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Avant la fin de l’année, j’aurais écrit plus de 100 articles.

(Allez, un petit hip hip hip…. )

J’y ai abordé pas mal de sujets personnels :

– Le bien-être et le développement personnel (L’hypnose, l’accompagnement, la thérapie, la posture du praticien et celle du client)

– Des réflexions sur la création (l’art, le cinéma, l’écriture)

– Mon évolution personnelle :  mon exploration du (ou des) sens de la vie et du rapport à la mort, mon rapport à la violence, le sentiment d’appartenance à travers mes relations à mes parents et mes enfants, mon rapport à l’exil, à la famille, à mes origines et à mon héritage familial. 

– La question de la sexualité et du rapport à la honte, à l’acceptation  de soi, et à l’affirmation de ses propres désirs.

Quand j’essaye de trouver un point commun à tous ces articles, je dirais qu’ils parlent tous d’évolution, du désir d’’affirmation de soi.
J’essaye de m’y m’exposer de manière sincère et vraie, en y partageant mes interrogations sur le monde, et en m’aventurant peu à peu dans cet espace terrifiant et inconfortable pour moi, celui d’oser déplaire

D’autres fois, je me dis que tout ça c’est du blabla, et qu’il y a pas de rapport, ni de cohérence entre tous mes articles.

A part que j’y parle depuis moi.

Des fois je sais. D’autres fois, je sais plus.

Des fois je cherche. Et d’autres fois j’abandonne.

Souvent, je pense qu’il faut absolument qu’il y ait une cohérence dans ce que je propose. Parce que c’est un peu le but de l’écriture et de l’art au final : réorganiser le chaos du monde en lui donnant une forme et une structure intelligible, cadrée par un début et une fin.

Mais je constate que je ne suis pas toujours cohérent, que je me contredis, que j’ai pas vraiment de certitudes sur quoi que ce soit, alors à quoi bon trouver une quelconque cohérence ?

Quand bien même il y en aurait une, est-ce à moi de la trouver ?

Et comme de toute façon personne ne lira jamais tous mes articles, pourquoi vouloir trouver à tout prix des liens et un fil conducteur à mon blog?

Les gens piocheront. Ou pas. Et c’est très bien ainsi. Plutôt que de chercher des lien entre tous mes articles,  il y a une autre question plus intéressante à se poser.

Un jour, j’avais proposé à un ami de témoigner dans mon blog sur son rapport à la sexualité (bah oui, il y a aussi parfois des témoignages sur mon blog et aussi des textes de fiction, j’avais oublié). Il avait passé plusieurs jours à pondre un texte de 5 pages, dans lequel il s’était mis à nu, et y avait exprimé ce qu’il y avait de plus personnel et important pour lui.

Enfin, d’après ce qu’il disait.

Moi, en lisant son texte, je n’ai pas ressenti cela.

Et c’est alors que j’ai eu l’idée de lui poser une question.

Avant de publier ton texte, j’aimerais que tu prennes 10 minutes pour répondre par écrit à la question suivante :

Qu’est ce que tu n’as pas osé écrire, raconter ou exprimer dans tes cinq pages ?

Mon pote a d’abord écarquillé les yeux, rougi, et s’est marré.

Il a hésité. Dix minutes plus tard, il avait écrit un texte poignant, beaucoup plus viscéral et indécent que le premier.

Je lui ai demandé s’il était d’accord pour que je le publie tel quel.  Et avec courage, il a accepté.

Souvent, on s’accroche au premier jet comme s’il était l’impulsion la plus pure de notre art, ou la plus vraie de notre expression.

Ce n’est pas toujours parce qu’on  lâche le flow, qu’on se livre. J’ai de plus en plus tendance à considérer nos premier jets comme de simples dépoussiérages de notre art. Libérer cette couche superficielle de notre être est juste une passerelle pour accéder à des espaces plus profonds de notre vérité.

Tu penses avoir tout dit, tout exprimé ?
T’es sûr ? Et bien regarde encore dedans.

