Version audio

 

Version texte

Quand je vois les gens autour de moi, animés par de nobles causes comme l’écologie, la défense des animaux, la préservation de la planète, le tri des déchets, le droit des minorités, je suis admiratif de leur combattivité. Mais, je n’arrive à m’engager dans aucune cause.

Parfois, je vis ce manque d’engagement comme de la lâcheté, sans grande fierté. Mais à l’esprit de la meute agitée, qui m’effraie, je préfère la solitude lointaine. Même si je sais que ma voix singulière, n’aura jamais la portée de la horde qui scande ses cris. 

Alors, je préfère appeler ma peur, sagesse, et justifier mon relativisme en expliquant qu’un jour le soleil s’éteindra.

Bien sur, quand un père martyrise son enfant, je trouve cela dégueulasse et révoltant. Et quand des soldats commettent des atrocités, et humilient joyeusement des civils, cela me paraît abominable, et me donne la nausée. Peut-être que cette souffrance m’est si insupportable que je préfère me tourner vers le soleil, et me rassurer en me disant, qu’à l’échelle de l’univers, l’homme n’est ni bon, ni mauvais.

 

Un jour, le Vésuve est entré en éruption, et a détruit tout Pompéi. Calcinant des familles entières. Des enfants ont tenté de fuir, couru. La lave les a rattrapé et englouti, sans haine ni méchanceté.

Elle a tout détruit.

Personne n’a dit le Vésuve est mauvais. Même si certains ont pensé :

Le Vésuve exprime sa colère, parce que les hommes sont mauvais.

Pour la Vie, les hommes ne sont ni bons, ni mauvais. Certains construisent des routes goudronnées, sur lesquelles il nous est plaisant de marcher et d’avancer. D’autres, organisent des holocaustes, y brûlent leurs semblables, et effacent jusqu’à la mémoire de certaines civilisations. Souvent, nous sommes à la fois l’un et l’autre.

Puis nous disparaîtrons. Et la Vie continuera son chemin, cherchant à se perpétuer à travers d’autres espèces.

Un jour, le soleil s’éteindra.

Si nous survivons au réchauffement climatique, dont nous portons la responsabilité, il y a de fortes chances que nous soyons tous anéantis, par l’extinction du soleil.

Et ce ne sera ni par méchanceté, ni pour nous punir, qu’il s’éteindra.

Je l’aime ce soleil. Il me rassure, et me remplit de joie.

S’il s’approche trop de moi, il me brûlera. S’il s’en éloigne trop, il me glacera. Trop près, je meurs. Et trop loin, je meurs aussi.

Alors, exister, c’est peut-être juste un concours de circonstances, ce moment où entre nous et le soleil, il y a la distance de vivre. Avec ou sans engagement. 

Et toi, qu’est ce qui te donne envie de t’engager ?

 



Prénom

Learn more about Mailchimp’s privacy practices here.


N’hésite pas à me faire part de tes réactions : tes commentaires m’aident à faire vivre ce blog.

Tu peux me soutenir, en partageant cet article dans tes réseaux.

6 réponses
  1. Nouria
    Nouria dit :

    Être accompagnant,c’est déjà s’engager non? C’est dejà une forme de militantisme, mais discret. Enfin,il me semble.

    Peut-être qu’offrir son authenticité et sa vulnérabilité au monde est la plus grande forme d’engagement qui soit.

    Peut-être qu’à l’échelle de l’univers tout cela n’a aucune importance car quelque chose d’extrêmement plus vaste qui dépasse complètement notre entendement est à l’œuvre et que tout est parfaitement à sa place .
    Peut-être que dans cette immensité au moment où chacun fait quelque chose c’est qu’à ce moment, là il ne peut pas faire autrement. Peut-être…
    Ça me rassure de me dire ça. Je sens quelque chose qui peut se détendre dans le corps.

    Et moi, qu’est ce qui me donne envie de m’engager?
    Tellement de choses. Peut-être la première et finalement celle qui me semble englober tout le reste : au moins, ne pas nuire à la vie.
    Avec toute la culpabilité et le sentiment d’impuissance que cela peut générer parfois…

    Ça en fait des « peut-être « …

    Répondre
  2. Eveillard
    Eveillard dit :

    Ce texte est tout simplement magnifique Namir..et j y reconnais une sagesse qui parfois « reflète  » en moi, comme tu l écris les rayons du soleil. Âme de « guerrière pacifiste », je crains toujours ces mouvements d élan collectif, même si je leur reconnais la beauté de l engagement..voire de la colère que je ressens parfois.. ou d une tristesse. Puisque tu fais référence au père, j ai eu l image du mien décédé il y a des années, j avais 11 ans et il était un peu comme le soleil ..chaud d Amour et froid dans sa colère ou non regard..Il s est éteint et vit encore dans mon cœur.. en sera-t-il ainsi pour le vrai soleil?? Survivre ou vivre ‘ailleurs »?? Je ne le verrai point..et je chasse cette pensée. Car aujourd’hui le soleil brille quelque peu au Luxembourg et je désire le gratifier des rayons qu’il offre…sa Lumière.. celle que nous devons toujours garder..même s il se cache.

    Belle journée à toi
    Merci de tes créations et ton inspiration
    Namir
    Nathalie

    Ps je ne savais pas que Namir signifie « tigre »..j ai tant aimé me « trans former » en tigresse en Avignon 😊😉

    Répondre
    • Namir
      Namir dit :

      Merci Nathalie pour ton témoignage inspirant.
      Je n’avais jamais fait le lien entre le soleil, et la notion de père, et pourtant, c’est évidemment si éclairant (sans jeu de mots) pour moi de relire mon texte, en remplaçant le mot soleil, par le mot père . Touché

      Répondre
  3. Emmanuel
    Emmanuel dit :

    J’ai lu récemment un livre de Catherine Zarcate, une conteuse que j’écoute depuis des années.
    Elle se demande si s’obstiner aujourd’hui, en ce monde, à s’intéresser aux contes n’est pas un engagement vis à vis du mystère humain que nul ne saurait reduire ni saisir.
    Mon engagement est humain même si ce n’est qu’un mot et ne veut rien dire à priori.
    C’est pourtant ce que j’essaie de faire jour après jour de mon corps, mon cœur, ma tête, mon âme.
    De mon mieux, ici et maintenant, près des personnes qui croisent ma route…
    Beaucoup beaucoup beaucoup d’autres le font eux aussi à leur manière, selon moi.

    Répondre
    • Namir
      Namir dit :

      Merci Emmanuel. Sans le savoir, ce texte, et ton partage, m’aide a redefinir la notion d’engagement. Peut-être qu’un engagement ne passe pas forcément par une action militante ou collective. Et qu’il existe aussi d’autres manière de s’engager.et qu’écrire ou transmettre, peuvent être des formes d’engagement (meme s’il y a une part de moi qui n’est pas tout a fait convaincue par cela)
      Je sens bien que chez moi, l’évitement du collectif est aussi lié à des peurs. Une histoire familiale, dans laquelle mon père, brisé dans son élan militant, par des années de prisons politique en egypte, et exilé en france, nous a transmis une forme de méfiance vis a vis du monde extérieur, et de la revendication.

      Répondre

Répondre

Se joindre à la discussion ?
Vous êtes libre de contribuer !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *