Version texte

 

 – Papa, est ce que tu crois en Dieu ?

– Je ne sais pas.

C’est pas que je sais pas si Dieu existe, c’est que je sais pas si j’ai envie d’y croire.

Si tu te demandes c’est quoi le rapport avec « Maudit Israël »,  le titre de cet article, ça vient.

Mais avant, j’aimerais te demander :

Comment tu fais, toi, pour décider de croire à une idée plutôt qu’une autre ?  Est ce qu’il y aune lampe qui s’allume a l’intérieur de toi et qui fait

« Tilt. Of course. Bonne réponse. C’est ça ! »

Parce que dans mon monde à moi, il y a surtout beaucoup de « je ne sais pas »

Par exemple, les vies antérieures, la réincarnation, et tous ces trucs un peu perchés. Des fois, j’y adhère. Et puis, il suffit que je croise un pote que tout cela fait bien marrer, qui me cite quelques recherches scientifiques sur le cerveau humain, et je balaie tout ça, comme étant des débilités néo-spirituelles.

Jusqu’au prochain signe qui me fera à nouveau retourner ma veste.

 

Me fixer, choisir, pour moi, c’est l’angoisse !

Même des choses simples comme fixer un horaire de rendez-vous, décider d’un restaurant, ou d’un itinéraire, peuvent provoquer  un bug chez moi.,

Et je te raconte pas, quand mes enfants, après une bagarre, viennent se plaindre, avec chacun une version différente, et me demandant de faire l’arbitre dans leurs bagarres, tout en accusant l’autre d’être un menteur !

AAAAHHHH !

J’ai juste envie de taper sur les deux.

Je ne sais pas ce qui m’a pris de devenir cinéaste : LE métier ou t’es responsable de toute une équipe, et où tu dois décider de TOUT sur un plateau, alors même que choisir me fait perdre mes moyens.

Parce que choisir, c’est choisir un camp. Et choisir un camp, c’est forcément trahir l’autre.

Et c’est là, ou Israël intervient.

On est en Novembre 1981. Je rentre de l’école tout fier.

– Papa, on nous a parlé de l’Égypte aujourd’hui à l’école !

– Ah, super , et on vous a dit quoi ?

Bah on a parlé de la guerre du Kippour, quand Israël a battu l’Égypte !

– Battu l’Egypte ! C’est  une blague ???? Qui t’as raconté ça ?  »

– Euh… la maitresse.

Ma mère nous a interrompu, furieuse.

– C’est surement une juive…. Ils déforment tout. Israël, n’a rien gagné. C’est NOUS qui avons gagné la guerre des 6 jours.  C’est NOUS !!!

– Mais, Maman, c’est dans notre livre d’histoire, et puis la maitresse nous a bien expliqué que….

–  Ils en viennent même à falsifier l’histoire… non, c’est l’Égypte qui a gagné la guerre du Kippour, Namir ! On a même récupéré le Sinaï !

Pas facile quand t’es un enfant, de devoir choisir entre tes parents et ton école. Entre l’Égypte et la France.

Entre ta famille et ton pays.

Ce jour là, je crois que je me suis figé.

Impossible de savoir qui croire.

Quelque soit mon choix, j’étais perdant.

Alors j’ai adopté la stratégie de la Suisse : choisir de ne pas choisir. 

Et faire de la passivité un mode de survie.

Jusqu’à récemment, j’ai cru que mon absence d’initiatives, et mon apparente désinvolture dans le fait de ne pas choisir, étaient une forme de paresse. Avant de prendre conscience qu’elle était un mécanisme de protection, peut-être le moyen le moins dangereux pour moi, à cette époque, d’éviter une menace : celle de la séparation, et de la perte du lien avec mes parents.

Au risque de me retrouver aujourd’hui encore, dans la position du gars, au restaurant, qui a le cul entre deux chaises, et qui bloque pendant vingt minutes sur le menu, à ne pas savoir quel plat choisir, et qui finit par prendre un peu de tout.

