Version audio

Version texte

Je n’ai pas demandé à la lune, si tu voulais encore de moi,

Mais j’ai demandé à mon fils, s’il voulait écrire un article sur mon blog.

Et il a voulu parler de poésie.

La poésie est une matière d’école parfois assez ennuyeuse.  Mais ça peut devenir magique très rapidement. Par exemple pour moi, le rap c’est poétique mais pas pour tout le monde; certaines de mes amies si je leur fait écouter du rap elles vont me dire : « C’est vulgaire il n’y a aucun talent, c’est juste une personne qui parle sur de la musique. »

La poésie c’est loin d’être que du rap. Mais une suite de mots qui émet un sentiment et souvent une morale. Tout peut transmettre une émotion poétique par exemple : La danse, Le chant, La littérature, Certains films …

Malheureusement les hommes prennent souvent le dessus sur ce domaine

Joachim, 10 ans

Joachim, comme je te rejoins.

Moi aussi, je la recherche cette poésie.

Réussir à mettre des mots, sur nos cris d’enfants

La poésie, c’est le sens du monde, notre manière de contenir une réalité qui nous échappe.

Le mot colère, par exemple, il essaye de traduire un certain nombre de sensations dans notre corps, pas très agréables.

Je peux nommer ces sensations « colère », mais peut-être que ce mot est une traduction inadéquate de ce qui se déroule en moi.
Il y a peut être des gens qui toute leur vie ont appelé colère un état, qui pour d’autres s’appellerait stimulation, désir de réagir, souffle chaud.

Vivrais-je cette colère de la même façon, si au lieu de la nommer ainsi, j’avais appris à l’appeler enthousiasme, excitation, agitation joyeuse, manifestation de vie ?

Je pourrais aussi associer à cette colère un adjectif. Et ma colère soudain deviendrait paresseuse, effrontée, timide, printanière, paradisiaque, ou volcanique. Et ce serait encore autre chose.

Parfois, les mots ne traduisent pas notre souffrance.

Ils la créent.

Et inversement, des fois, on souffre parce qu’on n’a pas les mots.

J’aime prendre le temps, avec mes clients, de les amener à écouter leur état interne jusqu’à ce qu’ils parviennent à nommer ce qu’ils vivent.

 – Qu’est ce que vous ressentez-là ?  Qu’est ce qu’il se passe émotionnellement pour vous, en ce moment précis?

– Je ne sais pas

– Prenez le temps. Cherchez. Si c’était une émotion, ça pourrait être quoi ?

Et Ils cherchent précieusement.

– Peut-être… un peu de tristesse

Et voila que parfois se produit quelque chose d’étrange, comme si cette tristesse, parce qu’enfin nommée, réagissait à l’appel de son prénom, et répondait « présente ».

– C’est bizarre. mais en même temps que je vous dis ça, je sais pas comment l’expliquer, j’ai l’impression qu’il se passe un truc.

– Quoi donc ?

–  Ça s’est détendu…

– Est ce que vous pourriez nommer ce que c’est, ce truc qui s’est détendu ? Prenez votre temps.

Et c’est reparti pour 10 minutes.

– De la joie ? Non, c’est pas ça, de…. la curiosité ?
Non plus… non, c’est …. du soulagement.
Oui, c’est cela.

Le soulagement d’avoir pu enfin mettre un mot sur une émotion jusqu’alors tapie dans l’anonymat, et qui attendait qu’on la reconnaisse.

Un client un jour m’a exprimé cela avec ses mots. 

– Avant ma tristesse était triste. Maintenant, je sens que c’est une tristesse… joyeuse.

Je crois qu’il y a rien de plus rassurant au monde que le langage.

Quand on était bébés, et qu’on assistait au spectacle de la vie, sans accès au langage, qu’est ce qu’il a du nous paraître angoissant, ce monde !

Alors, nous avons inventé la poésie.

La poésie ne raconte pas le monde. Elle le recrée.

Elle nous demande d’entrainer notre plume quotidienne, pour faire se rencontrer des mots parfois dissonants, et atteindre les cœurs des autres membres de notre tribu.

C’est la force des poèmes et des chansons.

Dans mon Juke Box intérieur, en ce moment, une chanson vient de se mettre à jouer.

Moi qui frémissais, toujours je ne sais
De quelle colère
Deux bras ont suffi, pour faire à ma vie
Un grand collier d’air

Un front qui s’appuie, à moi dans la nuit
Deux grands yeux ouverts
Et tout m’a semblé, comme un champ de blé
Dans cet univers

Un tendre jardin, dans l’herbe, où soudain
La verveine pousse
Et mon coeur défunt,renaît au parfum
Qui fait l’ombre douce

Louis Aragon

(si vous voulez m’entendre chanter, c’est dans l’audio 😉 )

Merci à toi, Joachim, d’avoir initié l’écriture de ce texte.
Peut-être qu’un jour nous n’aurons plus besoin des mots pour nous sentir reliés, et répondre à l’appel de notre tribu. 

En attendant, continuons à  écrire,  chanter, et partager.

 



Prénom

Learn more about Mailchimp’s privacy practices here.


N’hésite pas à me faire part de tes réactions : tes commentaires m’aident à faire vivre ce blog. Parfois même, de nos échanges pourra naître un article.

Et soutiens moi en partageant l’article que tu as préféré dans tes réseaux.

L’ANGLE MORT

« 

 

Version audio

Version texte

Ce qu’est fou avec les potes, c’est que des fois, t’as l’impression qu’ils te connaissent mieux que toi-même. Ils voient ton angle mort en deux secondes, alors que toi, tu le cherches  en scrutant désespérément l’autoroute devant toi.

Et quand t’as des amis qui ont du talent, ils font un truc de bâtard : ils te disent rien, et te laissent chercher, jusqu’à ce que tu trouves par toi-même.

C’est ce qui m’est encore arrivé avec Laurent, le genre de pote qu’adore te poser des questions simples dont tu peux pas t’échapper.

 

– Hey, ils sont sympas tes articles, Namir.
Même si pour moi, il me manque du sens.

– Comment ça ?

– Je vois pas de lien entre ton blog, et tes stages d’écriture créative.

– C’est normal. Y en a pas.

– Pourtant, ton blog, tu l’as mis sur ton site “active-change”, ou tu vends tes formations. Tu pourrais t’en servir pour donner envie de suivre tes formations, et être cohérent avec ce que tu proposes. Et je ne vois pas cela.

