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– Hey Namir, sympa ton article sur l’imposture du praticien. Mais elle où la révélation?

– Euh… dans la découverte que ce qui me foutait une sacré pression, c’étaient mes attentes et mes exigences super hautes.

– Tu plaisantes ? On en a déjà parlé des centaines de fois ensemble : la responsabilisation, l’autonomie, et virer les attentes. Tu sais déjà tout ça depuis super longtemps. Il manque un truc là…..

– Je le savais théoriquement, mais là, je le vis vraiment. Quelque chose s’est intégré.

– J’aurais aimé que tu me racontes ça, alors. Ça vaudrait le coup de creuser. Il est peut-être là, ton article.

J’avais déjà écrit un article sur les leviers de changement (comment se libérer des protocoles)  et sur ce qui fait que les gens changent. Mais pourquoi j’ai mis 5 ans pour arrêter de vouloir que mes clients changent selon mon cadre de référence ?

Qu’est ce qui a transformé ma pratique, et m’a enlevé cette sacrée pression ?

 

 

J’y ai pas mal réfléchi, et pour être tout à fait franc, il s’est passé tellement de choses dans ma vie cette année, (certaines très chouettes, d’autres beaucoup moins) que je serai incapable de savoir ce qui m’a fait changer, même si je constate qu’il y a eu, effectivement, un ajustement dans ma relation aux autres.

Je crois bien que j’ai arrêté de penser que j’étais supérieur aux autres, et à mes clients en particulier. Parce qu’au fond, j’avais beau jouer de la position basse et être apparemment humble, j’ai souvent eu cette tendance, pas forcement consciente, à faire sentir à mes clients que j’avais une longueur d’avance sur eux. Comme s’il était plus important pour moi de montrer mes compétences, ou d’impressionner par mon savoir, plutôt que de m’intéresser vraiment à eux. J’étais plus en relation avec mes peurs, mon impatience, et mon besoin de prouver, qu’avec mes clients.

Et si, avec tout le travail que j’ai fait sur moi, il m’a fallu  cinq ans pour intégrer des choses que je savais déjà théoriquement, j’imagine que nos clients aussi, ont besoin qu’on leur laisse du temps. Et à vouloir aller trop vite, ou forcer le changement, on est peut-être tout simplement contre productif.

Bien sûr, l’hypnose est très efficace pour diminuer le facteur critique de nos client, et leur faire des suggestions qui favorisent l’introspection, et agissent probablement comme des accélérateurs de prise de conscience. Mais même avec une super expertise, même en étant capable d’identifier les problématiques de nos clients, et avoir l’intuition de ce que pourrait être le chemin de leur résolution, aucun recadrage fait par un praticien, n’aura autant d’impact que celui que le client se fera à lui-même.

Chaque client a son propre processus d’évolution personnelle. Et c’est quelque chose qu’en tant que praticiens, nous négligeons souvent : le rythme de transformation du client. A quelle vitesse, il chemine, et intègre son changement. Et cela ne dépend pas du praticien.

Et si tu te demandes à quoi peuvent bien servir toutes ces thérapies que l’on appelle brèves, si nous ne sommes pas les vecteurs du changement de nos clients, et bien, c’est une bonne question. Peut-être bien qu’on sert à rien.

On ignorera toujours comment auraient évolués nos clients s’ils n’étaient pas venus nous voir.

D’ailleurs, comment est-ce que je sais si j’ai moins de problèmes dans ma vie aujourd’hui qu’il y a cinq ans , vu que je n’ai plus les mèmes références, ni les mêmes grilles de lecture qu’à l’époque ?

Alors, oui,  j’ai l’impression que je vais plutôt bien. Mais  dans quelle mesure ce n’ est pas juste un biais d’autoconfirmation pour me dire que j’ai choisi la bonne voie, et que j’ai bien raison de faire ce que je fais ?

Un de mes clients, après un an d’accompagnement bimensuel, m’a exprimé son souhait d’arrêter parce que, selon lui, il en était au même point qu’il y a un an, et qu’il pensait que tout le travail qu’on avait fait ensemble n’avait servi à rien.

