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Il y a quelques temps, j’avais animé une conférence intitulée « le connard intérieur », qui avait suscité pas mal de réactions.
Derrière ce titre, volontairement provocateur, j’y développais l’idée que nous avons tous une face cachée, une zone d’ombre qui nous fait honte, que l’on n’assume pas, ou que l’on juge négativement, parce qu’elle désire exprimer des trucs inavouables, obscènes, interdits, violents ou tout simplement non conformes à ce que l’on veut montrer de nous.
On a tous un connard ou une connasse intérieur(e).
Il se trouve généralement à l’exact opposé de ce que tu cherches à montrer de toi.
Ainsi, si tu es du style à revendiquer ton côté cash, cynique, grande gueule, antipathique, ou assertif, il est probable que ton connard intérieur corresponde à un côté profondément gentil, naïf, idéaliste, craintif, ou autre chose que tu ne peux pas assumer de toi.
Mon hypothèse est que la violence de ce connard est proportionnelle à la force avec laquelle tu le rejettes, ou le refoules. Et qu’en reconnaissant son existence cela t’amène, certes après une bonne secousse émotionnelle, vers un plus grand l’apaisement et une meilleure acceptation de qui tu es.
Dans ma formation en ligne, je propose un exercice d’écriture hypnotique assez intense, qui consiste à donner la parole à ce connard intérieur, en lui offrant un espace de non-jugement, dans lequel il peut exprimer librement tout ce qu’il ou elle a au fond du cœur.
Le résultat est souvent très libérateur et surprenant. Surtout lorsque tu prends conscience de la souffrance et du besoin d’amour exprimé par ton connard intérieur.Un peu comme dans tous ces films où le héros découvre que celui qu’il prenait pour un ennemi, et qu’il combattait était en fait un super allié, plein de ressources avec lequel il pouvait faire équipe, et qu’il fallait juste qu’il prenne le temps de le rencontrer.
Je suis souvent perçu comme quelqu’un de doux, tolérant, à l’écoute, et qui évite la confrontation.
Mon connard intérieur se trouve à l’inverse de cette façade, c’est à dire dans le réservoir de mes colère contenues, que j’essaye d’étouffer par tous les moyens, parce que je les juge inacceptables.
Souffler sur les braises de la colère en cherchant à éteindre l’incendie fait souvent basculer dans une violence sur laquelle tu n’as aucun contrôle.
Explosions d’humeur, pétages de plombs, agressivité, humour blessant, froideur, comportements d’auto-sabotage.
Je connais bien.
Rencontrer mon connard intérieur m’a aidé à mieux me connaître, à m’aimer davantage, et à être plus indulgent avec moi-même.
J’avais cru bon d’étouffer l’expression de mes besoins et de mes désirs, par peur d’être rejeté ou abandonné des autres. Et je découvrai que mon connard intérieur n’était rien d’autre que le gardien loyal de tous mes besoins non exprimés.
J’en suis même venu à questionner la pertinence du terme « connard »
Car cela ne fait pas de toi un connard que de poser tes limites, de t’affirmer, dire non à ce qui ne te va pas, te différencier et risquer d’etre banni de ta tribu.
Avoir le courage de ne pas te conformer aux attentes des autres, accepter de ne pas être aimé par tout le monde, te défaire d’une relation qui ne te convient pas même si cela risque de blesser ton ou ta partenaire, n’est ni mal, ni honteux. C’est même peut-être l’expression la plus noble de ton intégrité et de ton sens de la responsabilité.
Aujourd’hui, plutot que de lutter contre mon connard intérieur, j’en fais la source de mon écriture.
Je puise ma force dans ce réservoir de colère et de violence, pour la mettre au service de ce en quoi je crois.
C’est depuis cette énergie que je t’écris aujourd’hui, animé par le désir de t’inspirer à te regarder davantage avec amour, et à découvrir que tes véritables forces se situent peut-être dans ce que tu rejettes de toi.
Tu sais, dans les bonnes histoires, quand ton adversaire initial se révèle être un super allié, tu découvres alors qui est le véritable « méchant ».
Celui que tu pensais être ton meilleur ami, qui te faisait croire cela, et qui cherchait à te contrôler ou te manipuler, pour servir ses intérêts.
C’est cet aspect de toi, en apparence gentil et tolérant qui, agissant au nom du bien et de principes supérieurs, juge et rejette ton connard intérieur, en t’empêchant de le voir comme ton réservoir de puissance.
Alors, après avoir appris à aimer ton connard intérieur, (parce que finalement aimer ses amis, c’est à la portée de tout le monde) il te reste maintenant à découvrir comment ouvrir tes bras et ton cœur et apprendre à accueillir sans la juger cette part de toi qui, pour l’instant, ne t’aime pas tel que tu es.
Et c’est là que se trouve le chemin le plus difficile.
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