Parmi les enseignements de l’Advaita Vedanta, dispensés par le maitre hindou Sri Nisargaddata Maharaj figurent les principes suivants :

– Remets toujours tout en question.

– Pour savoir qui tu es, commence par savoir qui tu n’es pas.

– Tout ce que tu crois être, tu ne l’es pas

Par exemple, tu peux commencer par compléter la phrase suivante.

Je suis…

Et noter les 10 premières réponses qui te viennent.

Je suis Namir
Je suis un homme
Je suis égyptien
Je suis le fils de mes parents
Je suis père
Je suis sensible
Je suis à l’écoute
Je suis insécure
Je suis anxieux
Je suis seul

Tu auras ainsi la liste de tout ce que tu crois être. C’est à dire, selon le maître Maharaj, tout ce que tu n’es pas.

Avant d’aller plus loin, je t’invite à prendre une feuille et un crayon, et tester.
Écris tes réponses en étant le plus sincère, et le plus vrai possible. Ça ne te prendra pas plus de deux minutes.

Évidemment toutes ces affirmations te semblent vraies. C’est normal. C’est pour cela que notre mental est là : nous rassurer en nous raccrochant aux branches de l’arbre de l’illusion, et éviter le chaos originel.

Prenons un exemple simple.

Je suis Namir

Est ce que c’est vrai ? Première réponse : oui,evidemment.

Namir est un prénom que mes parents ont associé a mon être, et qui à force de répétitions s’est ancré à mon identité.

Stephen Wolinsky propose une approche simple pour t’amener à rencontrer l’espace intérieur depuis lequel ces affirmations n’apparaissent ni comme ni vraies, ni comme fausses.
Son approche consiste à te reposer plusieurs fois la même question en boucle, de façon hypnotique, pour t’aider à être pleinement immergé dans l’expérience, et rencontrer cet endroit en toi, ou tu ne peux plus répondre a cette question.

Ce n’est pas un jeu de l’esprit, ni une démarche intellectuelle ou ludique. C’est une expérience physique, organique.

– Qui es tu ?

– Je suis un homme.

– Maintenant, en faisant abstraction de tes pensées, de tes croyances, de tes souvenirs, de tes émotions, de tes associations, de tes perceptions, de tes attentions et de ton intention, es tu un homme, une femme, ou ni l’un ni l’autre ?

Imagine cette question posée en boucle sur chacune de tes réponses. A un moment tu te retrouves devant le bug. Le blank. L’impression d’une porte qui s’ouvre vers l’inconnu.  C’est vertigineux d’être incapable de répondre à la question de ton prénom, de ton identité sexuelle, et de tous les fondements de ton identité.

Et quand toutes les affirmations que tu as sur toi, s’effritent, s’effondrent, et ne font soudain plus sens, devine ce qu’il reste, une fois que tu as écarté tout cela.

Rien.

C’est à dire Toi.

Pas le « toi », qui est le miroir du « moi je », mais le « toi », qui parvient à traverser le mur du vide, de la peur, et du chaos. Le toi, que Nisargadatta appelle le « Je suis » ou le « non verbal I am » (je ne sais pas comment traduire ce concept)

Je t’invite à jeter un œil à ce pdf gratuit de Stephen Wolinsky qui risque de te retourner le cerveau, si tant est qu’il existe un sens dans lequel il y ait un endroit, et un envers :

http://stephenhwolinskyphdlibrary.com/downloads/Reflections%20of%20the%20Absolute.pdf

Poser une même question en boucle pendant 10 minutes, sans lâcher ton client, est un principe inductif puissant en soi. Il te fait bugger, te déstabilise, t’aide à prendre conscience de tes mécanismes et stratégies de défense, pour mieux te connaître.

En général, les premières réponses que tu donnes à une question sont celles que tu crois vraies. Mais le fait que l’on te repose la même question à nouveau, va t’amener à creuser encore plus, aller plus loin, parfois dans des endroits inconnus de toi.

Jusqu’à prendre conscience par toi-même, et sans recadrage extérieur, des histoires que tu te racontes sur toi-même. Et puis, c’est aussi une expérience libératrice de constater que ce que tu n’es pas en insécurité quand tu te retrouves face à la confusion, au silence, ou a l’incapacité de répondre à une question.

Tu peux utiliser le principe de la boucle inductive, sut tout un tas de questions. Je t’en propose quelques unes que je trouve particulièrement intéressantes à explorer :

Qui es tu vraiment au fond ?

