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Tiens, à propos de fantômes, et pour faire suite à l’article d’hier, j’aimerais te raconter une histoire : celle d’un gars qui a envie de tout contrôler. Son travail, son poids, ses émotions, sa vie, et celle des autres.

Ce sera notre personnage principal.

Maintenant, trouvons lui un métier. Un métier dans lequel il puisse TOUT contrôler de A à Z

Mmh… Cinéaste ?

 

Super. Le métier idéal pour exprimer sa compulsion. Il peut ainsi créer des personnages à sa guise, ou même prendre des personnages existants et leur faire faire ce qu’il veut, inventer des univers, imaginer toutes sortes de scénarios, et prendre sur le plateau toutes les décisions importantes pour transformer son rêve d’histoire, en réalité filmée.

Il rencontrera ce sentiment de toute puissance qu’ont les Créateurs, quand ils deviennent Dieu, le temps d’un film.

Génial.

Maintenant, cherchons un conflit intérieur intéressant, pour pimenter l’histoire. Car pour qu’il y ait une histoire, il faut un problème. Un truc qui empêche notre héros d’atteindre son but.

Quelle problématique intéressante  pourrait empêcher notre cinéaste de faire des films ?

Le perfectionnisme ?

Ouais, pas mal. Alors on a un cinéaste qui veut tout contrôler et tout maîtriser, et qui, en même temps, n’est jamais satisfait, reprend, recommence, peaufine, mais ne termine jamais ses projets.

Ça y est. On commence à tenir un personnage intéressant.

Creusons. Allez un peu de psycho.

Pourquoi notre personnage a tellement envie, ou plutôt tellement besoin, de tout contrôler ?

T’as une idée toi ?

Ici, tu vois, c’est le moment ou on remonte dans le passé du personnage, pour y trouver une blessure d’enfance, une trahison, la perte de quelque chose, un abandon, un trauma…

Une question qui pourrait aider serait : Quel pourrait être le risque pour lui, s’il ne contrôlait pas ?

Si t’as des idées, je suis preneur !

 

En attendant, maintenant qu’on a un personnage, trouvons le décor. Ou plus exactement la situation. Quelle pourrait-être la pire situation dans laquelle mettre notre personnage pour l’aider à évoluer ?

Car souvent, t’as remarqué, dans les films, le héros doit affronter ce qu’il redoute le plus. Les meilleures situations d’apprentissage dans les films, et dans la vie, naissent de rencontres avec ce qu’on cherche  le plus à éviter.

Bah voilà. En répondant à toutes ces questions, on aurait un scénario.

Dans mon scénario à moi, mon personnage veut faire un film sur la mort de sa mère.  Flashback : quand cette dernière était malade, il lui avait promis qu’ils feraient bientôt un film ensemble, dès qu’elle serait rétablie. Bon, en fait, il se l’était surtout promis a lui-même.

Alors, après la mort de sa mère, il met toute son énergie dans la fabrication de ce film.

Bon, difficile de faire un film quand il y manque le personnage principal. Sauf si on croit que le cinéma peut ressusciter les morts. Et qu’il permet de recréer un monde qui s’accorde à nos désirs, et dans lequel on peut tout contrôler, y compris la vie.

Oui, mais voilà. La vie, c’est pas du cinéma. Et à un moment, notre personnage devra bien se rendre compte que ce film qu’il cherche à faire, ne lui permet pas d’éviter le manque et la souffrance.

Les gens meurent. Et nous n’avons aucun contrôle dessus.

Alors, c’est en rencontrant cette souffrance qu’il cherchait à fuir en s’attachant à la promesse fait à sa mère, que notre personnage fera un apprentissage essentiel :

Cette souffrance conduit vers une forme de paix, en laissant partir les gens qu’on aime.

Mais pour cela, notre héros devra traverser la perte de contrôle, l’abandon, et l’acceptation de sa vulnérabilité d’humain. D’orphelin, il empruntera le chemin qui conduit aux monde des adultes, et renoncera à réaliser ce film impossible.

Et c’est seulement alors qu’une nouvelle perspective s’offrira à lui : faire revivre sa mère avec un film est impossible. Mais raconter l’histoire d’un enfant perdu qui n’arrive pas à accepter la perte de sa mère,  et son cheminement vers l’acceptation, peut-être que ça pourrait faire un film…

L’histoire, d’une re-naissance, quoi.

Bien sur, toute ressemblance avec des personnages ayant réellement existé….

tu peux

 

 

 

 

 

 

 

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3 réponses
  1. Valérie
    Valérie dit :

    Ce que je me reconnais dans ce que tu racontes-là… c’est juste affolant !
    Moi ce sont mes enfants qui m’apprennent à laisser partir… mon fils parti à 12000 km de chez moi quand il avait 11 ans, et aujourd’hui marin, toujours barré quelque part en mer ; ma fille partie pour de bon.
    La vie nous propose de vivre ce qu’on redoute le plus. C’est un peu comme dans les films…

    Répondre

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  1. […] Dans mon blog, j’ai parlé d’écriture, de création et de mon lien avec le cinéma (à un moment ou finissais justement mon scenario de film) et cela a donné des articles comme ressusciter les morts. […]

  2. […] En ce moment, avec ma scénariste, nous écrivons un  film. J’y raconte, sous forme d’autofiction, le long cheminement par lequel je suis passé après la mort de ma mère. Le processus d’écriture de ce nouveau film a été très thérapeutique, et m’a beaucoup fait évoluer sur le deuil de ma mère, mais aussi sur ma relation à l’Egypte, et sur mon rapport au cinéma (j’en parle dans cet article). […]

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