– Ouais, mais j’ai pas envie de parler d’écriture créative, ou de donner des tips dans mon blog. J’écris surtout pour m’exposer sous un autre jour, et sortir de la posture du prof qui donne des conseils.
J’ai l’impression de m’être enfermé tout seul dans ce rôle, et que ça m’empêche d’être vrai et authentique. Et je veux revenir à une position plus humble, plus humaine, et plus fragile en fait. Juste dire : j’suis quelqu’un qui se pose des questions sur la vie, le monde, et sa place sur terre, et qui les partage, sans avoir forcement les réponses. Quitte à sembler naïf.

– Alors autant créer un site, plus personnel que t’appelleras “Je raconte ma life”, et voila. Là, tu as mis ce blog sur ton site professionnel, ou tu proposes du coaching, et des stages d’écriture. Moi, je pense qu’il y a forcément un sens qui relie ce blog avec ce que tu proposes. Et j’ai l’impression que tu l’identifie pas.

– Mais non, Laurent. J’ai juste envie d’écrire en fait. Je me pose pas cette question.

– Ça vaudrait le coup de te la poser. C’est quoi le message que tu veux faire passer dans ton blog ?

– Euh…. Quand j’aurais écrit 30 ou 40 articles, je te dirai… Pour l’instant, j’en sais rien.

– C’est là où on diffère, toi et moi. Moi j’ai besoin de partir d’un message, d’une vision, pour écrire mes articles.

– Alors que pour moi, c’est l’expérience même du blog qui m’aidera à savoir ce que je veux raconter. J’ai besoin d’écrire plein articles pour que mon message émerge.
Et puis, j’ai aussi tous les commentaires des lecteurs, qui m’aident à savoir à qui je m’adresse, et pour quoi.

– Sauf que ce sont pas forcement tes clients.

– Comment ça ?

– Si t’écris :” Oh je souffre, je suis malheureux, j’ai besoin de tendresse” , tu trouveras toujours quelqu’un, qui te répondra “Oh, on pense à toi, on t’aime”. Typiquement, une personne en base 2 de l’ennéagramme (le profil “infirmière”), ou un profil “abandonnique” réagira. Mais ton article ne la fera pas avancer, ni se remettre en question. Ça va juste la conforter dans le fait qu’elle a raison de faire ce qu’elle fait.

– Dit comme ça, ça me plait pas du tout ! C’est tout le contraire de ce que je recherché en fait !

T’as aussi le droit droit d’écrire, parce que t’as besoin de tendresse.

Bah non…. Enfin oui, un peu aussi… mais justement, j’essaye plutôt d’apprendre à me défaire de mon besoin de reconnaissance, là.

– D’où ma question : C’est quoi le sens que tu donnes à ton blog ?

– D’y assumer mes différentes facettes, pour arrêter d’avoir honte de qui je suis. Et me rendre compte, que je suis pas en danger de mort si je me montre. Qu’il ne se passera rien de grave. Et je crois que c’est un étape fondamentale de ma reconstruction.

T’es ton propre stagiaire, en fait

– Hein ?

– Bah, oui. T’es en train de mettre en application tout ce que tu transmets dans tes formations d’écriture créative. Tu n’es plus le professeur là. Tu deviens l’élève qui se révèle.

Euh… oui, J’avais pas vu ça comme ça : je me raconte, pour apprendre à me connaitre, et m’accepter. En espérant que d’autres se reconnaitront. Et se disent :  » Je suis pas le seul sur terre à me sentir pas normal, différent, ou pas compris”

Et là, pour moi, là, tu commences à toucher le sens de ton blog. Ça vaudrait le coup de creuser un peu. C’est quoi ton but, en voulant créer cette connexion ?

– J’ai envie de dire à mon lecteur : Ose écrire, te montrer, t’affirmer. Traverser la honte, et réaliser que ce que tu vis comme inavouable, d’autres sur terre le vivent aussi. En t’exposant, tu vas réussir à sortir de ton nombril. Tu n’es alors plus quelqu’un de spécial, de différent, ou d’anormal, de beau ou de moche. Tu n’es ni bon, ni mauvais.
Tu es l’humain.

– Oui, c’est là ou tu peux donner du sens.

– Ma plus grande satisfaction, c’est quand des lecteurs me disent que mes écrits les inspirent, et leur donnent envie de s’exprimer.  Parfois simplement en osant poster un commentaire, alors que c’est un truc qu’ils avaient jamais fait jusque là.
T’exposer, c’est apprendre à t’aimer tel que tu es, à prendre ta place, à mettre des mots sur ce que tu vis, et à trouver une paix intérieure dans la compréhension et l’acceptation de qui tu es.

– En t’écoutant, je me demande si “écriture créative”, c’est vraiment un bon titre pour les formations que tu transmets.

– Ptêt bien, que tout ce que je transmets, c’est pour donner envie aux gens d’assumer leurs talents, et d’emprunter le chemin de l’inspiration.

Ça va, les chevilles, elles gonflent pas trop ?

– Bah, tu m’as lancé la-dessus, maintenant, assume !

Ça vaudrait le coup que t’en fasses un article, nan?

C’est quand mème fou de constater qu’on voit pas toujours le sens de ce qu’on fait, alors qu’il est juste devant nos yeux, non ?

Et toi, est ce que t’arrives à identifier le sens que tu donnes à tout ce que tu fais ?

Que ce soit dans ton écriture, ton travail, ou dans ta vie, de manière plus générale ?

Je serai vraiment curieux de te lire.

Et si tu te poses encore des questions, alors peut-être que cet article sur « le sens de la vie » pourrait t’intéresser.



Prénom

Learn more about Mailchimp’s privacy practices here.


N’hésite pas à me faire part de tes réactions : tes commentaires m’aident à faire vivre ce blog. Parfois même, de nos échanges pourra naître un article.

Et soutiens moi en partageant l’article que tu as préféré dans tes réseaux.

LE MYTHE SUISSE

 » On dit que les suisses sont neutres. Pourtant, je n’ai jamais connu un peuple qui aime autant le sexe. « 
Mère Thérésa
1979

 

 

Version audio

Version texte

 

Ce week-end, je suis allé visiter le musée de paléontologie de Genève. Exposition temporaire. Quelques animaux empaillés, et leur évolution expliquée à la lueur des neurosciences. Le tapir à cornes, le buffle tacheté, le léopard à peau d’éléphant, et quelques anomalies chromosomiques captivantes de la nature ont révélé la théorie de l’évolution à une classe d’adolescents.

