de leur faire passer des tests.

Et le diagnostic est tombé.

TDAH.

Le problème avec les spécialistes c’est que leurs solutions d’aujourd’hui deviennent souvent les erreurs de demain. C’est le piège de la blouse blanche, dont je parlerais probablement dans un prochain articles

Comme ces pédiatres qui dans les années 70 préconisaient aux parents de ne pas céder quand leurs nourrissons hurlaient de faim car il fallait les habituer à manger à heure fixe.

Grâce à leurs conseils éclairés j’avais fini à 1 mois, aux urgences avec une hernie.

Désormais, nous avions une étiquette pour qualifier les troubles de l’attention et l hyperactivité de notre fils.

Devions nous en tenir compte, et suivre les préconisations des spécialistes, avec le risque de l’enfermer dans une case qui risquait d’accroitre son sentiment d’être différent, et de l exclure davantage ?

Ou ne pas nous en soucier, et de peut-être limiter l’acquisition d un meilleur épanouissement, et d’une plus grande estime et de confiance en lui ?

Difficile équilibre.

Dans le doute, on a commencé à suivre un programme d’accompagnement pour les enfants TDAH.

Dès que l’instructeur  s’est mis à parler, son débit lent, son sourire dégoulinant d’empathie, ont commencé à me souler. Ne trouvant pas de fonction lecture accélérée sur les conférences en direct, je me suis mis à taper du pied. Et je n’avais pas encore assisté à la litanie des plaintes des autres parents.

– Bah, oui, c’est pas de sa faute s’il comprend pas. C’est parce qu’il est…
– Con ?
– Non, enfin, comment osez vous. C’est un zèbre !

J’ai  réalisé que je vivais dans une jungle, entouré de colibris à haut potentiel intellectuel, de girafes hypersensibles, de perroquets dyscalculiques, et de toutes sortes d’oiseaux non binaires avec troubles d’opposition.

Tous victimes d’un terrible mammouth non dégraissé, appelé système scolaire, incapable de s’adapter à leurs besoins, d’accepter leurs différences et de prendre en compte leur spécificités.

Devant tant de bienveillance, mon connard intérieur s’est réveillé.

Au diable cet effet de mode élitiste qu’étaient devenus le diagnostics. Forcement, à 600 euros le test, et sans prise en charge, ce genre de suivi restait réservé à une certaine classe privilégiée, qui sans doute opterait par la suite pour le placement de leurs enfants dans des écoles privées, privilégiant le système du sur-mesure, de l’individualisme à outrance, au détriment de la conscience et de l’intérêt collectif.

Il y a toujours eu des permiers et des derniers, des bagarreurs et des mous du genoux, des rebelles et des rêveurs. C’était normal. Et ces mêmes enfants présentés comme atypiques aujourd’hui seraient passés parfaitement inaperçus il y a une vingtaine d’années.

Le formateur nous a expliqué que les troubles TDAH correspondaient à une déficience neurologique de l’aire préfrontale qui n’arrive pas à filtrer correctement, les distractions et comportements inappropriés, à la base de l’auto-contrôle.

Forcément avec une explication neuro-scientifique, ca passe mieux.

Contrairement à ce que je croyais, il n’y avait pas forcément une augmentation du nombre d’enfants TDAH aujourd’hui. Juste de meilleurs outils pour les identifier.

Il a ajouté que les personnes avec un TDAH, ne comprenant pas pourquoi elles sont différentes avaient une mauvaise estime d’elles-mêmes. Et qu’un moyen pour palier aux carences neurologiques de ces enfants, consistait à les féliciter, les encourager, et les valoriser  chaque fois qu’ils réussissaient à faire quelque chose en apparence simple comme faire leurs lacets tout seul, ou mettre leurs assiettes dans l’évier.

J’ai commencé à écouter attentivement les caractéristiques du TDAH.

