CES INSTANTS OÙ TOUT EST REMIS EN QUESTION
La journée avait pourtant bien commencé.
J’étais avec mes enfants, il faisait beau, et on sortait de la boulangerie.
C’était mon premier jour de repos, après plusieurs semaines de travail intensif sur mon scénario. J’étais fier de moi.
L’air était doux, et les oiseaux chantaient au dessus de nos têtes.
Et le monde est devenu une menace.
Un vide absolu. Un sentiment d’abandon.
Et la peur. Une peur sans nom.
Une peur qui ne dit pas qu’elle est une peur.
Tapies derrière elle, la honte, la colère.
Et une tristesse insondable.
J’étais un reflet brillant, que la lumière venait de priver de tout éclat.
Je n’avais plus qu’une envie : fuir, disparaître.
Mes enfants qui me sollicitent.
Ma femme qui travaille, et qui ne peut pas entendre ma plainte.
Et personne à qui parler de ma souffrance.
Personne.
Tout ça, à cause d’un sms.
Sonia , ma co- scénariste venait de lire mon scénario.
« Je viens de te lire. Je suis perdue. »
J’étais pourtant content de mon travail. Sonia ne me disait même pas que c’était nul. Juste qu’elle était perdue.
Comment se fait il qu’un simple sms puisse avoir un impact aussi dévastateur sur ma vie ?
Ce n’est pourtant rien : juste deux phrases d’une personne qui donne son avis.
Sauf qu’un instant plus tard, t’as l’impression que le monde s’effondre sous tes pieds.
J’appelle ça, l’abîme de la création.
Ce qui m’arrive n’est hélas pas nouveau.
En fait, je connais déjà la suite du scénario.
Je vais hiberner, déprimer pendant quelques jours, être désagréable avec tout le monde, manger les goûters des enfants, puis je douterai de mon projet, du bien fondé de ma démarche, avant de jeter les trois quarts de mon travail, et repartir sur une autre direction.
Tout ça pour que ça recommence.
À quoi bon toutes ces années de travail sur moi : séances d’hypnose, psychothérapie, coaching ?
A quoi bon toutes mes lectures, mes pages d’écriture, mes heures de méditation, et mes formations, si c’est pour qu’une simple pichenette d’une succession de mots sur un écran, me fasse m’effondrer ?
😠
Hier soir, en prenant un livre, je suis tombé sur un passage qui disait :
« Il est temps pour toi de vivre désormais.
Tu as porté l’histoire de ta mère jusqu’à nous.
Maintenant, c’est au vent et à a la pluie de les raconter.
Elle ne t’appartient plus désormais, le monde l’a fait sienne.
Et toi, enfin, tu peux suivre ta voie, et vivre ta vie, dégagé de cette mission. »
J’ai eu les larmes aux yeux. Puis j’ai dormi. Rêvé de mon film
Au réveil, je suis allé courir. J’ai écrit mes pages du matin.
Et après, j’allais très bien.
Un sentiment de force, d’évidence. Ma souffrance de la veille avait brusquement disparu.
Plus aucune trace. Comme une carapace dont on se défait, pour faire émerger la chrysalide.
Sur mes pages du matin, j’ai écrit cette phrase :
« Accepte que personne ailleurs qu’en toi
ne peut savoir ce que tu veux ».
L’euphorie me gagne. Et une évidence : le drame d’hier est une merveilleuse invitation à préciser mes pensées, et à assumer ce que je veux exprimer.
Il est donc là le fruit de toutes ces années de travail.
Dans ce moment que je commence juste à toucher du doigt : ce n’est pas la souffrance le problème. C’est ce que l’on en fait. Et là, cette fois, elle ne fera pas dévier de mon projet.
Hier, avec ce sms, j’ai ressenti la bourrasque, (et il va falloir que j’accepte que ces bourrasques seront toujours là) mais j’ai su me relever, assez rapidement en fait.
Et je vais bien.
Ça me fait penser à ce proverbe stupide : après la pluie, le beau temps. Bah oui, forcement. Mais le proverbe ne précise pas combien de temps dure la pluie.
On n’avance pas vers le succès en se mettant à l’abri du vent, mais en apprenant comme un navigateur, à s’adapter aux ouragans. Ils te font bifurquer, baisser les voiles, poser l’ancre. Parfois, ils te font même faire demi-tour. Pas pour rentrer au port, mais juste pour les contourner, et garder ton cap.
Tel est le chemin du créateur.
Et c’est cela que j’aimerais partager avec toi aujourd’hui, et qui est probablement au cœur de toutes mes formations d’écriture.
Si tu passes par des moments de doutes, de revirements, de turbulences, n’abandonne pas.
Cette étape est douloureuse, mais elle va t’apprendre quelque chose de très important sur toi.
Elle va t’obliger à aller au fond de toi, et révéler ce que tu veux vraiment. Ensuite, tu vas encore rencontrer de nouveaux abîmes. Chaque fois que tu les traverseras, tu en sortiras grandi. Alors, garde la foi dans ce que tu fais. Accepte tes errements. Et débarrasse toi des aveuglements de l’ego qui voudrait que ce soit toujours fluide, que ton chemin soit balisé, et droit, que les retours des autres soient systématiquement positifs et encourageants.
C’est cette illusion-là qui fait le plus de mal.
Il y a une satisfaction bien plus grande dans l’acte créatif, c’est celle de ton accomplissement et elle implique d’accepter de souffrir, de se perdre parfois, d’avoir peur souvent, car ce sont ces moments qui t’indiquent véritablement que tu es sur la bonne voie.
Et parfois même, c’est de ces moments là que naîtront tes plus grandes idées.
Au fond de l’abîme, il y a un phénix qui t’attend
Et ce phénix-là, peut même t’apprendre à aimer la pluie.
Alors si, toi aussi, t’es tombé dans un de ces abîmes, je serai vraiment curieux de savoir ce que t’en as retiré.
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