Le professeur Dimitri Antataki, directeur du département de recherche à l’université de Genève (UNIGE), et conférencier du musée a brillamment expliqué comment ces combinaisons se sont faites, et  permis a l’espèce d’assurer sa survie dans une contexte donné.

Mais les travaux du laboratoire de Génétique Moléculaire et de biologie nucléaire de l’IGMBN, dont le professeur dirige le département de Microscopie photonique à haut débit, vont bien plus loin que des explications déjà connues.

Les résultats de ses recherches sur l’origine de l’intelligence aux commandes de notre instinct de survie, sont en train de provoquer une déflagration mondiale dans toutes les hypothèses en cours sur l’histoire de l’évolution.

 

Tenez-vous bien: notre survie est liée à un champignon, la teigne rachophyle, dont les bactéries, en se disséminant dans la nature, ont contaminé l’ensemble du vivant. Un peu comme une fraise des bois, dont le vent aurait propagé des millions de pistilles alentours. Ces grains hallucinogènes microscopiques auraient atteint en quelques siècles, toutes les espèces, et auraient eu sur eux deux conséquences majeures.

 

1 – La teigne rachophyle (Trichodermophyton Iridiaris) aurait tout simplement provoqué l’extinction de certaines espèces.

Selon le professeur Antataki, ce serait cette bactérie, et non les changements climatiques, qui aurait provoqué la disparition des dinosaures, en inhibant certaines hormones en lien avec la capacité d’adaptation au contexte.

 

2 – Chez d’autres espèces, elle aurait crée une hallucination puissante : celle du sentiment d’appartenance, entraînant un besoin immédiat de protection de sa descendance.

En résumé, (et je dis ça avec mes mots) : C’est à cause d’un champignon qu’on a l’illusion d’aimer nos enfants.

Cette contamination aurait entrainé la mutation du génotype des espèces touchées, et créé des subdivisions en plusieurs sous-espèces. Le vautour amphibie se serait divisé en poisson pachyderme, qui aurait alors muté en panda, dans un cycle fou de tests et de combinaisons de survie, qui ont conduit à l’arrivée de Cro-Magnon, Erectus, Habilis, et nous,  leurs descendants.

 

Grâce au charisme du professeur Antataki, et à la clarté de ses explications, les lycéens du lycée Paul Valery de Cambrai, sont ressortis du musée en ayant l’impression d’avoir vu un film de science fiction.

Et ce n’était pas fini.

Une autre bombe les attendait en fin de journée.

Le canular.

Tout cela était évidemment complètement faux. Un canular. Une manipulation dont le seul but était de montrer aux élèves comment, sous couvert de masturbation scientifique, et de biais d’autorité, on peut faire gober n’importe quoi a presque n’importe qui.

 

Le problème, c’est que Jessica Gauvain, élève de Terminale B2, n’était pas presente lorsque le professeur a révélé l’arnaque.

 

Quand on a que l’amour en partage, et comme seul héritage, et qu’on est au bord du lac Léman, devant un coucher de soleil magnifique, en compagnie de Tristan Blaise de Ponsac, terminale B1, bah forcement, on priorise.

Cette nuit, c’est sa première nuit à Jessica. Le cœur qui bat à fond. Comme une guimbarde qui fait tzing tzing a gogo. Voilà. Jessica cette nuit va aimer.

Elle repartira de Suisse avec une histoire fausse dans la tête, qu’elle racontera a ses amies : Les fraises. Les jaguars à peau d’éléphants, et la teigne rachophyle.

Voilà comment les mythes naissent.

Tout ça à cause d’un champignon.

😎

Pour celles et ceux qui ont lu mon article d’hier, 🙂 vous avez sans doute reconnu l’origine de ce texte.
Et oui, la méthode du petit Poucet (que tu peux tester en suivant cette masterclass gratuite).

Et voici  les mots qui ont inspiré l’écriture de ce texte :

Paul, 42 ans, 1M74, 77 kilos

La bombe – Fraise des bois – Devant le lac Léman à Genève –

Quand on a que l’amour – Guimbarde – Elle est secrètement amoureuse et passionnée –

Professeur d’université – Tapir

N’hésite pas à tester toi aussi cette méthode d’écriture rapide, et à poster tes textes dans les commentaires ci dessous.

 

 

 



Prénom

Learn more about Mailchimp’s privacy practices here.


N’hésite pas à me faire part de tes réactions : tes commentaires m’aident à faire vivre ce blog. Parfois même, de nos échanges pourra naître un article.

Et soutiens moi en partageant l’article que tu as préféré dans tes réseaux.

Version audio

 

Version texte

 

Hier, j’ai fait un truc de dingue, mec !

J’ai dansé

Oui, moi Namir, j’ai dansé pendant une soirée entière

Et je ne me suis même pas demandé une seule fois :

 

– Comment faire, pour ne pas danser, sans passer pour un looser ?

 

Généralement, en soirée, quand mes potes se dirigent vers la piste de danse, je trouve toujours le moyen de m’esquiver, et rejoindre le groupe de ceux qui ne dansent pas : les déprimés, les intellos, et les pipelettes. Et je fais semblant de m’intéresser à leurs échanges sur leurs collègues de travail, l’astrologie, ou pire encore, la politique. En n’ayant qu’une seule angoisse : qu’ils m’abandonnent, pour aller danser.

En général, quand mes amis reviennent de la piste de danse, je vais les retrouver. Et je fais comme si j’avais déjà dansé, et ni vu ni connu que je t’embrouille

Hélas, il y a toujours le moment où arrive LE morceau  qui donne à tout le monde envie d’aller sur la piste, et auquel même le dernier récalcitrant, celui qui refaisait le monde, ne peut pas résister.

Tous iront sur la piste.

Sauf une personne.

Ce gars qui sait pas quoi faire de son corps, qui a honte de pas danser, et qui reste  avec son verre d’alcool à la main, juste pour se donner une contenance, en vivant un grand moment de solitude, c’est moi.

Et bien, hier, j’ai dansé.

J’ai brisé un enchantement vieux de 30 ans.