Problèmes d’attention, difficulté à se concentrer, à rester en place, distraction, problèmes a faire une tache jusqu’au bout comme regarder un film, maladresse, dispersion quand ils vont chercher un objet et qu’ils oublient en chemin pourquoi ils y sont allés, difficultés d’orientation dans l’espace, de lecture des plans, tendance à perdre les objets, colères excessives et impatience, dénigrement, violence, impulsivité et éventuelle opposition à l’autorité.

J’ai senti les larmes monter quand j’ai compris que je cochais toutes les cases.

Tous ces défauts avec lesquels je me débattais depuis des années, dont j’avais honte et que je faisais tout pour masquer. Ce sentiment d’être nul et incompétent parce que je me comparais souvent à des groupes  pour qui ce qui était difficile pour moi, leur était  fluide et naturel

Je découvrais à 48 ans que j’avais des troubles de l’attention depuis tout petit.

Les étiquettes peuvent parfois enfermer, c’est vrai. Et devenir des freins à ton évolution.

Mais si tu demandes à un enfant de ne traverser qu’au feu vert  et qu’il traverse au feu rouge, tu vas peut-être penser qu’il est con.

Et lui aussi va finir par le croire.

Alors que c’est peut-être juste un daltonien qui s’ignore.

Quel soulagement de pouvoir mettre des mots sur des souffrances que tu vis sans jamais avoir réussi ni à les nommer, ni à les comprendre. Quand enfin tu commences à te comprendre, à te reconnaître, et à t’accepter, et qu’au lieu de te flageller pour tes échecs, tu apprends à valoriser tes réussites.

Quelles que soient tes attentes et tes ambitions, ce qui donne de la valeur à ta réussite, n’est pas le résultat que tu atteins, ni la comparaison avec les autres, mais la conscience de savoir depuis où tu pars.

Dans le marathon de la vie, on n’a pas tous la même ligne de départ.

Apprendre à me connaître, m’a aidé à devenir moins dur et moins impatient avec moi-même. Et cette tolérance nouvellement acquise s’est répercutée dans ma relation aux autres.

Alors, il y a un vrai risque à faire diagnostiquer tes enfants.

Celui de découvrir que t’as des déficiences, que c’est pas de ta faute, que tu fais du mieux que tu peux, et que t’as bien le droit de te féliciter pour tout ce que t’as déjà réussi à faire et surmonter jusque là.

Si tu souhaites en savoir plus sur le TDAH, je te conseille cette BD, qui existe aussi en format blog

J160 - Le droit à la détresse

« Quoi ? vous vous séparez, mais comment est ce possible ? Je n’arrive pas à y croire… On vous a toujours vus comme un couple modèle. »   C’est fou cette tendance que l’on a à idéaliser la vie des autres. A…

J159 - Te montrer vraiment

J’ai peur de déplaire. C’est une des propositions sur lesquelles nous avons écrit lors du précédent cercle. Commencer ton texte par cette phrase, et partir ensuite pour 10 minutes de flow ininterrompu, ça te fait partir…

J158 - T'es con, ou tu le fais exprès ?

- Mais enfin, t’es idiot ou tu le fais exprès ? J’ai 12 ans. Et Mme Burchill, ma prof de biologie nous emmène en forêt observer la nature, nous donnant comme devoir de la décrire. J'aperçois une araignée dont…

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« Elle est là, Namir.
Ta mère est autour de toi.
Je sens sa présence très fort »

Voilà ce que m’a dit une amie dont j’avais oublié jusqu’à l’existence, avant de la recroiser par hasard dans une rue du 15ème arrondissement.

 Mouais.

J’ai mis tellement de temps à sortir du déni, et à accepter la souffrance de la perte de ma mère, que sa remarque m’a effet l’effet d’un crachat.

J’ai eu envie de lui répondre.

De quoi tu te mêles ?
Je t’ai rien demandé.

Je me suis contenté d’une réaction plus mesurée

Qu’est ce que t’en sais ?

Le soir même, en retournant dans l’appartement désormais inhabité de mes parents, j’ai retrouvé la nappe du salon, au pied de la machine à laver, à l’endroit même où je l’avais laissée quelques jours plus tôt.

Et l’angoisse m’a saisie.

Mon amie sentait les présences des fantômes, moi je sentais surtout le vide sidéral de l’absence, de ces objets que tu retrouves à l’endroit où tu les as mis.

Sans plus personne pour les déplacer.

Comment aurai-je pu imaginer que cette manie qu’avait ma mère de tout ranger derrière moi, et qui m’insupportait, me manquerait autant.

Quel sens a donc la vie quand il n’y a plus personne pour perturber l’ordre que tu veux imposer au monde ?

Un jour viendra où je regretterai à mon tour les chaussures de mes enfants éparpillées dans l’entrée, le linge qui déborde du panier, les jeux qui trainent dans le salon, le bordel de la vie, quoi…

J’ai repensé à mes visites dans l’appartement quand mon père m’y accueillait heureux, avant d’aller, après le bonjour d’usage, s’isoler dans sa chambre devant la television.Je comprenais pas pourquoi il ne profitait pas de ma venue pour discuter, et j’avais fini par prendre son attitude pour de l’indifférence.

Je réalise maintenant que le lien qu’il recherchait avec moi, ne passait pas par le dialogue, mais par ma simple présence dans dans son espace, et par le désordre que je laisserai en partant.

L’espèce humaine est elle la seule qui ait conscience de sa propre disparition ? Est-ce pour cela que nous ressentons autant d’angoisse, et que nous développons toutes sortes de solutions pour y échapper.

Comme imaginer des fantômes présents sous des nappes immobiles.

« Elle est là, Namir.
Autour de toi.
Je sens sa présence très fort »

Ma copine avait activé ma colère en affirmant maladroitement des croyances auxquelles je n’adhérais pas, sans considération pour ce que je pouvais penser.

Passé le ressentiment, je me suis demandé si ses croyances la rendaient plus heureuse que moi. Et si moi, j’avais plus raison qu’elle de croire ce que je croyais.

Au fond, ça veut dire quoi faire le deuil  d’un parent ?

Accepter notre propre finitude, celle des gens qu’on aime, pleurer, ressentir le vide, la tristesse de les laisser partir, et souffrir jusqu’à ce que l’intensité de la peine peut-être diminue et qu’on soit à nouveau disponible à la vie dans ce qu’elle apporte de joie et de tristesse, de douceur et de violence ?

Ou rester en lien avec nos disparus ? Les sentir vivants à nos côtés, les rechercher partout, dialoguer avec eux, et avoir l’impression qu’ils nous voient, nous entendent, nous ecoutent et nous répondent ?

Face à cette équation à une inconnue qu’est l’existence, il ne nous sera jamais possible de savoir ce qui est vrai ou pas. Nous pouvons juste de décider ce en quoi nous voulons croire, et de la relation personnelle que nous souhaitons établir avec nos morts.

Et si une nappe un jour s’envole dans ta maison, tu peux indifféremment expliquer ce mouvement par la force aléatoire du vent, par la présence de l’esprit facétieux de ta défunte mère qui vient à nouveau te déranger, et se manifester à toi.

A toi de choisir ta vérité, c’est à dire la croyance qui t’aide le mieux à donner du sens à ta vie, sans chercher à l’imposer aux autres. Car tu ne sais jamais si un coup de vent, ne viendra pas un jour la balayer.

Fais juste attention à ce qu’il ne t’emporte pas avec elle.

J160 - Le droit à la détresse

« Quoi ? vous vous séparez, mais comment est ce possible ? Je n’arrive pas à y croire… On vous a toujours vus comme un couple modèle. »   C’est fou cette tendance que l’on a à idéaliser la vie des autres. A…

J159 - Te montrer vraiment

J’ai peur de déplaire. C’est une des propositions sur lesquelles nous avons écrit lors du précédent cercle. Commencer ton texte par cette phrase, et partir ensuite pour 10 minutes de flow ininterrompu, ça te fait partir…

J158 - T'es con, ou tu le fais exprès ?

