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Quand je me suis formé à l’hypnothérapie, j’ai découvert un protocole qui a révolutionné ma pratique de l’accompagnement : la régression hypnotique et le travail avec l’enfant intérieur.

QUELQUES PRÉCISIONS AVANT D’ALLER PLUS LOIN

Prenons le cas d’un enfant maltraité par une mère qui le frappe lorsqu’il a des mauvaises notes.

Souvent, malgré la souffrance que les parents leur infligent, les enfants leur restent très attachés. Cet enfant va peut-être même développer des croyances du type : « Si ma mère me frappe quand j’ai des mauvaises notes, c’est parce qu’elle m’aime. » Il y a alors une confusion qui va se créer chez lui entre l’amour, et la relation violente que son parent entretient avec lui.

Plus tard, cet enfant pourra peut-être croire, à un niveau inconscient, que pour maintenir un lien d’amour avec sa mère, il devra, par loyauté, échouer (avoir de mauvaises notes). Il se retrouvera alors à avoir des stratégies d’échecs et d’auto-sabotage, sans réellement comprendre pourquoi.

Et probablement que cela aura aussi une incidence sur sa relation amoureuse, où il se retrouvera parfois à intégrer le rôle de sa propre mère maltraitante.

Alors, lorsque ce client, devenu adulte, viendra consulter un thérapeute, il lui dira peut-être que son problème, c’est qu’il souffre dans sa relation de couple, sans être forcément conscient de tout le contenu souterrain qui génère sa problématique.

C’est là ou le praticien fera appel à des outils comme la régression hypnotique pour faire émerger la problématique.

 

RETOUR VERS LE FUTUR

Le travail en régression consiste à faire voyager le client dans son passé, pour lui faire rencontrer une version de lui plus jeune, généralement un enfant, souvent blessé ou bloqué dans une souffrance, pour dialoguer avec lui, en prendre soin, le rassurer, se réconcilier avec lui, ou être rassuré par lui.

Dans le cas cité ci dessus, le client pourra par exemple rencontrer l’enfant qui n’a pas appris à faire la distinction entre « être aimé de maman » et « échouer » pour lui transmettre un nouvel apprentissage, qui l’aidera à revisiter en profondeur le sens qu’il donne à l’amour.

J’ai longtemps privilégié le travail en régression avec mes clients. Il donnait souvent lieu à des larmes de libération, et je constatai avec un réel émerveillement comment la réconciliation du client avec cet enfant intérieur apportait beaucoup de bien-être qui se traduisait par des changements réels dans la vie présente du client, et son interaction avec le monde et les autres.

Du moins, c’est ce que je croyais.

Bien sûr, il arrivait que dans certains cas, cet enfant intérieur ait des comportements très étranges envers le client, ou que certains clients résistaient à cette réconciliation, cela était plutôt l’exception.

LA DÉFLAGRATION QUI A TOUT REMIS EN QUESTION

Un jour, j’ai découvert un livre de Stephen Wolinsky qui est venu littéralement dynamiter mes croyances sur l’accompagnement, et remettre en question le travail que je faisais jusque là avec l’enfant intérieur.

Stephen Wolinsky dans son ouvrage «The dark side of the inner child » : la face sombre de l’enfant intérieur propose une définition intéressante de ce que l’on appelle communément « enfant intérieur »

Selon lui, l’humain dans sa posture d’adulte la plus éveillée adopte face au monde et à lui-même une position d’observateur. C’est cet observateur – on pourrait dire la version la plus sage de nous – qui crée la réalité subjective interne que vit la personne.

Parfois cet observateur est confronté à un évènement traumatique, il a alors une réaction.

Et c’est cette réaction que Wolinsky appelle : l’enfant intérieur.

Pour le dire autrement, notre système nerveux central, qui a pour mission d’organiser le chaos, crée dans un contexte de menace, une identité : celle de l’enfant intérieur, qui est la stratégie de notre système nerveux pour affronter la vie, quand l’environnement, ou la famille est dysfonctionnelle.

Cet identité nommée “enfant intérieur” (et qui peut-être considérée comme un ensemble de mécanismes de défenses) se réactivera alors dans des situations similaires.

Un peu comme un mauvais rêve dans lequel l’adulte observateur s’endort pour laisser place à un film dans lequel il rejoue en boucle la même scène, sans être capable d’en sortir.

Et dans ce film, l’observateur endormi, fusionne avec cette image de l’enfant intérieur. Il croit alors que l’enfant intérieur et lui ne font qu’un.

