Prends une liste de 8 a 10 mots/concepts. Mets ton chrono sur 10 minutes. Et invente une histoire. 

Voici ma liste de mots du jour, si t’as envie de tester, avant de lire mon histoire.

Zavatta – le jour du marché – place de la République – jeudi – couleurs chatoyantes – 3 personnes qui marchent – automne – vison

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C’est l’histoire d’un garçon de 8 ans, qui veut aller au cirque. Il interrompt ses parents en pleine discussion, les suppliant d’aller voir Zavatta.

Sa mère lui dit oui. Juste pour le faire taire. Et reprend sa discussion avec son mari.

Ils avancent tous les trois dans la rue. C’est l’automne. Elle porte un manteau en faux vison noir qui arrive a sa taille, et lui fait de larges épaules. Tout cela est bien doux. Comme l’air ce jour-là.

C’est mercredi. Le jour du poisson. Le marché du matin a été fait. Le repas aussi. Et déjà la fin de journée approche. 17H30.

Le père, la mère, et l’enfant marchent à nouveau dans la rue.

Ou vont ils ?

Rentrent ils a la maison ? Se rendent-ils à une réception ?

Ils se sont arrêtés à une banque place de la République. Et parlent de succession.

Ils rentrent maintenant. L’enfant est content, car il sait que le cirque l’attend

Le soir venu, il demande a sa mère s’ils iront demain.

Où ca ?

Bah au cirque ?

Quel cirque ?

Colère.

Mais maman tu m’avais promis ! Tu m’avais dit oui !

 

Et ça monte. Et les crises et les pleurs. Et le père intervient. Il demande à son fils de se calmer. Ils en reparleront demain.

Le lendemain. Maman n’est pas là. L’enfant demande où elle est. Le père ne dit rien. Il reste calme.

Cet après-midi, ils sont allés au cirque tous les deux. C’aurait du être un moment heureux.

Mais le cirque malgré sa musique, et ses odeurs, avait un gout de brun.

Couleurs chatoyantes ? Non, violentes. Trop de bruit.

Les coups de fouet du dompteur qui font mal au coeur.

Et les popcorns brulent la gorge.

L’enfant est ressorti triste et maussade

Son père a marché à ses cotes. Ils ont fait le chemin de la veille. Mais sans elle cette fois.

Rien ne s’est dit. L’homme a pris la main de l’enfant. Et il a pleuré. En silence. Comme dans les films où les grands font des choses que les petits ne comprennent pas.

C’était un jeudi. C’était les vacances.

L’automne, c’est la saison du silence, des marrons et des séparations.

Maman ou es tu ?

Depuis ce jour, personne ne t’a revue.

 

Et l’enfant jamais n’en a reparlé.

 

 

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J160 - Le droit à la détresse

« Quoi ? vous vous séparez, mais comment est ce possible ? Je n’arrive pas à y croire… On vous a toujours vus comme un couple modèle. »   C’est fou cette tendance que l’on a à idéaliser la vie des autres. A…

J159 - Te montrer vraiment

J’ai peur de déplaire. C’est une des propositions sur lesquelles nous avons écrit lors du précédent cercle. Commencer ton texte par cette phrase, et partir ensuite pour 10 minutes de flow ininterrompu, ça te fait partir…

J158 - T'es con, ou tu le fais exprès ?

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Avant la fin de l’année, j’aurais écrit plus de 100 articles.

(Allez, un petit hip hip hip…. )

J’y ai abordé pas mal de sujets personnels :

– Le bien-être et le développement personnel (L’hypnose, l’accompagnement, la thérapie, la posture du praticien et celle du client)

– Des réflexions sur la création (l’art, le cinéma, l’écriture)

– Mon évolution personnelle :  mon exploration du (ou des) sens de la vie et du rapport à la mort, mon rapport à la violence, le sentiment d’appartenance à travers mes relations à mes parents et mes enfants, mon rapport à l’exil, à la famille, à mes origines et à mon héritage familial. 

– La question de la sexualité et du rapport à la honte, à l’acceptation  de soi, et à l’affirmation de ses propres désirs.

Quand j’essaye de trouver un point commun à tous ces articles, je dirais qu’ils parlent tous d’évolution, du désir d’’affirmation de soi.
J’essaye de m’y m’exposer de manière sincère et vraie, en y partageant mes interrogations sur le monde, et en m’aventurant peu à peu dans cet espace terrifiant et inconfortable pour moi, celui d’oser déplaire

D’autres fois, je me dis que tout ça c’est du blabla, et qu’il y a pas de rapport, ni de cohérence entre tous mes articles.

A part que j’y parle depuis moi.

Des fois je sais. D’autres fois, je sais plus.

Des fois je cherche. Et d’autres fois j’abandonne.

Souvent, je pense qu’il faut absolument qu’il y ait une cohérence dans ce que je propose. Parce que c’est un peu le but de l’écriture et de l’art au final : réorganiser le chaos du monde en lui donnant une forme et une structure intelligible, cadrée par un début et une fin.

Mais je constate que je ne suis pas toujours cohérent, que je me contredis, que j’ai pas vraiment de certitudes sur quoi que ce soit, alors à quoi bon trouver une quelconque cohérence ?

Quand bien même il y en aurait une, est-ce à moi de la trouver ?

Et comme de toute façon personne ne lira jamais tous mes articles, pourquoi vouloir trouver à tout prix des liens et un fil conducteur à mon blog?

Les gens piocheront. Ou pas. Et c’est très bien ainsi. Plutôt que de chercher des lien entre tous mes articles,  il y a une autre question plus intéressante à se poser.

Un jour, j’avais proposé à un ami de témoigner dans mon blog sur son rapport à la sexualité (bah oui, il y a aussi parfois des témoignages sur mon blog et aussi des textes de fiction, j’avais oublié). Il avait passé plusieurs jours à pondre un texte de 5 pages, dans lequel il s’était mis à nu, et y avait exprimé ce qu’il y avait de plus personnel et important pour lui.

Enfin, d’après ce qu’il disait.

Moi, en lisant son texte, je n’ai pas ressenti cela.

Et c’est alors que j’ai eu l’idée de lui poser une question.

Avant de publier ton texte, j’aimerais que tu prennes 10 minutes pour répondre par écrit à la question suivante :

Qu’est ce que tu n’as pas osé écrire, raconter ou exprimer dans tes cinq pages ?

Mon pote a d’abord écarquillé les yeux, rougi, et s’est marré.

Il a hésité. Dix minutes plus tard, il avait écrit un texte poignant, beaucoup plus viscéral et indécent que le premier.

Je lui ai demandé s’il était d’accord pour que je le publie tel quel.  Et avec courage, il a accepté.

Souvent, on s’accroche au premier jet comme s’il était l’impulsion la plus pure de notre art, ou la plus vraie de notre expression.

Ce n’est pas toujours parce qu’on  lâche le flow, qu’on se livre. J’ai de plus en plus tendance à considérer nos premier jets comme de simples dépoussiérages de notre art. Libérer cette couche superficielle de notre être est juste une passerelle pour accéder à des espaces plus profonds de notre vérité.

Tu penses avoir tout dit, tout exprimé ?
T’es sûr ? Et bien regarde encore dedans.

Donc, pour revenir à mon blog, de quoi je n’ai pas encore osé parler ? Quels sujets je n’ai pas abordés ?

Je ne me suis pas permis de vraiment parler de mon couple, de ma séparation, et de tous les questionnements fondamentaux que cela a ouvert.

Je n’ai pas encore évoqué mon expérience sur un site de rencontres.

Je n’ai pas vraiment parlé de mon rapport à mon corps et à ma sexualité.

Je n’ai pas non plus osé explorer mes sentiments ambivalents vis à vis des femmes, mêlés de désir, de fascination, d’attraction, d’incompréhension, de peur et de détestation.

Je n’ai pas non plus traité de sujets qui me semblent futiles, comme mon rapport compulsif à la nourriture, mes cheveux que je perds, ma peur de prendre du poids, et de vieillir.

Je n’ai pas non plus écrit sur le temps passé au quotidien dans les trajets en vélo, le métro, les courses au supermarché, la vaisselle. Tout ce temps que je considère parfois comme inutilement perdu.

Ah oui, et aussi un sujet dont j’ai jamais parlé, c’est la gestion des déchets. Tous ces trucs que je jette, que je recycle, ou que je conserve. Que faire des piles usagées, des boites en cartons, ou des enveloppes à bulle ? 

Récemment, j’ai retrouvé un boite remplie de câbles péritels dans l’appartement de mes parents. J’arrivais pas à me résoudre à les jeter. Pourtant je savais qu’ils ne serviraient plus jamais à rien.

Pareil pour des tas de vêtements et d’affaires appartenant à mes parents. Je les ai mis dans des cartons en me disant que je les donnerai à Emmaus.

Je l’ai toujours pas fait.

Et les super belles cravates de mon père. Il ne les portera plus jamais. J’ose toujours pas y toucher. Et ces centaines de romans égyptiens qui emplissent la bibliothèque familiale. Ça me fait mal au cœur de m’en délester.

En fait, quand je fais la liste de tout ce dont je n’ai pas parlé, bizarrement, j’y trouve un drôle de lien.

Ça parle de la perte.

Comment on gère la perte ?

Lorsque ma femme et moi avons décidé d’entreprendre une médiation pour gérer notre séparation, la médiatrice nous a prévenu.

Vous séparer signifie que l’un et l’autre, vous allez perdre des choses. Et c’est l’enjeu le plus difficile dans une séparation : accepter la perte… la sécurité de la relation, le soutien dans les moments difficile, une certain confort financier…

J’aimerais bien me convaincre que savoir perdre, c’est se délester des sacs de sables pour redonner de l’élan à notre montgolfière personnelle.

Mouais.

Pourtant, dès le début, la vie nous prévient que vivre c’est apprendre à perdre.

Les enfants en venant au monde, ils commencent bien par perdre leurs cheveux.

Et plus tard, ils vont perdre leurs dents de lait.

Ensuite, ils perdront l’enfance elle-même.

Quand ils seront bien vieux, avant de mourir, ils vont recommencer à perdre leur cheveux.

Puis leur mémoire.

Alors, en attendant, je vais en profiter pour écrire un tas d’articles. Comme ça, lorsque mon tour viendra de perdre la tête, je pourrais les relire tous, et me rappeler que j’ai existé.

Et peut-être même qu’à ce moment là, je pourrais enfin y trouver une cohérence.

Et toi alors, de quoi t’oses pas parler ? Qu’est ce que t’oses pas te dire, même à toi ?

Si t’as envie, prend une feuille, mets ton compteur sur dix minutes, et réponds à cette drôle de question

et si t’as envie de partager ce que ça t’a fait de faire cette expérience, je serai curieux de te lire dans les commentaires.

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J160 - Le droit à la détresse

« Quoi ? vous vous séparez, mais comment est ce possible ? Je n’arrive pas à y croire… On vous a toujours vus comme un couple modèle. »   C’est fou cette tendance que l’on a à idéaliser la vie des autres. A…

J159 - Te montrer vraiment

J’ai peur de déplaire. C’est une des propositions sur lesquelles nous avons écrit lors du précédent cercle. Commencer ton texte par cette phrase, et partir ensuite pour 10 minutes de flow ininterrompu, ça te fait partir…

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- Mais enfin, t’es idiot ou tu le fais exprès ? J’ai 12 ans. Et Mme Burchill, ma prof de biologie nous emmène en forêt observer la nature, nous donnant comme devoir de la décrire. J'aperçois une araignée dont…

Prends une liste de 8 a 10 mots/concepts. Mets ton chrono sur 10 minutes. Et invente une histoire. 

Voici ma liste de mots du jour, si t’as envie de tester, avant de lire mon histoire.

Un désir : un bateau en mer / Une couleur : rouge
Un souvenir : le jeu sexuel  du petit train / Un lieu :  Tiffauges
Un personnage : un chauve souriant /

Un secret : il collectionne des têtes d’enfant.
Une scène de film : La peau de Liliana Cavani : des gens à table mangent une sirène.

Une image percutante : un homme suspendu à une falaise
Un mot que je ne comprends pas : labile
Une phrase de poème : Quelquefois seulement le rideau des pupilles se lève. Sans bruit, une image y pénètre.

Version texte

Ouh la la… par où commencer : mon naufrage en mer de Chine… les meurtres innombrables que j’ai commis… ? 