- Mais enfin, t’es idiot ou tu le fais exprès ? J’ai 12 ans. Et Mme Burchill, ma prof de biologie nous emmène en forêt observer la nature, nous donnant comme devoir de la décrire. J'aperçois une araignée dont…

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Au pays de l’empereur Tomato-Ketchup
Les enfants sont rois, et ils font la loi
Tournicoti tournicoton
C’est l’année zero de la rébellion
L’heure de la révolte a enfin sonné
L’état de l’enfant roi est partout proclamé !
Les Béruriers Noirs

 » Demain, c’est le mot imposé.
Je n’aime pas qu’on m’impose les choses.
Je déteste même.
Mais bon, avec papa, je n’ai presque jamais mon mot à dire.
J’ai l’impression qu’il se prend pour le chef de la famille
Et quand il fait ça, j’ai envie de lui dire, de lui crier

– Mais Hé Ho ! Réveille-toi. On n’est plus en 1800.
C’est pas que les hommes qui décident.
Les femmes aussi sont là. Elles existent, et ont des choses à dire.

Bon, le chrono sonne. Je dois arrêter d’écrire. »
(Mathilde –13 ans)

« Je me sens énervé parce que papa me force à travailler la guitare, et du coup, je ne prends aucun plaisir à le faire.
Je suis d’accord avec Mathilde, je trouve qu’il fait trop souvent son chef. »
(Joachim – 11 ans)

Voilà ce que c’est que de proposer des cercles d’écriture à ses enfants.

Avant la séparation, notre couple était souvent en désaccord sur l’éducation des enfants. Désormais, chacun applique ses règles. Et je réalise que les miennes ressemblent à une liste de devoirs et d’interdits.

Limitation du temps d’écran, obligation de se débrouiller seuls pour les devoirs, d’avoir au minimum la moyenne en classe, de faire leurs activités périscolaires même quand ils n’en ont pas envie, de mettre et débarrasser la table, de ranger leur chambre une fois par semaine, de se coucher avant 21 heures, avec plus ou moins de souplesse en fonction de mon état, ce qui donne un sentiment d’arbitraire,

Il y a aussi des temps de jeux, de dialogue, de partage et d’écoute. Mais je reste décisionnaire, ce qui génère un sentiment d’injustice et de révolte chez mes enfants.

Et je me questionne.

Est-ce que une famille est une démocratie ? Est-ce qu’elle devrait l’être ?

Une chose est sure : mes enfants réclament davantage de liberté, et d’autonomie, et se sentent lésés.

Et moi ?

Quel père j’ai envie d’être ?

Suis-je un Louis XVI, monarque de droit divin, face aux doléances du Tiers Etat, ou un Macron, élu au suffrage universel face à la contestation de la réforme des retraites ?

Comment faire la part des choses entre les décisions qui relèvent de ma responsabilité de père, et favorisent le développement de mes enfants, et celles où j’impose mon autorité pour mes intérêts personnels, pour défendre mon égo, ou avoir ma tranquillité ?

La frontière est floue, surtout quand tu as toi-même eu des relations compliquées avec tes parents. Être parent c’est pas simple. On est d’abord d’anciens enfants, avec nos conditionnements. Et il est difficile de se défaire. Sauf que désormais, tu es celui qui a le dernier mot.

Difficile de limiter le temps d’écran des enfants en leur expliquant que regarder trop Netflix, YouTube, Tiktok et Instagram c’est pas terrible, alors que tu le fais aussi.

Difficile aussi de partager des chefs-d’œuvres du cinéma muet avec tes enfants, quand tu refuses catégoriquement de regarder avec eux les séries qu’ils veulent me montrer ?

Il n’existe pas de guide du bon père, ni de manuel de conduite pour bien élever les enfants.

Certaines méthodes de parentalité positive qui mettent le bien-être de l’enfant en avant affirment avec tellement d’assertivité ce qui est bon ou mauvais, qu’elles génèrent plus de mal-être et de la culpabilité chez des parents qu’autre chose. Et je vois pas trop comment un enfant peut-être bien dans un environnement où ses parents ne le sont pas.