 

Quand j’avais 17 ans, nous étions partis au Portugal, avec une bande de potes. On y avait rencontré des jolies filles, et on était entré ensemble dans une immense discothèque. 

Pendant que mes potes discutaient avec les filles, je suis allé sur la piste. Il y avait des rayons de toutes les couleurs, bleus, jaunes, rouges, fluos, violets, et j’y avais dansé comme un fou.

Puis, j’avais rejoins mes potes de vacances, assis avec les filles, et là, Loïc, celui dont j’étais le plus proche, c’est tourné vers moi :

– C’est cool, comment tu danses Namir.
V
raiment. c’est franchement original .

– Ah ouais ?

– On te regardait tous là, et franchement, c’est courageux.
Parce que même si t’as aucun sens du rythme, et que tu sais pas danser, au moins, tu te lâches.
C’est rare les gens qui ont aussi peu peur du ridicule.

J’ai encaissé sans rien dire.

Depuis, je n’ai plus jamais remis les pieds sur une piste de danse.

Et je suis devenu le gars du fond de soirée. Celui qui dit rien, qui ose pas aller vers les autres, et qui fait semblant d’être occupé, en espérant que les autres viendront vers lui, et lui feront sentir qu’ils l’aiment bien, pour qu’il ose s’ouvrir, s’exprimer, et aller vers eux.

Jusqu’à ce jour, ou ce  type au cheveux longs, avec son drôle d’accent étranger,  est venu vers moi.  

 – Salut,moi c’est Gabriel.

– Namir

– Je te vois tout seul dans ton coin, ça va ?

– Oui

– T’aurais besoin de quoi, là ?

(haussant les épaules)
Moi, rien de spécial

Il a respiré calmement, et il est resté silencieux à côté de moi. Il n’y avait aucun jugement dans son regard. J’ai senti beaucoup d’amour et de sécurité dans sa présence silencieuse.

– Bah, je crois que j’aurais besoin de tendresse.

– Et comment je pourrais faire, pour te donner cette tendresse dont tu as besoin, Namir ?

A nouveau, il s’est mis à respirer en silence.

– Euh…. En me serrant dans tes bras. Et en me promettant que tu me jugeras pas.

Gabriel m’a regardé, il s’est approché de moi, et il m’a ouvert ses bras. Je l’ai serré contre moi, et j’ai senti ses ailes se déployer dans son dos.

Voilà, il était beau ce rêve.

Ce rêve ou j’étais capable de m’exprimer.

Ça viendra.

Patience.

Un jour, peut-être, je cesserai d’être la gars du fond, j’oserai aller vers les autres, et qui sait, peut-être même que je pourrai aller sur la piste de danse.

 



Prénom

Learn more about Mailchimp’s privacy practices here.


N’hésite pas à me faire part de tes réactions : tes commentaires m’aident à faire vivre ce blog. Parfois même, de nos échanges pourra naître un article.

Et soutiens moi en partageant l’article que tu as préféré dans tes réseaux.

Version audio

 

Version texte

 

Le mot « enfant » est assez contusionnant.

D’un côté, il signifie « l’être qui est encore dans l’enfance », une étape relativement courte de la vie d’humain.

C’est aussi le terme qu’on utilise pour qualifier le « fils, ou la fille de ses parents », et ceci est un état plutôt permanent. Parce que nous resterons toujours les fils et les filles de nos parents.

Non ?

A 17 ans, j’ai perdu la foi en Dieu, suite à un évènement étrange dont je parle dans cet article.

A 41 ans, j’ai perdu ma mère.

Désormais, je me retrouve sans Dieu, ni maman. Avec mon papa qui s’impatiente d’embarquer dans le prochain vol pour l’au-delà.

Dans les années qui ont suivi la perte de ma mère, j’ai vécu une période de chaos. Je ne comprenais pas ce qui se passait.

Comment était-ce possible ? Mes parents ne sont donc pas immortels ?

Non, je veux pas ! .
Je ne veux pas accepter cette réalité la !
Je refuse ce
monde où ce ne sont pas mes besoins et mes désirs qui contrôlent la marche de l’univers.

J’agissais en enfant.

Un enfant qui avait un désir profond, de prouver qu’il était un bon fils, et de se montrer digne de l’amour que ses parents lui avaient donné, et des sacrifices qu’ils avaient faits pour l’élever.

Comme si j’avais une dette envers eux .

Même quand j’ai suivi la voie de la rébellion, à l’adolescence, en m’opposant à eux, (et j’étais un sacré rebelle) j’étais encore dans cette démarche inconsciente d’obtenir leur approbation. J’espérais leur prouver que j’avais raison de m’opposer à eux, et qu’un jour, ils le reconnaitraient, et m’exprimeraient alors leur admiration.
Mes parents voulaient que je change. Je voulais qu’ils changent. Comme ce jour où j’ai piqué cette énorme colère contre mon père (lien vers l’article)

 

 

Aujourd’hui, je me demande : ce que mes parents m’ont transmis, est-ce vraiment de l’amour ?

Quand mon père me privait d’argent de poche, parce que je n’étais pas le premier de ma classe, et qu’il affirmait que c’était pour mon bien, suscitant ma rage et ma colère, m’aimait il vraiment ?

Ou cherchait il à me conformer à l’image du fils qu’il aurait aimé avoir.

Faisant de moi le fils d’un père que j’ai du bien décevoir.

Peut-être n’est ce pas de l’amour.

Et j’écris cela sans jugement.

Il est stipulé nulle part que nos parents devraient nous aimer.

Nos parents ne nous doivent pas l’amour.

Quant à ma façon de les aimer, qui s’est traduite par un désir de fusion avec les espoirs qu’ils avaient investi en moi, faisant de moi le fruit de leur projections, était-ce de l’amour ?

Cette con-fusion dure peut-être encore, pour certains d’entre vous. Et elle pourra durer au-dela du décès de vos parents.

Parce que nous continuons à rester leurs enfants. Et leurs fantômes continuent à nous hypnotiser.

Et cela, non plus ce n’est peut-être pas de l’amour.

Et si nous ne devions rien à nos parents ?

Ni l’amour. Ni la reconnaissance.

Nous n’avons pas à les remercier de nous avoir donné naissance. C’était leur décision.

Chacun sa responsabilité.

Et notre responsabilité d’enfants, c’est d’intégrer que nos parents ne sont pas notre propriété.