LA TRANSE EST LE PROBLÈME

Si je reprends l’exemple d’un enfant victime de violence parentale : pour survivre et supporter cet environnement insécure, son mécanisme de défense (que Wolinsky appelle la transe de l’enfant intérieur) sera d’apprendre à se dissocier de la douleur physique. Et de son corps.

Il va développer un état hypnotique pour fuir la réalité. C’est cela que Wolinsky nomme transe.

Une fois cette transe de l’enfant intérieur mise en pilote automatique, l’enfant se retrouvera souvent, une fois devenu adulte, à rêvasser, à se déconnecter de ses émotions, ou à être absent de ses relations affectives.

Dans ces moments, l’adulte est “hypnotisé” par l’enfant intérieur, qui a pris le contrôle sur lui, et cherche à lui faire éviter de vivre le sentiment de menace, auquel il a essayé d’échapper enfant.

Cette réactivation automatique de la transe est l’expression d’une stratégie qui maintient l’adulte prisonnier d’un ancien système de croyances. Et ce système n’est peut-être plus du tout adapté à l’environnement et au contexte présent de l’adulte.

Wolinsky va plus loin que ça dans sa réflexion. Il affirme que s’identifier à l’enfant, qui a été créé pour résister au chaos, peut difficilement faire autre chose que de créer encore plus de chaos dans notre univers subjectif, et dans le monde extérieur.

Car cet enfant intérieur nous prive de notre vraie nature. Nous ne sommes pas cet enfant, mais bien les créateurs, ou du moins les observateurs de cet enfant.

Voilà pourquoi, selon lui, nous devons apprendre à dire au revoir à cet enfant intérieur, et travailler de manière adulte en acceptant le chaos (l’état de confusion ) :  en étant capables de vivre des situations, vécues jusqu’alors comme intolérables, sans recréer automatiquement la transe de l’enfant intérieur.

LES ÉTAPES CLÉS DU CHANGEMENT

En régression hypnotique, voilà ce qui se passe généralement quand on amène le client à rencontrer l’enfant intérieur.

Cette rencontre à deux objectifs :

  • Rassurer l’enfant. L’aider à se sentir plus en sécurité. En lui disant :  » Je te vois, je t’entends, et c’est terrible ce que tu as vécu. » Pour qu’il y ait une reconnaissance de sa souffrance.
  • Aider le client adulte à se dés-identifier de l’enfant, en créant une prise de distance. Car à partir du moment où le client est  capable de dialoguer avec  cet enfant, il n’est plus l’enfant.  Il est l’adulte qui regarde l’enfant. Il commence à retrouver sa position, d’observateur.

Réveiller l’observateur permet ainsi de se libérer de l’enfant intérieur blessé qui vous hypnotise.

Jusqu’alors, dans mon travail avec l’enfant intérieur, je m’étais arrêté à la première étape. Le livre de Wolinsky m’avait alors amené à prendre conscience que mon travail maintenait, d’une certaine manière, encore le client dans son problème.

NE DIS RIEN À PERSONNE

Yasmine, une de mes clientes, s’était un jour sentie agressée, lorsque son mari avait convoqué, sans la prévenir, la femme de ménage.

Elle avait besoin d’être seule ce jour-là, et s’était retrouvée avec cette présence non voulue dans la maison.

Elle a alors ressenti une grande angoisse. Selon ses mots, elle s’était sentie envahie par la présence de cette femme de ménage, incapable de lui demander de s’en aller, ou de revenir un autre jour.

J’ai cru percevoir ici les signes d’un épisode traumatique. Paralysée dans une souffrance, mêlant sentiment d’intrusion, violence, colère contre son mari qui avait oublié de la prévenir, je lui ai demandé ce qui l’avait empêché de demander à la femme de ménage de revenir plus tard.

– Ça ne se fait pas. Cette femme de ménage est pauvre, et a besoin de gagner sa vie. Je n’ai pas le droit de lui demander quoi que ce soit. Mon attitude aurait été très égoïste et puérile, comme une petite fille capricieuse et privilégiée.

– Très égoïste et puérile ? Comme une petite fille capricieuse et privilégiée ? Et à votre avis, comme ça, sans réfléchir, quelle âge elle pourrait avoir, cette petite fille…..

– Euh…. Je ne sais pas…. 6 ans…. (les yeux de la cliente s’écarquillent, sa respiration se bloque)

– Yasmine, vous êtes où, là ? Qu’est ce qu’il se passe pour vous ?