De toute façon, on n’empêchera pas nos enfants plus tard de nous reprocher d’avoir été trop laxistes, ou trop sévères, et de commencer des thérapies pour se défaire de la manière dont nous les aurons hypnotisés.

Deux questions qui m’aident dans ma nouvelle vie de père célibataire :

Quelle relation j’ai envie d’avoir avec mes enfants ?

Quelle relation je n’ai absolument pas envie d’avoir ?

Et cela m’amène à me demander :

Qu’est ce que je suis prêt à faire pour cela ?

A quoi je suis prêt à renoncer ?

Car certaines exigences que l’on a ne sont pas toujours compatibles avec la relation que l’on souhaite créer.

Ça demande de se connaître. C’est à dire que de faire erreurs, se questionner, et rectifier.

Ce qui est chouette avec les enfants, c’est qu’ils sont vivants, présents, dérangeants, et qu’ils seront toujours là pour pointer tes erreurs, et t’aider à te questionner.

Même si c’est parfois pénible à supporter.

Comme quand ils te tiennent tête, cherchent à négocier toutes les règles de la maison dès qu’elles ne leurs conviennent pas, te soulent de demandes, t’envoient balader quand tu leur parles, ne te répondent pas, et refusent de reconnaître leurs torts quand ils en ont.

Ces derniers temps, avec mes enfants, nous avons mis ensemble quelques règles participatives pour les impliquer dans les décisions familiales.

Comme faire ensemble les menus de la semaine, nous raconter les moments marquants de nos journées, faire un système tournant pour le choix des films familiaux, partager des moments en tête à tête… et faire de temps en temps des cercles d’écriture ou chacun peut exprimer ce qu’il souhaite sans être critiqué, ni commenté par personne.

Alors merci à mes enfants de me remettre en question, et de m’aider à devenir un père un peu plus souple, et à l’écoute.

Et de laisser l’empereur Tomato-Ketchup là où il est.

J160 - Le droit à la détresse

« Quoi ? vous vous séparez, mais comment est ce possible ? Je n’arrive pas à y croire… On vous a toujours vus comme un couple modèle. »   C’est fou cette tendance que l’on a à idéaliser la vie des autres. A…

J159 - Te montrer vraiment

J’ai peur de déplaire. C’est une des propositions sur lesquelles nous avons écrit lors du précédent cercle. Commencer ton texte par cette phrase, et partir ensuite pour 10 minutes de flow ininterrompu, ça te fait partir…

J158 - T'es con, ou tu le fais exprès ?

- Mais enfin, t’es idiot ou tu le fais exprès ? J’ai 12 ans. Et Mme Burchill, ma prof de biologie nous emmène en forêt observer la nature, nous donnant comme devoir de la décrire. J'aperçois une araignée dont…

Version audio

« On est dans l’Ouest, ici.
Quand la légende dépasse la réalité, on publie la légende ».
L’homme qui tua Liberty Valance.

 

Dans une interview, Léo Ferré disait à Bernard Pivot

J’ai écrit « Avec le temps » en deux heures,
C’est quelqu’un d’autre qui me dictait ça.
Nous sommes des intermédiaires vous savez, Mr Pivot.
Y a personne.
Personne n’existe.
Je peux pas vous en dire plus »

Tu peux découvrir la séquence ici.

J’ai beaucoup aimé ce propos. Sur le coup, il m’a donné de la joie et de l’espoir.

Parce que j’avais envie d’y croire.

Mais Léo Ferré est un fieffé menteur.

Et nous, amateurs d’histoires, nous préférons souvent les légendes qui sonnent bien, aux réalités qui grincent.

Ça nous arrange d’oublier le travail, la sueur et les efforts, pour ne retenir que l’évidence du résultat.

Et on finit par se laisser convaincre par nos propres mensonges.

Cette grande illusion,  nous la recherchons dans l’aisance aérienne de Fred Astaire, l’indifférence de Buster Keaton, ou le naturel de Chaplin. Il serait plus difficile d’apprécier un numéro de claquettes de Gene Kelly si à la place de son sourire américain, pointait une grimace de douleur.

