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Est ce que cela t’arrive de dire « oui » alors que tu n’es pas consentant ?
Bien sûr, Il y a des situations ou c’est juste pas possible de dire non, même si tu le souhaites.
Et y a des cas où le « oui », même si tu t’en veux de l’avoir exprimé, était le meilleur choix possible.
Là où sa ce complique, c’est quand tu crois que tu es consentant, alors que c’est pas le cas.
Et c’est ça que je voudrais te dire.
Une personne qui dit oui n’est pas forcément consentante.
On n’est pas toujours responsables de nos actes.
Derren Brown dans « The Push » montre comment il réussit à conditionner plusieurs personnes à commettre un meurtre en utilisant des techniques de mentaliste, d’hypnose et de manipulation, basées sur la psychologie sociale et les biais cognitifs.
Dans quelle mesure ces « cobayes » sont ils responsables de leurs actes ?
Je t’invite à regarder The Push. Il y a de quoi remettre en question nos croyances sur le libre arbitre.
Dans les écoles d’hypnose, on enseigne des techniques à la portée de n’importe quel débutant, pour réduire considérablement le discernement des clients, et les rendre influençables.
La « boucle de yes set » consiste à faire valider à une personne plusieurs affirmations sur lesquelles elle est d’accord, pour réduire son facteur critique, et la conditionner à accepter plus facilement ce qu’on va lui proposer ensuite.
Une autre technique, la suggestion indirecte, qui est une demande cachée, réduit l’espace de discernement du client.
Imaginons qu’un praticien dise à un client :
Vous êtes libre d’exprimer que vous n’êtes pas d’accord avec moi, et de remettre en question ce que je vous dis, d’accord ?
Le client répondra probablement « d’accord » à cette demande.
Mais le fait que le praticien accorde au client la permission de ne pas être d’accord avec lui, sous des apparences de liberté, crée un paradoxe : si jamais le client s’oppose à ce que dit le praticien, il se retrouve de fait à obéir à sa demande de ne pas être d’accord.
Cette demande qui paraissait claire crée une forme de confusion entre le message apparent (t’es libre de pas être d’accord ) et le message indirect, presque caché (je te donne le droit d’être libre).
Bizarre non ?
Et si le praticien enchaine ensuite avec une suggestion indirecte du type
Tu préfères vivre un état d’hypnose les yeux ouverts, ou fermés ?
La aussi, le client aura tendance à se croire libre en choisissant une de ces deux options.
Alors, bien sur, on peut penser que dans un cadre de séance d’hypnose, le client est consentant pour se faire hypnotiser.
Qu’en sait-t’on ? Mais peut-être qu’au fond de lui, il n’a tout simplement pas envie de vivre d’hypnose à ce moment la. Il peut très bien en avoir eu envie en arrivant, puis ne plus s’être senti en confiance avec le praticien.
Il a le droit de ne pas avoir envie.
Sauf qu’avec ces suggestions, on lui coupe l’herbe sous le pied en le privant de la possibilité de l’exprimer.
Je me demande de plus en plus ce que ces techniques d’orientation de la pensée, qui sont une prise de contrôle du praticien sur le client, peuvent envoyer comme message sur le long terme
Je constate qu’elles génèrent souvent la passivité, déresponsabilisent le client, et le privent de l’écoute de son ressenti, et de la possibilité d’être, ou non consentant. Ce qui peut tout simplement renforcer sa problématique.
Et ce n’est malheureusement pas que dans les cabinets d’hypnose que se jouent ces rapports de pouvoir et de domination.
Je me souviens d’une de mes premières relations sexuelles.
Les préliminaires avaient été très tendres et agréables.
Puis ma partenaire a eu envie de pénétration. Je lui ai dit que je n’avais pas de préservatif. Elle n’en voulait pas. Elle ma demandé si j’étais d’accord pour continuer.
Devant son empressement, j’ai dit dit.
Nous avons fait l’amour.
Ce n’est qu’après la jouissance, que j’ai ressenti une sensation très désagréable.
J’avais qu’une seule envie, qu’elle parte. C’était impossible pour moi de l’exprimer. Alors je suis resté à ses côtés et nous avons continué à discuter.
Après son départ, une colère empreinte de tristesse a continué à monter en moi, sans que j’en connaisse la cause.
C’est en travaillant en thérapie sur cet incident apparemment anodin, que j’ai pris conscience que je n’avais tout simplement pas envie de cette pénétration.
Ni sans, ni même avec préservatif.
J’aurais souhaité m’arrêter aux préliminaires.
Je me suis senti obligé d’aller jusqu’au bout, en prenant un risque pour moi et pour elle.
Parce que je m’étais engagé.
Parce que j’étais un homme.
Parce que je ne voulais pas décevoir.
Parce que j’avais peur qu’elle me rejette.
Parce que dire non, c’est être méchant.
Et pourtant ma partenaire m’avait demandé mon avis.
Je n’ai pas été que victime. Dans d’autre situation, j’ai aussi été celui qui parfois manipulait l’autre pour obtenir son consentement, sans être à son écoute.
Que ce soit dans le cadre de mon travail de cinéaste, de formateur, de praticien en hypnose, ou dans mes relations personnelles.
Alors, si toi aussi, tu fais partie de ces gens qui ont du mal à exprimer clairement ce qu’ils veulent, et dire non quand ils veulent pas, parce qu’il y a chez toi une confusion entre être direct et être violent, c’est normal que tu préfères les approches indirectes.
Mais c’est pas moins violent de ne pas exprimer ce que tu ne veux pas.
C’est juste que pour éviter de blesser autrui, tu choisis de te blesser toi-même, en refusant d’écouter ton « non »
Peut-être que tu n’arrives pas encore à te rendre pas compte quand tu n’es pas consentant.
Que tu réagis seulement quand tu sens monter une colère incontrôlée en toi, avec le sentiment d’avoir été forcé, piégé, ou manipulé.
Sois patient.
Entraine toi à apprivoiser tes interdits.
En trouvant un espace sécurisé ou tu puisse les exprimer, et les confronter.
C’est à ça que sert l’écriture pour moi.
C’est difficile d’apprendre à écouter l’autre, au delà de ses mots, et de rester conscient qu’une personne qui dit oui n’est pas toujours consentante, si tu ne sais pas déjà t’écouter, te demander ce que tu veux vraiment, oser l’exprimer, te donner le droit de pas savoir ce que tu veux, et même de changer d’avis.
Y’a un truc qui coince… L’explication sur youtube dit » the terrifying truth that, when confronted with authority, our natural instinct is to unflinchingly obey without question ». Un jour, j’ai dit « F**k » à un formateur pendant un exercice lors d’une formation à… l’hypnose. Et ces rebelles de bras n’ont pas voulu monter d’un iota.
Encore aujourd’hui, ma réaction me laisse perplexe.
Bizarre, non?
Quelques mots inspirés par ton article : Lorsque derrière un non se cache beaucoup trop de questions et d’émotions, alors qu’un oui est beaucoup plus « facile » à accueillir. Pour qui ? Pour fuir quoi encore ? Je me demande à quel moment on apprends ce fonctionnement là ? A quel moment on apprends à être violent avec soi même à ce point et a en oublier d’exister en passant par ces 3 lettres là qu’on ne veut pas mais qu’on choisi. Et A quel moment on décide de dire stop à tout ça et on décide de laisser la place à une souffrance qui n’avait pas encore existé grâce à ce fonctionnement archaïque ?
Et c’est quoi tes reponses à ces questions ?
Ouais, Je vais tenter d’y répondre pour les faire émerger plutôt que de remettre en route la machine à questions sans fin !
…