Même si c’est très difficile de nous défaire de ces liens.

Car cela demande de redéfinir : qui sommes nous lorsque nous ne sommes plus les enfants de nos parents ? Qu’est  ce qui peut encore guider nos actions le matin, quand on n’a plus le besoin de prouver à nos parents qu’ils avaient raison, ou tort ?

Devenir adulte, c’est, je crois, accepter de devenir orphelin. Prendre le chemin de la responsabilité de sa propre vie, et arrêter d’accuser ou de reprocher à nos parents, ce qu’ils nous ont donné, pas donné, ou fait subir, estimant que cela était trop, ou pas assez.

C’est arrêter aussi d’espérer qu’ils soient autre chose que ce qu’ils sont.

C’est choisir de les aimer, ou de pas les aimer.

Et cela en soi, n’est ni bon ni mauvais.

Ce chemin est aussi douloureux et libérateur qu’une nouvelle naissance.

C’est réapprendre à vivre en adulte.

Foutons donc enfin la paix à nos parents. Sans rancune, ni dette, ni ressentiment.

Et veillons à ne pas devenir les fantômes de nos enfants.

 

 

 

 

 



Prénom

Learn more about Mailchimp’s privacy practices here.


N’hésite pas à me faire part de tes réactions : tes commentaires m’aident à faire vivre ce blog. Parfois même, de nos échanges pourra naître un article.

Et soutiens moi en partageant l’article que tu as préféré dans tes réseaux.

Version audio

 

Version texte

Je m’étais pourtant imposé d’être spontané et de pas dépasser les quarante-cinq minutes pour écrire mes articles de blog quotidiens.

Mais non. Faut que je bosse, que je relise, que je peaufine

Que je nuance aussi parfois.

Et même après avoir posté, il m’arrive encore de corriger.

Tu peux croire que c’est de l’exigence et du perfectionnisme.

Non, ce n’est pas ça.

 

Pareil pour les commentaires. Je les lis tous.

Et ce qui m’affecte le plus, c’est quand il n’y en a pas.

 

Hein ? Quoi ? Pas de réaction ?
Mon article n’a pas touché ?
Ha… au secours

Tu peux croire que c’est parce que j’ai un grand désir de connexion avec toi.

Ce n’est pas ça non plus.

On dit souvent que ce qui permet à un blogueur, à un auteur, de passer un palier, et qui est même parfois considéré comme la marque du succès, c’est ce moment où tu commences à avoir des réactions négatives à tes articles.

Quand tu rencontres enfin tes premiers « haters ».

Et qu’enfin, tu divises, en osant affirmer quelque chose de toi, qui n’est pas conforme aux attentes des autres, qui n’est pas consensuel.

A ouvrir une brèche dans le chemin de la pensée dominante.

Je ne te parle pas de rechercher volontairement des « haters », dans une démarche opportuniste, pour créer de la polémique et te faire connaitre. Mais de réussir à  t’en foutre assez des critiques et des compliments, pour aller rencontrer l’endroit discret depuis lequel l’expression de ta vérité te sépare des autres.

Les artistes, et les enseignants qui m’ont le plus appris, sont souvent des gens qui m’ont dérangés, fait réagir, vaciller, perdre mes repères.

J’ai détesté le cinéma de Ken Loach, de Michael Haneke, et de Tarantino. Ces films m’ont mis en colère, agacés, ennuyés, mais m’ont aussi fait réfléchir en me permettant de m’y opposer, et aidés a affiner ma propre réflexion sur l’art.

J’ai aussi adoré être agacé par les films de Pialat, pester devant la lenteur d’Apichatpong Weerasetakul, ou la prétention de Tarkovski. Leur intransigeante radicalité, si elle n’a pas produit d’œuvres qui m’ont touché, m’a énormément inspiré, et encouragé sur le chemin d’un cinéma très personnel.

 

Sauf que moi, aujourd’hui, des « haters », j’en ai pas.

Et c’est logique.

Vu que je fais tout pour ne pas en avoir.

 

Ce qui guide inconsciemment mon écriture, au-delà de l’envie de transmettre, de communiquer, de questionner le monde, c’est une énorme peur.

Celle de te décevoir.

Que tu me juges, me rejettes.

Que tu t’éloignes de moi.

Je suis un dépendant affectif, caché derrière un masque d’observateur impassible.

Ironiquement, je sais bien que chercher à ne déplaire à personne, est certainement le meilleur moyen d’être oublié de tout le monde.

 

Un jour, j’arriverai à m’exposer, en assumant des idées, des croyances qui te feront bondir.

Je serai suffisamment en sécurité intérieure, et confiant dans la force de ma plume, de ma pensée, pour ne plus avoir peur de te décevoir.

J’oserai mon propre ridicule, ma pusillanimité, et ma mauvaise foi.

J’enlèverai mon costume de savoir, et mon masque de tolérance, et me torcherai le cul avec la bienveillance factice, et l’amour dégoulinant.

J’oserai te tacler, et éclater d’un rire tonitruant en t’écoutant.

Je pourrai me moquer toi, de moi, et des drames de la vie qui nous entoure.

Un jour, je choisirai de susciter ta colère plutôt que ton indifférence.

Non par plaisir de la provocation, car la provocation aussi, peut être le masque funéraire de la peur.

Juste par honnêteté.

N’est ce pas la plus belle façon d’aimer ?

Accepter que tu me rejettes, c’est juste te reconnaitre dans ton droit à la différence.

Peut-être alors que tu te désabonneras, parce que tu n’es pas le bon public pour mon blog.

Ou peut-être que tes réactions viscérales à mes écrits, toucheront un point si sensible chez toi, que tu n’auras qu’une seule envie : réagir, t’opposer, et t’affirmer, à ton tour.

Nos échanges deviendront peut-être la base de la construction d’une vraie relation.

Et de mon premier « hater », tu deviendras alors mon plus grand fan.

 

 



Prénom

Learn more about Mailchimp’s privacy practices here.


N’hésite pas à me faire part de tes réactions : tes commentaires m’aident à faire vivre ce blog. Parfois même, de nos échanges pourra naître un article.

Et soutiens moi en partageant l’article que tu as préféré dans tes réseaux.

Version audio

 

Version texte

Il y a des années, j’ai commencé à écrire un nouveau film.

Depuis la disparition de ma mère en fait.