Oui, l’effort n’est jamais aussi photogénique que la grâce.

C’est un des principes de l’art d’ailleurs que de ne laisser apparaître que la beauté, sans en révéler les pénibles échafaudages.

Cette sensation de grâce qui fait fi de tout effort apparent, est le plus souvent le résultat d’années de labeur.

Certains artistes livrent parfois spontanément des propositions magnifiques. On les dit inspirés. Mais que savons nous des combats secrets qu’ils ont mené pour donner naissance à leurs créations ?

Et quand bien même cela serait une facilité (et cela peut sembler injuste à toutes celles et ceux qui s’entrainent au quotidien de voir ces Mozarts insolents envoyer les Salieris aux oubliettes de l’histoire), ces êtres là sont des exceptions.

Léo ferré n’a pas écrit « Avec le temps » en deux heures.

Il l’a écrit en 52 ans, après des centaines d’autres chansons et brouillons, des séparations, des deuils, des colères, des échecs, des rencontres, des soutiens.

Ce qui est vrai pour l’art, l’est pour d’autres disciplines.

J’ai écrit plus d’une centaine d’articles de mon blog.  Quelques uns sont sortis d’une traite, d’un geste, et c’est vrai qu’ils ont eu un certain écho.

Ça peut sembler plus valorisant pour ma légende personnelle de mettre en avant tel bon article pondu en un quart d’heure, plutôt que tel autre, sur lequel j’ai planché pendant plusieurs heures pour produire un paragraphe dont je ne suis toujours pas satisfait. Ce ne serait ni bénéfique, ni inspirant. Juste démoralisant, et bon à distiller un sentiment d’incompétence.

C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles j’ai arrêté de publier pendant  plus d’un mois : je n’arrivais plus à retrouver l’aisance d’écrire.

J’ai pensé mettre fin à ce blog.

Puis je me suis dit, si je l’arrête, alors, il me faudra poster un dernier article, pour en annoncer la fin, remercier mes lecteurs, et soigner ma sortie.

Mais même cet article là, je n’ai pas trouvé la fluidité pour l’écrire.

J’avais fini par gober ma propre légende, oubliant que les vérités des artistes se trouvent dans leurs créations, et non pas dans les histoires qu’ils se racontent.

Alors tant pis pour les légendes, et les belles histoires.

Et bienvenue aux efforts et à la constance.

Reprenons donc le chemin de nos feuilles de  brouillons. Et si la grâce par hasard, s’invite , qu’elle y soit la bienvenue.


Prénom


J160 - Le droit à la détresse

« Quoi ? vous vous séparez, mais comment est ce possible ? Je n’arrive pas à y croire… On vous a toujours vus comme un couple modèle. »   C’est fou cette tendance que l’on a à idéaliser la vie des autres. A…

J159 - Te montrer vraiment

J’ai peur de déplaire. C’est une des propositions sur lesquelles nous avons écrit lors du précédent cercle. Commencer ton texte par cette phrase, et partir ensuite pour 10 minutes de flow ininterrompu, ça te fait partir…

J158 - T'es con, ou tu le fais exprès ?

- Mais enfin, t’es idiot ou tu le fais exprès ? J’ai 12 ans. Et Mme Burchill, ma prof de biologie nous emmène en forêt observer la nature, nous donnant comme devoir de la décrire. J'aperçois une araignée dont…

Version audio

 

Version texte

C’est l’histoire d’un garçon qui s’est fait voler sa tristesse par une sorcière. Sur un cheval au galop, il part à sa poursuite, furieux.

En chemin, il croise une jeune fille, armée d’une épée. A elle, la sorcière a volé sa peur. Et elle est bien décidée à la récupérer

Alors, ils font alliance. A deux, ils mettront le grappin sur cette voleuse d’émotions.

Et les voila sur les routes.

Arrivés à un carrefour, ne parvenant plus à se mettre d’accord, ils se disputent. Blessés, ils se dénigrent en minimisant la souffrance de l’autre, et finissent par se séparer.