Yasmine était partie dans une régression spontanée. Elle s’est retrouvée dans sa maison d’enfance. Agée de 6 ans. Un de ses oncles était rentré à l’improviste dans sa maison, alors que ses parents étaient absents, et l’avait agressée sexuellement. En lui répétant cette phrase

– Surtout, ne dis rien à personne. Sinon il t’arrivera malheur.

Yasmine, avait tout de même eu le courage de raconter cet épisode à sa mère. Celle-ci l’avait alors traitée de menteuse, et sévèrement réprimandée.

Ma cliente face à la femme de ménage, n’était plus dans sa posture d’adulte. Son observateur intérieur avait fusionné avec l’identité de cette petite fille terrorisée et impuissante face à l’intrusion de son oncle, à la suggestion post-hypnotique de l’agresseur, et à la réaction de sa mère.

Aider un client à réveiller son observateur endormi, lui permettra de prendre du recul, et de l’aider à se reconstruire, en apportant d’autres perspectives au chaos qu’a vécu l’enfant. Un autre regard. Une autre compréhension. D’autres ressources. Et probablement aussi d’autres interprétations de l’histoire.

Généralement, cela permet un nouveau dialogue entre l’enfant intérieur et l’adulte.

Et une nouvelle configuration d’équipe, dans laquelle il n’y a plus de prise de pouvoir de l’enfant paniqué. L’enfant est rassuré, et se sent un peu plus en paix, car il n’est plus prisonnier en boucle de la situation traumatique.

LA SOLUTION RADICALE À TOUS VOS PROBLÈMES

Mais rappelons nous que, pour Wolinsky, l’existence même de cet enfant intérieur est l’expression d’une réaction traumatique. Il ne serait donc pas illogique de considérer qu’une des étapes de la thérapie consisterait à aider cet enfant intérieur a disparaître.

C’est ce qu’à un jour essayé un de mes collègues thérapeute, et de façon radicale.

Il avait une angoisse à accepter les compliments, et des problématiques de honte liées à un épisode traumatique de l’enfance.

– Et si on le butait, cet enfant intérieur ?
Vu qu’il est l’expression du problème, si on bute ce fils de p…, il devrait plus y avoir de problème.

Et c’est ce qu’il a fait.

Lors d’une séance d’hypnose, il a donc décidé de tuer son enfant intérieur, en lien avec cet événement traumatique. La scène ressemble à celle d’un film d’horreur.

Un massacre. En bonne et due forme. Avec rituel. Démembrement du corps. Incinération. Funérailles.

Et bye bye, l’enfant intérieur.

A l’issue de cette séance, mon collègue est parti jubilant et heureux. Avec le sentiment d’avoir accompli un grand changement dans sa vie.
Il ne restait plus qu’à voir, comment sa problématique allait évoluer désormais.

Deux semaines après la séance, mon collègue était de retour furieux.

-Il est revenu.

-Qu’est ce qui est revenu ?

-Ce fils de p….. Il est même pas mort. Et j’arrive toujours pas à accepter les compliments !

Nous en étions arrivé à une conclusion simple. L’enfant intérieur ne meure pas aussi facilement.

Et soudain, l’image d’un film a refait surface dans mon esprit.

LA SOLUTION EST TOUJOURS DANS LES FILMS

A un moment dans le film E.T. de Steven Spielberg, l’extra-terrestre est sur le point de mourir. Eliott le petit garçon est prêt à tout pour le sauver.

Et il comprend alors que le seul moyen de sauver E.T., c’est de l’aider à rentrer chez lui, à quitter la terre, car ce n’est pas sa place, pour rejoindre sa planète.

Elliott sauve E.T. en l’aidant à partir à jamais. Et par la même occasion, Elliott meure à lui-même, laissant partir cette part d’enfance, pour entrer dans le monde des grands.

Peut-être en est-il de même pour l’enfant intérieur. Le meilleur moyen de s’en occuper, c’est de lui donner envie de partir.

Certains parents protègent tellement leurs enfants qu’ils ne les aident pas vraiment à à se détacher. Je me souviens d’un roman terrible de Boris Vian, intitulé « l’herbe rouge » ou une mère finissait pas enfermer son enfant dans une cage aseptisée pour le protéger des microbes. Et il finissait par en mourir.

Aimer les enfants, c’est peut-être leur donner les ressources dont ils ont besoin, pour grandir, devenir autonomes, et qu’il se décident par eux-même à partir.

Est-ce que l’aimer pourrait être une solution ?