J’ai endossé ce rôle, c
ela fait des vies et des vies, que je suis meurtrier, pédophile, sanguinaire, lieutenant khmer, maréchal à Tiffauges, et poète tourmenté parfois. Chaque fois que j’ouvre les yeux, c’est une nouvelle vie. Comme dit le poète :

Parfois, se lève le rideau des pupilles.
Sans bruit, une image y pénètre.

Tiens, c’est de moi aussi, ça. J’avais oublié que j’avais eu aussi cette vie là.

La encore je meurs. Je suis accroché à une épave. Et je vais crever d’épuisement dans cet océan. Je lutte. J’ai peur, et je me débat comme un mongol, contre la vague géante de la vie, qui m’engloutit.

Et voila qu’une autre encore arrive. c’est comme ça, je vais vider toute l’énergie de mon corps, avant de lâcher.

J’ai pas encore essayé tiens de sombrer, avant d’avoir épuisé mes forces, et me laisser emporter par la vague.

Qu’est ce qu’est c’est con, un humain. Ça tient à la vie. Encore une fois, je vais mourir. La je suis en haut, et je vois encore tout ça.
On me prépare déjà pour le prochain rôle. C’est un film que je verrai défiler sous mes yeux, et que j’oublierai aussitôt. Labile, il s’effritera. L’amnésie. Le noir. L’oubli, et le réveil, dans un nouveau corps, une nouvelle vie.

Certaines théories disent qu’il faut tout avoir vécu, pour devenir une âme accomplie. Foutaises. On ne vit qu’une seule chose. Une seule, jusqu’à l’écoeurement et la saturation. Je serai encore barbare, sauvage, violent. Je collectionnerai des têtes d’enfant dans un coffre en bois. Je ferai cuire des sirènes géantes dans des banquets. Et si je n’en trouve pas, j’en inventerai.

Une jeune femme que je ferai dévorer par un poisson géant. Et quand il lui aura arraché les jambes, on les mettra au four, tous les deux. Pour faire une pièce montée. Un bel assemblage, pour une belle assemblée.

Barbare, j’ai poussé mon père du haut d’une falaise à 11 ans. Le pauvre était resté suspendu en demandant de l’aide. Je suis parti chercher ma mère, en prenant tout le temps nécessaire pour qu’il s’épuise, j’avoue. J’ai aussi lancé quelques pierres sur sa tete, pour qu’il lache prise.

Allez, papa. Lâche.

J’ai découvert le jeu du petit train. Ados, on s’enfilait à la queue leu leu en écoutant une chanson pour enfants. Voilà la vie. Voilà les vies que j’ai eu. Les images s’évanouissent…

J’étais le capitaine du bateau, chauve, et plein de médailles. Les secours arrivent. Trop tard. La vague m’a pris. En route pour une nouvelle vie.

Ne croyez pas que j’aime ça, le crime, le meurtre, l’ignominie, je suis juste un explorateur. C’est ma mission, pousser l’humain dans ses retranchements les plus lointains, faire du supplice un art de vivre. Tout cela est au service d’un plus grand dessein. Qu’il vous échappe, soit.

Votre rôle est de me condamner, et de m’exclure, en prétendant que je ne vous appartiens pas. Que je ne fais pas partie de votre espèce.

Mais si, justement. Je suis le poil a gratter qui remet en cause toutes les croyances.

C’est a ce prix que l’humanité survit.

 

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J160 - Le droit à la détresse

« Quoi ? vous vous séparez, mais comment est ce possible ? Je n’arrive pas à y croire… On vous a toujours vus comme un couple modèle. »   C’est fou cette tendance que l’on a à idéaliser la vie des autres. A…

J159 - Te montrer vraiment

J’ai peur de déplaire. C’est une des propositions sur lesquelles nous avons écrit lors du précédent cercle. Commencer ton texte par cette phrase, et partir ensuite pour 10 minutes de flow ininterrompu, ça te fait partir…

J158 - T'es con, ou tu le fais exprès ?

- Mais enfin, t’es idiot ou tu le fais exprès ? J’ai 12 ans. Et Mme Burchill, ma prof de biologie nous emmène en forêt observer la nature, nous donnant comme devoir de la décrire. J'aperçois une araignée dont…

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( à venir)

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Lorsque Luis Bunuel, membre du groupe surréaliste sort « l’âge d’or » en 1930, film dans lequel on voit pêle-mêle Jésus participer à une orgie, un évêque balancé par une fenêtre, un couple d’amants obsessionnels faire l’amour en public dans une soirée mondaine, ou encore un jardinier abattre son fils d’un coup de fusil pour une broutille, les gardiens de la morale, qui ont obtenu l’interdiction de ce film jugé anti-patriotique et anti-humaniste jusqu’en 1981, étaient surtout des membres de l’extrême droite française.  Aujourd’hui, les partisans de la censure sont aussi des gens qui se définissent comme libéraux, progressistes, ou féministes. Agissant au nom de la lutte contre la pédophilie, le racisme, l’homophobie, où l’apologie de la violence, ils en viennent à utiliser la même arme que les défenseurs de l’ordre moral.

Quelle que soit l’époque, la question revient : A partir de quelle limite, faut-il interdire les œuvres d’art dont les messages heurtent nos valeurs et transgressent nos interdits ?

 

 

Je ne me questionne pas sur le bien-fondé de nos valeurs actuelles. Chaque société a ses normes. Ce qui était admis hier, est désormais intolérable. Qui aujourd’hui trouverait acceptable le port de l’étoile jaune, pourtant imposé par l’état français, il y a, à peine 80 ans ? 

En même temps, notre société n’a pas mis à l’index des œuvres d’auteurs homophobes et antisémites. Comme Voltaire ou Céline. Enfin, pas encore.

Cela demande une sacrée humilité et un minimum d’éducation, pour apprécier une œuvre créée dans un contexte passé, sans l’évaluer à travers nos lunettes d’aujourd’hui.

J’entends souvent dire que ce qui justifie l’interdiction d’une œuvre, c’est  lorsqu’elle devient source de trouble à l’ordre public, parce qu’elle ferait, par exemple, l’apologie du meurtre, de l’inceste, ou de la violence faite aux femmes.

Mais qu’entend-t-on par apologie ?

Si dans un film, un personnage fait l’éloge du meurtre, cela ne veut pas dire que l’œuvre épouse son point de vue. Nous l’admettons facilement quand le personnage en question est du côté obscur de la force, parce que nous nous identifions au héros qui combat cet adversaire monstrueux. Mais lorsque c’est le héros lui-même qui revendique cette part d’ombre, alors cela devient plus complexe.

Je me souviens de cette scène dans Lawrence d’Arabie, où le héros confesse à son officier qu’il a tué quelqu’un. Le supérieur, lui demande alors ou est le problème, vu qu’ils  sont en temps de guerre. Et Lawrence lui répond terrifié.

“Le problème, c’est que j’y ai pris du plaisir”

Quand il devient trop difficile de nous identifier à un héros, nous nous tournons souvent vers l’auteur de l’œuvre, pour être rassurés sur ce qu’il a voulu raconter.

Combien de fois, après la projection de mon film, qui avait une fin ouverte et ironique, les spectateurs m’ont posé cette question :

“Qu’est ce que vous avez voulu raconter avec cette fin ? c’est quoi le message du film ? Pouvez-vous me confirmer que c’est bien cela que vous avez voulu dire  ? »

Comme si mon point de vue, ou ce que j’avais voulu raconter sur le film, avait plus de valeur que ce qu’ils en avaient compris, ou retiré.

Certains auteurs sont des connards. Je veux dire humainement ou idéologiquement. Certains ont été violents et ont abusé de leur pouvoir, d’autres ont été de fervents défenseurs de dictatures sanguinaires, comme l’U.R.S.S. de Staline. Leni Refenstahl, avec tout son talent, a été la cinéaste officielle du régime nazi, et a réalisé des films de propagande comme les « Dieux du stade » ou le « Triomphe de la volonté », qui n’en demeurent pas moins des œuvres artistiques de qualité.

La force d’une œuvre d’art, c’est qu’elle échappe aussi aux mains de son auteur. Comme Pinocchio désobéissant à Gepetto, elle ne se réduit ni à un outil de propagande, ni à l’instrument d’illustration d’une thèse.

Lorsque Gillo Pontecorvo a réalisé en 1966  « La bataille d’Alger », qui dénonce les tortures de l’armée française pendant la guerre d’Algérie, il ne se doutait pas que son film servirait d’outil pédagogique aux services de renseignement israélien pour transmettre les techniques d’interrogatoire à ses soldats.

Toute œuvre exprime une vérité sur l’humain. A minima sur son auteur. Et parfois sur l’humain en général. Et plus encore avec le cinéma, qui, de part son rapport organique avec le réel, est toujours porteur d’une dimension documentaire.

Voilà pourquoi je ne considère pas que connaitre le point de vue de l’auteur sur son travail, ou ses intentions, soit un critère suffisant pour nous positionner face à une œuvre.

Pour être tout à fait honnête, je ne sais pas s’il existe des cinéastes parfaitement équilibrés, et sains d’esprit. Il faut souvent une sacrée dose de folie, de souffrance, d‘obsession, d’inconscience ou de narcissisme pour décider de dépenser autant d’énergie dans la fabrication d’une œuvre, avec tous les risques que ça implique.

Je perçois beaucoup de cruauté, de violence et de perversion, dans le cinéma d’Haneke, de Tarantino, de Scorcese, ou de Lars Von Trier. C’est peut-être même leur fascination pour ces aspects sombre de l’humain qui alimente leur besoin d’expression artistique. Ils peuvent alors choisir  de  dénoncer cette violence, de s’en moquer, de la mettre en scène, ou de l’esthétiser. Ce qui fera de leurs obsessions une œuvre artistique, c’est leur capacité à dépasser la simple expression  brute de leurs fantasmes,  pour réussir à les sublimer.

Et parfois, il n’y parviennent pas.

Un artiste crée des prototypes en permanence. Chaque œuvre est unique. Et le chemin de la nouveauté implique aussi parfois de se planter, de faire de la merde, de passer a coté de son message. C’est la règle du jeu, et je dirai même, la condition de la réussite d’un artiste que de savoir sortir de ses sentiers battus, et de sillonner l’inconnu, au risque parfois de s’y perdre.

Je ne sais pas si la qualité artistique d’une œuvre d’art suffit pour justifier son existence.  Je ne suis pas juge. Mais plus que jamais, devant la prolifération de produits audiovisuels de toute sorte, il me parait important que l’on réfléchisse à ce que nous attendons d’une œuvre d’art.

Personnellement, j’aime les films qui laissent suffisamment d’espace libre au spectateur, pour qu’il s’interroge, doute, débatte, et se bagarre avec d’autres spectateurs, pour essayer d’en extraire le sens. J’aime les films qui m’amènent à penser le monde différemment, à réfléchir sous un angle nouveau, ou proposer de nouvelles perspectives dans le fond ou dans la forme, que ce soit à travers des comédies, des films populaires, ou plus transgressifs et atypiques. 

Et si certains films se révèlent dangereux pour le maintien de l’ordre public, c’est, je crois,  dans notre manière de nous confronter a leur dangerosité, et dans notre capacité à l’accueillir, et à y voir les reflets de nos propres ombres, que se révèle l’état d’évolution de notre société.

Le véritable danger ne se situe pas je crois, dans l’existence de telle ou telle œuvre d’art elle-même, mais dans l’absence de débat de qualité, de discussion, de regard critique et de réflexion, autour de ce qu’elle suscite et questionne.

Et toi, alors, quel censeur es-tu ?

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J160 - Le droit à la détresse

« Quoi ? vous vous séparez, mais comment est ce possible ? Je n’arrive pas à y croire… On vous a toujours vus comme un couple modèle. »   C’est fou cette tendance que l’on a à idéaliser la vie des autres. A…

J159 - Te montrer vraiment

J’ai peur de déplaire. C’est une des propositions sur lesquelles nous avons écrit lors du précédent cercle. Commencer ton texte par cette phrase, et partir ensuite pour 10 minutes de flow ininterrompu, ça te fait partir…

J158 - T'es con, ou tu le fais exprès ?

- Mais enfin, t’es idiot ou tu le fais exprès ? J’ai 12 ans. Et Mme Burchill, ma prof de biologie nous emmène en forêt observer la nature, nous donnant comme devoir de la décrire. J'aperçois une araignée dont…

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Hier, pour écrire mon texte sur « Le tueur » où je me suis mis dans la peau d’un tueur en série, j’ai regardé « Les femmes et l’assassin » un documentaire de Mona Achache sur Guy Georges, le  « tueur de l’est parisien ».

A son procès, plusieurs des familles des victimes répétaient en boucle : c’est un monstre.

Bah non. C’est un homme.

Comme la quasi-totalité des tueurs en série le sont. Ce sont des hommes. Même si je doute que les femmes soient moins violentes que les hommes, dans le domaine de la violence physique et des crimes, elles sont les agressées. Pas les agresseuses.

C’est cela qui est terrifiant : Gilles de Rais, Émile Louis, Marc Dutrou, Michel Fourniret, et aux états-unis, Samuel Little, Lawrence Bittaker ou Edmund Kumper sont des hommes. Des psychopathes, certes. Mais des hommes.

Ils sont les produits de notre société.

Lorsque j’entends des gens ordinaires, souvent de bons parents respectables avoir des réactions, du style :

 – Salaud, barbare ! On devrait l’empaler vivant, ce porc, ce tueur d’enfants. Et lui faire bouffer ses couilles, et ceci, et cela….

Je m’interroge : qui sommes nous pour décréter que tel homme est un monstre, un barbare, un animal, bref qu’il n’est pas humain ?

Ce mécanisme-là, qui consiste à nier à l’autre le statut d’humain, est souvent un excellent désinhibiteur pour laisser émerger nos pulsions, et devenir un exutoire à notre propre violence.

Et c’est peut-être là, où il est, le monstre. Tapi dans notre cage intérieure, celle du déni. La violence est, je crois en chacun de nous. Elle peut-être endormie, contenue, ou apprivoisée. Dans certains contextes elle est autorisée à s’exprimer.

 

 

La nature ne nous demande pas de consentement pour exprimer sa violence. Elle ne connait pas la morale, ni le bien, ni le mal. Les cyclones, les épidémies, les éruptions volcaniques qui engloutissent des civilisations ne sont ni bons ni mauvais. Pas plus que les mygales, serpents ou scorpions quand ils tuent leurs proies, même si c’est un jeune enfant endormi. Ils ne sont bons ou mauvais.

Et on le sait. Je n’ai pas vu d’humains organiser des manifestations contre les épidémies, en disant :

– On est contre, à bas la peste, à bas les épidémies, c’est pas juste, supprimez !

Ils apprennent juste à s’en protéger. La vie ne porte pas de jugement moral sur la violence. Elle teste des combinaisons. Certaines sont viables , d’autres moins. Les dinosaures n’étaient plus fonctionnels face au changement brutal du climat, et des météorites. Ils ont été anéantis.

Mais pas la violence.

Même si je suis horrifié par les crimes des tueurs en série, et que c’est une facette de l’humain qui me terrorise, je ne me dis pas  » ces gens-là sont des monstres », mais plutôt,  » Est-ce que j’aurais pu devenir comme eux, si j’avais vécu et subi le même contexte de violence familiale, et d’abandon ? »

Et au fond, qu’est ce qui aurait fait la différence entre eux et moi dans ce contexte là ?

Quel terreau y a-t-il donc en chacun de nous pour laisser pousser aussi facilement les germes de la violence ?

Dans un documentaire passionnant de Patrick Rotman, sur la banalisation de la torture pendant la guerre d’Algérie, intitulé « l’ennemi intime », un militaire catholique et pacifiste raconte comment il a torturé et humilié un algérien sous le regard de la fille de ce dernier. Et comment, à ce moment-là, ni son éducation, ni son éthique, ni sa culture, ni ses principes moraux  élevés, n’ont été d’un quelconque secours, ni même un rempart pour lutter contre sa propre violence, dans ce contexte où la torture avait était banalisée, autorisée et même légitimée par le système.

Il finit par confesser, avec une honte infinie, que dans ce déferlement de barbarie, il a ressenti du plaisir. Avant de finir par cette conclusion glaçante

– N’importe qui, mis dans cette situation, serait capable de faire la même chose…. Vraiment.
Sauf à avoir une force de caractère exceptionnelle.

C’est une des raisons pour lesquelles, dans ma formation d’écriture j’ai développé un module qui s’appelle « le connard intérieur ».

Je suis persuadé que tant que tu n’as pas exploré tes parts d’ombres, ta face cachée, tes facettes inavouées, alors tu ne te connais pas.

Il n’y a qu’à voir comment réagissent certains couples qui se sont aimés pendant des années, au moment d’un divorce ou d’une séparation pour se rendre compte à quel point, dans un contexte de peur, de colère, d’insécurité, ou de trahison, il ne faut pas grand chose à la violence pour surgir.

Ma mère m’a raconté qu’un jour, je devais avoir quatre ou cinq ans, je regardais un film à ses côtés. Et soudain, sans un mot, et sans quelle comprenne pourquoi, je l’ai giflée. Peut-être que ce que j’avais vu dans le film sans doute, m’avait paru insupportable, et j’ai déchargé cela sur ma mère. J’en sais rien. Je n’en ai aucun souvenir.

Depuis l’enfance, j’ai été conditionné par l’éducation de mes parents à éviter les conflits.

– On est des immigrés, on n’est pas chez nous ici. Alors, il ne faut pas se faire remarquer. Il faut t’intégrer pour réussir. Surtout, ne pas faire de vagues.

Et, malgré mes phases de rébellion, en bon enfant adapté, j’ai obéi. Aujourd’hui encore, j’évite les conflits, et surtout, j’ai peur de la violence.

Il y a quelques années, un ami m’a poussé à me confronter à ma peur. Alors je suis allé m’inscrire à un cours de boxe thaï. J’en ai fait pendant un an. J’ai réalisé à quel point j’avais peur de donner des coups.

Après en avoir reçu un certain nombre, cette peur s’est atténuée, et ma colère s’est rapidement exprimée. Il a fallu peu de temps pour qu’elle se transforme en violence aveugle. Sauf que j’ai constaté qu’elle ne m’était d’aucune utilité, et ne m’empêchait pas de recevoir des coups, bien au contraire, tant que je n’apprenais pas à la canaliser.

Je ne sais pas si un monde sans violence pourrait exister, ni même s’il serait viable, voire souhaitable.

La réalité c’est qu’elle est là, présente.

Souvent après les grandes catastrophes naturelles, un phénomène étrange se produit. L’humanité se réveille soudain dans un grand élan de générosité, et de solidarité avec les victimes. Elle se soude.

