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J’ai perdu mon dernier article.

Je l’avais quasi fini, et j’en étais même content.

Ça s’appelait « le lundi au sommeil ».

Et çà parlait d’un des faits divers les plus flippants du monde….

Nan, c’est pas vrai, j’avoue. Ça parlait juste des rêves et de la réalité. Et puis, erreur de sauvegarde, ou je ne sais quoi. Plus d’article.

Les aléas de la vie.

Enfin, pas de la vie. Juste de l’informatique.

 

Dans la vie, ta fenêtre elle disparait pas quand tu lui tournes le dos.

Tu peux pas non plus cliquer sur le bouton “mute” de ta télécommande et avoir soudain des enfants silencieux.

Ah, comme j’aimerais parfois que certains mots maladroits que j’ai prononcés puissent n’avoir jamais été entendus par leur destinataire.

Mais non, la vie ne connait pas de Pomme Z.

Elle ne revient pas en arrière.

L’avantage, si j’écrivais mes articles à la main, c’est que mes manuscrits ne disparaitraient pas en un clic.

Sauf si tu les écris à l’encre sympathique.

Je jouais à ça plus jeune, avec mes namirades. (j’en parle dans cet article) :  mettre une cartouche d’encre sympathique dans le stylo de Francis Gauthier, le premier de la classe de la première S3.

Qu’est ce que j’ai kiffé le voir plancher comme un malade pendant le cours d’histoire de Monsieur Pochon. Et entendre son grognement indescriptible, lorsqu’il a vu, paniqué, ses notes s’effacer de son cahier.

Elle s’appelait jalousie, ma cartouche. Et elle m’a vengé de tous les premiers, que je n’ai pas pu dépasser.

C’est vraiment con de rire du malheur des autres, nan ?

Mais ça tient chaud. Surtout quand on ne sait pas rire de son propre malheur.

En tout cas, voila.

L’informatique hier m’a fait un sale coup.

Dégout, colère. Idéalisation de la perte. Pas de Francis Gauthier pour me défouler. Envie d’abandonner.

Et puis la résolution de réécrire cet article.

Réécrire, cela ne veut pas dire reproduire.  Je ne ferai pas comme ces parents qui donnent à leur second enfant, le prénom du premier décédé. Nan, je ferai le deuil du premier. J’accepterai de ne pas retrouver exactement les mêmes idées. Un peu comme une deuxième prise.

Le cinéma offre cette expérience vraiment jubilatoire de prise de contrôle sur la réalité :  faire plusieurs prises.

Certains cinéastes en abusent.

Bresson aimait épuiser ses acteurs, et trouvait sa satisfaction à partir de la quarantième prise. Charlie Chaplin, recherchant la musicalité parfaite de ses comédie,  a fait jusqu’à 300 prises pour un plan des « Lumières de la ville ». Kubrick ne s’arrêtait dans son obsession de contrôler la vie, que lorsque la scène qu’il avait devant ses yeux devenait la copie conforme des images qu’il avait en tête.

D’autres cinéastes, plus prudents, sages, ou tout simplement plus économes comme Eric Rohmer, ne travaillent qu’avec une seule prise.

C’est vrai qu’elle est bizarre la deuxième prise.

Moi, personnellement,  elle me frustrait toujours.

Je ne pouvais m’empêcher de la comparer à la première. (un excellent moyen d’être perpétuellement insatisfait)

Le jeu d’acteur est plus juste dans la deuxième,
mais le mouvement de la caméra de la première est plus fluide.

Bon, faisons une troisième prise.

En réalité, il n’y a pas de deuxième prise.

Non, même au cinéma. Chaque prise est unique.

La deuxième prise est juste une nouvelle première prise. Elle ne se construit pas sur les ruines de la précédente, et ne doit rien non plus à celle qui la suivra. Elle est un moment de vie.

Je crois que cela demande beaucoup d’efforts d’apprendre à regarder chaque prise comme un instant unique. De se départir de ses attentes, pour juste être présent  à ce qui est. Un peu comme dans la vie.

Même si des fois, on aimerait bien que la vie soit un film, dans lequel on puisse faire plusieurs prises.

Non, non, maman n’est pas morte d’un cancer.
On la refait.
Retour au moment ou le Docteur Scotte annonce les résultats à Siham.

Attention. Silence. Moteur.

“Annonce à Siham” deuxième !

Ça tourne ?

 

 

 



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1 réponse
  1. Daniel
    Daniel dit :

    Le lundi au sommeil

    Ça n’arrive jamais
    Il faut se lever, aller travailler
    Chaque fois c’est l’enfer
    Il faut se dépêcher, aller au boulot
    On travaille même quand il fait beau
    Se lever, aller prendre le métro
    Laisser à d’autre, l’envie de paresser
    Ou même de rêver
    Le lundi au sommeil

    Le lundi au sommeil
    On pourrait le passer à dormir
    Le lundi au sommeil
    On serait mieux à la campagne
    On aimerait mieux de lire un bouquin
    Ou simplement ne rien faire
    Laisser les commandes à son imaginaire
    Le lundi au sommeil

    Ne regarde pas l’heure
    Il est temps de rêver
    Laisse toi bercer tendrement
    Un songe t’emporte
    Tu t’en vas, joli cœur
    Parmi ces milliers de possibles
    C’est une journée idéale
    Pour errer dans ton monde extraordinaire
    Ou tu trouveras normal
    De te coucher
    Avec de si belles pensées…

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