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L’industrie du développement personnel a connu une énorme croissance ces dernières décennies, avec des concepts tels que la loi de l’attraction, la pensée positive, le féminin sacré, les synchronicités, attirant des millions de personnes aspirant au bonheur, à l’abondance, et à la réussite.
Et puis, depuis quelques années une vague de critiques a commencé à s’abattre sur cette approche du bien-être, dénonçant un énorme business, remettant en question son efficacité réelle et soulignant les graves dangers qui en découlent : quête sans fin de la perfection, déresponsabilisation, déréalisation, désengagement social, favorisation de l’ultra-individualisme et du fascisme, pour aboutir au final à un renforcement de la souffrance profonde qui amène de plus en plus de gens à entreprendre des thérapies.
Bon nombre de ceux qui critiquent aujourd’hui le développement personnel sont les mêmes qui autrefois le promouvaient avec enthousiasme sur leurs blogs, leurs stages et dans leurs formations.
J’en fais partie.
J’ai longtemps cru que les outils du développement personnel m’aideraient à atteindre le bonheur, et à occulter une souffrance existentielle profonde amplifiée par la mort de ma mère.
C’est rassurant de croire que tu as le pouvoir de créer ta réalité par la seule force de ta pensée et de ton intention.
Que tu peux conformer le monde à tes désirs.
Et que l’Univers t’envoie tout un tas de signaux pour te rappeler qu’il a de grands desseins pour toi, et qu’il attend que tu valides ta connexion profonde avec lui pour révéler ta vraie nature divine.
J’ai eu l’impression que cela me faisait énormément de bien, jusqu’à ce que cette bombe à retardement m’explose à la figure. J’en ai parlé ici.
C’est douloureux de renoncer à une croyance qui t’a donné de l’espoir et de la joie.
Un peu comme le Père Noël.
Tu y as cru même quand plein d’indices venaient pointer ses incohérences.
Tu as choisi de nier la réalité plutôt que de renoncer à ta croyance, et continuer à défendre son existence devant tes potes sarcastiques.
Jusqu’à ce que ça ne devienne plus tenable.
Alors, fièrement, tu as rejoint le camp des grands qui ne sont pas dupes des mensonges qu’on raconte aux enfants.
Et à ton tour, tu t’es moqué de cette arnaque qu’est le père Noel devant des enfants qui eux y croyaient encore.
C’est difficile de résister à la tentation de juger nos croyances passées à la lumière de nos convictions d’aujourd’hui.
Tout comme c’est tentant de vouloir donner des leçons à ceux qui n’ont pas encore emprunté le même chemin que toi.
Mais tes nouvelles croyances ne te rendent pas plus intelligent pour autant.
Paul de Tarse a combattu les païens après avoir rencontré Dieu sur son chemin de Damas, avec le même fanatisme qu’il combattait auparavant les chrétiens,
Il n’a pas évolué.
Changer de croyance ne signifie pas forcément évoluer, même si ça peut en donner l’illusion.
Évoluer implique d’inscrire ton parcours dans une perspective plus vaste, de t’interroger honnêtement sur les raisons pour lesquelles tu as cru dans ce que tu considères aujourd’hui comme des erreurs, sans te juger, pour développer ton discernement.
Cela t’aidera à mieux percevoir ta façon d’adhèrer à tes croyances actuelles, identifier ton fanatisme personnel, ton attirance pour les réponses claires ou tranchées, et questionner ton besoin d’avoir raison devant une réalité plus complexe que toutes les vérités auxquelles tu veux la faire correspondre.
Tu pourras ainsi choisir de manière responsable l’illusion qui te convient le mieux.
Et bien sur tu peux parfaitement utiliser ta créativité pour faire croire à tes gamins que le Père Noël existe, en laissant des traces plus ou moins propres, de son passage dans leurs chambres en pleine nuit.
En ayant l’impression que tu fais ça pour eux, parce que toi évidemment tu as grandi.
Et parce que tes enfants t’aiment, et qu’ils ne veulent pas te décevoir, ils joueront le jeu, pour le plaisir de voir tes yeux briller de bonheur quand ils déchireront leurs emballages farcis de jouets en plastique fabriqués en Chine, et te laisser continuer à entretenir le droit à l’illusion.
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