Peut-être que dans notre société, en devenant des exutoires à notre violence personnelle, les tueurs en série ont peut être une fonction, celle de transgresser les plus grands interdits moraux, pour tester les limites de notre civilisation, et la forcer à mieux se souder autour de valeurs communes.

Dans le documentaire sur Guy Georges, le passage qui m’a le plus bouleversé, c’est la réaction de la mère d’une des victimes de Guy Georges. Sa fille avait été assassinée par le tueur.

Pendant tout le procès, elle l’avait qualifié de monstre implacable, parce qu’il refusait d’avouer ses crimes. Et le dernier jour, quand, suite à une simple question, Guy Georges, qui jusque là avait été dans le déni, a fini par reconnaitre un à un tous les assassinats qu’il avait commis, à un moment où plus personne dans l’audience n’y croyait, il y a eu un silence de mort dans la salle.

Et cette mère de famille, brisant alors le silence, a alors laissé échappé ce mot, adressée à l’assassin de sa fille  

– Merci.

Alors, peut-être que le meilleur rempart contre la violence serait de la reconnaitre, là où elle est, en chacun de nous, de l’apprivoiser, en apprenant à nous connaitre davantage, et à lui trouver un espace où elle puisse s’exprimer, d’une manière qui ne nie pas à l’autre le droit d’exister, ou de le considérer comme un monstre.

A chacun de nous de trouver comment.

 

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J160 - Le droit à la détresse

« Quoi ? vous vous séparez, mais comment est ce possible ? Je n’arrive pas à y croire… On vous a toujours vus comme un couple modèle. »   C’est fou cette tendance que l’on a à idéaliser la vie des autres. A…

J159 - Te montrer vraiment

J’ai peur de déplaire. C’est une des propositions sur lesquelles nous avons écrit lors du précédent cercle. Commencer ton texte par cette phrase, et partir ensuite pour 10 minutes de flow ininterrompu, ça te fait partir…

J158 - T'es con, ou tu le fais exprès ?

- Mais enfin, t’es idiot ou tu le fais exprès ? J’ai 12 ans. Et Mme Burchill, ma prof de biologie nous emmène en forêt observer la nature, nous donnant comme devoir de la décrire. J'aperçois une araignée dont…

Prends une liste de 8 a 10 mots. Mets ton chrono sur 10 minutes.

Et invente une histoire. 

Voici ma liste de mots du jour, si t’as envie de tester, avant de lire mon histoire.

Un mot bizarre : Balbeck / Un personnage : Howeida, 50 ans, vieille fille
Un aliment : Menthe / Un fait divers : une bombe dans un cinéma
Un souvenir personnel : l’araignée à 7 pattes / Un concept : l’ombre
Un aliment : des spaghettis / Une couleur : rouge
Un titre de film : l’étoffe des héros

 

Version audio

“La plupart des enfants mentent à leur maître quand ils ont commis un délit”

La dictée avait mal commencé. Mente ou menthe ? Avec ou sans H. Pas la hache qui coupe, hein. Le H.  Pas non plus celui qui s’evapore en fumée dans les airs, je parle du h, qui est parfois aspiré, et qui ne s’entend. Le même hache qu’on trouve en plein milieu du thé.

Je me suis souvenu du conseil de mon père :

– Quand t’es pas sur de l’orthographe, fiston, tu remplaces le mot sur lequel t’hésites, par un autre, un synonyme.

Par exemple “ou” sans accent, tu peux le remplacer par « ou bien ». Et tu sais si c’est le bon mot ou bien le mauvais mot.

Merci Papa.

Alors, pour savoir de quelle menthe, il s’agissait, je l’ai remplacée par persil.

 

 

« La plupart des enfants mentent à leur maitre quand ils ont commis un délit » est devenue

La plupart des enfants persil à leur kilos
quand ils ont commis un des canapés.

Oui, ça sonne bizarre, mais qu’en sais je moi  de ce qu’a voulu dire l’auteur de ce texte?

J’en ai marre des dictées.

Les ombres sombrent. Le radeau des mers, veille. La tempête t’embête. Les mots me font mal. Le français sait, ou c’est ?
Je sais pas. Tout est possible dans cette langue barbare.
Mais non, c’est nous les barbares.

C’est comme l’araignée à 7 pattes. Un jour, Madame Burchill, ma prof de biologie, m’a puni parce que j’avais ramassé une araignée qui avait 7 pattes, et que je l’ai présentée ainsi dans mon texte de biologie.

– Mais tu es idiot ? une araignée à toujours un nombre pa de pattes. »

– Mais, celle la en a 7.

– Imbécile !!! c’est qu’elle en a perdu une. Une araignée ne PEUT PAS avoir 7 pattes, ça n’existe pas ! Tu n’as pas de cerveau ou quoi ? Les pattes, c’est toujours pair.

Bon, bah, si la réalité que j’ai devant moi n’existe pas, alors j’ai noté qu’une araignée avait 8 pattes, sauf celle-ci qui en a 7.  Et j’ai eu un 0. Comme a ma dictée.

Des zéros, j’en ai une panoplie. Et de toutes les étoffes. Je crois bien que ces zéros sont fatigués que je les collectionne. Et moi aussi.

Les zéros, c’est nul.

Et je suis rentré penaud à la maison, avec l’image de mon père en train de cuisiner des nouilles. Parce que les pâtes, c’est toujours père. C’est bien ce qu’a dit Mme Burchill. Même si chez moi, c’est plutôt mère qui prépare les pâtes, comme tout ce qu’on mange. Y compris ce pamplemousse, qui est amer. Et ces oranges qui sont rouges.

C’est ça être élève au collège de la Providence. Non, pas dense. Ou danse. Et n’imaginez pas mon proviseur qui danse.

Le français me terrorise. Mon père dit que la nuit, dans ma chambre je fais des cauchemars, à cause des fautes d’orthographe. Mais pour m’intégrer dans ce pays, il va falloir que je maitrise leur langue. Pas celle que je tourne dans ma bouche. L’autre.

Et puis, comment savoir ou est la réalité, quand on me dit que les araignées à 7 pattes ca n’existe pas ? Comment écrire les mots justes ? Pourquoi tel mot s’ecrit comme ca ? Comment le savoir ? J’ai peur de pas trouver les bons mots. Et ça me fait mal… mâle, femelle…. Malle…valise… non, juste mal…bobo

 

Voila, dès que j’entends un mot, dans ma tête, je le vois s’écrire de plein d’orthographes différentes. Baal Beck. Bas le bec. Sur mon tableau, il y a un arbre avec des racines florissantes qui poussent dans tous les sens. Alors, souvent quand les gens me parlent, je panique. Qu’est ce que j’aimerais pas paniquer.