Quel être sexuel es tu ?

Comment caches-tu tes peurs ?

Qu’est ce que tu ne peux pas abandonner ?

Qu’est ce que tu ne peux pas dire ?

Qu’est ce que tu n’entends pas ?

Qu’est ce que tu ne dois pas oublier ?

Qu’est ce que tu n’aimerais pas qu’on sache de toi ?

Tu peux prendre chacune de ces questions et partir sur une boucle hypnotique de dix minutes. Tu peux évidemment faire cet exercice seul. Ou en duo avec un binôme de confiance. Ce qui est intéressant dans cet exercice, c’est que la manière dont tu réponds à la question, est parfois déjà la réponse

Récemment, par exemple, je faisais l’exercice avec un ami. Je lui ai demandé, en boucle :

Comment caches tu tes peurs ?

Il s’est alors mis a réfléchir, pour chercher une réponse intelligente à la question. Après plusieurs réponses intelligentes, il s’est rendu compte de ce qu’il était en train de faire : chercher des réponses intelligentes, était un de ses moyens de cacher ses peurs.

Quand il a pris conscience de cela, il a ri.

Et quand à nouveau je lui ai reposé la question, il a pris conscience que son rire était aussi un moyen de cacher ses peurs.

A partir du moment ou tu arrives a percevoir tes mécanisme, tu peux t’en dissocier, et en devenir l’observateur. Et c’est sacrément éclairant quand tu commences à te rendre compte par toi même comment tu fonctionnes, et que tu t’approches un peu plus de qui tu es vraiment.

Même si le maitre Maharaj te répondrait :

Chaque fois que tu crois avoir trouvé une réponse, tu n’as rien trouvé,

Tout ce que tu crois être, tu ne l’es pas.

 

 

 

 

 





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4 réponses
  1. Daniel
    Daniel dit :

    Qui je suis ?
    Si parfois je m’exprime, je sais aussi qu’il existe un je (jeu) caché. Un peu comme si je retenais des atouts de mon je(u) pour ne pas me révéler. C’est comme ce mot révéler, est-ce un rêve ailé qui n’ose pas s’envoler par manque de z’ailes.
    Quel est le je, moi, qui parle et se met en avant ou pas ? Qui prend le micro aujourd’hui ? Qui s’exprime ? Etais-je un autre moi-même hier ? Ou peut-être il y a eu plusieurs intervenants qui se sont partagés la journée. Moi, face à mes collègues. Je n’ai pas forcément le même je(u) en fonction de certains. Le jeu est plus facile avec certains qu’avec d’autres. Les jeux sont serrés et jeu m’enferme donc dans un je improbable, que je ne connais pas. Est-ce que le jeu en vaut la chandelle ? Ou dois-je me forcer à exprimer qui je suis en me brulant à cette bougie, révélateur d’une part de moi qui demande à sortir de l’ombre. Est-ce qu’être l’ombre de soi-même n’est justement pas cette petite lueur (d’espoir ?) qui cherche à montrer le bout de son nez en cette géniale circonstance, la communication entre deux je ?
    Je ne sais que répondre.
    Et vous quel part de je(u) exprimez-vous ?…

    Répondre
  2. nathalie
    nathalie dit :

    … Wolinsky (je découvre) et l’Advaïta Vedanta (ça fait un petit moment déjà), c’est pas évident à approcher.
    Dans le genre, pour se retourner le cerveau, moi j’aime bien les Taoïstes. Zhuang Zi et ses histoires en particulier. Tiens, un petit exemple :

    « Lumière Eclairante demanda à Inexistant s’il existait ou non, n’obtint aucune réponse et observa attentivement l’apparence d’Inexistant. Elle ne nota que vide et obscurité, le regarda toute la journée sans rien voir, l’écouta sans rien entendre, le palpa sans rien saisir, et dit : « Suprême ! Qui peut y arriver ? Je puis le concevoir comme inexistant, mais je ne puis néantiser le néant. Il est un néant néantisé. Comment y arriver ? »  »
    (Le rêve du papillon – Oeuvres – Tchouang Tseu – Traduction de Jean Jacques Lafitte – Albin Michel)

    Hum …

    Bonjour Namir !

    Répondre

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  1. […] Cela me fait penser à l’un des préceptes de l’Advaita Vedanta dont je parle dans cet article : https://www.active-change.com/jj59-la-boucle-hypnotique […]

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