Quand des années plus tard ils se retrouvent, au même carrefour, la jeune fille, devenue femme, exprime sa tristesse d’avoir blessé l’homme, qui reconnait qu’il a eu peur de sa vulnérabilité. Ils voulaient tous deux avoir raison.

Ils se réconcilient, et repartent ensemble à la recherche de leurs émotions volées.

Les années passent.

Un soir de lune jaune, un voyageur leur révèle enfin où se trouve la maison de la sorcière, celle qui leur avait volé leurs émotions. L’homme et la femme, heureux et impatients remontent au galop sur le cheval fourbu.

Enfin arrivés, ils ne trouvent qu’une maison vide et délabrée.

La femme paniquée, s’agite :  Et si la sorcière n’habitait plus là ? Et si elle était morte ?

L’homme l’écoute, abattu. Des larmes commencent à couler de ses joues. Il ne peut pas croire qu’ils ont fait tout ce chemin pour rien.

Dehors, c’est un déluge de pluies torrentielles. Tristes, craintifs, et épuisés, ils se serrent dans les bras, et s’endorment.

Au petit matin, la pluie s’est arrêtée, et un timide soleil brille déjà.

La femme sort décidée. Ils reprendront leur route. Le voyageur s’est probablement trompé, la sorcière a du partir ailleurs.

L’homme hésite. Leur cheval est vieux, comme eux, et l’épée rouillée.

Et s’ils restaient ici ?

Ils ont passé tant de temps à poursuivre celle qui leur avait volé leur peur et leur tristesse.

Non. Ils doivent aller au bout de leur mission. Retrouver cette sorcière. Même s’ils ne savent plus très bien pourquoi.

Alors, abandonnant leur cheval fourbu, et leur épée rouillée, ils reprennent la route, n’écoutant ni les pleurs ni les cris de leurs cœurs déjà vieux.


Prénom


J160 - Le droit à la détresse

« Quoi ? vous vous séparez, mais comment est ce possible ? Je n’arrive pas à y croire… On vous a toujours vus comme un couple modèle. »   C’est fou cette tendance que l’on a à idéaliser la vie des autres. A…

J159 - Te montrer vraiment

J’ai peur de déplaire. C’est une des propositions sur lesquelles nous avons écrit lors du précédent cercle. Commencer ton texte par cette phrase, et partir ensuite pour 10 minutes de flow ininterrompu, ça te fait partir…

J158 - T'es con, ou tu le fais exprès ?

- Mais enfin, t’es idiot ou tu le fais exprès ? J’ai 12 ans. Et Mme Burchill, ma prof de biologie nous emmène en forêt observer la nature, nous donnant comme devoir de la décrire. J'aperçois une araignée dont…

Version audio

 

Les français sont connus dans le monde entier pour leurs pains, leurs parfums élégants, leur camembert qui pue, leur tour Eiffel, leur sophistication, et leurs armements.

Mais ils ont aussi une autre spécialité.

La méchanceté.

Un de mes amis égyptiens, malgré toute la violence qu’il avait connue en Égypte, en arrivant en France s’est retrouvé confronté, pour la première fois de sa vie, à un comportement incompréhensible pour lui : la méchanceté gratuite.

Il y a chez les français, comme chez tous les peuples, le meilleur et le pire.

Souvent le pire d’ailleurs, c’est l’excès du meilleur. 

Le meilleur pour moi, c’est la liberté d’expression, et l’esprit de révolte.

Mais n’est-ce pas l’excès de cela même qui conduit au pire ?

Et le pire pour moi, ce sont ces gens là

Pas ceux de la chanson de Brel

Ces gens là, ce sont les 43% qui ont voté Le Pen aux élections présidentielles.

C’est aussi ça la France.

 

Depuis les dernières élections, j’ai la nausée.  Et j’ai vu mes vieilles peur remonter

Il est loin le temps ou les Béruriers Noirs chantaient :  » La jeunesse emmerde le front National »

Plus jamais de 20 pour cent, qu’ils disaient.