Tu sais, je suis pas français moi. On m’a forcé à l’être. Lettre. Courrier. Lettre. Alphabet. l’être. Arbre. Non l’être et l’avoir.

Un jour, ma cousine Howeida, est allé au cinéma. Howeida, c’est une vieille fille de 50 ans, toujours habillée en noir, comme si elle portrait le deuil d’un mari qu’elle n’a jamais eu. Je l’ai connue que comme ça.

L’été dernier, elle a pris le train pour le Caire. Elle est allé au cinéma Miami. Il y avait une comédie romantique très populaire, et plein de jeunes dans la salle. Et aussi des couples. Elle était la seule femme seule.

Elle s’est assise au 9 rang, sur la droite, à côté de la sortie de secours, et a collé sous son siège une bombe artisanale. Puis elle s’est levée. Et elle est partie. Mais aucune fumée ne s’est éparpillée dans le ciel bleu du Caire, ce jour là.

Howeida me jure que c’est une histoire vraie, et que sa bombe doit encore être collé sous le premier siège de la 9ème rangée du cinéma Miami.

Un jour, peut-être j’irai vérifier.

Mais ce qui m’a le plus marqué dans l’histoire de Howeida, c’est qu’elle était assise sur un siège. Et c’était pas un état… de siège. Comme à Fort Apache. Parce qu’on ne s’assoit pas sur des états. Mais sur des fauteuils.

Comme dit papa, quand on sait pas, on met des synonymes.

Ah.. cette langue… on dirait qu’elle a été inventée pour nous en exclure…nous les barbares… nous les terrorisés… .ah, si moi aussi je pouvais y mettre une bombe, et la faire exploser . Mais je serai pas comme Howeida moi, j’oublierai pas d’appuyer sur le détonateur.

 

 

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J160 - Le droit à la détresse

« Quoi ? vous vous séparez, mais comment est ce possible ? Je n’arrive pas à y croire… On vous a toujours vus comme un couple modèle. »   C’est fou cette tendance que l’on a à idéaliser la vie des autres. A…

J159 - Te montrer vraiment

J’ai peur de déplaire. C’est une des propositions sur lesquelles nous avons écrit lors du précédent cercle. Commencer ton texte par cette phrase, et partir ensuite pour 10 minutes de flow ininterrompu, ça te fait partir…

J158 - T'es con, ou tu le fais exprès ?

- Mais enfin, t’es idiot ou tu le fais exprès ? J’ai 12 ans. Et Mme Burchill, ma prof de biologie nous emmène en forêt observer la nature, nous donnant comme devoir de la décrire. J'aperçois une araignée dont…

Prends une liste de 8 a 10 mots. Mets ton chrono sur 10 minutes. Et invente une histoire. 

Voici la liste de mots du jour, si t’as envie de tester, avant de lire mon histoire.

Un mot bizarre : Térébenthine  / Un nom propre : Esculape
Un odeur : celle des marrons chauds  / Une couleur : Turquoise
Un son : musique arabe /  Un souvenir : Un enfant que je m’amusai à effrayer
Un personnage : Albert l’intellectuel, prof d’université
Un secret :  il aime les enfants /  Une chanson :  rien de rien…

Version audio

Oncle Albert, c’est comme ça qu’on l’appelait (même s’il faisait pas partie de la famille), quand il venait à la maison, avec ses grosses lunettes,  sa jaquette à carreaux, et son pull turquoise sans manches. C’était un ami de papa. Un intellectuel.  Il amenait des fleurs pour maman, qui lui préparait son plat préféré : des marrons chauds avec de la viande de canard.

Je me souviens de lui, assis dans notre salon avec de la musique arabe. Il parlait beaucoup. Il avait l’air gentil. Très gentil. Mais moi, j’aimais pas ses lunettes. On aurait dit qu’il n’avait pas d’yeux. C’était moche.

Cette après-midi, j’avais fait peur a mon frère. Vraiment peur. Ernest a beaucoup pleuré. Mes parents étaient partis faire les courses, et moi je lui ai parlé, du monstre, du démon, et il a eu un une crise de panique. Ça m’a fait beaucoup rigoler.

Mais le soir, quand il est allé dormir, et qu’il ne voulait pas aller au lit, je me suis souvenu. Heureusement, oncle Albert était la, il a pris la main d’Ernest et lui a dit. 

– Allez viens, je vais te raconter une histoire.

Et ils sont allés dans notre chambre commune. J’étais content, je mangeais des chocolats dans le salon. Et puis, pourquoi, il y a eu cette chanson ?

– Non, rien de rien… non je ne regrette rien… »

Et j’ai revu mon frère, sa terreur. Et soudain, j’ai eu peur qu’il raconte tout à Oncle Albert.

Non.

J’ai avancé dans la chambre. Et j’ai vu Ernest dans son lit, et Oncle Albert penché à côté de lui. Il avait la main sous la couverture, et il chuchotait à Ernest.

– C’est un secret… mais c’est un secret qui fait du bien… Cela s’appelle le serpent d’Esculape, parce qu’Esculape , il l’a reçu des dieux….

Ernest avait l’air détendu, et soulagé. Il suçait son pouce, et fermait les yeux. Je n’ai pas compris ce qui se passait . Enfin, si, peut-être.

Et je suis retourné dans le salon, terrorisé.

– Non, rien de rien… ni le bien , ni le mal, tout ça m’est bien égal.

Le matin, je me suis réveillé tôt.
Ernest allait bien. Il jouait. Je l’ai scruté, guetté. J’ai joué avec lui. Son camion était abime. J’ai pris la bouteille de térébenthine de mes parents, et je l’ai nettoyé de fond en comble, pour qu’il brille. Il n’y avait plus une tache sur son camion. Comme neuf.

Ernest semblait content.

– Hé, pourquoi tu pleures, Alex ?

– Mais non, je pleure pas, c’est cette odeur. Mais tout va bien… et toi, ça va ?