Ca m’a beaucoup questionné.

Il avait pourtant vécu des séances spectaculaires, des transes incroyables, et avait eu de vraies prises de conscience, mais un an après, face à un évènement inattendu, il constatait que son ressenti, et sa manière de vivre ses problèmes étaient restés les mêmes.

Alors, apprenons à être vraiment humbles et patients, laissons à nos clients le temps de chercher, sans leur imposer nos grilles de lecture.

Parfois notre accompagnement portera des fruits sans que nous le sachions. D’autres fois, nous aurons l’illusion qu’il porte ses fruits. Comme avec certains clients qui reviennent, contents d’avoir changé, mais qui ont appris a exister en suivant bien les consignes. Et  c’est peut être ce conditionnement à être de bons élèves qui les fait souffrir. En croyant avoir réussi à les aider, puisque c’est ce qu’ils nous expriment, nous sommes peut-être juste en train de renforcer le système qui leur pose problème.

Dans mon cas personnel, j’ai tendance à croire que mon suivi thérapeutique m’a aidé à changer le regard que j’avais sur moi-même, et à remettre de la flexibilité dans un système où j’ai tendance à voir le monde en termes de supériorité et d’infériorité.

Et probablement que l’expérience de m’exposer cette année, à travers ce blog, et les cercles d’écriture libres que j’organise, ainsi que les stages et les formations que j’ai suivis et donnés, ainsi que les rencontres et les échanges, m’ont aide à oser m’exprimer, et m’autoriser à accepter ce que je suis.

C’est à dire un gars ordinaire. Qui n’a rien d’exceptionnel. Qui vit parfois plus dans sa tête que dans la réalité, et qui a des délires un peu mégalomanes.

C’est bizarre à écrire, mais c’est paradoxalement en acceptant mon besoin de tout contrôler, que j’ai pu lâcher du lest .

Et ça m’a vraiment soulagé.

Mon travail de métacognition, d’analyse, de réflexion et de connaissance de moi,  m’ai aidé à prendre conscience que tous mes problèmes, mes peurs, l’insécurité que je trimballe avec moi au quotidien, et toute la souffrance que j’ai vécue, ne font pas de moi un alien, ni un type bizarre, anormal ou différent. Juste quelqu’un qui a vécu des traumas d’abandon, et qui a fait comme il a pu pour s’adapter, en développant certains carapaces.

Je suis normal. Je suis juste quelqu’un d’ordinaire. Pas meilleur, ni supérieur à toi, ni à mes clients.

Et j’ai le droit d’être normal.

En étant plus cool et tolérant avec moi-même, j’ai appris à l’être aussi avec les autres.

Mon cœur s’est davantage ouvert.

Maintenant, tout ce que je t’écris là, ce sont juste des hypothèses, des tentatives théoriques pour expliquer un truc qui m’échappe encore.

Charles Bennet, scénariste d’Alfred Hitchcok, est arrivé un matin devant le maître du suspense débordant d’enthousiasme. Il venait de faire un rêve incroyable, persuadé qu’il tenait là une histoire digne d’un chef d’œuvre. Lorsqu’Hitchcock, curieux, lui a demandé de quoi parlait son rêve. Bennett, frustré, lui a répondu

Je ne m’en souviens plus….

Le lendemain, Bennett revient, encore plus abattu que la veille, et raconte à Hitchcock qu’il a fait le même rêve, mais s’est retrouvé frappé d’amnésie. Hitchcock lui suggère, s’il y a une prochaine fois, de noter son rêve pendant la nuit, avant qu’il ne lui échappe à nouveau.

A l’aube, Bennett, après avoir fait le même rêve,  s’est extrait de son sommeil, s’est précipité pour noter son rêve avant de se rendormir, enfin détendu et soulagé.

Le matin, sur son bloc-notes, il a lu cette phrase : boy meets girl. Un gars rencontre une fille.

C’est ainsi.

Dans nos rêves parfois des miracles se produisent.

Dans la réalité, on appelle ça le quotidien.

Très belle journée à toi.

Je suis curieux de savoir ce que cet article t’a apporté.

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