Accompagner l’enfant intérieur, non pas pour le garder auprès de nous. Juste pour lui donner envie de grandir, et qu’il parte de lui-même.

Qu’il réalise que nous n’avons plus besoin de lui, et qu’il est suffisamment en sécurité pour vivre sa vie. Pendant que nous retrouvons notre position d’adulte observateur.

Il restera, une fois l’enfant intérieur parti, à se demander comment gérer l’espace vacant.

UNE NOUVELLE PERSPECTIVE RÉJOUISSANTE

Lorsque j’ai compris qu’avec mes clients, j’abordais le travail en régression dans l’optique de relier l’adulte et l’enfant, la ou Wolinsky suggérer de les délier, ça m’a foutu une sacrée claque.

Et une sacrée leçon aussi.

Depuis, je travaille différemment avec les régressions.
Et j’ai de bons résultats.

Et je constate souvent chez mes clients des larmes de libération, et je suis heureux de les aider à aller vers un bien-être.

Et cela ne marche pas avec tous mes clients. Il y a toujours des exceptions, pas vrai ?

LA DÉCOUVERTE LA PLUS IMPORTANTE

Tu sais, ce que j’ai le plus appris, grâce à Wolinsky ?

Au delà même de la question de l’enfant intérieur. C’est à quel point ce livre, en remettant en question ma vision de l’accompagnement, et des principes que je tenais pour vrais et efficaces, a activé des mécanismes de défense très forts chez moi.

J’y ai d’abord résisté de manière radicale, redoutant le chaos et l’effondrement.

Avant de le tester, de l’accepter, et le tenir pour vrai aujourd’hui.

Cela m’a permis d’apprendre, que ce que je crois vrai aujourd’hui, sera sans doute infirmé demain.

Alors, si toi aussi, tu as tendance à rechercher la sécurité de théories solides dans tes accompagnements, et que cela t’amène parfois, sans même t’en rendre compte, à forcer la réalité à s’adapter a ton système de croyances, à enchaîner les formations pour découvrir de nouveaux protocoles, demande toi si cela n’est pas justement une transe de ton enfant intérieur qui lutte contre la peur du chaos.

Ce n’est pas tant l’enfant intérieur qu’il faut tuer. Le titre est sans doute provocateur. Mais notre besoin de nous accrocher un peu trop à des théories, et des visions attirantes, et à chercher à leur donner raison coûte que coûte, au détriment de cette matière insaisissable qu’on appelle réalité.

Et tu n’es vraiment pas obligé de me croire.

Un bon remède à cela, c’est de t’entraîner à remettre en question tes certitudes. Tu peux par exemple discuter avec une personne dont tu ne partages pas du tout les croyances, et qui t’irrite, et te demander en quoi elle a plus raison que toi, ou du moins autant.

C’est un effort. Ça gratte. C’est difficile.

Comme c’est difficile de parfois se taire quand on est persuadé d’avoir raison.

Dans mon quotidien, j’utilise l’écriture créative comme une hygiène pour apprendre à développer un état d’esprit flexible, et m’entrainer à remettre en question mes certitudes, en particulier celles qui se trouvent dans mon angle mort  (cet article pourrait t’intéresser), c’est à dire invisibles à mes yeux.

C’est ce que je transmets dans tous mes stages, et que j’essaye de mettre en application dans mon blog, et mes articles.

Voila pourquoi ile me parait important, quand tu as une théorie qui fonctionne, d’avoir toujours en tète qu’elle n’est qu’une grille de lecture, imparfaite. Comme nous.

N’hésite pas à me faire part de tes réactions : tes commentaires m’aident à faire vivre ce blog. Parfois même, de nos échanges pourra naître un article.

Et soutiens moi en partageant l’article que tu as préféré dans tes réseaux.

Et si tu veux explorer à ton tour l’écriture, jette un oeil à  Inspirateur – mon programme en ligne.

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18 réponses
  1. lili
    lili dit :

    Un jour, j’ai croisé une femme qui avait une enfant intérieure adulte. Son enfant spontanée, un peu candide et très enthousiaste était aussi grande qu’elle ! C’était la première fois je crois que je voyais une enfant aussi fleurie.

    Peut-être qu’un petit enfant intérieur dans un corps d’adulte, c’est juste un enfant traumatisé qui s’est arrêté de grandir pour pas devenir comme l’adulte qui l’a traumatisé? Et si cet enfant avait juste besoin d’un coup de pouce pour rattraper la croissance qui lui a manqué?