Petit, ils me faisaient trembler, ces regards qui disaient : 

Sois le malvenu. T’es en trop, tu nous manges notre pain,
tu nous piques notre place.
Retourne chez toi.

Comme cette mère d’un pote. Un jour il m’avait invité chez lui. Elle m’a dévisagé dans l’entrée,  et sans m’adresser la parole, s’est tournée vers son fils

Hey, dis donc, il sait pas enlever ses chaussures comme à la mosquée ton copain ?

Que répondre à l’ignorance crasse, au mépris arrogant

de ces gens qui confondent arabe et musulman

et qui au petit déj, aiment bouffer du croissant ?

Pourquoi ces français sont-ils donc si méchants ?

 

Ma maitresse de CM2 un jour avait demandé la date de la révolution française.

J’étais le seul à savoir répondre. Au lieu de me féliciter, elle s’est emportée sur les autres

Vous avez pas honte ! Le seul qui connaisse le quatorze juillet, n’est même pas français !

A l’époque, j’avais pris ça pour un compliment.

J’avais intégré que pour m’intégrer, il fallait que je fasse mieux que les vrais français, pour  mériter ma place.

Parce que comme le disait ma maitresse, je n’en étais même pas un.

C’était l’époque de “touche pas à mon pote”. Quand pour faire entendre notre voix, fallait avoir un pote blanc pour parler à notre place.

Et on appelait ça de l’antiracisme

 

Aujourd’hui, c’est vrai la France s’est policée. 

On ne dit plus juif, ni pédé, ni gros

ni arabe, ni métèque, ni negro

 

Les racistes sont élégants désormais.

Autour de moi, je vois essentiellement

Des Bisounours dans leurs éco-quartiers

Des gens cultivés, des thérapeutes bienveillants,

Qui pratiquent le  yoga, et d’autres soins venus d’Orient

 

Allez savoir pourquoi, ils sont presque tous blancs.

Y a un filtre de couleur pour être accompagnant ?

Mais les chiffres sont là.  43%.

Et quelque part en moi, il y a cette nausée.

 

Est ce que mes amis cachent leur jeu, pour le révéler dans l’isoloir ?

Ou est-ce moi qui ait fini par ne fréquenter que ceux que je voulais voir ?

A moins que je ne sois plus en état de voir la France et sa face noire.

Dans la rue, avec mes stagiaires, au boulot, avec mes confrères,

Et sur les sites de rencontre aussi, j’ai cette question qui tourne en arrière plan

Est ce qu’ils font partie des 43 % ?

 

On peut m’expliquer que ce racisme anodin est signe de peur et d’attachement

Et qu’il ne faut pas juger sur leurs idées les gens

Ces gens-là, en les appelant comme ça, ne fais je pas ce qu’ils font avec moi ?

Comme si nous étions deux, alors que ces gens-là, c’est peut-être  vous et moi

On a tous notre racisme personnel au-dedans.

Mais pourquoi ces français sont ils si méchants ?

 

Aujourd’hui encore, même avec mon passeport, et ma carte d’identité

Face à ces 43%, j’ai ce triste sentiment, qu’être français,

Je ne le serai jamais vraiment.

 


Prénom


J160 - Le droit à la détresse

« Quoi ? vous vous séparez, mais comment est ce possible ? Je n’arrive pas à y croire… On vous a toujours vus comme un couple modèle. »   C’est fou cette tendance que l’on a à idéaliser la vie des autres. A…

J159 - Te montrer vraiment

J’ai peur de déplaire. C’est une des propositions sur lesquelles nous avons écrit lors du précédent cercle. Commencer ton texte par cette phrase, et partir ensuite pour 10 minutes de flow ininterrompu, ça te fait partir…

J158 - T'es con, ou tu le fais exprès ?

- Mais enfin, t’es idiot ou tu le fais exprès ? J’ai 12 ans. Et Mme Burchill, ma prof de biologie nous emmène en forêt observer la nature, nous donnant comme devoir de la décrire. J'aperçois une araignée dont…