Donc, pour revenir à mon blog, de quoi je n’ai pas encore osé parler ? Quels sujets je n’ai pas abordés ?

Je ne me suis pas permis de vraiment parler de mon couple, de ma séparation, et de tous les questionnements fondamentaux que cela a ouvert.

Je n’ai pas encore évoqué mon expérience sur un site de rencontres.

Je n’ai pas vraiment parlé de mon rapport à mon corps et à ma sexualité.

Je n’ai pas non plus osé explorer mes sentiments ambivalents vis à vis des femmes, mêlés de désir, de fascination, d’attraction, d’incompréhension, de peur et de détestation.

Je n’ai pas non plus traité de sujets qui me semblent futiles, comme mon rapport compulsif à la nourriture, mes cheveux que je perds, ma peur de prendre du poids, et de vieillir.

Je n’ai pas non plus écrit sur le temps passé au quotidien dans les trajets en vélo, le métro, les courses au supermarché, la vaisselle. Tout ce temps que je considère parfois comme inutilement perdu.

Ah oui, et aussi un sujet dont j’ai jamais parlé, c’est la gestion des déchets. Tous ces trucs que je jette, que je recycle, ou que je conserve. Que faire des piles usagées, des boites en cartons, ou des enveloppes à bulle ? 

Récemment, j’ai retrouvé un boite remplie de câbles péritels dans l’appartement de mes parents. J’arrivais pas à me résoudre à les jeter. Pourtant je savais qu’ils ne serviraient plus jamais à rien.

Pareil pour des tas de vêtements et d’affaires appartenant à mes parents. Je les ai mis dans des cartons en me disant que je les donnerai à Emmaus.

Je l’ai toujours pas fait.

Et les super belles cravates de mon père. Il ne les portera plus jamais. J’ose toujours pas y toucher. Et ces centaines de romans égyptiens qui emplissent la bibliothèque familiale. Ça me fait mal au cœur de m’en délester.

En fait, quand je fais la liste de tout ce dont je n’ai pas parlé, bizarrement, j’y trouve un drôle de lien.

Ça parle de la perte.

Comment on gère la perte ?

Lorsque ma femme et moi avons décidé d’entreprendre une médiation pour gérer notre séparation, la médiatrice nous a prévenu.

Vous séparer signifie que l’un et l’autre, vous allez perdre des choses. Et c’est l’enjeu le plus difficile dans une séparation : accepter la perte… la sécurité de la relation, le soutien dans les moments difficile, une certain confort financier…

J’aimerais bien me convaincre que savoir perdre, c’est se délester des sacs de sables pour redonner de l’élan à notre montgolfière personnelle.

Mouais.

Pourtant, dès le début, la vie nous prévient que vivre c’est apprendre à perdre.

Les enfants en venant au monde, ils commencent bien par perdre leurs cheveux.

Et plus tard, ils vont perdre leurs dents de lait.

Ensuite, ils perdront l’enfance elle-même.

Quand ils seront bien vieux, avant de mourir, ils vont recommencer à perdre leur cheveux.

Puis leur mémoire.

Alors, en attendant, je vais en profiter pour écrire un tas d’articles. Comme ça, lorsque mon tour viendra de perdre la tête, je pourrais les relire tous, et me rappeler que j’ai existé.

Et peut-être même qu’à ce moment là, je pourrais enfin y trouver une cohérence.

Et toi alors, de quoi t’oses pas parler ? Qu’est ce que t’oses pas te dire, même à toi ?

Si t’as envie, prend une feuille, mets ton compteur sur dix minutes, et réponds à cette drôle de question

et si t’as envie de partager ce que ça t’a fait de faire cette expérience, je serai curieux de te lire dans les commentaires.

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J160 - Le droit à la détresse

« Quoi ? vous vous séparez, mais comment est ce possible ? Je n’arrive pas à y croire… On vous a toujours vus comme un couple modèle. »   C’est fou cette tendance que l’on a à idéaliser la vie des autres. A…

J159 - Te montrer vraiment

J’ai peur de déplaire. C’est une des propositions sur lesquelles nous avons écrit lors du précédent cercle. Commencer ton texte par cette phrase, et partir ensuite pour 10 minutes de flow ininterrompu, ça te fait partir…

J158 - T'es con, ou tu le fais exprès ?