    Juste une hypothèse, comme ça…

    Répondre
  2. Nouria
    Nouria dit :

    Alors moi ce qui m’interpelle, c’est que dans le début de ton article, quand tu parles de ta pratique avant de remettre en question cette notion d’enfant intérieur, tu dis que ça marchait, qu’il y avait de bons résultats ,du bien-être et des changements réels dans la vie présente de tes consultants.
    Et puis après le bouquin la grosse claque et le changement d’approche dans ta pratique, tu dis aussi avoir de bons résultats, que ça fonctionne.
    Ça me rappelle un grand questionnement que j’ai eu à un moment donné.
    J’avais rencontré une personne qui faisait de la réflexologie plantaire et palmaire et qui avait appris avec une méthode vraiment différente de celle qui m’a été enseignée. On avait comparé nos planches , et on s’était rendu compte qu’elles étaient vraiment très différentes.
    Certains points et zones se recoupaient, mais d’autres étaient vraiment carrément pas du tout placés au même endroit.
    Et pourtant…ça marche…dans les deux cas…
    Ça m’avait vraiment ébranlée de me dire que là où moi je pensais avoir une action sur le pied , elle elle l’avait sur le la main gauche pour caricaturer, et que pour elle comme pour moi, il pouvait y avoir des bons resultats.
    Ça m’a amené à vraiment me poser la question : mais qu’est ce qui fait que ça marche??
    Peut être que c’est juste la relation thérapeutique, la confiance , le désir de chacun pour que ça marche et que peut-être peu importe la forme, la méthode…
    En tous cas ça interroge vraiment.
    À ton avis , comment tu peux avoir des résultats positifs avec deux approches différentes?
    Est ce que la manière dont tu le présentes à tes consultants y est pour quelque chose? Est ce que la qualité de relation et de synchronisation n’en n’est pas plus responsable?
    Quoi qu’il en soit ,oui,c’est super intéressant de remettre en question nos certitudes, même si parfois très perturbant.
    Une certitude c’est quelque chose de figé, c’est une zone de « mort » en quelque sorte parce que la vie , elle, n’est que mouvement,tout le temps…

    Répondre
    • Valérie
      Valérie dit :

      Pour moi c’est très clair : la relation permet le changement. Le reste, c’est du décor.
      … Mais la rencontre est conditionnée par la conviction d’être au bon endroit. D’où l’importance de croire en ce qu’on fait, croyance qui évolue (dans le meilleur des cas…)

      Répondre
    • Namir
      Namir dit :

      AH, je l’avais jamais perçu comme ça
      quelle horreur : E.T est mort d’une grippe dans son vaisseau spatial avant d’arriver chez lui….
      bouhouuuu

      Répondre
  3. Patrick M
    Patrick M dit :

    Hello Namir.
    Super intéressant cette remise en question.
    J’en ai une, d’ailleurs, de question : l’enfant intérieur naît-il toujours d’un traumatisme ?
    Oui d’après Wolinsky pour qui, si j’ai bien compris, il est au fond un « ensemble de mécanismes de défense » qui hypnotise l’adulte plus tard. Mais y’a-t-il aussi une version de l’enfant intérieur, ou une part de lui, qui pourrait être non traumatique, non traumatisée – et donc non traumatisante, et qui serait plus l’expression de qui nous sommes enfant, au plus proche de nous-même, avant d’intégrer plein de croyances, principes, règles de fonctionnement et comportements venus de l’extérieur ?
    Je sais qu’il n’y a pas de réponse binaire à cela et que nous sommes dans des symboliques, mais je me pose la question pour l’accompagnement, si cette symbolique d’enfant intérieur parle à la personne, et qu’elle n’est pas liée à un trauma, et donc, comment travailler avec.
    Je ne sais pas si je suis clair.
    Merci, en tout cas.

    Répondre
    • Namir
      Namir dit :

      Super question sur laquelle je me suis pas penché.
      De ce que j’ai compris, l’E.I. de Wolinsky n’est pas une creation consciente du client, mais réellement un automatisme. D’ailleurs en seance, il emerge souvent un peu tout seul, sans qu’on aille le chercher.
      donc deja, ca depend de la definition meme d’enfant interieur.

      Y a plein de disciplines ou en effet, on valorise l’enfant interieur comme la version idealisée de nous, un symbole de la pureté, de l’innocence, et du côté artistique. Je sais pas trop quoi en penser à vrai dire.
      Faut voir, si c’est utile et si ca fait du bien au client. Si c’est une ressource utile, tant mieux. Comme peut-l’être un ange gardien, ou un baobab interieur.
      Dans mon experience personnnelle, je n’ai vu que des enfants blessés, en manque d’amour et d’affection. Mais je ne peux pas generaliser.

