DIEU ET MOI

Troisième texte d’une série de cinq textes qui ont émergé d’un exercice d’écriture assez remuant intitulé « Le connard intérieur » sur ma face cachée, et mes zones d’ombres.
Je n’y vends rien. Je m’y mets juste à nu.
Puisse-t-il être une autorisation pour toutes celles et ceux qui croient que s’exposer c’est se rendre vulnérable.
Même une armée ne parviendra pas à déshabiller un être qui est déjà nu.

Dieu, c’était mon pote, quand j’étais gamin. Mon confident.
Le seul qui pouvait me comprendre.

En même temps, plus je grandissais, plus il me faisait culpabiliser : 
il arrêtait pas de me renvoyer à mon incapacité à me conformer
au modèle qu’il me proposait

Moi aussi, j’aurais voulu être un saint,
un être spirituel, capable d’aimer,
et me placer au dessus de tous ces trucs matériels :
L’argent, la propriété, et tout ça

Sauf qu’entre temps, j’avais découvert la masturbation.
 

Et là, les choses ont commencé à merder.

J’essayais tant bien que mal
de me retenir de cette pratique, découverte une nuit au hasard,
en frottant ma bite contre le pelochon,
mais le plaisir avait jailli, incontrôlable.

J’ai cru que je m’étais pissé dessus
Et j’ai rien compris à ce qui m’arrivait.
 

Je devais quand même sentir que c’était interdit,
parce que quand ma mère
passait sa tête dans la chambre,
j’arrêtais mes frottements.
 

Ce parfum secret d’interdit donnait à ces rendez-vous
une saveur encore plus excitante.

C’était devenu mon rituel du soir.

Une prière.
Et une branlette.
 

Mais voila : à un moment, j’ai senti que ça n’allait pas ensemble
ces deux trucs-là.

Et là je me suis retrouvé bien seul

Mon pote, lui, demeurait silencieux.

« Hey Dieu, tu m’entends ? Pourquoi tu dis rien ?

Pourquoi j’arrive pas à me retenir de me branler ? »

Et peu à peu, j’ai commencé à remplir ce silence
par mes propres accusations :
Mauvais garçon, pervers, cochon, enfer et damnation…

Alors je redoublais d’efforts pour me rapprocher de Dieu,
et me retenir. Ce qui ne faisait qu’accroitre le désir de l’interdit.

Une bataille  se déroulait à l’intérieur de moi.

Et le silence de Dieu commençait sérieusement à me gaver.

Si au moins il pouvait me dire quelques mots,
des encouragements, ou des conseils !

Rien

Juste le sentiment que j’étais une merde,
que toutes mes aspirations à être quelqu’un de bien,
n’étaient que de vaines illusions,
et que jamais je ne parviendrais
à devenir l’être spirituel que je rêvais d’être.

 

Les êtres spirituels sont au dessus de tout ça
Quoi faire alors ?

Renoncer à la branlette pour Dieu ?
J’ai préféré renoncé à Dieu.

Je l’ai traité de connard, de salaud,
C’était dégueulasse de faire vivre ça à un ado :
lui faire découvrir un truc super kiffant, irrésistible
et lui dire :

« T’y as pas droit, Namir, c’est défendu ».

   « Ben, va t’faire foutre. »

Et c’est pour cette raison, bien futile, je dois le reconnaitre aujourd’hui,
que j’ai envoyé valser Dieu de ma vie pendant presque 25 ans

Et c’est à l’issue d’une drôle de séance d’hypnose
que je l’ai retrouvé.

Il était planqué dans mon cœur, enfermé dans une cage.

Et il respirait tranquillement.

Mais ce Dieu-là, était beaucoup plus sympa que celui de mon enfance

Il s’en foutait royalement
Que je me branle ou pas.
Que je jeûne ou pas.
Que je prie ou pas.
 

Il me jugeait pas.
Il me disait pas, c’est bien ou mal.
Il se marrait.

Et il me donnait envie d’aimer le monde,
la vie, la terre, et les humains.

Quelle joie de respirer, et quel soulagement d’enfin reconnaitre
que j’étais pas un saint,
que personne ne m’avait jamais demandé de l’être.
C’est dans mon humanité la plus ordinaire, la plus organique,
la plus imparfaite, que je peux accéder au divin,
et enfin retrouver ce vieux pote, avec qui on tutoie les anges.

Quand j’arrête de me juger, de m’en vouloir,
ou d’essayer de me conformer
à des modèles qui ne me conviennent pas,
je suis enfin libre
 

Mon pote, il m’aime pour ce que je suis.
Chez lui, y a pas de fruit défendu.
Ni le sexe, ni l’argent ne sont des péchés.
Il aime les gens pour ce qu’ils sont.
Il a de la tendresse pour les connards
Il fait pas de reproches.

Et il est patient.

Il attend juste tranquillement qu’on se rende compte qu’il est là.

Et ça le fait juste marrer, comme un gamin qui joue à cache cache,
quand, après avoir oublié son existence pendant des décennies,
quelqu’un lui dise :

       – Ah, t’étais là

       – Bah oui, je suis jamais parti, moi.

Alors, ça me fait bizarre de vous écrire ça aujourd’hui,
parce que pendant des années si on me demandait :

    – Tu crois en Dieu ?

J’aurais donné toutes sortes de réponses alambiquées  :

– Dieu, c’est quoi ?
Non, peut-être, enfin…
– Tu sais, c’est compliqué…
– Je sais pas trop

et blablabli, et blablabla

Aujourd’hui, je ne vois même plus l’intérêt de cette question.

Ce que tu caches dans ton cœur, c’est ton secret,
t’es obligé de la partager avec personne

La moindre des choses, quand un de tes potes
joue à cache-cache,c’est de la boucler,
et d’éviter de balancer à tous les autres où il se planque.

Sinon, c’est plus du jeu.

A moins que tu préfères jouer au connard.

Bon apparemment, si vous arrivez-là, c’est que vous avez lu cet article en entier.  S’il vous a plu, tant mieux pour vous.

Et s’il vous a déplu, euh…. bah, j’men branle. 

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  1. […] 17 ans, j’ai perdu la foi en Dieu. (Suite à un évènement étrange dont je parle dans cet article […]

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