J’avais initié ce film à un moment ou la souffrance était telle que je voulais me raccrocher à la seule chose que je pensais encore pouvoir maitriser : le cinéma.

Je voulais que mon film m’aide à traverser le deuil.

Ou plus exactement, qu’il m’empêche de le faire

L’art cinématographique a ce pouvoir incroyable de restituer la vie. Et il peut donner l’illusion que nous, cinéastes, pouvons immortaliser les gens qu’on filme.

Et moi, c’est comme si, à travers ce film, je cherchais à empêcher ma mère de mourir.

Avec ma scénariste, nous avons écrit plusieurs versions de ce projet. Jouant entre documentaire, autofiction, et comédie, notre scénario évoluait à chaque fois en qualité, mais sans réussir à convaincre pleinement tous les investisseurs dont on avait besoin pour financer le tournage.

Après un énième refus d’une commission de financement, au moment d’aborder la douzième version du scénario, nous avons traversé une grosse crise avec ma scénariste. Nous avons alors décidé de faire une pause estivale, pour mieux reprendre le travail à la rentrée.

Sauf qu’aujourd’hui, je ne sais plus très bien ce que raconte ce film.

Le processus d’écriture du film a été tellement thérapeutique, qu’il m’a aidé à évoluer, et faire le deuil de ma mère. J’ai intégré, et accepté qu’elle était morte. Et, les raisons qui m’avaient poussé a faire ce film au départ, n’existent plus.

Aujourd’hui, je m’interroger sur quel choix prendre.

1-  Laisser tomber le film ( un jour c’est toi qu’on laissera tomber., ha ha..)

2- Me battre pour le financer tel quel, sans véritable enthousiasme artistique, mais pour clore une étape, et passer à la suite.

3 – Repartir sur une douzième version du scenario,
et  donner un nouveau sens à l’histoire que nous avons écrite.
En racontant,
par exemple la trajectoire d’un cinéaste qui prend conscience que le film qu’il cherchait a faire, était surtout un moyen
pour lui d’éviter une réalité trop douloureuse.

Ça me fait penser à l’histoire d’Ulysse.

Il quitte sa famille, pour partir à l’aventure, il met des années avant de rentrer chez lui, et retrouver sa femme et son fils.

Entretemps il a  mené des combats incroyables, affronté des sorcières, des sirènes, des géants, et fait le plein d’adrénaline, et d’ocytocine.

Et le voila de retour à la maison.

Retour à la case départ.

A ton avis, il se passe quoi pour Ulysse, lorsqu’il clôt cette première boucle ?

Est ce que ce but qu’il avait poursuivi pendant tant d’années (retourner a la maison), lui fait toujours aussi envie ?

Et dans ce cas, il a quoi comme options ?

1 –  Repartir à nouveau, parce que le quotidien de la vie de famille, bah, c’est peut-être pas son truc. Même s’il aime sa femme et son fils, c’est quand même moins excitant que de combattre des cyclopes, de faire l’amour avec une magicienne, ou de se faire hypnotiser par des sirènes. Il a beau aimer les siens, il les préfère peut-être de loin. Cet amour peut rester comme un cap, une direction qui lui donne l’envie de voyager, et l’espoir de rentrer. Et la boucle se répètera peut-être encore.

 

2- Rester par loyauté, par fidélité. Profiter de la sécurité et du confort de l’âtre familial auprès de Pénélope qui tricote au coin du feu, au risque de ne plus nourrir son besoin d’aventure, de connexion, et de tomber en dépression.

 

3 – Décider de donner un nouveau sens à sa vie. Peut-être en partageant avec Pénélope des expériences nouvelles. En mettant de la variété et de la nouveauté dans leur relation. En voyageant avec elle.
Oui. Mais peut être que Pénélope entretemps, s’est habituée à l’absence d’Ulysse. Et Ulysse, a un peu vieilli, il a pris du ventre, ses tempes sont devenues grises, et désormais, il ronfle.

Peut-être qu’ils vont se rendre compte l’un et l’autre, qu’ils ont évolué, et que leurs chemins les amènent dans des directions différentes, et que le meilleur choix pour eux aujourd’hui, c’est de se séparer.

 

 

La vie nous amène souvent à repasser par les mêmes endroits.

Les saisons s’enchainent, la pluie succède au beau temps, le jour à la nuit.

On connaitra tous plein de lundis. Et certains se ressembleront.

Parfois, on a l’impression de tourner en rond, et de se baigner deux fois dans le même fleuve. Que malgré tout le travail, les effort accomplis, et les voyages effectués, on fait du surplace.

Comme certains clients qui viennent en thérapie travailler sur un problème. Et qu’ on retrouve 10 ans après, aller voir un autre thérapeute pour travailler sur… le même problème.

Quand ils réalisent qu’ils tournent en boucle dessus, cela peut générer de la frustration, et du désespoir.

Oui, mais est-ce que cela ne fait pas justement partie du processus d’évolution ?

Repasser par la même boucle, ne signifie pas que l’on avance pas. Au contraire, c’est la confirmation qu’on est en train d’évoluer, et que la vie nous fait un cadeau, en cherchant à nous enseigner quelque chose.

On aura juste besoin de plusieurs autres boucles pour savoir ce que c’est.

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Prénom

Learn more about Mailchimp’s privacy practices here.


N’hésite pas à me faire part de tes réactions : tes commentaires m’aident à faire vivre ce blog.

Tu peux me soutenir, en partageant cet article dans tes réseaux.

Version audio

Version texte

Salut à toi, petit ouistiti

Aujourd’hui, laisse-moi te parler du théâtre de la vie.
Parce que notre entrée en scène est quand même un peu particulière dans ce théâtre.

Les coulisses, elles sentent le sang, la pisse et la merde. Et la porte pour entrer sur scène est tellement étroite qu’on doit parfois te tirer au forceps pour que tu y entres.
Et ça fait mal. Très mal.
Parfois, t’as le trac et tu veux pas. Ou peut-être que tu pousses comme un dératé.

Et au dessus tu entends ta mère qui hurle. Elle aussi, elle souffre Parfois le passage est si réduit, qu’on devra lui ouvrir le ventre.

Voilà, ton entrée en scène petit ouistiti

Dans le froid, la souffrance et la peur.

Et la première chose que tu vas faire, sera de crier

Crier pour dire que t’es en vie.