      Dans ton « qui nous sommes enfant », il y a plein de présupposés qui me posent question. Pour moi, nous sommes des processus en evolution. L’enfant est une étape de cette évolution qui ne devrait etre ni meilleure ni pire que la suite. Je trouve bien plus genial d’etre adulte personnellement. Ayant la croyance que la naissance est déjà a la base un traumatisme, je ne vois pas vraiment l’enfant comme non traumatisé. L’enfant vit plein d’angoisses super flippantes : il voit son corps se transformer, il est confronté a sa petite taille et la peur des adultes, à l’impuissance, à la conscience de la mort de ses parents. Juste, s’il a de la chance d’etre bien entouré, il se sent en sécurité du fait qu’il n’a pas trop de responsabilités sur sa vie, et ca peut l’aider a se construire et prendre confiance dans la vie.

      Je sais pas si ça t’aide.
      Je ne te partage que mes questionnements.

      Répondre
  4. Dimitri
    Dimitri dit :

    Merci Namir pour ce rendez-vous quotidien. Quel plaisir d’avoir la possibilité d’écouter chaque jour un nouvel article (j’aime bien les versions audio).
    Ta réflexion du jour m’a permis de me questionner sur « qu’est-ce que je prenais pour vrai et que j’ai radicalement changé dans ma pratique d’aujourd’hui ». De manière assez évidente, j’ai pensé aux arrêts de tabac. Au début de ma pratique, lorsque quelqu’un venait au cabinet pour arrêter de fumer, je m’interdisait catégoriquement de travailler sur le symptôme, dans un premier temps en tout cas. Je cherchais toujours à travailler sur ce qui se cache derrière cette consommation tabagique. Force est de constater que même si un travail souvent bénéfique sortait de ces séances, j’avais relativement peu de bons résultats sur l’arrêt de tabac en lui-même, malgré des séances qui avaient tendance à se répéter. C’était pourtant ça, la demande de base et de ces clients. En prenant un peu de recul, j’ai bien dû admettre que les séances les plus efficace sur cette problématique étaient celles qui fonctionnait du premier coup.
    J’ai donc totalement modifié mon approche, on pourrait même aller jusqu’à dire que je l’ai inversé. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, je commence par un travail sur le symptôme (la consommation de cigarettes) et si quelque chose d’autre sort pendant la DO ou la phase de travail, alors je modifie la priorité.
    Depuis ce changement qui s’est fait progressivement, j’obtiens de bien meilleurs résultats. Il arrive régulièrement que les personnes reviennent ensuite pour travailler sur d’autres problématiques car la première séance à parfois lever un voile, mais elles viennent d’autant plus en confiance qu’elles ont déjà vu l’efficacité de l’hypnose à travers un arrêt de tabac rapide.

    Répondre
  5. Élodie
    Élodie dit :

    D’abord, J’ai eu un flash à la Tarantino en te lisant et mon cerveau s’est dit : non mais sérieux ? Buter l’enfant intérieur ?? Vraiment ? Cette violence la ? 😅 Et puis l’autre cerveau, bah oui finalement pourquoi pas ?
    Parce que j’ai cette croyance là aussi. Que rien n’est vrai éternellement. Ou même rien n’est vrai tout court. Ou faux d’ailleurs. Ça dépend de là où tu regardes, de là où tu observes.
    Tout est mouvement ! Tout bouge. Et heureusement. Resté figé dans une idée, un concept, une théorie, est peut être rassurant, confortant, mais n’était-ce pas se fermer à quelque chose de plus grand ? Ma réponse est dans la question. Et puis ces fous ces mots du début … ils me rappellent une séance menée il y a 10 jours… bluffant… et terriblement déconcertant !

    Répondre
  6. Valérie
    Valérie dit :

    Lui donner envie de partir, le tuer.. est-ce qu’il n’y aurait pas une autre voie à explorer ?
    Moi j’aurais envie de lui permettre de rentrer à la maison, de le réintégrer comme s’il avait, par le trauma, été clivé et figé à l’extérieur, genre pour monter la garde en armure et tout ça.
    Et si on me proposait de le tuer, ou de couper le lien, ça me paraîtrait impossible. Inconcevable. Il fait partie de moi, il est sorti par accident et sa place c’est « avec nous », à la maison.
    Pour moi la vie, c’est ce travail de reconnaissance et de réunification.

    Répondre

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