– Oui. Je vais bien

 

Non, rien de rien. Je ne regrette rien… 

 

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J160 - Le droit à la détresse

« Quoi ? vous vous séparez, mais comment est ce possible ? Je n’arrive pas à y croire… On vous a toujours vus comme un couple modèle. »   C’est fou cette tendance que l’on a à idéaliser la vie des autres. A…

J159 - Te montrer vraiment

J’ai peur de déplaire. C’est une des propositions sur lesquelles nous avons écrit lors du précédent cercle. Commencer ton texte par cette phrase, et partir ensuite pour 10 minutes de flow ininterrompu, ça te fait partir…

J158 - T'es con, ou tu le fais exprès ?

- Mais enfin, t’es idiot ou tu le fais exprès ? J’ai 12 ans. Et Mme Burchill, ma prof de biologie nous emmène en forêt observer la nature, nous donnant comme devoir de la décrire. J'aperçois une araignée dont…

Prends une liste de 8 a 10 mots. Mets ton chrono sur 10 minutes. Et invente une histoire. 

Voici la liste de mots du jour, si t’as envie de tester, avant de lire mon histoire.

Enfant –tableau – abricot
glabre – romarin – cerceau –
Jeanne – Mouche Ternelle – Vassiliev – onguent

Version audio

 

Version texte

Le peuplier est entouré d’un cerceau de fer. C’est sa prison . Et nous on court autour, on rit, et on crie.

Mouche est tombée la première. Mouche Ternelle, je l’aime.

Elle a des collants en laine épais, un manteau violet, comme celui du chaperon rouge, mais en violet. Et en guise de boutons, des espèces de cornichons en bois.
Ses yeux bleus brillent toujours, meme quand elle pleure. Il n’y a qu’elle. Quand elle est la, je n’ai plus peur, plus froid. Je veux être toujours avec elle, jouer. Elle m’aime. Mais ça ne se dit pas. On en a pas besoin, ni elle ni moi. C’est comme ça, c’est naturel.

 

On se manque même pas quand on se quitte. Et quand on se retrouve le matin, c’est normal. Ça peut pas être autrement en fait.

Jamais j’ai pensé a l’appeler, ou aller chez elle. Je ne sais même pas si elle a une sœur. On parle jamais de ça. Quand on est ensemble; il n’y a que nous. On pourrait se moquer de Jeanne, Léo ou Vassiliev, mais on ne le fait pas. On parle de nos crayons, de notre couleur préférée, des abricots, de la manière dont les grands-mères du moyen age utilisaient la sarriette, l’argile, et le romarin pour fabriquer des onguents qui rendaient super -puissants.

Et puis, Mouche est tombée, dans la cour.

J’ai continué à courir. Elle m’a fait penser a ma sœur, et j’ai ressenti de la tristesse à ce moment la. Je ne sais pas d’où c’est venu. Quand je l’ai vue par terre, je me suis souvenu que j’avais une famille.
Le jeu a continué autour de l’arbre de la cour de rue des Sept Arpents, à l’école de la liberté, classe de Mme Panoufle, CM1 A, Mars 1987.
Mais je sais pas.

Elle a une belle voix, Mouche. La voix de quelqu’un qui vient juste de se réveiller. J’ai toujours le sentiment qu’avec elle, on va aller prendre le petit-déjeuner. Tartines de confiture, croissants, chocolat chaud, comme quand on était en colo, enfin… en classe verte…

Mouche un jour m’a dit qu’elle allait changer d’école. On a rigolé ensemble. Je me souviens du dessin qu’elle a fait sur mon cahier ce jour là :  elle l’avait intitulé l’enfant au tableau. C’était un tableau d’école sur lequel était dessiné un enfant. Je lui ai dit que c’était pas ça un enfant au tableau. L’enfant il devait être devant le tableau, et écrire au tableau. Pas être dessiné dessus.  Elle a haussé les épaules, et m’a répondu : “ Qu’est ce que t’en sais ? ”.

La maitresse nous a demandé de nous taire, et on a repris la dictée de mots : marécages – glabre – souliers crottés – arrière train – le paysan allait en ville – un bouquet en main de marjolaines – prunelle de ses yeux – dévalant la colline.

C’était un mardi. Puis le jeudi, la chaise d’à coté, était vide. Mouche avait changé d’école. Je ne lui ai même pas demandé ou elle allait en fait.

Dans la cour, on a joué, avec Julien, Jonas, Jeanne et Leo. J’ai couru, et cette fois, c’est moi qui suis tombé. Les autres ont continué à courir. Je me suis relevé. J’avais abîmé mon pantalon. J’ai pensé à ma mère. Je l’ai vue me gronder. Et j’ai été triste un instant, avant de reprendre ma course autour de l’arbre.

Le peuplier.

Celui qui est entouré d’un cerceau de fer. Et qui a changé depuis hier.

 

Si toi aussi, tu as envie de jouer, voici une liste de mots pour inventer l’histoire de demain. Je te partagerai la mienne . A toi de jouer, mets ton chrono sur 10 minutes, et amuse-toi.

Un mot bizarre : Térébenthine 
Un nom propre : Esculape 
Un odeur : celle des marrons chauds
Une couleur : Turquoise
Un son : musique arabe
Un souvenir : Un enfant que je m’amusai à effrayer
Un personnage : Albert l’intellectuel, prof d’université 
Un secret :  il aime les enfants
Une chanson :  rien de rien…

 

 

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Et si tu veux explorer à ton tour l’écriture, jette un oeil à  Inspirateur – mon programme en ligne.

J160 - Le droit à la détresse

« Quoi ? vous vous séparez, mais comment est ce possible ? Je n’arrive pas à y croire… On vous a toujours vus comme un couple modèle. »   C’est fou cette tendance que l’on a à idéaliser la vie des autres. A…

J159 - Te montrer vraiment

J’ai peur de déplaire. C’est une des propositions sur lesquelles nous avons écrit lors du précédent cercle. Commencer ton texte par cette phrase, et partir ensuite pour 10 minutes de flow ininterrompu, ça te fait partir…

J158 - T'es con, ou tu le fais exprès ?

- Mais enfin, t’es idiot ou tu le fais exprès ? J’ai 12 ans. Et Mme Burchill, ma prof de biologie nous emmène en forêt observer la nature, nous donnant comme devoir de la décrire. J'aperçois une araignée dont…

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Donne toi une limite de temps de 10 minutes.
Et invente une histoire. 

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