Crier parce que tes poumons tout neufs vont se gonfler d’air et que ça aussi ça fait mal

Voilà. Enfin c’est pas fini, attends la suite.

 

Tu vas être pris en main. Et, après t’avoir convoqué, on va t’abandonner. Ou alors tu vas tomber entre des mains pleines de chaleur, qui vont te considérer comme leur propriété

« Regardez le, c’est MON bébé. C’est le plus beau bébé du monde »

Et tu seras exposé comme un objet de foire.
On te donnera un sobriquet, et selon que t’as de la chance ou pas, tu seras Marcel, Gérard, André, Bozzo, Jean-Bernard, Elie, ou Clément.
Et tiens-toi bien, cette étiquette, tu la porteras à vie.

Tu vas subir tout ça et tu pourras rien faire. Tes bras, ils ne te servent à rien. Et tes jambes, elles ne tiennent pas sur elle-même. Tu vas rester posé comme un mollusque. A la merci des décisions des adultes, et de leurs gazouillis.

Tu ne pourras même pas parler. Juste crier. Et on ne te comprendra pas. Des fois, t’auras mal au ventre, et le seule réponse que tu recevras, ce sera un biberon de lait chaud.

Dans ton corps inerte, à la merci des désirs des autres, tu vivras ce qui peut arriver à un paralytique dans la jungle.

Voilà le monde qui va t’accueillir, petit ouistiti.

Je pourrais te parler encore de plein de choses.

Sache juste qu’un jour tu vas trouver un arbre, petit ouistiti.
Et que tu pourras grimper dessus

Ouf…

Un peu de répit. Tu pourras commencer à regarder ce monde d’en haut. Sourire même. Et te protéger.

En te dégageant un peu de cette souffrance terrible d’habiter au rez-de-chaussée, dans le froid, la peur, la tristesse, l’abandon, la terreur l’injustice, la misère et la brutalité.

Là-haut ce sera plus rigolo. Tu pourras observer le mouvement des humains, analyser leurs comportements, te repérer, anticiper, et être soulagé de réaliser que t’as enfin un pouvoir.

Bien sûr, l’arbre est fragile. Tu ne pourras y accueillir personne.

Bien sur, l’arbre est nu en hiver, et tu seras contraint de descendre pour te réchauffer un peu, ou alors choisir d’avoir froid .

Bien sur, l’arbre est en hauteur et tu seras le premier exposé aux pluies et aux orages, qui pourront te faire perdre ton équilibre.

Ce jour-là, fais attention à la chute, petit ouistiti.

Moi, l’orage qui m’a fait tomber, c’était un enterrement.

Celui de ma maman.

J’y ai assisté depuis mon arbre, et j’ai tout vu.

J’ai vu les miens marcher dans le cimetière, pleurer à chaudes larmes. Ils m’attendaient, je crois.

J’ai vu tout ça, depuis mon arbre. J’ai tout observé, tout compris, tout filmé.

Mais je n’étais pas sur scène.

J’observais ce spectacle, comme un autre.

Et puis, il y a eu un souvenir.

Celui du jour de ma naissance. Ce jour horrible où la souffrance était si forte que j’ai crié, et que mes poumons tout neufs se sont gonflés d’air.

Y a un truc.

Oui, ça y est, je me souviens maintenant. Il y a eu un truc.

A un moment, des mains m’ont prises, et on m’a collé contre un corps doux et chaud. Et j’y ai trouvé un soulagement.
Une paix indéfinissable.

Cette joie, j’ai cru qu’elle venait du lait, et je me suis épuisé à la retrouver dans les plaisirs, les loisirs, la nourriture, et des substituts de toutes sortes. Elle ne venait pas du lait. Non.
C’était de sentir le rythme d’un cœur qui battait au diapason du mien.

Le sentiment d’avoir une maison. Une lumière est venue éclairer ma nuit.

Oh, j’avais oublié que dans cette souffrance, petit ouistiti, il y a eu cette puissante, cette infinie bonté qui m’a enveloppé, qui a irradié sa douceur éblouissante, jusqu’à toucher mon cœur et le relier à la joie, à la paix, à cette autre facette de la vie

Mon Dieu, j’avais oublié tout ça.

Maintenant, cet-être qui m’a donné tout ça, est parti.

J’étais sur mon arbre ce jour-là.

Alors, quand je suis tombé, la chute a fait mal.

A nouveau, il a fallu marcher sur ce théâtre, et la scène y était bien réelle.

A nouveau l’odeur du sang, de la pisse, de la merde. La misère dans les rues, des enfants qui pleurent.

À la recherche de la joie, j’ai dû traverser la rue du malheur.

Forcé au début. Et là je t’avoue, je marche, j’ai peur et j’ai mal.

Le pire, tu sais, c’est que depuis mon arbre j’ai donné naissance à de petits ouistitis, et que j’ai fait avec eux ce que l’on avait fait avec moi. Les mêmes erreurs. Je les ai exposés, oubliant que ces enfants n’étaient pas les miens, mais les fruits de la vie elle-même

Dans ce théâtre sanglant, j’ai entendu de la musique et des poèmes. Et ma route sinueuse, et hésitante a commencé à se préciser. La souffrance et la joie s’y nichaient main dans la main.

Du haut de mon arbre, je n’avais jamais connu la joie. Juste de l’amusement, et les rires bruyants de l’animal craintif. Je n’étais pas encore prêt à marcher sur les ruines des champs de bataille et réaliser que les ouistitis sont aussi des soldats

Ils savent se battre.

Leurs chants et leurs poèmes sont des armes redoutables pour donner aux autres soldats la force d’avancer.

Et puis, je n’ai pas perdu mon arbre. Il est toujours là. Je peux y retourner  quand je veux, et de temps en temps, chercher un peu de recul quand la souffrance devient trop forte.

D’ailleurs, il est magnifique mon arbre. Mais ça, je ne peux pas le voir d’en haut.

Et tu sais quoi, petit ouistiti ?

D’autres tunnels nous attendront, toi et moi, et nous saurons les traverser pour revenir un jour sur scène jouer un spectacle qui j’en suis sûr, attendrira le monde.

C’est pour ça que je suis là, petit ouistiti.

Pour mettre un peu de lumière dans tes nuits, te raconter comment depuis les sommets des arbres, tu vois parfois mieux les clochers, les toits, les champs lointains et l’horizon. Et que depuis le sol où tu marches, tu ne vois peut-être que le mur de la maison d’en face. Mais que tu peux y faire vibrer ton cœur au diapason de la vie.

