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Il y a trois jours, j’ai appris une très mauvaise nouvelle. Le scénario de mon film a été refusé pour la 3ème fois à la commission d’avance sur recettes. Les précédentes fois, le scénario était arrivé au second tour, avec des retours encourageants.

J’avais retravaillé d’arrache pied avec ma scénariste pour produire une version encore plus aboutie. On n’a même pas passé le premier tour.

Fin de non recevoir.

Définitive.

Un coup de massue qui remet en question la faisabilité du film, après 3 ans de travail, et de réécritures.

 

 

Sur le moment, j’ai pas réagi.

Je suis assez coutumier de ces anesthésies émotionnelles. Mon cerveau agit comme un parapluie, laissant les drames glisser sur mon cœur hermétique. Avant que ne surgisse, avec parfois plusieurs heures ou jours de retard, le ressentiment de n’avoir pas été à la hauteur, et la colère contre ces experts du cinéma incapables de reconnaître mon talent.

Puis c’est la déprime et la perte de toute motivation. Jusqu’à ce qu’à nouveau la foi, et le désir me redonne l’élan de repartir au combat.

C’est comme ça. La rébellion a souvent été un de mes moteurs créatifs. Cette envie de dire merde aux gens qui n’ont pas cru en moi, en leur prouvant qu’ils avaient eu tort.

Au delà de ma posture réactionnelle, je dois bien reconnaître que plusieurs fois, les réponses négatives des commissions, m’ont aidé à avancer, en m’obligeant à débroussailler en moi, pour clarifier mes propos, quitte à faire des choix parfois plus radicaux.

Savoir entendre les retours critiques est indispensable.

Personne ne crée de premier jet sans défauts. Et personne ne crée une meilleure seconde version de son travail sans l’intervention d’autrui. Personne.

Ryan Holiday – Perennial seller.

 

Mais écouter les critiques est aussi un énorme piège. Combien de fois on se perd à tenir compte des  avis des autres. Ce qu’on gagne y en accessibilité, peut aussi nous faire perdre les maladresses et les défauts qui font notre force. Sauf si ton désir profond est de devenir quelqu’un de consensuel. Et j’écris cela sans jugement

Le plus important, c’est de trouver comment faire le tri entre les retours et les avis des « experts », et ce que toi,  tu as vraiment envie de faire.

Quand les gens te font des critiques en te disant que ça cloche, ou que çà ne fonctionne pas pour eux, ils ont presque toujours raison. Quand ils te disent précisément qu’est ce qui cloche, et comment y remédier, ils ont presque toujours tort »

Neil Gaman

 

Alors, si tu as un désir créatif, vas-y fais le.

Si tout le monde te dit, c’est de la « merde », fais le quand-même.

S’il te manque les moyens pour faire ce que tu veux, fais-le autrement.

Mais lâche rien.

Si le résultat est naze, personne ne s’en souviendra. Et s’il est bon, les professionnels te pardonneront d’avoir été un emmerdeur, obstiné, qui ne tenait pas compte de leurs avis d’experts.

Personne ne peut savoir à ta place ce que tu veux faire ou exprimer. Les critiques sont juste là pour t’aider à creuser en toi-même, et savoir où tu veux aller.

Parfois tu ne le sais pas toi-même, alors tu auras besoin de faire l’expérience de ton œuvre pour le découvrir.

Cela fait partie du processus.

Et cela peut prendre toute une vie.

Entre le désir de plaire, et le désir de prouver, il existe un chemin exigu, mais tellement beau à emprunter. Celui de l’artiste.

L’intérêt de l’industrie du divertissement, c’est de formater les œuvres, pour en faire des produits réplicables. Pour limiter les risques de pertes financières, et d’accroître les possibilités de gains.

Mais un scénario, même bon, n’est pas une recette de film. Comme une photo sur un site de séduction, n’est pas la promesse d’une belle rencontre.

Et c’est ce qui rend le cinéma si complexe et si beau. Pour tourner un film, tu dois d’abord convaincre à partir d’un scénario qui est censé donner une description de ce que sera le film. Et faut croire que ma description n’a pas fédéré.

Et tu sais quoi ?

Je suis toujours persuadé que ce film se fera.

Comment ? J’en sais rien.

Mais il se fera.

Est ce de la foi ? De l’inconscience ? De la naïveté ? Ou du déni de réalité ?

Mais bon, des fois, le déni a aussi des avantages

C’est le propre des tarés, des génies, des enfants et des artistes.

Reste à espérer que je ne sois pas que dans la première de ces catégories.

 

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