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Je n’ai pas demandé à la lune, si tu voulais encore de moi,

Mais j’ai demandé à mon fils, s’il voulait écrire un article sur mon blog.

Et il a voulu parler de poésie.

La poésie est une matière d’école parfois assez ennuyeuse.  Mais ça peut devenir magique très rapidement. Par exemple pour moi, le rap c’est poétique mais pas pour tout le monde; certaines de mes amies si je leur fait écouter du rap elles vont me dire : « C’est vulgaire il n’y a aucun talent, c’est juste une personne qui parle sur de la musique. »

La poésie c’est loin d’être que du rap. Mais une suite de mots qui émet un sentiment et souvent une morale. Tout peut transmettre une émotion poétique par exemple : La danse, Le chant, La littérature, Certains films …

Malheureusement les hommes prennent souvent le dessus sur ce domaine

Joachim, 10 ans

Joachim, comme je te rejoins.

Moi aussi, je la recherche cette poésie.

Réussir à mettre des mots, sur nos cris d’enfants

La poésie, c’est le sens du monde, notre manière de contenir une réalité qui nous échappe.

Le mot colère, par exemple, il essaye de traduire un certain nombre de sensations dans notre corps, pas très agréables.

Je peux nommer ces sensations « colère », mais peut-être que ce mot est une traduction inadéquate de ce qui se déroule en moi.
Il y a peut être des gens qui toute leur vie ont appelé colère un état, qui pour d’autres s’appellerait stimulation, désir de réagir, souffle chaud.

Vivrais-je cette colère de la même façon, si au lieu de la nommer ainsi, j’avais appris à l’appeler enthousiasme, excitation, agitation joyeuse, manifestation de vie ?

Je pourrais aussi associer à cette colère un adjectif. Et ma colère soudain deviendrait paresseuse, effrontée, timide, printanière, paradisiaque, ou volcanique. Et ce serait encore autre chose.

Parfois, les mots ne traduisent pas notre souffrance.

Ils la créent.

Et inversement, des fois, on souffre parce qu’on n’a pas les mots.

J’aime prendre le temps, avec mes clients, de les amener à écouter leur état interne jusqu’à ce qu’ils parviennent à nommer ce qu’ils vivent.

 – Qu’est ce que vous ressentez-là ?  Qu’est ce qu’il se passe émotionnellement pour vous, en ce moment précis?

– Je ne sais pas

– Prenez le temps. Cherchez. Si c’était une émotion, ça pourrait être quoi ?

Et Ils cherchent précieusement.

– Peut-être… un peu de tristesse

Et voila que parfois se produit quelque chose d’étrange, comme si cette tristesse, parce qu’enfin nommée, réagissait à l’appel de son prénom, et répondait « présente ».

– C’est bizarre. mais en même temps que je vous dis ça, je sais pas comment l’expliquer, j’ai l’impression qu’il se passe un truc.

– Quoi donc ?

–  Ça s’est détendu…

– Est ce que vous pourriez nommer ce que c’est, ce truc qui s’est détendu ? Prenez votre temps.

Et c’est reparti pour 10 minutes.

– De la joie ? Non, c’est pas ça, de…. la curiosité ?
Non plus… non, c’est …. du soulagement.
Oui, c’est cela.

Le soulagement d’avoir pu enfin mettre un mot sur une émotion jusqu’alors tapie dans l’anonymat, et qui attendait qu’on la reconnaisse.

Un client un jour m’a exprimé cela avec ses mots. 

– Avant ma tristesse était triste. Maintenant, je sens que c’est une tristesse… joyeuse.

Je crois qu’il y a rien de plus rassurant au monde que le langage.

Quand on était bébés, et qu’on assistait au spectacle de la vie, sans accès au langage, qu’est ce qu’il a du nous paraître angoissant, ce monde !

Alors, nous avons inventé la poésie.

La poésie ne raconte pas le monde. Elle le recrée.

Elle nous demande d’entrainer notre plume quotidienne, pour faire se rencontrer des mots parfois dissonants, et atteindre les cœurs des autres membres de notre tribu.

C’est la force des poèmes et des chansons.

Dans mon Juke Box intérieur, en ce moment, une chanson vient de se mettre à jouer.

Moi qui frémissais, toujours je ne sais
De quelle colère
Deux bras ont suffi, pour faire à ma vie
Un grand collier d’air

Un front qui s’appuie, à moi dans la nuit
Deux grands yeux ouverts
Et tout m’a semblé, comme un champ de blé
Dans cet univers

Un tendre jardin, dans l’herbe, où soudain
La verveine pousse
Et mon coeur défunt,renaît au parfum
Qui fait l’ombre douce

Louis Aragon

(si vous voulez m’entendre chanter, c’est dans l’audio 😉 )

Merci à toi, Joachim, d’avoir initié l’écriture de ce texte.
Peut-être qu’un jour nous n’aurons plus besoin des mots pour nous sentir reliés, et répondre à l’appel de notre tribu. 

En attendant, continuons à  écrire,  chanter, et partager.

 



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10 réponses
  1. Nouria
    Nouria dit :

    Oh c’est chouette de t’entendre chanter ce beau poème.
    Ma contribution pour un peu plus de poésie :

    Je tricote des petits bouts de joie
    Avec le fil des jours tristes
    Je tricote sans répit
    Jusqu’à m’en user les doigts
    Je passe à travers les mailles
    De la colère et de l’amertume
    Et je tricote avec malice
    Le bleu pastel et la tendresse

    J’ai plus d’une pelote dans le cœur
    Et je jongle avec les couleurs
    Rouge baiser ou désir pourpre

    Je tricote la joie et l’allégresse
    Je déroule la soie de mon cocon
    Pour en extraire un fil d’Ariane
    Fil de lumière et de douceur
    Je sors du rang les vieilles rancœurs

    Je tricote des petits bouts de soleil
    Avec le fil des jours de pluie
    Je tricote sans répit
    Des bouts de joie
    Des bouts d’émois

    Je tricote des éclats de rires
    Avec le fil de ma peine
    Je tricote sans répit
    Je laisse glisser le fil rouge
    Entre mes doigts
    Je le caresse
    Je te tricote de l’amour.

    Répondre
  2. Daniel
    Daniel dit :

    La colère
    La colère du printemps
    C’est la sève qui monte dans les arbres
    Et fait pousser les feuilles

    La colère de l’été
    C’est la brulure du soleil
    Sur les corps dénudés sur la plage
    La colère de l’automne
    C’est le retrait du soleil et la brume
    Qui vient recouvrir la terre

    La colère de l’hiver
    C’est un joli manteau blanc
    Qui vient endormir le monde pendant un temps…

    Répondre
  3. Emmanuel
    Emmanuel dit :

    Merci pour ton article qui me nourrit bien ce matin.
    À mon tour de te faire goûter quelques mots :
    « Consume toi que je te consomme »
    Vers d’un ami poète

    Répondre

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