Et la mer n’est pas loin, petit ouistiti. Même si tu ne la vois pas. Elle est là.

Assez parlé. Ouvrez le rideau maestro. On arrive

 

 

 

 

 

 

 

 



Prénom

Learn more about Mailchimp’s privacy practices here.


N’hésite pas à me faire part de tes réactions : tes commentaires m’aident à faire vivre ce blog.

Tu peux me soutenir, en partageant cet article dans tes réseaux.

Version audio

Version texte

6 octobre 1973. L’Égypte attaque Israël, et traverse la ligne de front Bar Leev, réputée infranchissable. Pour la première fois depuis 1948, les Arabes triomphent des « Juifs ». C’est l’euphorie, après tant d’années de défaites et de honte, et l’humiliation de 1967 avec l’annexion du Sinaï, suivie de la « fausse » démission du président Nasser.

Un peu de fierté retrouvée pour l’Égypte. Et pour mes futurs parents.

Siham et Waguih sont en France. Ils vivent dans un minuscule studio, rue Miolis.

Leur quotidien d’exilés est précaire. Ils ne parlent pas français. Ils se sont mariés au Caire au mois d’aout de cette même année, sans se connaître vraiment. Même si cela fait plus d’un an qu’ils correspondent et échangent ensemble, ils n’ont encore jamais vécu en couple.

Tous les deux viennent de modestes familles paysannes coptes orthodoxes de Haute-Egypte. Et tous les deux ont une histoire de vie compliquée : Mon père, après 5 ans dans les prisons politiques de Nasser, s’est retrouvé blacklisté, et avait du mal à trouver du travail en Egypte.

Ma mère a fui un un père illettré, qui battait et violait sa femme, parfois devant elle, ses trois sœurs, et son petit frère. Et il n’était pas rare que les enfants se prennent une pluie de coups, au passage.

La souffrance, ils la connaissaient bien tous les deux.

Ça crée des liens, tout ça.

Le jour de leur mariage, ils étaient vierges. Siham, pour suivre Waguih à Paris, a du quitter un poste de responsable à la Cour des Comptes. Et apprendre à taper à la machine pour gagner quelques centaines de francs, et soutenir Waguih, qui poursuivait sa thèse de doctorat, tout en faisant quelques traductions anglaises.

C’est dans l’incertitude, et l’insécurité qu’ils commencent donc cette nouvelle vie en France. Ici, la peur, l’exil, les difficultés financières les obligent à faire front commun.

Et l’adversité va encore les souder.

Ce jour-là, c’est un courrier venu d’Égypte qui va changer le cours de leur vie.

Et la mienne.

Oweda est mort.

Oweda, c’est le grand-père paternel de Siham. La seule figure masculine que ma mère aimait et respectait. Le seul aussi qui l’avait soutenue dans ses désirs d’émancipation, quand elle était allée à l’université, dans une région où aucune femme n’avait fait d’études.

Siham, lit la lettre, partie de Sohag deux semaines plus tôt. Les funérailles ont eu lieu le jour du décès, comme c’est la tradition en Égypte.

Siham s’effondre. Waguih la prend dans ses bras, la console.

Et ils font l’amour.

C’est ce jour là, que j’ai été conçu.

Enfin, d’après ce que ma mère m’a raconté.

D’ailleurs, c’était pas vraiment prévu au programme.

A l’époque, l’avortement en France était interdit. Il fallait aller en Angleterre.Mon père était décidé. Pour lui, ils n’avaient pas d’autre choix.

Ma mère a insisté pour me garder.

Elle a continué à faire la dactylo, jusqu’à son dernier jour de grossesse. Elle a perdu les eaux à son travail, et je suis né dans un hôpital du 14eme arrondissement, le 7 octobre 1974.

Pourquoi m’ont-il appelé « Namir »,  prénom inconnu en « Égypte» ?
Les versions que mon père et ma mère m’ont données n’ont pas grand chose à voir entre elles.
Ma mère est décédée, et mon père, aujourd’hui en maison de retraite, ne se souvient plus vraiment de ces histoires là. Il fait partie d’une génération pour laquelle les bébés ne sont pas vraiment des personnes dotées d’émotions, ou de conscience.
Et la communication n’était vraiment pas son fort.

Il y a tant de questions que j’aurais aimé posé à mes parents, sur leur couple, la découverte de leur sexualité, leurs besoins, et leurs espoirs.

Un soir, alors que j’étais âgé de quelques jours, j’ai commencé à pleurer, ma mère a voulu me donner le biberon. Mon père s’y est opposé. Le docteur leur avait bien expliqué qu’il fallait allaiter les nourrissons uniquement aux heures des repas, et non pas en fonction de leurs cris.

J’ai pleuré et crié. 5 minutes. 10 minutes. Mon père était catégorique. Il ne fallait pas céder. 15 minutes. 20 minutes. Mes cris se sont transformés en hurlements. Ma mère était déchirée. Les hurlements ont redoublé. Le calvaire a duré une demi-heure. J’ai tellement hurlé qu’une bosse s’est formée sous mes testicules. Une partie de mon intestin était sorti de sa paroi abdominale, et avait crée une hernie linguinale.

 

Quelques jours plus tard, ma mère m’emmenait avec elle en Égypte, auprès de sa sœur Enayat, et de ma grand-mère, Victoria. Elle avait prévu de rester avec moi, mais face à un dilemme déchirant, elle a du choisir : rester ou partir. 

Elle a pris la décision de rejoindre son mari, et de me confier à Enayat.

Je ne la retrouverai, elle et mon père, que deux ans plus tard.

 

Des fois, j’ai le sentiment que mon besoin de m’exprimer, et d’écrire, n’est que le prolongement de mes hurlements de bébé auxquels personne n’a répondu, et qui se sont transformés aujourd’hui en besoin viscéral d’être entendu, écouté, de dire « je suis là, j’existe », au risque parfois de ne pas toujours savoir écouter les autres.

 

 

 

 

 

 



Prénom

Learn more about Mailchimp’s privacy practices here.


N’hésite pas à me faire part de tes réactions : tes commentaires m’aident à faire vivre ce blog.

Tu peux me soutenir, en partageant cet article dans tes réseaux.