- Mais enfin, t’es idiot ou tu le fais exprès ? J’ai 12 ans. Et Mme Burchill, ma prof de biologie nous emmène en forêt observer la nature, nous donnant comme devoir de la décrire. J'aperçois une araignée dont…
7 réponses
  1. nathalie
    nathalie dit :

    … Eh bien Namir, je crois que je vais répondre à ton invitation, partager ce qu’en ce moment je garde secret et qui pèse du plomb. Je viens de passer quatre semaines en région parisienne, quatre semaines à tous les après-midi aller à l’hôpital tenir compagnie à une personne chère qui ne peut plus se battre contre la révolte de son corps. Quatre semaine à sentir le déclin, l’envie de passer de l’autre côté et l’envie de s’accrocher de ce côté, la fatigue, la résignation et j’en passe. Quatre semaines à me dire qu’il fallait que je sois là, quatre semaines à redouter le moment de rentrer dans la chambre 118, à en avoir le ventre retourné. Quatre semaines à marcher des dizaines de kilomètres dans Paris brillant kitsch noélisé en sortant de l’hôpital, pour essayer d’évacuer les images d’horreur. Et puis il y a quelques jours, juste avant Noël, j’ai compris que peut-être ce n’était pas si bien que ça d’être là, pour moi, pour lui surtout. Je me suis dit qu’à sa place, je crois que j’aimerais qu’on me « foute » (désolée pour la grossièreté) la paix, j’aimerais savoir que ceux que j’aime soient en train de vivre fort et beau. J’ai pris une grande respiration, j’ai dit au revoir, j’ai embrassé, comme j’ai pu avec tous les tuyaux, j’ai refermé la porte, j’ai repris mon souffle, je suis sortie de l’hôpital, j’ai marché de la Porte de Saint Ouen jusqu’au centre de Paris, en pleurant et en souriant en même temps – curieusement, je me fichais bien du regard des passants – et j’ai rejoint une de mes filles dans un café près de la Comédie Française. J’ai commandé un verre de vin, on en a bu un deuxième. Je me suis sentie honteuse et heureuse de l’apprécier, j’ai envoyé ch… le garçon de café désagréable, chose que jamais je n’ose vraiment faire moi non plus (quoique l’âge avançant, j’y arrive un peu mieux). On a pris notre temps, on a marché encore, avec ma fille. Je me sentais vraiment bizarre. Et le surlendemain, nous sommes rentrées chacune chez nous, vers la Loire. J’ai pleuré de bonheur en ouvrant la porte de ma petite maison. Depuis, je me sens honteuse de me sentir (presque) bien toute seule chez moi, je me sens honteuse de ne pas être là-bas encore – pas honteuse, j’ai mauvaise conscience, j’ai mauvaise conscience vis-à-vis de sa famille, du jugement de sa mère et de ses frères, j’ai mauvaise conscience parce que la morale sociale veut qu’on se comporte autrement et en même temps, au fond de moi, j’ai l’intuition que c’est ce que je pouvais faire de mieux. Voilà, je ne sais pas si ça va mieux en l’écrivant, je m’en fiche un peu d’ailleurs. Mais Namir, je te remercie d’avoir laissé sur ton blog cet espace pour le faire. Je crois que sur le mien de blog, et même dans mes carnets, ces derniers jours, je n’y aurais pas réussi. Oui, merci vraiment. A très bientôt.

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    • Namir
      Namir dit :

      Merci pour ton partage, Nathalie. Et content que cet espace ait pu te permettre de partager ce secret. J’avais lu quelque part que la honte etait un désir inconscient de montrer ce qu’on ne peut pas montrer. je ne suis pas sur d’avoir bien compris cette phrase, mais elle m’a questionnée. Prends soin de toi.

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