Sans se demander s’il a faim.

 

 



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4 réponses
  1. Nouria
    Nouria dit :

    J’ai pensé à ce beau texte d’Anne Sylvestre en te lisant.
    Cadeau.

    J’aime les gens qui doutent, les gens qui trop écoutent leur cœur se balancer
    J’aime les gens qui disent et qui se contredisent et sans se dénoncer
    J’aime les gens qui tremblent, que parfois ils ne semblent capables de juger
    J’aime les gens qui passent moitié dans leurs godasses et moitié à côté
    J’aime leur petite chanson
    Même s’ils passent pour des cons
    J’aime ceux qui paniquent, ceux qui sont pas logiques, enfin, pas « comme il faut »
    Ceux qui, avec leurs chaînes pour pas que ça nous gêne font un bruit de grelot
    Ceux qui n’auront pas honte de n’être au bout du compte que des ratés du cœur
    Pour n’avoir pas su dire « délivrez-nous du pire et gardez le meilleur »
    J’aime leur petite chanson
    Même s’ils passent pour des cons
    J’aime les gens qui n’osent s’approprier les choses, encore moins les gens
    Ceux qui veulent bien n’être, qu’une simple fenêtre pour les yeux des enfants
    Ceux qui sans oriflamme et daltoniens de l’âme ignorent les couleurs
    Ceux qui sont assez poires pour que jamais l’histoire leur rende les honneurs
    J’aime leur petite chanson
    Même s’ils passent pour des cons
    J’aime les gens qui doutent mais voudraient qu’on leur foute la paix de temps en temps
    Et qu’on ne les malmène jamais quand ils promènent leurs automnes au printemps
    Qu’on leur dise que l’âme fait de plus belles flammes que tous ces tristes culs
    Et qu’on les remercie qu’on leur dise, on leur crie « merci d’avoir vécu! »
    Merci pour la tendresse
    Et tant pis pour vos fesses
    Qui ont fait ce qu’elles ont pu

    Répondre
  2. Marianne
    Marianne dit :

    Bonjour Namir,

    Ce que tu partages là, cette « anecdote » autour de l’histoire, ça vient faire écho à quelque chose en moi. J’ai souvent eu des interrogations sur l’histoire qu’on nous enseignait au collège et au lycée. Je me rappelle être allée en Allemagne, fin de collège, et nous avions reçu les correspondants également. A cette époque, on nous enseignait beaucoup la seconde guerre mondiale, on nous bassinait même, (moi je le vivais comme ça) , mais un jour que l’on parlait entre jeunes du sujet avec les correspondants allemands, ils avaient l’air sidérés. Pour eux, ce qu’on avait appris sur les nazies, l’holocauste, c’était n’importe quoi. Certains se sont carrément braqués. On n’a pas compris. Vraiment pas compris. Plus tard, en fait récemment, j’ai fait des recherches approfondies sur l’occupation en France, et j’ai du confronter plusieurs avis et témoignages divergents, sur le sujet. J’ai fini par rencontrer un spécialiste de ladite période, un historien passionnant et passionné, et il m’a révélé d’autres choses. Et j’ai rencontré deux autres historiens qui travaillaient sur la période. Et ce que j’ai compris, c’est que l’histoire telle qu’elle a été écrite, et qu’elle nous est transmise, dépend de tant de facteurs ! Que la vérité est parfois subjective. C’est bizarre. Y a t’il une vérité universelle?
    Pour ce qui est des croyances, je dirais que j’ai une sorte de curseur intérieur pour me guider, me dire ce en quoi croire ou non (d’un point de vue spirituel). Je ne saurai pas trop l’expliquer. C’est dans mes tripes, ou mon coeur. C’est une chance je crois. Ça m’aide.
    Belle journée à toi !
    Si tu vas au resto aujourd’hui, prend le premier truc qui te saute aux yeux haha ! Et après tu restes sur l’idée 😉

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